WWIII : La République est en Guerre pour la Prééminence de la Maçonnerie et de ses FM pour la préservation de sa dignité et de son rang . Elle s'oppose au Marxisme tout en l'ayant mis en place pour la Révolution d'Octobre.
KIM Jong-Un (Corée du Nord), est prêt à rentrer en Guerre avec la Chine et la Russie contre l'Occident.
Ce petit Pays 5 fois plus petit que la France, est la seconde Armée du Monde, juste derrière l'OTAN et devant la CHINE. Le pourcentage du PIB national qui va à l'armée et de 25%, et non 1,78% comme en France.
En plus d'être la plus grande Armée du Monde au niveau de l'intégration et de la cohésion du Commandement, par rapport à l'OTAN qui est acéphale, ils ont un secteur Nucléaire très développé, et une multitude de soldats entraînés.
Leurs Militaires n'ont rien à envier au niveau équipement aux nôtres. Le mas 39 révisé 45, ne les intéresse pas.
Il faut donc s'attendre, qu'avec les Chinois, dont le régime Politique est proche (communistes Staliniens et Maoïstes-Trotskistes-Marxistes), nous aurons bientôt ces visages engagés sur nos marchés, et dans nos Kommandanturs.
Les petites entreprises encore une fois ne connaîtrons pas la crise, et nous servirons nos amis de l'Empire du Milieu du mieux que nous le pourrons.
Une bonne façon de nous séparer de notre élite corrompue, qui retrouvera à sa façon, le chemin de la Révolution.
Xi Jinping aurait rédigé un texte, connu sous la dénomination « Document numéro 9 », où il s'oppose à « la démocratie et aux droits de l’homme ». Les points de vue contraires au Parti communiste chinois ou à sa ligne politique sont interdits et ne peuvent pas être publiés. Xi Jinping détermine « sept périls parmi lesquels « la démocratie constitutionnelle occidentale », les « valeurs universelles » des droits de l’homme, la « société civile », la « liberté de la presse » et le « néolibéralisme » ». Ce « Document numéro 9 » permet à Xi Jinping de stopper, aussi bien au sein du Parti communiste que dans la société chinoise, les velléités de promouvoir une libéralisation du système politique.
Finis donc les Droits de l'Homme et du Citoyen, qui n'ont en fait jamais existé, que dans la littérature de classe, et penchons nous sur l'usage de la langue Chinoise, qui se fait par des signes, dont les Français raffolent quant il s'agit de plaire à l'occupant, qui sera peut-être plus agréable que nos forces de l'ordre et certains de nos fonctionnaires, dont le sourire reste du domaine de l'imperceptible.
Bienvenue en France dans les terres que vous aimez déjà et dont vous avez déjà acheté les meilleurs Châteaux et les meilleurs crus. Vous avez acquis des ports comme le Pyhrée, ou des aéroports comme celui de Toulouse. Ce n'était même pas la peine de les acheter quand vous pouvez vous les offrir sans combattre, car notre Marine se sabordera dès que vous viendrez le 27 Novembre 2017, dans le port de Toulon.
A tout les Français, nous demandons de mettre aux balcons et aux fenêtres, le beau drapeau de la République Populaire.
Soyez nombreux à accueillir ceux qui vont nous délivrer d'une mauvaise Présidentielle, qui ne satisfera personne.
Exercez-vous sur l'hymne Chinois, paisible et reposant :
https://youtu.be/ulK5Vx56YIk
Que la Joie soit sur vos visages en ce jour de résurrection du Christ Glorieux.
Pyongyang vient de dévoiler une nouvelle unité de son armée: les Forces des opérations spéciales, qui, «dès que le commandant suprême Kim Jong-un l’ordonnera, transperceront au moyen d’une épée le cœur de l'ennemi avec une détermination pareille à l'éclat au-dessus du mont Paektu». Les experts militaires sud-coréens s’inquiètent.

