WWIII : Le Plan diabolique du Grand Israël s'ensable, ne ressemble plus à la volonté des hommes, attendons celle de D.ieu.
Les faux Juifs et les vrais Sionistes Israéliens, ceux qui vivent de la mort et qui n'en n'ont pas honte ne seront pas sauvés, reportage de France 24:
Dernière modification : 30/07/2013
Le ministre israélien de l'Économie, Naftali Bennett, a préconisé de tuer tous les "terroristes" attrapés par les autorités plutôt que de les mettre en prison. "J'ai tué beaucoup d'Arabes, aucun problème avec ça", a renchéri le chef de "Foyer juif".
Les propos choquent. Alors que Palestiniens et Israéliens viennent de s’asseoir à la table des négociations, le chef du parti pro-colonisation "Foyer Juif", parti de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahou, s’est illustré, lundi 29 juillet, en affirmant qu’il n’y avait "aucun problème" à tuer "beaucoup d’Arabes".
L’échange entre Naftali Bennett, qui est également ministre de l’Économie, et un conseiller sur la sécurité nationale, Ya’akov Amidror, a été révélé par le grand quotidien israélien Yedioth Ahronoth, qui précise que les deux hommes étaient en train de discuter de la libération de prisonniers palestiniens.
Dans son édition papier en langue hébreu, le quotidien centriste retranscrit la conversation ainsi :
"Bennett : "Quand t’attrapes des terroristes, tu dois simplement les tuer"
Amidror : "Écoute, c’est pas légal"
Bennett : "J’ai tué beaucoup d’Arabes dans ma vie – et il n’y a aucun problème avec ça""
Selon la porte-parole de Naftali Bennett, il s’agissait de proposer une politique sécuritaire plus efficace consistant à "éliminer les terroristes" plutôt que les garder en prison pour ensuite les relâcher. Selon elle, les Arabes évoqués par le chef de "Foyer juif" ont été abattus dans le cadre de son service dans l’armée.
Peu de chance cependant que ces précisions déjouent les accusations de racisme. Le ministre israélien, bien connu pour son opposition à un État palestinien, est resté silencieux sur d'autres formes de terrorisme, comme les actions "price tag" ("le prix à payer") menées par des extrémistes juifs contre les habitants de Cisjordanie.
Section 1: Noé Genèse 7, 1-10
1. De quelle façon Dieu s’est-il uni à Noé pour protéger sa création?
Il lui a demandé de construire une arche, d’y entrer avec sa famille et de prendre un couple de chaque espèce animale.
2 Comment les auteurs bibliques enseignent-ils que Dieu rejette le mal?
Dieu rejette le mal par le déluge qui détruit la méchanceté surgissant du cœur de l’humanité.
b) Genèse 9, 8-15
1. Quelle est la promesse que Dieu fait dans cette alliance avec la création?
Dieu promet de ne plus jamais détruire la terre par un déluge.
2 Quel est le signe de l’alliance de Dieu avec la création?
L’arc-en-ciel est le signe de cette alliance de Dieu avec la création.
Section 2 : Abraham Genèse 17, 3.7-8.10
1. Quelles sont les deux paroles que Dieu prononce pour établir son alliance avec Abraham?
Dieu prononce deux paroles : Je fais alliance et j’instituerai mon alliance. Ces paroles montrent
que c’est Dieu qui prend l’initiative. Il ne propose pas, il fait.
2. Quels sont les mots ou les expressions qui veulent dire « pour toujours »?
Les mots de génération en génération et perpétuelle signifient « pour toujours ».
3. Quelle est l’importance de la promesse que Dieu fait à Abraham?
Abraham est un nomade qui est toujours à la recherche de pâturages pour survivre. Recevoir un pays pour toujours sécurise et permet de s’établir.
4. Quel sera le signe de l’alliance avec Dieu?
La circoncision est une coutume qui remonte à très longtemps. Pour certains peuples, c’est un rite
d’initiation. Les juifs y verront une consécration à Dieu qui donne la vie.7e année Un Dieu de l’alliance 87
Section 3 : Moïse Exode 19, 3-6
1. Comment Dieu a-t-il porté son peuple comme sur les ailes d’un aigle?
Dieu porte son peuple comme sur des ailes d’aigle par la puissance de son amour et par la fidélité à sa promesse à Abraham. Il l’élève au-dessus de toute souffrance, il le libère pour l’amener avec lui dans le désert pour faire alliance avec lui.
2. Quelles sont les paroles qui expriment que Dieu a choisi son peuple? Explique-les.
« Vous serez mon domaine particulier » sont les paroles de Dieu qui indiquent que c’est avec le peuple juif que Dieu veut vivre. Il l’a choisi parmi tous les peuples pour être présent avec lui.
3. Quelles sont les deux choses que le Seigneur demande à son peuple?
Dieu demande d’entendre sa voix qui s’exprime dans les commandements qui sont porteurs de bonheur pour tous et toutes. Le peuple juif gardera l’alliance en mettant en pratique la Loi de bonheur que Dieu lui donne.
Section 4 : Jésus
Jean 1.17 car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
Hébreux 12
…23de l'assemblée des premiers-nés inscrits dans les cieux, du juge qui est le Dieu de tous, des esprits des justes parvenus à la perfection, 24de Jésus qui est le médiateur de la nouvelle alliance, et du sang de l'aspersion qui parle mieux que celui d'Abel. 25Gardez-vous de refuser d'entendre celui qui parle; car si ceux-là n'ont pas échappé qui refusèrent d'entendre celui qui publiait les oracles sur la terre, combien moins échapperons-nous, si nous nous détournons de celui qui parle du haut des cieux,…
À travers certaines lettres, Paul esquisse une histoire du salut dont l'Alliance constitue le fil directeur. Pourquoi parle-t-il d'Alliance nouvelle? Quelle est donc cette nouveauté de l'Alliance établie en Jésus Christ ? Que pense-t-il de la première alliance ?
Une Alliance nouvelle
Si ce thème de la nouvelle Alliance occupe une place importante dans la pensée de Paul, le mot alliance n'apparaît que neuf fois dans ses lettres, et deux fois seulement avec l'adjectif « nouvelle » : C'est lui (Dieu) qui nous a rendus capables d'être ministres d'une Alliance nouvelle, non de la lettre, mais de l'Esprit (2 Cor 3,6). L'autre mention provient du récit de la Cène : Ceci est la nouvelle Alliance en mon sang (1 Cor 11,25). [Voir encore Rom 9,4; Gal 4,24 et Ep 2,12].
Paul ne conteste pas les alliances antérieures avec Noé, Abraham, Moïse. Il ne cache pas sa douleur de constater que son peuple, le peuple élu, méconnaît la réalisation des promesses de Jésus, le Messie. Il parle de ses frères juifs comme ceux de ma race selon la chair... eux à qui appartiennent l'adoption, la gloire, les alliances, la loi, le culte, les promesses et les pères (Rm 9,4). Pour Paul, le peuple juif continue à jouer son rôle dans le plan de Dieu. À l'intérieur même d'Israël, la gratuité de cette élection demeure.
La nouvelle Alliance contre l'Ancienne Alliance ?
Paul a écrit ses lettres pour soutenir et raviver la foi des jeunes communautés fondées par lui. Il y précise des points essentiels pour le christianisme naissant. Il utilise parfois un ton polémique lorsqu'il doit réagir contre des dérives ou des erreurs. Cela l'amène à durcir sa pensée, qu'il est donc nécessaire de relativiser et de corriger par d'autres passages plus sereins.
C'est le cas en 2 Cor 3 : Paul précise d'abord en quoi consiste l'Alliance nouvelle (v. 6-8); puis il la distingue de l'ancienne Alliance (v.14). Pour les besoins de son argumentation, il oppose la nouvelle Alliance à la première, jusqu'à la caricature. N'oublions pas qu'il écrit à des non-Juifs, dont certains sont séduits par le judaïsme; il leur montre que les chrétiens, désormais, ne vivent plus l'Alliance comme les Juifs.
