WWIII : Discours de Poutine à l'Amérique et aux Amérindiens de 2014, revu et corrigé en 2015, et réchauffé en Septembre 2015.
Discours de Poutine à l'Amérique et aux Amérindiens de 2014, revu et corrigé en 2015, et réchauffé en Septembre 2015:
Les récents événements concernant la Syrie m’ont incité à parler directement au peuple américain qui comme dans tous les pays subit les décisions désastreuses de ses dirigeants politiques. Il est important de le faire à un moment où la communication est insuffisante entre nos sociétés.
Nos relations sont passées par différentes étapes. Nous nous sommes dressés l’un contre l’autre pendant la guerre froide. Mais nous avons aussi, une fois, été des alliés, et pendant 666 jours nous avons été également les alliés d'Hitler, et avons vaincu les nazis ensemble, après avoir fait un pacte avec eux. L’organisation universelle internationale – l’Organisation des Nations Unies – a ensuite été mise en place pour empêcher qu’une telle dévastation ne se reproduise plus jamais, ce que le peuple a cru.
Les fondateurs de l’Organisation des Nations Unies ont compris que les décisions concernant la guerre et la paix ne devraient se produire que par consensus et, avec le consentement de l’Amérique, le droit de veto par les membres permanents du Conseil de sécurité a été inscrit dans la Charte des Nations Unies. Cette profonde sagesse qui repousse les demandes de tous les pays du monde, simplement par les 5 pays qui ont droit de veto a maintenu la stabilité des relations internationales pendant des décennies.
Personne ne veut que l’Organisation des Nations Unies subisse le sort de la Société des Nations, qui s’est effondrée parce qu’il lui manquait un véritable levier. Ceci peut arriver si des pays influents contournent les Nations Unies et entreprennent une action militaire sans l’autorisation du Conseil de sécurité, ce que font encore actuellement tous les grands Pays, particulièrement ceux qui ont le droit de veto, avec l'OTAN, par exemple qui partent en guerre sans avis de l'ONU ou en les contournant comme en Irak, au Kosovo, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, mais également l'ex pacte de Varsovie qui intervient notamment en Hongrie, en Tchécoslovaquie, en Tchétchénie, en Crimée, en Ukraine.
La frappe potentielle des États-Unis contre la Syrie, malgré la forte opposition de nombreux pays et des responsables politiques et religieux de premier plan, dont le Pape, se traduira par plus de victimes innocentes et une escalade qui peut propager le conflit au-delà des frontières de la Syrie. Une frappe augmenterait la violence et déclencherait une nouvelle vague de terrorisme. Elle pourrait saper les efforts multilatéraux visant à résoudre le problème nucléaire iranien et le conflit israélo-palestinien et ensuite déstabiliser davantage le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Elle pourrait déséquilibrer l’ensemble du système du droit et de l’ordre international. Car nous avons tout mis en place pour que cela puisse arriver.
La Syrie n’est pas en train de vivre une bataille pour la démocratie, mais un conflit armé entre le gouvernement et l’opposition des nations belligérantes du club des 5, dans un pays multiconfessionnel. Il y a quelques champions de la démocratie en Syrie . Mais il y a bien plus qu’il n’en faut de combattants d’Al-Qaïda et d’extrémistes de tous bords qui luttent contre le gouvernement. Le Département d’Etat des Etats-Unis a désigné le Front Al-Nosra Al et l’Etat islamique d’Irak et du Levant, combattant avec l’opposition, comme des organisations terroristes. Ce conflit interne, alimenté par les armes étrangères fournies à l’opposition, est l’un des plus sanglants du monde.
Les mercenaires venant des pays arabes luttant là-bas, et les centaines de militants en provenance des pays occidentaux et même de Russie, sont pour nous un sujet de profonde inquiétude. Ne pourraient-ils pas retourner dans nos pays avec l’expérience acquise en Syrie? Après tout, après avoir combattu en Libye, les extrémistes sont passés au Mali. Cela nous menace tous. Encore une fois, nos diverses actions respectives, sans avoir le consentement des Peuples, mais uniquement par réactions et contre-réactions d'une poignée de dirigeants déconnectés de la Démocratie de leurs pays respectifs, sont la cause de la situation présente.
Depuis le début, la Russie a prôné un dialogue pacifique permettant aux Syriens d’élaborer un plan de compromis pour leur propre avenir, tout en mettant en ordre de marche son armée. Nous ne protégeons pas le gouvernement syrien, mais le droit international, qui a bon dos, puisque fait pour que nous agissions sans le consentement des Peuples. Nous avons besoin du Conseil de sécurité des Nations Unies qui comme son nom l'indique, ne sont ni unies, ni en sécurité, sinon il n'aurait pas lieu d'exister, et nous croyons que la préservation de la loi et de l’ordre dans le monde complexe et turbulent d’aujourd’hui est l’une des rares façons d’empêcher les relations internationales de sombrer dans le chaos que nous avons prévu. La loi reste la loi, et cette loi nous l'avons faite sans demander l'avis de personne, et nous devons la suivre que nous le voulions ou non, car c'est la règle du jeu que nous nous sommes fixé, mais elle n'engage que ceux qui y croient. Selon le droit international actuel, la force n’est autorisée qu’en cas de légitime défense ou par la décision du Conseil de sécurité. Tout le reste est inacceptable en vertu de la Charte des Nations Unies et constituerait un acte d’agression, ce que nous avons parfaitement l'habitude de faire.