Les soldats des Forces des opérations spéciales nord-coréennes ont fait leur apparition devant le grand public lors du défilé militaire organisé le 15 avril à Pyongyang, à l'occasion du 105e anniversaire de Kim Il-sung, fondateur de l'État nord-coréen et grand-père du dirigeant actuel Kim Jong-un.
Les militaires des Forces des opérations spéciales avaient un look bien particulier: lunettes soleil noires, casques robustes ornées de jumelles de vision nocturne sophistiquées, couleurs camouflages sur le visage et fusils ultramodernes, naturellement.
« Dès que le commandant suprême Kim Jong-un l'ordonnera, ils transperceront au moyen d'une épée le cœur de l'ennemi avec une détermination pareille à l'éclat au-dessus du mont Paektu », a annoncé le présentateur lors de la marche des Forces des opérations spéciales.
Le tiers des Russes jugent possible une Guerre Nucléaire contre les USA, le second tiers la juge évidente, quant au 3ème tiers il est déjà dans les abris anti-nucléaires. De quoi rassurer les Américains qui de leur côté font des exercices dans les écoles pour se protéger en se mettant sous les tables comme dans les années 50.
Les populations aisées qui ont un pied à terre dans une des 104 villes souterraines des USA, font de plus en plus de séjours linguistiques dans ces villes pour apprendre le Russe et le Chinois. Quant à l'Agent du KGB, le dénommé Donald TRUMP, il fait tout pour rendre la situation possible en se battant sur tous les fronts, de façon à se mettre tout le monde sur le dos. Nous avons déjà constaté dans nos sociétés civilisées, que la mode était aux suicides collectifs filmés, afin de rendre les épreuves de plus en plus difficile pour les candidats au grand saut dans l'au delà.
Maintenant ce jeu est passé dans les Nations, qui surenchérissent de moyens et d'actions, pour faire que le Premier soit reconnu éternellement dans le Marbre pour la postérité, en disant que cette vie imparfaite, donnée par on ne sait qui d'intelligent, dans une forme d'évolutionnisme de circonstances, sera rendue à son créateur, même si celui-ci n'est qu'un algorithme du gradient stochastique et évolutionniste, issu du chaos primordial inerte ou faille béante dans un néant inconcevable. Une erreur d'énergie et de masse dans une vision de synthèse dont tous les paramètres sortent de probabilités et de concepts propres à intéresser un jeu de société, dans un univers qui ne nous est pas familier.
En ce jour de lundi de Pâques, après la mort du Crucifié Agnostique né un jour de la fête de Marie en plein 15 Août, un vendredi Saint, il semblerait que devant les 11 candidats à la Présidentielle, le 12ème, sans parler de Judas l'Iscariote, dans le rôle de François le mal aimé, redonne des signes de vie, sans qu'on puisse parler encore à ce jour de résurrection, en effet le mort s'agite, devant ce qu'on pourrait appeler une impasse pour la France, alors que la DGSI parle d'attentats contre les candidats possibles, et que l'ordre Républicain n'étant plus assuré en cet ETAT D'URGENCE et de GUERRE, le mal aimé pourrait surseoir à sa succession tant critiquée.
«Être ici est pour moi l’occasion de redire mon soutien et ma solidarité aux chrétiens si durement éprouvés ces derniers temps», a confié après la messe l’ancien Argonaute.
«Le sang froid dont ils ont fait preuve m’impressionne beaucoup. Je suis admiratif de voir leur capacité à garder la tête froide et à se rassembler », a-t-il poursuivi.
Comme le 12ème, ils étaient des milliers de fidèles à être réunis pour écouter l’office du 15 présidé par le Cardinal Barbarin, en plein air sur la prairie des sanctuaires.
L'Assomption et la Résurrection ne sont qu'un seul Etat de la divinité, et comme le dit le rameau d'olivier, nul n'est divin, sauf le vin, et buvons à sa gloire.