Les Juifs tiennent pour nécessaire l'observation de la Loi du Sinaï, donnée par Dieu à Moïse. I1 n'est pas étonnant que Paul garde ici la nuance juridique du mot alliance, qu'on peut donc traduire par testament (3,14). Désormais, ce qui est légué par le Christ et qui entre en vigueur dès sa mort, c'est une relation nouvelle, une Alliance fondée sur son sacrifice. Pour Paul, elle est bien dans le prolongement de la première, mais elle lui donne une dimension nouvelle : Jésus lui-même devient cette relation vivante entre les croyants et Dieu.
De la lettre à l'esprit
L'Alliance nouvelle ne peut plus être contenue dans un écrit, comme l'ancienne; car elle n'est plus un texte, mais la personne même de Jésus, rendu vivant dans l'Esprit. Ce passage de la lettre à l'Esprit, d'autres auteurs du Nouveau Testament l'expriment autrement: Matthieu montre que désormais Jésus tient la place de la Loi pour dire la volonté du Père; Jean affirme que la Parole de Dieu s'est faite chair (voir encore le début de la Lettre aux Hébreux).
L'Alliance nouvelle est pour tous
L'Alliance avec Moïse ne disparaît pas, mais elle s'ouvre à tous ceux en qui agit l'Esprit Saint. Elle n'exclue en aucun cas ceux qui appartiennent à l'Ancienne, mais elle s'ouvre à tous les hommes. Paul pourra écrire aux Éphésiens : Souvenez-vous qu'en ce temps-là vous étiez sans Messie, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui jadis étiez loin, vous avez été rendus proches par le sang du Christ (Ep 2,12-13).
La nouvelle Alliance n'est ni un complément, ni une amélioration de l'Ancienne; elle ouvre un nouveau mode de relation avec Dieu, une relation qui concerne l'humanité entière. Par le Christ qui accomplit la première Alliance, tout homme est appelé à entrer dans cette Alliance nouvelle avec Dieu. Elle est à définir en termes d'accomplissement et non d'opposition à la première Alliance.
EXCLUSIVITE LE LIBRE PENSEUR
« Plus le Moyen-Orient est emporté par la destruction et les horreurs sectaires, plus il devient facile de parler d’un des grands tabous de l’histoire contemporaine : le célèbre ‘Plan Yinon[1]’ pour construire un ‘Grand Israël’ à coups de guerres, de génocides et de complots.
Toujours plus de citoyens de descendance hébraïque dénoncent les injustices commises par l’Etat d’Israël. Et, si un temps Norman Finkelstein était un mouton noir, aujourd’hui il est considéré comme d’excellente compagnie…
Nous pouvons espérer que ce processus de conscience continue, pour comprendre et mettre fin à la grande duperie du gouvernement israélien… »
(Martina Smercan)
Quand on refuse de dénoncer le mal, on court le risque d’être démasqué par quelqu’un qui a l’intention d’agir. Ce schéma s’est produit en Amérique avec l’entrée de la Russie dans la lutte contre l’Isis en Syrie. Les objectifs stratégiques en Syrie ne sont pas révélés par les médias. Car, il n’a jamais été question de sauver le peuple syrien des horreurs de la dictature d’Assad, mais de faciliter l’hégémonie régionale d’Israël.
Comment faisons-nous pour le savoir ? C’est simple. Au cours des dernières décennies, d’importants protagonistes des élites responsables de la politique israélo-américaine ont exprimé cette volonté de manière étonnamment claire à travers des documents et des déclarations publiques.
La clé, c’est comprendre ce que notre formation culturelle ne nous a pas préparé à entendre. En 1982, le parti du Likoud (à savoir l’incarnation institutionnelle du sionisme, au commencement articulé par Jabotinsky) parle dans « the Iron Wall » d’utiliser contre les Arabes une force implacable et de conduire à leur fragmentation culturelle. Un fonctionnaire du nom d’Oded Yinon, qui avait travaillé auprès du ministre des Affaires étrangères israéliens, publia un article dans lequel il traçait l’approche stratégique que son pays devait avoir dans les années à venir.
Voici quelques extraits de la version en anglais du texte du soi-disant « Plan Yinon », traduite par le Pr Israel Shahak (1933-2001) :
La dissolution du Liban en cinq provinces sert de précédent pour tout le monde arabe, y compris l’Egypte, la Syrie, l’Irak et la péninsule arabique. Le processus est déjà entamé. (…)
La dissolution de la Syrie et de l’Irak en aires distinctes par ethnie ou religion, comme dans le cas du Liban, est l’objectif premier d’Israël sur le front oriental. La dissolution du pouvoir militaire de ces Etats constitue l’objectif à court terme. La Syrie tombera en pièces, en conformité avec sa structure ethnique et religieuse, divisée en différents Etats, comme cela se passe aujourd’hui au Liban.
L’Irak, riche en pétrole et divisé à l’intérieur, est le principal candidat à devenir le berceau des intérêts d’Israël. Sa dissolution est encore plus importante pour nous que celle de la Syrie.
Dans une période brève, le pouvoir irakien constitue la plus grande menace pour Israël. Une guerre entre l’Irak et l’Iran réduira en pièces l’Irak et provoquera un front large de lutte contre nous. Chaque type de conflit infra-arabe nous servira.
En Irak, il est possible de réaliser une division en province sur une ligne ethnico-religieuse, comme en Syrie, pendant la période ottomane. Ainsi, au moins trois États existeront autour des trois principales villes : Bassora, Baghdad et Mossoul. La zone chiite dans le sud sera séparée par celle des Sunnites et des kurdes au nord. (…)
Si l’Égypte tombe en pièces, des pays comme la Lybie, le Soudan ou encore les États cesseront d’exister dans leur forme actuelle et s’uniront à la ruine et à la dissolution de l’Égypte. (…)
La Jordanie ne peut pas continuer à exister dans sa structure actuelle encore pour longtemps. La politique d’Israël, aussi bien en période de guerre que de paix, doit être orientée vers la liquidation de la Jordanie. »
La vision de Yinon réapparaît dans le célèbre rapport Clean Break de 1996, signé par un consortium de penseurs américains et israéliens, parmi lesquels figurent Richard Perle, Douglas Feith, David et Meyrav Wurmser, qui s’étaient réunis avec l’objectif de fournir un guide pour la politique étrangère du premier mandat de premier-ministre de Benjamin Netanyahou. Il y est mentionné : « Israël peut donner forme à son territoire stratégique, en « coopération » avec la Turque et la Jordanie. Cet effort peut se concentrer en Irak en enlevant Saddam Hussein du pouvoir. Il représente un important objectif stratégique pour Israël, de rendre vaines aussi les ambitions régionales de la Syrie. (…) Logiquement, il est d’un premier intérêt qu’Israël supporte au niveau diplomatique, militaire et opérationnel les actions de la Turquie et de la Jordanie contre la Syrie, par exemple, en s’alliant avec les tribus arabes présentes sur le territoire syrien et hostiles à l’élite dominante ».
Comme cela est démontré récemment par Dan Sanchez, David Wurmser qui est entré encore plus dans le détail à propos du besoin de balkaniser le voisin septentrional d’Israël. Dans les articles publiés dans la même période, ce spécialiste de politique étrangère discute plutôt ouvertement sur le moyen de « provoquer à court terme un collapsus chaotique » de la Syrie baathiste.
Ensuite, c’est l’entretien accordé par le général Wesley Clark, en 2007, dans lequel sont révélés les vrais objectifs stratégiques des acteurs de la politique étrangère américaine au lendemain des attaques du 11 septembre. L’ancien Commandant suprême de l’OTAN rapporte une conversation qu’il eût avec un officiel du Pentagone, et duquel il avait appris que le vrai plan était d’attaquer et de détruire les gouvernements des six pays, en cinq années. Selon le général Clark, ces pays sont l’Irak, la Syrie, le Liban, la Somalie, le Soudan et enfin l’Iran.