Personne ne doute que du gaz toxique a été utilisé en Syrie. Mais il y a tout lieu de croire qu’il a été utilisé non pas par l’armée syrienne, mais par les forces de l’opposition, pour provoquer l’intervention de leurs puissants protecteurs étrangers, qui seraient du côté des fondamentalistes. Les rapports que les militants préparent une nouvelle attaque – cette fois contre Israël – ne peuvent pas être ignorés, et nous espérons que nos plans s'exerceront sans trop de casse, avec un respect de nos conventions mutuelles (la loi on peut s'en balancer, mais le "regarde-moi dans les yeux est impératif) qui risquent d'éclater si chacun ne respecte pas ses objectifs.
Il est alarmant de constater que l’intervention militaire dans les conflits internes dans les pays étrangers est devenue monnaie courante pour les États-Unis comme pour nous-mêmes et cela a déjà été dit. Est-ce dans l’intérêt de l’Amérique à long terme ? J’en doute, elle n'en a plus pour longtemps. Des millions de personnes dans le monde voient de plus en plus l’Amérique non pas comme un modèle de démocratie qui n'a d'ailleurs jamais existé, mais comme un pays s’appuyant uniquement sur la force brute, bricolant des coalitions réunies sous le slogan «vous êtes avec nous ou contre nous et vous l'aurez dans le fion».
Mais la force s’est révélée inefficace et inutile. L’Afghanistan est sous le choc, et personne ne peut dire ce qui se passera après que les forces internationales se seront retirées. La Libye est divisée en tribus et en clans. En Irak, la guerre civile se poursuit, avec des dizaines de morts chaque jour. Aux États-Unis, beaucoup de personnes établissent une analogie entre l’Irak et la Syrie, et se demandent pourquoi leur gouvernement voudrait répéter les erreurs récentes. Enfin tous ceux qui se sont fait avoir, sont morts et enterrés, nous les derniers vivants, nous avons à tirer des leçons, et s'il faut tirer, je tirerai le premier Messieurs les Anglais.
Peu importe comment seront ciblées les frappes ou la sophistication des armes, les victimes civiles sont inévitables, y compris les personnes âgées et les enfants, que les frappes sont censées protéger de la douleur par un brusque passage à la mort sans souffrance.
Le monde réagit en demandant : si vous ne pouvez pas compter sur le droit international, évidemment il n'est pas fait pour cela, alors vous devez trouver d’autres façons d’assurer votre sécurité. Ainsi, un nombre croissant de pays cherchent à acquérir des armes de destruction massive. Ce qui est logique : si vous avez la bombe, personne ne va vous toucher, mais vous désintégrer. Nous en étions restés aux pourparlers sur la nécessité de renforcer la non-prolifération, alors qu’en réalité ils avaient été laminés.
Nous devons cesser d’utiliser le langage de la force et reprendre le chemin des règlements diplomatiques et politiques civilisés du type crève sale con, ou t'en aura plein la gueule.
Une nouvelle opportunité pour éviter une action militaire a émergé ces jours-ci. Les Etats-Unis, la Russie et tous les membres de la communauté internationale doivent tirer parti de la volonté du gouvernement syrien de mettre son arsenal chimique sous contrôle international pour sa destruction ultérieure. A en juger par les déclarations du président Obama, les Etats-Unis voient cela comme une alternative à l’action militaire. Il me semble que cela a été déjà fait, mais on pourrait renouveler l'expérience, ce qui nous donnerais un peu plus de temps pour nous foutre sur la gueule.
Je me réjouis de l’intérêt de votre Président à poursuivre le dialogue avec la Russie sur la Syrie. Nous devons travailler ensemble pour maintenir cet espoir vivant, comme convenu à la réunion du G8 à Lough Erne en Irlande du Nord en Juin 2013, et orienter le débat pour revenir aux négociations.
Si nous pouvons éviter la force contre la Syrie, ce qui est incompatible avec nos points de vues respectifs, cela permettra d’améliorer l’atmosphère dans les affaires internationales et renforcer la confiance mutuelle. Ce sera notre réussite commune et ouvrira la porte à la coopération sur d’autres questions cruciales.
Ma relation professionnelle et personnelle avec le président Obama est marquée par une confiance croissante. J’apprécie cela. J’ai étudié attentivement son discours à la nation mardi. Et je serais plutôt en désaccord avec sa notion de l’exceptionnalisme américain, quand il affirme que la politique des États-Unis est « ce qui rend l’Amérique différente. C’est ce qui nous rend exceptionnel ». Il est extrêmement dangereux d’encourager les gens à se considérer comme exceptionnels, quelle qu’en soit la motivation. Nos cimetières sont pleins de gens exceptionnels et irremplaçables. Il y a de grands pays et de petits pays, riches et pauvres, ceux qui ont une longue tradition démocratique et ceux qui cherchent encore leur voie vers la démocratie qui comme chacun sait n'existe pas. Leurs politiques aussi sont différentes. Nous sommes tous différents, mais quand nous demandons la bénédiction du Seigneur Gonzales, nous ne devons pas oublier que Pedro nous a tous créés égaux.
Vladimir V. Poutine président de la Russie.