Pendant ce Temps de la Passion, le Nazaréen parle de Macron, pour rendre à César, ce qui est à Dieu, le très Saint Libre Arbitre qui est exercé par l'Esprit Saint, le troisième dans le signe de la Croix.
En 5mn, il n'y a plus d'hésitations, vous saurez tout sur Macron, un acronyme de MAC ou de MEC. C'est bien la première fois que le Royaume est sur terre et que la Jérusalem Céleste s'essaie dans la terre des Hommes, qui se battent pour des convictions que les Dieux qui n'existent pas, sont incapables de comprendre.
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Ancien ministre de l'Économie, ancien banquier d'affaires, Macron peut avoir l'image d'un homme compétent, qui saurait gérer l'économie du pays et réduire le chômage. Mais quel est son bilan ...
https://www.facebook.com/osonscauser/videos/1462698783802138/
Souvent opposée à la franc-maçonnerie dite « laïque et progressiste », la maçonnerie « chrétienne et traditionaliste » partage pourtant le même dessein, les deux jambes s’articulant vers celui-ci. Ce texte présenté lors de la conférence « Illuminés de Bavière et Franc-Maçonnerie – Mythes et Réalités », démontre l’escroquerie de cette maçonnerie.
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Comment ou pourquoi devient-on maçon ? Il peut y avoir de multiples raisons, je me limiterai juste à la mienne. Intéressé depuis des années par l’histoire et la philosophie, ne connaissant pas du tout la Maçonnerie, j’étais curieux d’en savoir plus. Une Encyclopédie m’apprend grosso modo que cette institution se définit comme « un ordre initiatique traditionnel non religieux, non politique et universel fondé sur la Fraternité ». Avec une définition aussi simpliste, il est impossible d’y voir le moindre mal.
Afin d’en savoir d’avantage, j’ai acheté deux livres qui me confirmaient que la franc-maçonnerie pouvait m’apporter quelques réponses. Coïncidence ? Deux semaines plus tard je fais connaissance d’un maçon qui me parle de René Guénon. Aussitôt j’ai acheté son livre « La crise du monde moderne ». Cet essai m’avait beaucoup impressionné par la synthèse cohérente entre histoire et spiritualité. Guénon était et est toujours la « tête » du néognosticisme contemporain. J’ai dévoré son œuvre, ainsi que des centaines de pages de sa correspondance. Son œuvre avait aussi incité quelques hauts-dignitaires maçonniques à la fondation d’une loge « traditionnelle » d’inspiration guénonienne. C’est là où je voulais entrer, chose faite en 1980.
Un petit mot sur Guénon. Il écrivait avec le pluriel majesté « nous savons », et dénonçait sur ce ton persuasif des erreurs, comme par exemple et à juste titre, le panthéisme de Spinoza. Mais, c’est seulement après avoir quitté la franc-maçonnerie, et avoir repris de A à Z sa doctrine et celle de la franc-maçonnerie, que je suis arrivé à des conclusions diamétralement opposées aux siennes.
D’après le monisme métaphysique de Guénon, toute la manifestation émane du Principe, impliquant une continuité entre l’un et l’autre, concept qui s’oppose à la Création ex nihilo. La continuité entre le Principe et sa manifestation implique indubitablement le panthéisme, doctrine typiquement gnostique. Mais à cause de son panthéisme, il était inévitablement aussi transmigrationniste, comme l’atteste formellement son adhérence à la doctrine des états préhumains et posthumains 1avec l’Âtmâ, le « Soi », qui seul transmigre 2. Cette doctrine figure également dans la Kabbale de Louria ; son disciple Hayyim Vital lui a consacré un livre, le « Traité de Révolutions des Âmes ». Avec une lecture superficielle de Guénon, on risque de passer à côté de pas mal de choses, d’autant plus qu’il a toujours réfuté la réincarnation, mais quand on regarde cela de près, sa critique ne visait rien d’autre que les théories enfantines des spirites et théosophistes. En plus, son premier pseudonyme fut « Palingenius » (régénération cyclique des êtres), donc j’aurais pu le constater bien avant. Je ne peux expliquer cette défaillance de ma part autrement que par une distorsion de l’esprit qui empêche de voir les choses telles qu’elles sont…
Je ne cherche pas d’excuse, mais la confuse déclaration Nostra Ætate (1965) – la relation Église avec les autres religions –, allait pour moi dans le même sens que l’affirmation de Guénon que toutes les religions avaient une seule et la même origine, d’où leur « unité transcendante ». Je ne pouvais donc même pas supposer qu’il s’agissait là d’une imposture monumentale.