Dans le même discours, le général reconduit explicitement la création du plan de Richard Perle, conseiller politique, et souligne l’absolue importance de mettre Israël dans les conditions de « donner forme à son territoire stratégique. »
Le 5 septembre 2013, dans les pages du New York Times, Alan Pinkas, ancien conseiller général israélien à New York et membre de l’élite politique conservatrice de Tel Aviv, a décrit en ces termes le conflit syrien : « Il s’agit d’une situation de déséquilibre dans laquelle il est nécessaire que les deux parties [le gouvernement d’Assad et les rebelles] perdent : nous ne voulons pas qu’il y ait un vainqueur. (…) Nous laissons les deux se saigner et mourir par hémorragie : c’est notre approche stratégique : tant que le conflit se prolongera par la Syrie, il ne se produira aucune vraie menace pour Israël. »
Il est impossible d’être plus clair. Le plan israélo-américain en Syrie n’a jamais été d’aider les citoyens de ce pays, mais de s’assurer l’effectif démembré de la Syrie, afin de poursuivre les « objectifs stratégique » conçus par l’État hébreux.
Le 9 octobre 2015, Tomas Alcoverro, correspondant au Moyen-Orient pour le quotidien La Vanguardia de Barcelone, a ainsi écrit à propos des attaques lancées par les gouvernements de la Russie et de la Syrie de début octobre 2015 : « Si cette offensive conjointe a du succès, le plan américain de fomenter la guerre de friction pour porter à l’épuisement les deux factions, partira en fumée. »
Mais, les Américains et les Israéliens ont eu leur plan contrarié par le président russe Poutine qui les a démasqués.
[1] Publié en Israël, en hébreu, en Février 1982, dans la revue du Département d’Information de l’Organisation Sioniste Mondiale Kivunim (Directions), ce document a aussitôt été traduit en anglais par Israël Shahak pour être porté à la connaissance du monde. Il a été alors publié par l’Association des Diplômés Universitaires Américano-arabes (AAUG) en juillet 2002 à Belmont Massachusets. Ce document vient d’être traduit en français par Maria Poumier et édité par Sigest : « Le plan sioniste pour le moyen orient » par Oded Yinon – mars 2015 – Ed. Sigest 29 rue Etienne Dolet – 94140 – Alfortville.
Le catalogue anti-maçonnique contre le Nouvel Ordre Mondial est à demander à Laurent Glauzy : laurent-blancy@neuf.fr
2
Si l’on définit le Messie comme le Sauveur d’Israël en particulier, et de l’humanité en général, on lui attribue un rôle qui est ni plus ni moins celui de Dieu. « À l’origine le judaïsme n’est pas messianique : seul Dieu sauve » constate Zvi Werblowsky2. Toute la Bible hébraïque le démontre : c’est Dieu qui guérit, qui délivre, qui pardonne, qui ramène les exilés et, pour cela, il n’est guère besoin d’intermédiaire entre lui et les hommes. Le salut de l’âmepost mortem n’est pas explicitement mentionné dans les textes et, quand bien même il le serait, il dépendrait encore de Dieu et de Lui seul. Comment donc a-t-on pu faire reposer l’idée messianique sur la Bible ?
3
Lors d’une conférence interconfessionnelle, qui a donné lieu à un important ouvrage visant à clarifier la notion de messianisme3, la première conclusion atteinte fut : The Messiah is not in the Old Testament.
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Pour s’en assurer, il suffit de se référer à une concordance biblique. On y trouve trente-neuf attestations du mot mashiah. Les plus nombreuses désignent le roi. On ne s’étonnera pas qu’elles se rencontrent essentiellement dans le livre de Samuel (quinze occurrences), où l’onction dispensée par le prophète successivement à Saül, puis à David, a toute son importance puisqu’il s’agit de la consécration des premiers rois. Pour le second Isaïe (45.12), l’ « oint » est un souverain étranger, le conquérant perse Cyrus, qui permet aux exilés de Juda de rentrer à Jérusalem.
5
Dans le Lévitique (4.3, 5, 16 et 6.15), il n’y a qu’un mashiah, c’est le grand prêtre (hacohen hamashiah). L’onction est une marque d’élection. C’est ainsi que mashiah peut être appliqué au peuple d’Israël (Habacuc 3.13 ; Psaumes 28.8).
6
C’est sans doute dans les Psaumes que l’espérance en l’ « oint » de la descendance de David est la plus pressante (Ps. 2.2 ; 18.51 ; 20.7 ; 105.15). Il s’agit dans tous les cas d’un roi très humain, sans aucune dimension eschatologique.
7
Le constat est indubitable : In the original context not one of the 39 occurrences of mashiah in the Hebrew canon refers to an expected figure of the future whose coming will coincide with the inauguration of an era of salvation4.
8
N’y a-t-il donc pas de messianisme dans la Bible ? N’est-ce pas l’ère messianique qu’annonce Isaïe en prophétisant que « des peuples nombreux » monteront à la montagne du Seigneur (Is. 2.3), « qu’une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre » (Is. 2.4), et que « le loup séjournera avec l’agneau » (Is. 11.6) ? Tel est effectivement le tableau que nous nous faisons, grâce à lui, de ce que nous appelons l’ « ère messianique ». Mais où est le Messie dans ce texte ? Il est clair que dans ce cas « messianique » est confondu avec eschatologique, car Isaïe aurait eu une vision heureuse de la fin des temps. Or, beaucoup de traducteurs rendent beaharit hayamim simplement par « dans la suite des temps ». Isaïe a une conception dynamique de l’histoire : après un temps d’épreuves, le pardon divin ramènera le bonheur sur une terre purifiée. Nous avons tendance à appeler « messianique » toute espérance en un futur idéal, toute vision de paix universelle, et c’est ainsi qu’on en vient à parler de « messianisme sans Messie ».
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Il est vrai, cependant, que nombre de textes bibliques évoquent un personnage, parfois présenté métaphoriquement, en qui se concentre l’espérance des hommes. C’est ce qui vaut à ces passages la réputation de textes « messianiques ». Or, aucun d’eux ne comporte le mot « messie », ni la bénédiction de Jacob (Genèse 49.10 : « Le sceptre ne sera pas ôté de Jacob jusqu’à ce que vienne Shilo, à qui est due l’obéissance des peuples ») ni l’oracle de Balaam (Nombres 24.17 : « Un astre est issu de Jacob et un sceptre a surgi d’Israël »), ni les prophéties de Jérémie (23.5) et de Zacharie (6.12) qui promettent la venue d’un « germe juste » ou d’ « un homme qui a pour nom Germe » (semah). Tels sont pourtant les versets messianiques les plus fréquemment cités par l’exégèse juive. Le surnom de Bar Kokhba « fils de l’étoile » donné au chef charismatique de la seconde révolte contre Rome (132-135) prouve de lui-même que ce héros était identifié par certains à « l’astre issu de Jacob » compris comme une métaphore désignant un sauveur. Quant au mystérieux Shilo et au « germe », ils étaient interprétés comme des noms du messie à venir.
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L’exégèse chrétienne a, bien entendu, hérité de ces interprétations. Pour des raisons évidentes, elle a souvent préféré s’appuyer sur les versets bibliques où revenait le mot « fils », tels Isaïe 7.14 où la traduction de l’hébreu ‘alma parparthenos dans la Septante fonde la naissance virginale de Jésus : « La jeune femme (ou parthenos, la vierge) enfantera un fils, tu l’appelleras Emmanuel ». « Emmanuel » apparaît ainsi dans la tradition chrétienne comme un nom du Messie. Cette « prophétie de l’Emmanuel » était déjà au cœur du débat entre chrétiens et juifs au début du iie siècle, comme l’atteste le Dialogue avec Tryphon de Justin Martyr ; l’on y voit que la lecture juive de ce passage était purement historique : le fils annoncé n’est autre qu’Ezéchias, fils du roi Achaz, selon Tryphon.
11
Il en va de même pour l’autre passage d’Isaïe évoquant l’enfant destiné à sauver le trône de David qui est au centre de l’exégèse messianique chrétienne : « Un fils nous a été donné, le principat repose sur ses épaules ; on proclame son nom : conseiller merveilleux ! héros divin père à jamais ! prince de paix » (Isaïe 9.5). La tradition chrétienne considère en outre comme messianique le Psaume 2 où on a vu que le mot Messie intervient (les rois se dressent contre Dieu et son Messie) au v. 2, aussitôt suivi de : « Il m’a dit : Tu es mon fils, c’est moi qui t’ai engendré aujourd’hui » (v. 7). Ce fils est aussi un roi (« C’est moi qui ai sacré mon roi sur Sion, ma montagne sainte », v. 6). C’est ce personnage que l’exégèse chrétienne reconnaît dans le Psaume 110, assis à la droite du Seigneur, et à qui il est dit : « Tu es prêtre à jamais à la manière de Melchisedeq » (v. 4). Il est aussi le roi de Zacharie 9.9 « juste et victorieux, humble et monté sur un âne » que l’entrée de Jésus à Jérusalem au jour des Rameaux a confirmé dans sa dimension messianique selon Matthieu 21.5.
12
Il est donc clair que juifs et chrétiens lisent les textes sacrés avec tout le poids de leurs exégèses respectives, accumulées au cours des siècles.
13
À la liste précédente la christologie a ajouté le chapitre 53 d’Isaïe car c’était le Christ mort sur la croix qu’elle reconnaissait dans « le serviteur souffrant ». Enfin, le livre de Daniel devait lui fournir un autre titre important associé au Christ, celui de « Fils d’homme ». Dans la vision du chapitre VII, quatre grands empires qui ont dominé le monde sont représentés sous forme de bêtes, la dernière étant la plus effrayante de toutes. Ces bêtes passent en jugement devant l’Ancien des Jours (vision anthropomorphique de Dieu) assisté d’un personnage à visage humain « comme un fils d’homme » (v.13) auquel sont promises « la puissance et la gloire ». Le contexte historique de la vision de Daniel, tel qu’il a été reconstitué par les historiens, est celui de la révolte des Juifs contre la Syrie séleucide d’Antiochus IV Epiphane : la quatrième bête représente la Syrie, et le personnage d’apparence humaine a une identité collective : il s’agit de la nation des « Saints du Très Haut » (v.18, 22, 27) ; autrement dit, Israël alors en lutte qui attend son salut de Dieu. Le temps passant, le mystérieux « Fils d’homme » devint une figure individuelle salvatrice. Le livre de Daniel, né en pleine crise politico-religieuse à l’époque des Maccabées, et plus tard inclus dans le canon biblique, exerça bientôt en Judée un impact profond et durable. Renan l’évalue à sa juste mesure quand il écrit : « L’auteur inconnu du livre de Daniel eut une influence décisive sur l’événement religieux qui allait transformer le monde. Il créa la mise en scène et les termes techniques du nouveau messianisme5.»
Elie
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Un texte aussi peu « messianique » que le livre I des Maccabées, vraisemblablement rédigé (en hébreu à l’origine) un peu avant l’an -100 nous montre que, vers cette époque, les Juifs de Judée vivaient dans l’attente. Lors de la purification du Temple reconquis sur les Séleucides (-164), Juda Maccabée aurait déposé les anciennes pierres de l’autel « en attendant que vînt un prophète qui donnerait une réponse à leur sujet » (I Mac. 4.46). Une vingtaine d’années plus tard, les Judéens donnèrent le pouvoir à son frère Simon et à ses descendants « jusqu’au moment où se lèverait un prophète digne de foi » (I Mac. 14.41). Qui était donc le prophète attendu ? Sans doute un nouvel Elie, un Elie redivivus. On devait espérer la réalisation de la prophétie de Malachie :
Voici que moi je vous envoie le prophète Elie avant que ne vienne le Jour du Seigneur, jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères vers les fils et le cœur des fils vers les pères.
15
Cette attente est bien perceptible au ier siècle et dans le Nouveau Testament. Lorsqu’apparaissait une figure charismatique, on lui demandait : « Es-tu Elie ? »
L’Élu de justice (I Hénoch)
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Entre temps, l’idée avait surgi que le prophète Elie serait l’annonciateur d’un autre personnage qui présiderait au « Jour du Seigneur », compris comme Jugement dernier. La figure daniélique du Fils de l’homme, investi par l’Ancien des Jours lors du jugement des empires, avait été recueillie par une apocalypse, le livre d’Hénoch. Cet ouvrage, écrit en araméen, est sans doute composite : on peut penser que sa rédaction s’est étalée sur les deux siècles précédant l’ère chrétienne et a subi aussi quelques influences ultérieures. Sous sa forme la plus complète, il nous est parvenu en ghez, car il est devenu un livre sacré dans l’Église éthiopienne. Dans la section la plus récente, connue sous le nom de « Parabole d’Hénoch »6, le héros voit apparaître un personnage aux côtés d’un vieillard qui est une représentation anthropomorphique de Dieu. Hénoch interroge alors un ange : « Qu’est-il ? D’où vient-il ? Pourquoi accompagne-t-il le Principe des Jours ? », et il lui est répondu :
C’est le Fils d’homme auquel appartient la justice […]
Car c’est lui que le Seigneur des Esprits a élu.
(I Hénoch 46, 2-6)
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Ce Fils d’homme n’est désormais plus une figure collective mais une figure individuelle préexistante au monde et gardée en réserve pour la fin des temps :
Avant que soient créés le soleil et les signes,
Avant que les astres du ciel soient faits.
Son nom a été prononcé devant le Seigneur des Esprits.
Il sera un bâton pour les justes […]
Il sera la lumière des nations […]
C’est pour cela qu’il est devenu l’Élu et celui qui a été caché par devant Lui, dès avant la création du monde et jusqu’à l’avènement du siècle.
(I Hénoch 48, 3-6)
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Le Fils d’homme appelé aussi « L’Élu » ou « Le Juste » joue un rôle essentiel auprès de Dieu dans le Jugement dernier. C’est une figure quasi divine, un être angélique d’aspect humain, qui occupe un siège au ciel devant « le Principe des jours ». À deux reprises, il est également appelé « Messie » et c’est à lui qu’est promis l’empire universel.
Le roi Messie, fils de David
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Le titre le plus fréquemment donné au Messie dans la tradition juive jusqu’à nos jours est sans nul doute celui de « fils de David ». Par là s’exprime clairement l’attente d’un roi issu de la dynastie davidique, destiné à recevoir l’onction qui le consacre et fait de lui un « oint » (mashiah) comme son ancêtre David.
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Mais où était donc la dynastie davidique dont le prophète Nathan avait jadis promis la pérennité ? (« Ta maison et la royauté dureront à jamais devant moi, ton trône sera stable à jamais », II Samuel 7.16). Certes, des rois s’étaient installés sur le trône de Judée avec la dynastie hasmonéenne mais ils n’appartenaient même pas à la seule tribu royale, celle de Juda, c’étaient donc des usurpateurs ; en outre, ils cumulaient, à l’encontre de toutes les règles bibliques, les fonctions royale et sacerdotale. Une opposition ouverte s’était manifestée déjà sous Jean Hyrcan et accentuée sous le règne d’Alexandre Jannée qui avait impitoyablement châtié ses ennemis politiques, les Pharisiens. L’intervention romaine avait mis fin à la dynastie hasmonéenne, mais avait amené pire encore : le roi des Juifs était désormais Hérode, fils de l’Iduméen Antipater, plus soucieux de servir les intérêts de Rome par la grâce de laquelle il régnait, que ceux de son peuple ; à mesure que le temps passait il se révélait de plus en plus cruel et tyrannique. C’est dans un tel contexte politique, probablement sous le règne d’Hérode (-40-4), que dut être rédigé le Psaume XVII des Psaumes dits « de Salomon » auquel on accole souvent le qualificatif de « messianique ». Les références à l’histoire récente sont fort claires.
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Aux usurpateurs hasmonéens a succédé un roi étranger qui a éliminé tous les représentants de la lignée rivale.
Ce que tu ne leur avais pas promis, ils s’en sont emparés de force.
Il n’ont pas rendu gloire à ton nom vénérable.
Leur orgueil les a poussés à fonder une royauté :
Ils ont dépouillé le trône de David, impudents imposteurs !
Mais toi, ô Dieu, tu les as renversés,
tu as ôté de la terre leur descendance,
en suscitant contre eux un étranger à notre race.