La loge guénonienne et élitiste « La Grande Triade » avait, parmi ses fondateurs (1947) le GM Michel Dumesnil de Gramont, déjà plusieurs fois Grand Maître et membre du Suprême Conseil (33ème) avant la guerre. C’est lui qui a obtenu à Alger en 1943 du Général de Gaulle l’annulation des lois antimaçonniques du Maréchal Pétain. J’ai appris plus tard que Dumesnil de Gramont avait dit : « La civilisation catholique ne comprenait pas la liberté comme la civilisation maçonnique… Il n’y a pas de conciliation possible entre des principes aussi opposés, il faudra bien que l’une ou l’autre civilisation disparaisse » 3 !
Pourtant, je n’ai pas connu d’anticléricalisme. Comment est-ce possible ? C’est tout bêtement du « Eyes Wide Shut » (les yeux grandement fermés). Je ne prêtais pas attention aux communiqués de l’Obédience. Je considérais l’Obédience comme une Maçonnerie dégénérée, dont les membres ne comprenaient plus le véritable enjeu. C’est Guénon qui avait introduit cette énormité, ce qui n’était pas une énormité innocente parce que Guénon savait mieux que quiconque… Il a fait croire que les maçons « opératifs » d’avant 1717 étaient de grands initiés. Il y a encore, même actuellement, beaucoup de gens qui sont convaincus du bien-fondé de ce que Guénon « avance » ici. J’espère démontrer d’une manière convaincante l’inanité de tels propos.
J’ajouterais encore que chaque société actuelle a besoin de ses idiots-utiles, et les « dupés » ignorent ici non seulement l’enjeu doctrinal, mais également qu’ils sont au service de la construction de la République universelle selon le projet annoncé par le Chevalier de Ramsay en 1737. C’est la même catégorie de Frères qui a encore appris récemment par la presse que 28 Obédiences maçonniques avaient encouragé la migration de masse, et parmi ces Frères il y en avait aussi qui sont dans les degrés supérieurs, même très supérieurs. La franc-maçonnerie va de concert avec le mondialisme de l’UNESCO, comme l’exemple, celui du « Planning familial et eugénique » dans les années 70 l’atteste formellement. L’immense majorité des maçons n’est jamais consultée, et apprend, a posteriori, par la presse, la « pensée profonde » de leur Obédience. Comment expliquer autrement que cet « élitisme » maçonnique est fondé sur le principe des sociétés parallèles, cloisonnées selon le modèle de Weishaupt 4.
René Guénon, également connu sous le nom d’Abd al-Wâhid Yahyâ, né le à Blois, en France, et mort le au Caire, en Égypte, est un auteur français, « figure inclassable de l’histoire intellectuelle du xxe siècle ».
Il a publié dix-sept ouvrages de son vivant, auxquels s'ajoutent dix recueils d'articles publiés à titre posthume, soit au total vingt-sept titres régulièrement réédités. Ces livres ont trait, principalement, à la métaphysique, à l'ésotérisme et à la critique du monde moderne.