Selon leurs péchés tu les as rétribués, ô Dieu,
et leur sort fut celui qu’ils avaient mérité.
Dieu ne leur a pas fait grâce. Il a recherché leurs descendants,
et n’en a pas laissé échapper un seul.
Alors le Psalmiste s’écrie : « Suscite-leur leur roi fils de David » (Ps. Sal. XVII, 21).
22
C’est à partir de ce moment que l’on se met à rêver d’un authentique descendant de David, juste et bon comme le conseiller merveilleux d’Isaïe XI, humble comme le roi monté sur un âne de Zacharie IX. Et puisque aucun descendant de David n’est en vue, on se dit qu’il est sans doute caché. À la mort d’Hérode le brusque surgissement de prétendants au trône d’extraction populaire – l’ancien esclave Simon, le berger Ahtronges – peut être interprété comme l’effet d’une telle attente.
23
Le roi espéré est tout naturellement appelé « Messie » dans les Psaumes XVII et XVIII de Salomon, car il est destiné à recevoir l’onction sur le modèle de celle de David, une onction que n’avaient reçue ni les Hasmonéens ni Hérode. Il lui incombera de réaliser les prophéties d’Isaïe :
Sa force réside dans son espoir en Dieu.
Il fera grâce à toutes nations qui se tiennent devant Lui dans la crainte, car il frappera la terre de la parole de sa bouche à jamais.
Il bénira le peuple du Seigneur de sagesse et de joie.
(Ps. Sal. XVII, 34-35)
24
L’« oint » sauveur est avant tout un roi juste et sage, mais il est protégé par l’ « Esprit saint » (Ps. Sal. XVII, 37). Il commence ainsi à prendre une dimension quelque peu surnaturelle suivant l’interprétation d’Isaïe XI, 4 (« il frappera la terre de la parole ») qui dans l’Apocalypse de Jean deviendra une épée aiguë sortant de la bouche « du Fils d’homme ».
25
On voit donc que l’idée messianique s’est fait jour, comme l’exprime G. Scholem, « non pas comme la révélation abstraite de l’histoire de la rédemption, mais sous l’influence de circonstances historiques très déterminées ». Ainsi se créé « la brûlante atmosphère » si bien ressentie par Renan « mélange confus de claires vues et de songes », « alternatives de déceptions et d’espérances », « aspirations sans cesse refoulées par une odieuse réalité ».
26
L’« incubation », l’attente de quelque chose d’inconnu fut sans doute différente suivant les divers courants entre lesquels étaient divisés les Juifs de Judée en ce temps-là. Contrairement à l’idée reçue, les Esséniens ne me semblent pas avoir été les plus « messianiques » au sens qu’a pris ce terme. Selon les documents découverts à Qumran et qui leur sont attribués, ils attendent deux « oints », l’un royal, l’autre sacerdotal, autrement dit ils espèrent le rétablissement de l’ordre ancien bouleversé depuis l’exil de Babylone et dont l’époque davidique semblait donner le tableau le plus flatteur. On peut donc les voir comme des ultra-conservateurs, nostalgiques d’un passé lointain. Ce qu’ils attendent, désormais, c’est le retour de cet ordre idéal, mais tous ne méritent pas de le voir. Seule une élite, celle des « fils de lumière » vainqueur des « fils des ténèbres » au terme d’un ultime combat, accèdera à ce royaume régi par les lois divines, au royaume de Dieu.
27
Parallèlement, au début du ier siècle, en l’an 6, se constitue un groupe d’exaltés que l’historien Flavius Josèphe évite de nommer du nom qu’ils se donnent et qu’il préfère appeler, par référence aux trois autres courants préexistants en Judée (Sadducéens, Pharisiens, Esséniens), « la quatrième philosophie ».
28
Il nous renseigne fort peu sur la doctrine de ses sectateurs car il s’attache surtout à souligner leurs sentiments anti-romains et leur responsabilité dans la grande révolte de 66. Il nous livre néanmoins une indication précieuse : « Ils jugent que Dieu est le seul chef et le seul maître » (Antiquités XVIII, 23). Pour que Dieu soit seul maître, il faut que Dieu règne seul à l’exclusion de tout pouvoir temporel. Les fondateurs de cette « philosophie » ne veulent donc vraisemblablement pas plus d’un roi juif (fût-il de la lignée davidique) que de l’emprise étrangère. Leur idéal n’est pas celui d’une simple indépendance nationale.
29
La caste sacerdotale décadente ne constitue certainement pas un pouvoir spirituel à leurs yeux. Né dans le milieu pharisien, ce mouvement, qui a influencé les sicaires et les zélotes, comporte une dimension mystique : il attend l’instauration du règne de Dieu. Pour cela ils semblent ne compter que sur leurs troupes, celles des soldats de Dieu, prêts à livrer le combat final contre Rome qui hâtera la venue du Royaume. Certains historiens ont tenté de donner une dimension messianique à tel ou tel chef de ce courant, Menahem par exemple, mais nous n’en avons aucune preuve. Il était fort possible d’espérer instaurer l’avènement du Royaume par une action collective sans attribuer de rôle particulier à un « oint ».
30
L’attente eschatologique n’est pas nécessairement messianique. La confusion qui règne souvent dans les esprits à ce sujet tient à ce qu’on établit trop souvent une équivalence entre les deux termes. Or, il a existé une eschatologie sans Messie. En revanche, il est vrai, on ne saurait concevoir un Messie sans espérance eschatologique.
31
Certains dans le peuple préféraient pourtant donner un visage au personnage providentiel qui, en ces temps de crise, apporterait le Salut. S’il faut encore citer Renan : « le Juif de cette époque était aussi peu théologien que possible. Les croyances […] étaient des croyances libres, des méditations auxquelles chacun se livrait selon la tournure de son esprit, mais dont une foule de gens n’avait pas entendu parler ».
32
Ceux qui approchèrent Jésus et furent sensibles à son message ne savaient sans doute quel titre lui donner car ils ne savaient pas eux-mêmes ce qu’ils attendaient : était-il un prophète, était-il Elie ? était-il le fils de David ? Ils ne savaient pas si sa mission était céleste ou terrestre : « Est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ? » demandent les apôtres (Actes I, 6). Dans un premier temps, c’est la résurrection qui est l’événement fondateur du christianisme sans que titre ou mission soient vraiment précisés. À la fin duier siècle, on attend son retour imminent comme le montrent les dernières paroles de l’Apocalypse de Jean : « Oui je viens bientôt » (Apoc. 22.20).Christos, « oint », interprété comme un titre eschatologique et non simplement comme une marque de royauté devient le nouveau titre de Jésus mort et ressuscité.
33
Entre temps une immense catastrophe s’était abattue sur les Juifs. Ceux de Judée s’étaient imprudemment soulevés contre une puissance romaine alors à son zénith. Leur révolte avait été écrasée, le Temple incendié, Jérusalem détruite. Deux apocalypses juives de la fin du ier siècle, connues sous le nom de II Baruch et IV Esdras, reflètent l’état d’esprit des survivants :
Heureux celui qui n’est point né
ou naquit pour mourir aussitôt
Mais malheur à nous les vivants
qui avons vu les douleurs de Sion
Et le sort de Jérusalem.
(II Bar. 10, 6-5)
Pourquoi suis-je né ? Pourquoi le ventre de ma mère n’a-t-il pas été mon tombeau ? Ainsi je n’aurais pas vu la peine de Jacob et l’épuisement d’Israël.
(IV Esd. II, V, 35)
34
Où était l’Alliance ? L’élection ? La justice divine ? La vie valait-elle la peine d’être vécue ? À ces questions angoissantes, toutes deux s’efforcent de trouver des réponses qui donnent encore quelque raison de vivre.
35
Baruch et Esdras reçoivent en retour de leurs interrogations des révélations d’en haut. Le monde approche de sa fin, l’avènement de la rédemption est pour bientôt. Au désespoir répond la promesse, à l’impatience l’assurance que l’attente sera de brève durée, à l’insistance l’idée que le monde doit atteindre son point de maturation. L’histoire est divisée en grandes périodes, la catastrophe récente est elle-même le signe de la fin des temps.
La jeunesse du temps est passée, la vigueur de la création est consumée. Peu de choses manquent encore à l’avènement du temps pour qu’ils soient passés. La cruche est proche du puits, le navire du port. Le tracé de la route s’achève à la ville, et la vie approche de sa fin.
(II Bar. 85, 10)
36
Il faut avoir atteint le fond du malheur pour mériter la rédemption. C’est alors que surgira le Rédempteur, le Messie. Il apparaît dans les deux textes sous forme de vision symbolique.
37
En II Baruch 36-37, une immense forêt est submergée par une source, seul subsiste un cèdre altier qui passe en jugement devant une vigne. Le cèdre « survivant de la forêt du mal » représente le dernier chef de Rome qui réunit en elle toutes les formes d’immoralité, il est exécuté par le Messie « semblable à la source et à la vigne ». Ainsi Dieu, à travers son Messie, assurera le salut de la vigne, symbole biblique d’Israël, dont il est resté, malgré les apparences, le fidèle gardien.
38
Pour représenter Rome, IV Esdras recourt à un tout autre symbole, celui de l’aigle, un aigle monstrueux à trois têtes et six couples d’ailes. Un lion le défie et annonce que la terre sera bientôt libérée de sa domination inique. Ce lion (le lion de Juda) n’est autre que « le Messie que le Très Haut a réservé pour la fin des temps » (IV Esd. V, XII, 32), celui que Dieu appelle « mon fils » (IV Esd. VII, 28). Le Messie joue ici aussi un rôle de juge : le corps de l’aigle condamné brûle de même que le grand cèdre est livré aux flammes. Dans cette fonction il est l’héritier du Fils d’homme de Daniel et de l’Élu de justice d’Hénoch.
39
Qu’attendait-on du Messie à la fin du ier siècle ? Avant tout qu’il mette un terme au quatrième et dernier empire de l’histoire, Rome, et fasse disparaître ainsi le mal de la terre. Par cet ultime affrontement, il rendrait possible la restauration de Jérusalem.
40
La ville est l’objet de tous les rêves entretenus par l’éblouissante description de la nouvelle Jérusalem chez Isaïe. II Baruch (VI, 9) promet que Jérusalem « livrée pour un temps » sera rénovée dans la gloire « rendue parfaite pour l’éternité » (XXXII, 4). Mais la Jérusalem nouvelle n’est pas construite de main d’homme, elle vient du monde d’en haut, elle est gardée en réserve auprès de Dieu depuis la Création et n’a été montrée qu’à quelques élus : Adam, Abraham, Moïse (II Bar. IV, 1-7). C’est elle aussi qu’attend IV Esdras : Sion lui apparaît sous l’aspect d’une mère éplorée bientôt remplacée par une cité imposante d’une magnificence surnaturelle, la Cité du Très Haut (X, 50-55).
41
Ces visions se doublent d’une conception millénariste de la fin de l’Histoire que l’on rencontre également dans l’Apocalypse de Jean, strictement contemporaine des deux autres. Dans cette apocalypse, après le jugement de la grande prostituée (Rome) et l’anéantissement de la Bête, Satan est enfermé pour mille ans, ce qui est la durée du règne du Christ et des saints martyrs (Apoc. 20, 4). De même on lit en IV Esdras (VII, 28) : « Mon fils, le Messie, sera révélé en même temps que ceux qui sont avec lui et ceux qui auront survécu se réjouiront durant quatre cents ans [versions latine, géorgienne et première version arabe] ou mille ans [deuxième version arabe] ». Mais pour IV Esdras le Messie est un être mortel (« Après cela mon fils le Messie mourra avec tous les humains » IV, 29). Son règne n’aura servi qu’à préparer le jour du Jugement et le règne de Dieu dans une éternité incorruptible (VII, 113).
42
Les idées messianiques de la fin du ier siècle ne sont pas tout à fait celles qui prévalent dans le judaïsme par la suite. En fait, elles n’ont jamais été répertoriées de manière cohérente. La Mishna les a sciemment évitées car l’aventurisme messianique de Bar Kokhba avait été responsable de nouveaux malheurs. Le Talmud et le Midrash n’offrent que des conceptions éparses et fragmentaires. Nulle part on ne trouve de programme (de « checklist » comme dit Charlesworth) de ce que doit accomplir le Messie. Comme le note E. Urbach, la diversité des opinions dépasse les normes habituelles de la controverse, elle ne se limite pas à des conceptions de détail, mais affecte des notions fondamentales, impliquant chez l’un la complète négation de la doctrine de l’autre. Cela n’a pas empêché l’espérance messianique de croître et d’occuper une place de plus en plus importante dans la liturgie ou les spéculations du Moyen Âge jusqu’aux temps modernes.
43
L’attente messianique a eu un rôle important dans l’histoire des Juifs et l’a encore pour certains. Elle a apporté consolation en des temps de détresse et a pu aussi mobiliser des forces dans des aventures destinées à changer le cours des choses. Le point commun à toutes les formes qu’a pu prendre le messianisme est l’espérance. Or, ainsi que l’observe Gershom Scholem « il y a dans l’espérance quelque chose de grand et en même temps de profondément irréel. Vivre dans l’espérance, c’est pour l’individu se trouver sans pouvoir, ne pouvoir jamais s’accomplir parce que l’échec réduit à néant précisément ce qui constitue sa plus haute dignité ». Mis à part une petite frange mystique, le judaïsme est-il encore messianique ? Sans doute l’espérance est-elle toujours une de ses vertus profondes, mais elle n’attend pas nécessairement le salut d’un autre, fût-il l’instrument de Dieu.
Notes
Pour citer cet article
Mireille Hadas-Lebel, « Depuis quand existe-t-il un messianisme juif ? », Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem, 17 | 2006, 52-64.
Mireille Hadas-Lebel, « Depuis quand existe-t-il un messianisme juif ? », Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem [En ligne], 17 | 2006, mis en ligne le 15 novembre 2007, Consulté le 31 juillet 2016. URL : http://bcrfj.revues.org/177
Auteur
Mireille Hadas-Lebel est professeur d'histoire des religions à l’Université Paris VI-Sorbonne, spécialiste du judaïsme antique auquel elle a consacré plusieurs ouvrages :Flavius Josèphe , le Juif de Rome, Fayard, 1989, traduit en 7 langues, plusieurs rééditions, Philon d'Alexandrie, un philosophe en Diaspora, Fayard 2003, trad. hébraïque sous presse Yediot Aharonot.
Mireille Hadas-Lebel is professor for History of religions at Paris VI-Sorbonne University, specialized in ancient Judaism. She has published some books on this topic: Flavius Josèphe, le Juif de Rome, (Fayard, 1989), translated in seven languages, several re-editions; Philon d'Alexandrie, un philosophe en Diaspora, Fayard, 2003, Hebrew translation on print, Yediot Aharonot.
rm.hl@libertysurf.fr
Droits d’auteur
© Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem
בִּנְיָמִין זֶאֶב הֵרצְל
Theodor Herzl vers 1900
Nom de naissance | Binyamin Ze’ev Herzl |
---|---|
Naissance | Pest, Empire d'Autriche |
Décès | (à 44 ans) Edlach, Autriche-Hongrie |
Nationalité | Austro-hongrois |
Pays de résidence | Autriche-Hongrie |
Profession | journaliste, écrivain |
Formation | Droit |
Conjoint | Julie Naschauer (1868 - 1907)1 |
Theodor Herzl (en hébreu : Binyamin Ze'ev (בנימין זאב) ; second nom : Khozeh HaMedinah (חוזה המדינה)), né le à Pest et mort le à Edlach, est un journaliste et écrivain austro-hongrois.
Fondateur du mouvement sioniste au congrès de Bâle en 1897, il est l'auteur de Der Judenstaat (« L'État des JuifsN 1 ») en 1896 et fondateur du Fonds pour l'implantation juive pour l'achat de terres en Palestine. Il est l'un des premiers à mettre en place l'idée d'un État autonome juif.