Dans son œuvre, il se propose soit d'« exposer directement certains aspects des doctrines métaphysiques de l'Orient», doctrines métaphysiques que René Guénon définissait comme étant « universelles», soit d'« adapter ces mêmes doctrines [pour des lecteurs occidentaux] en restant toujours strictement fidèle à leur esprit ». Il ne revendiqua que la fonction de « transmetteur » de ces doctrines, dont il déclarait qu'elles sont de nature essentiellement « non individuelle », reliées à une connaissance supérieure, « directe et immédiate », qu'il nomme « intuition intellectuelle ». Ses ouvrages, écrits en français (il contribua également en arabe pour la revue El Maarifâ), sont traduits en plus de vingt langues.
Son œuvre oppose les civilisations restées fidèles à l'« esprit traditionnel » qui, selon lui, « n'a plus de représentant authentique qu'en Orient » à l'ensemble de la civilisation moderne, considérée comme déviée. Elle a modifié en profondeur la réception de l'ésotérisme en Occident dans la seconde moitié du xxe siècle, et a eu une influence marquante sur des auteurs aussi divers que Mircea Eliade, Raymond Queneau ou encore André Breton.
René Guénon est né le à Blois, en France, dans une famille catholique. Son père était architecte. De santé fragile, c'est un excellent élève, en sciences comme en lettres. Il entre en classe de mathématiques élémentaires en 1904 puis s'installe à Paris pour étudier les mathématiques (il s'inscrit à l'Association des candidats à l'École polytechnique et à l'École normale). Mais, à la suite de difficultés, dues entre autres à sa santé délicate, il ne persévère pas, et abandonne ses études en 1906. Installé rue Saint-Louis-en-l'Île, il pénètre alors les milieux occultistes papusiens sans les prendre au sérieux. Papus lui ouvre également les portes de la revue L'Initiation, dans laquelle le jeune homme publie ses premiers articles début 1909. En 1908, Papus organise le IIe Congrès spiritualiste et maçonnique, qui se déroula du 7 au 10 juin, et dont l'un des objectifs affichés était l'édification d'une Maçonnerie dont Teder (Charles Détré) souhaitait arracher la direction au Grand-Orient. Guénon se désolidarise alors immédiatement du Congrès en raison des tendances « réincarnationnistes » affichées par Papus ; de nombreuses années plus tard, il propose une réfutation globale des thèses réincarnationnistes dans son ouvrage L'Erreur spirite. Cet événement, joint à un autre — la constitution de l'Ordre du Temple Rénové (voir infra) — parachèvent la rupture totale de René Guénon avec ce milieu.
Ce passage de René Guénon dans le milieu occultiste a donné lieu à plusieurs commentaires, à commencer par ceux de Guénon lui-même ; ainsi on apprendra beaucoup plus tard qu'il avait un temps nourri le projet d'écrire un ouvrage intitulé L'Erreur occultiste, pour faire pendant à son autre livre L'Erreur spirite, mais qu'il avait finalement renoncé à ce travail après avoir fait la constatation que ce mouvement ne représentait plus rien. Dans un chapitre de son ouvrage Le règne de la quantité et les signes des temps, écrit en 1945, René Guénon revient sur le mouvement occultiste français, qu'il met en comparaison avec un autre courant « néo-spiritualiste » (le mouvement théosophiste de H. P. Blavatsky) et il décrit le premier comme réduit à une somme d'individualités ayant fabriqué de toutes pièces une pseudo-théorie faite d'éléments disparates empruntés à diverses doctrines qu'ils n'ont pas comprises, ne reposant sur aucune filiation authentique et finalement infiltré par des individus aux intentions douteuses. D. Gattegno écrit que par quelque bout qu'on prenne les choses, le niveau intellectuel et culturel de cette vague occultiste « s'avère totalement affligeant », et qu'elle fut surtout l'occasion pour René Guénon de pénétrer un milieu afin d'en attirer les