Sommaire
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Sa vie[modifier | modifier le code]
Theodor Herzl est né dans le quartier juif de Budapest, capitale de laHongrie caractérisée par son cosmopolitisme très important. La ville abrite une population juive nombreuse, qui représente 20 % de ses habitants. Aussi certains antisémites nommaient-ils la ville « Judapest »2.
Theodor Herzl (ou Tivadar en hongrois, Wolf Théodore en allemand) grandit dans une famille bourgeoise aisée et germanophobe3 tout près de la Grande synagogue de Budapest. La famille pratique un judaïsme que l'on pourrait qualifier de progressiste4,5. Son père, issu de l'immigration de la partie orientale de l'empire austro-hongrois, se définit lui-même commeréformiste et demeure un partisan de l'assimilation des Juifs au sein de leurs terres d'accueil.
En 1889, il épouse Julie Naschauer, du même milieu que lui. Le mariage est malheureux en dépit de la naissance de trois enfants (deux filles et un fils)3.
Docteur en droit de formation, Herzl commence par écrire des pièces de théâtre puis devient journaliste et part à Paris comme correspondant de 1891 à 1896. Il rentre alors à Vienne et devient directeur littéraire du plus grand et du plus prestigieux quotidien viennois, la Neue Freie Presse.
Il était au début si peu tenté par le sionisme qu'il n'hésitait pas à écrire les lignes suivantes en faisant le compte-rendu pour son journal d'une pièce d'Alexandre Dumas fils, La Femme de Claude, où un certain Daniel encourageait les Juifs à revenir à la terre de leurs ancêtres :
« Le bon Juif Daniel veut retrouver sa patrie perdue et réunir à nouveau ses frères dispersés. Mais sincèrement un tel Juif doit savoir qu'il ne rendrait guère service aux siens en leur rendant leur patrie historique. Et si un jour les Juifs y retournaient, ils s'apercevraient dès le lendemain qu'ils n'ont pas grand'chose à mettre en commun. Ils sont enracinés depuis de longs siècles en des patries nouvelles, dénationalisés, différenciés, et le peu de ressemblance qui les distingue encore ne tient qu'à l'oppression que partout ils ont dû subir6. »
Herzl dira plus tard que l'affaire Dreyfus a motivé son engagement8, même si cela n'apparaît pas dans son journal. En tant que correspondant à Paris du journal Die Neue Freie Presse, il suit l'Affaire depuis le premier procès de DreyfusN 2. C'est à cette époque qu'il estime absolument nécessaire la constitution d'un « abri permanent pour le peuple juif », thèse qu'il reprend dans son livre « l'État des Juifs » (Der Judenstaat), écrit en 1896. Le débat autour du titre français du Judenstaat butte sur certaines particularités linguistiques. Faut-il alors traduire « Judenfrage » — qui figure en sous-titre de l'ouvrage de Herzl, « Versuch einer modernen Lösung der Judenfrage » — par la question des Juifs et non par la question juive ? Soulignons que Herzl surveilla de très près la parution française de son ouvrage et qu'il n'ignorait pas que le titre en était « L'État Juif » et non l'État des Juifs, tout comme en anglais la traduction fut « The Jewish State ». Il y expose les trois principes fondamentaux du sionisme : l'existence d'un peuple juif ; l'impossibilité de son assimilation par d'autres peuples ; d'où la nécessité de créer un État particulier, qui prenne en charge le destin de ce peuple. À ces trois fondements du sionisme, le Congrès de Bâle de 1897 ajoute un quatrième : le droit des Juifs à s'installer en Palestine, partie de l'Empire ottoman.
Contrastant avec l'opinion répandue selon laquelle l'affaire Dreyfus aurait joué un rôle central dans la prise de conscience d'Herzl, certains (comme Shlomo Avineri, professeur de sciences politiques à l'université hébraïque de Jérusalem et ancien directeur général du ministère des Affaires étrangères israélien), affirment que « Quiconque chercherait dans le journal [de Herzl] — pourtant riche en introspection, et fourmillant de références historiques – un quelconque indice de la centralité de l'affaire Dreyfus dans le réveil de l'identité juive [de Herzl], ou son développement vers le sionisme, serait extrêmement déçu »9. Ce qui tend à faire penser que l'affaire Dreyfus a eu un impact a posteriori sur la conscience de Herzl. Comme cela est écrit plus haut, il est couramment admis que l'affaire Dreyfus a été un « coup de tonnerre » pour Théodore Herzl. Cependant, Claude Klein, dans son ouvrage intitulé Essai sur le sionisme, estime que « la réalité est évidemment bien loin de cette fiction ». Selon ce dernier, la question juive et l'antisémitisme n'ont jamais cessé de hanter Théodore Herzl.
« Dès qu'il se mit à assigner à son action des buts précis dans l'espace réel, à nouer les forces en présence, il dut reconnaitre combien son peuple était devenu disparate parmi les nations et les destinées les plus diverses : ici les Juifs religieux, là les libres penseurs, ici les Juifs socialistes, là les capitalistes, tonnant les uns contre les autres dans toutes les langues, et tous fort peu disposés à se soumettre à une autorité centrale. »
— Le monde d'hier, Stefan Zweig
Pour mener à bien son projet d'État pour les Juifs, il décide de lancer une campagne internationale et de faire appel à toutes personnes susceptibles de l'aider. Il va ainsi successivement se rapprocher des Rothschild10 (le baron Edmond de Rothschild a déjà commencé à acheter des terres en Palestine depuis 1882) et de Maurice de Hirsch11. Il demande des lettres de soutien à des personnages importants de l'époque comme le pape Pie X12 qui le reçoit en 1904, le roi Victor-Emmanuel III d'Italie12 ouCecil Rhodes13.
En avril 1896, il se rend à Constantinople en Empire ottoman14 et à Sofia en Bulgarie14 pour rencontrer des délégations juives. ÀLondres, le groupe des Macchabées l'accueille froidement, mais il reçoit un mandat d'encadrement de la part des sionistes de l'East End de Londres. Au cours des six mois suivants, ce mandat est approuvé par toutes les organisations juives sionistes mondiales14. Le nombre de ses partisans augmente alors nettement.
En 1897, à grands frais personnels, il fonde à Vienne l'hebdomadaire Die Welt. Il organise le premier congrès sioniste à Bâle en 1897, dont il est élu président, poste qu'il a occupé jusqu'à sa mort en 190414. En 1898, il commence une série d'initiatives diplomatiques afin d'obtenir un soutien pour un pays juif. Il est reçu par l'empereur Guillaume II d'Allemagne à plusieurs reprises14, à partir du 2 novembre 189815. Il participe à la première conférence de La Haye.
En mai 1901, il rencontre pour la première fois Abdülhamid II16, le sultan de l'Empire ottoman, pour négocier le don des terres dePalestine. Herzl propose d'effacer les dettes impériales en échange de la Palestine mais celui-ci lui répond : « Je préfère être pénétré par le fer que voir la Palestine perdue. »
En 1902-03, Herzl est invité à témoigner devant la Commission royale britannique sur l'immigration des étrangers. Cette occasion lui permet de se retrouver en contact étroit avec les membres du gouvernement britannique, notamment avec Joseph Chamberlain, à l'époque secrétaire d'État aux colonies, par l'intermédiaire duquel il négocie avec le gouvernement égyptien une charte pour l'installation des Juifs dans la région d'Al Arish, dans la péninsule du Sinaï, jouxtant le sud de la Palestine14. À la suite de l'échec de ce projet, qui l'a conduit au Caire, il reçoit en août 1903, par l'intermédiaire de Leopold Greenberg une offre de la part du gouvernement britannique afin de faciliter l'implantation d'une grande colonie juive de peuplement, avec gouvernement autonome et sous souveraineté britannique en Afrique de l'Est17 et connue sous le nom de Projet Ouganda.
Dans le même temps, le mouvement sioniste est menacé par le gouvernement russe. Au lendemain du premier pogrom de Kichinev en 1903, il se rend à Saint-Pétersbourg et est reçu par Sergei Witte18, alors ministre des Finances, et Viatcheslav Plehve, ministre de l'intérieur, antisémite notoire et crédité d'être responsable desdits pogroms.
Le il note dans ces carnets que l'État du Congo était suffisamment vaste pour accueillir son projet19.
À cette occasion, Herzl présente des propositions pour l'amélioration de la situation juive en Russie. Il propose à Plehve une véritable alliance : « Soutenez mon projet, je vous débarrasserai de vos révolutionnaires juifs »20. En marge du Congrès sioniste, Theodor Herzl contacte Khaym Jitlovsky, organisateur de l'Union des socialistes-révolutionnaires russes à l'étranger — qu'il prend pour un représentant du Bund — et lui propose l'appui de Von Plevhe qui attribuerait une charte au mouvement sioniste, en échange d'un engagement des révolutionnaires juifs à cesser leur lutte contre le gouvernement tsariste pour une durée de quinze ans21. Il publie la déclaration russe, et présente l'offre britannique, connue sous le nom de « Projet Ouganda » devant le sixième Congrès sioniste (Bâle, août 1903), qui remporte la majorité (295:178, 98 abstentions)[réf. nécessaire], avec lui sur la question d'étudier cette offre, malgré le très mauvais accueil de l'offre par la délégation russe.
En 1905, après enquête, le congrès sioniste décide de décliner l'offre du Royaume-Uni et s'engage à créer un État juif en terre d'Israël, autrement dit en Palestine alors ottomane22.
Mort en 1904, Herzl avait demandé à être enterré en Palestine quand le peuple juif y aurait fondé un État indépendant. Le , son corps, ainsi que celui de ses parents, Yaakov et Jeannette, et sa sœur Pauline sont inhumés au Mont Herzl. En septembre 2006, les dépouilles de ses enfants Hans et Pauline y ont été transférés depuis Bordeaux. Sa fille cadette, Trude Norman, est morte dans le camp de concentration de Theresienstadt et ses restes n'ont jamais été retrouvés. Le corps du fils unique de Trude, Stephen Theodore Norman (en), qui s'est suicidé en 1946 à Washington, est transféré au Mont Herzl le .
En 1897, Herzl réunit à Bâle, avec l'aide de Max Nordau, le premier congrès sioniste. Les assises de l'Organisation sioniste mondiale sont établies et il la présidera jusqu'à sa mort, en 1904.
Sa pensée et ses écrits[modifier | modifier le code]
- L'État juif
- L'État des Juifs, suivi de Essai sur le sionisme par Claude Klein, sous le titre de De l'État des Juifs à l'État d'Israël, La Découverte, 2003, (ISBN 978-2707141057)
- Nouveau pays ancien : Altneuland précédé de Retour à Altneuland : la traversée des utopies sionistes par Denis Charbit, Éditions de l'Éclat, 2004, (ISBN 2-84162-093-X)
- Journal, 1895-1904 Calmann-Levy, 1994, (ISBN 978-2-7021-1862-7)
En 1902 il publie Altneuland (Le Pays ancien-nouveau), nouvelle à travers laquelle il décrit une utopie sioniste. Il y décrit unePalestine transformée en État d'essence juive, mais démocratique, dans lequel les non-juifs disposeraient des mêmes droits fondamentaux. Il insiste sur le droit de vote à travers la description d'une campagne électorale. Dans son livre, les Arabes, en plus de disposer du droit de vote, occupent des postes-clés. Theodor Herlz pensait que les Arabes accepteraient sans difficulté l'autorité coloniale, cela s'exprime dans son récit par le personnage de Rachid Bey qui accueille amicalement les colons23. Il réagit à l'occasion à certaines déclarations de colons, quand l'un prétend que les Juifs ont amené l'agriculture en Palestine, il rétorque qu'elle existe en Palestine depuis fort longtemps24. L'utopie est brisée par le personnage de Geyer, un migrant fraichement arrivé dans le pays et qui fonde un parti nationaliste juif. Lors de la campagne électorale, Geyer milite pour la suppression du droit de vote des non-juifs. Ses opposants avancent des arguments en faveur du droit pour tous sur base d'arguments universalistes mais aussi sous couvert de textes religieux hébraïques (« Il y aura une même loi parmi vous, pour l’étranger comme pour l’indigène » - Nombres 9 :14)25.
Lieux lui rendant hommage[modifier | modifier le code]
- En Israël, une ville porte son nom : Herzliya. Des rues de plusieurs localités (Rehovot, Rishon LeZion, Guedera, Kiryat-Malakhi, Be'er Ya'akov, Ma'alot-Tarshiha,Netanya, Jérusalem, Tel Aviv-Jaffa, Tirat Carmel) portent aussi le nom de Herzl.
- À Jérusalem, le mont Herzl abrite sa sépulture et celle d'autres figures marquantes de l'histoire d'Israël.
- En Europe, plusieurs localités (Bâle, Budapest, Edlach an der Rax (en Autriche), Vienne) ont donné le nom de Herzl à une rue.
- À Paris, la place Theodor Herzl a été inaugurée le , dans le 3e arrondissement, à l'intersection des rues de Turbigo et Réaumur, en présence de Bertrand Delanoë, maire PS de Paris, de Pierre Aidenbaum, maire PS du 3e arrondissement et du chargé d'affaires de l'ambassade d'Israël. La plaque du 3e arrondissement contient 5 lignes :
« PLACE
THEODOR HERZL
JOURNALISTE ET ÉCRIVAIN
INSPIRATEUR DU FOYER NATIONAL JUIF »
- La traduction en français de Der Judenstaat est L'État des Juifs. Le titre a souvent été mal traduit en L'État juif (qui serait, en allemand, Der jüdische Staat), créant ainsi une ambiguïté fondamentale au cœur du sionisme lui-même : faut-il créer un État pour les Juifs, qui puisse les défendre, en accord avec la conception selon laquelle seul un État-nation propre peut fournir une protection adéquate à tel ou tel peuple ; ou faut-il créer un « État juif », donc religieux et non laïque ?
- « Theodor Herzl avait eu à Paris une aventure qui l'avait bouleversé, il avait vécu une de ces heures qui changent complètement une existence : il avait assisté en qualité de correspondant à la dégradation publique d'Alfred Dreyfus, il avait vu arracher les épaulettes à cet homme pâle, qui s'écriait : « Je suis innocent. » Et à cette seconde, il avait été persuadé dans sa conscience la plus intime que Dreyfus était innocent et qu'il n'était chargé de cet abominable soupçon de trahison que parce qu'il était juif ». Le monde d'hier, Stefan Zweig
Annexes[modifier | modifier le code]
- Jacques Le Rider : Les juifs viennois à la belle époque (1867-1914), Éditeur : Albin Michel, 2013, (p. 94 à 120) ISBN 2226242090
- Alain Boyer, Théodore Herzl, Albin Michel,
- André Chouraqui, Théodore Herzl, Éditions du Seuil ; rééd : Un visionnaire nommé Herzl, Robert Laffont, 1991
- Serge-Allain Rozenblum, Theodor Herzl, Paris : Éditions du Félin, 2001
- Charles Zorgbibe, Theodor Herzl : L'aventurier de la terre promise, Paris, Éditions Tallandier, coll. « Biographies-Figures de proue », 420 p. 16., 2001
- Stefan Zweig, En souvenir de Theodor Herzl, in "Hommes et destins", Éditions Belfond, 1999
- Till R. Kuhnle, "L’émulation du monde ancien : 'Altneuland' de Theodor Herzl", dans Le travail de réécriture dans la littérature de langue allemande au XXe siècle (=Germanica XXXI), Lille: Université Lille III 143-157,2002
- Denis Charbit, "Retour à Altneuland: traversées de l'utopie sioniste", dans Theodor Herzl, "Altneuland" Nouveau pays ancien, Paris: éditions de l'éclat, 2004
- Jacques Halbronn, Le sionisme et ses avatars au tournant du XXe siècle, Feyzin, Ed. Ramkat, Préface de H. Gabrion, 2002
- Georges Weisz, Theodor Herzl : une nouvelle lecture, Paris, Éditions L'Harmattan, , 303