individualités les plus remarquables. Par ailleurs, autour de Papus, écrit D. Gattegno, les orientations « néo-spiritualistes » vont emprunter des chemins très divers, notamment avec Émile Gary de Lacroze, Léonce de Larmandie, sans parler d'individualités jugées bien plus intéressantes par Guénon et qui ne feront que traverser l'occultisme papusien sans se confondre avec lui : Stanislas de Guaita, Joséphin Peladan, Paul Vulliaud, Albert de Pouvourville et bien d'autres encore qui défrayèrent la chronique de ce « Paris occultiste » dont l'histoire se confond avec la Belle Époque et la protéiforme effervescence du Symbolisme artistique et littéraire. Pour D. Gattegno cependant l'œuvre de Guénon ne procède à aucun degré de ce mouvement. Paul Chacornac note que la présence de René Guénon dans ce milieu lui permit au moins de pénétrer une organisation d'un caractère à la fois plus sérieux et énigmatique : l'Hermetic Brotherhood of Luxor (H. B. of L.), héritée au moins en partie des multiples organisations de Paschal Beverly Randolph (dont la fraternité d'Eulis). René Guénon dira plus tard qu'il avait effectivement appartenu à la H. B. of L., dépositaire, selon Paul Chacornac, de certaines « connaissances effectives. »
Les biographes de René Guénon soulignent le caractère particulièrement désindividualisé de son œuvre, et s’intéressent très vite à ce qui en constitue les aspects les plus mystérieux : très tôt, dès sa collaboration à la revue La Gnose, c'est-à-dire entre 1909 et 1912, et sous la signature de T. Palingénius (voir infra), il publie un certain nombre d’articles sur le « néospiritualisme contemporain », « Le symbolisme de la Croix », les principes du calcul infinitésimal, « Les conditions de l’existence corporelle », le devenir de l’être humain selon le Vêdânta, les erreurs du spiritisme, qui contiennent, sous une forme résumée mais très reconnaissable, une grande partie de ce qui formera par la suite le cœur de son œuvre : « C’est donc entre 23 et 26 ans qu’on doit placer l’élaboration de plusieurs de ses livres essentiels ». Ce caractère remarquable de l’œuvre guénonienne relativise fortement, selon plusieurs de ses biographes, quelques hypothèses formulées à propos de rencontres qu’il fit au lycée, par exemple avec son professeur de philosophie, Albert Leclère, qui devait l'année suivante être nommé professeur à l'université de Fribourg, en Suisse. Albert Leclère était un spécialiste des philosophies présocratiques et évoquait des idées qui étaient déjà un peu en vogue au xixe siècle, notamment dans les ouvrages d'auteurs tels Frédéric Portal, Jallabert, ou F. de Rougemont, sur l’existence d’un savoir métaphysique commun à toute l’humanité. Mais d'autres auteurs insistent sur le fait que la doctrine plus tard exposée par René Guénon sur l'unité fondamentale de la Métaphysique est sans commune mesure à l'idée, développée par quelques écrivains du xixe siècle, d'une transmission historique diffuse de certaines données traditionnelles communes à toute l'humanité, et qu'elle s'inscrit beaucoup plus dans la perspective métaphysique selon laquelle « la doctrine de l'Unité est unique ».
Les biographes s'accordent cependant pour voir en l'abbé Ferdinand Gombault (1858-1947), qui était docteur en philosophie, une origine possible de certaines informations que Guénon tenait sur le spiritisme. Guénon entretint d'ailleurs une relation avec lui jusqu'au jour de son départ pour l'Égypte, en 1930. Dès son adolescence, il rencontra le chanoine chez sa tante. L'abbé avait des préventions contre la philosophie allemande (voir ses Dialogues philosophico-théologiques sur la Providence, 1895), condamnait sévèrement le spiritisme (L'Imagination et les phénomènes préternaturels, 1899) et était convaincu de l'existence d'une langue hiéroglyphique originelle (Similitude des écritures figuratives, 1915).
L'Hermetic Brotherhood of Luxor, ou H. B. of L., était une organisation possédant un caractère extrêmement secret auquel l'Ordre Martiniste d'alors servait, selon Paul Chacornac, de couverture extérieure. Or depuis le 19 janvier 1908 des séances se déroulaient à l'hôtel du 17 rue des Canettes, séances dont les participants étaient des membres de l'Ordre Martiniste et qui reçurent l'ordre de constituer un « Ordre du Temple Rénové », constitué de 21 membres, et dont René Guénon devait être le « Souverain Grand Commandeur ». Contacté par les martinistes, ce dernier répondit favorablement à l'appel. Les conditions dans lesquelles se déroulèrent ces séances furent diversement interprétées : Jean-Pierre Laurant, ainsi que D. Gattegno parlent d'« écriture automatique » tandis que Michel Vâlsan mentionne des « moyens appropriés » pour la réactualisation d'une forme initiatique proprement occidentale. En tous cas, la constitution de cet ordre entraîna les foudres de Teder et celui-ci rédigea, pour le compte du « Grand Maître Papus », un acte d'accusation comportant des fausses lettres de Guénon, selon une méthode qu'il avait déjà utilisée pour discréditer deux Grands Maîtres des débuts de la franc-maçonnerie française : le chevalier écossais James Hector MacLeane, et Charles Radcliffe, comte de Derwentwater, tous deux jacobites. Teder avait commencé sa carrière avec un livre intitulé Les apologistes du crime, d'inspiration « taxilienne » habituelle dans certains milieux antimaçonniques de cette époque et dirigé contre la Maçonnerie écossaise, les jésuites et les catholiques, puis était passé en Belgique d'où il s'était fait expulser pour une affaire de chantage, avant de se réfugier en Angleterre, pays dans lequel il rencontra John Yarker qui lui conféra ses titres de Maçonnerie « irrégulière ». Dans son « rapport », il engagea Papus à prendre « des mesures énergiques » contre Guénon, qui fut donc radié de l'Ordre Martiniste, ainsi que des loges affiliées. L'OTR fut dissous par René Guénon en 1911.
Un autre événement commenté par les biographes de Guénon concerne l'Église gnostique bien que, selon Charles-André Gilis, il soit d'une moindre importance : en 1893, plus de quinze années avant la formation de l'OTR, dans l'hôtel de la duchesse de Pomar, Lady Caithness, il est décidé de procéder à la restauration de l'Église gnostique, faisant référence à Guilhabert de Castres. Aussitôt, Jules Doinel dit avoir retrouvé toute une documentation à la Bibliothèque départementale à Orléans où il était employé, attestant de la validité de cette restauration. Il est élu patriarche de l'Église gnostique de France et adopte le nom de Valentin II. Il consacre alors trois « évêques » : Tau Vincent (Papus), Tau Synésius (Léonce Fabre des Essarts) et Tau Bardesane (Chamuel) : la lettre grecque tau est une signature épiscopale. Après sa fondation, Rome excommunie l'Église gnostique. Jules Doinel, qui avait reçu une solide éducation religieuse, n'avait rompu aucune de ses amitiés catholiques. Saisi par l'angoisse, il retourne dans le giron de l'Église de Rome, puis revient à l'E. G. et, au terme de toute une suite de « revirements », quitte ce monde « tant et si bien que nul n'a pu établir dans quelles dispositions il put bien, au juste, se trouver à sa mort ». Léonce Fabre des Essarts (1848-1917), ami personnel de Victor Hugo, admirateur de Saint-Yves d'Alveydre, fut un temps militant socialiste républicain et franc-maçon, teinté d'orientalisme par la fréquentation de Tau Simon (Albert de Pouvourville) et Tau Théophane (Léon Champrenaud). Ce fut aussi un acteur du fouriérisme finissant, comme d'autres "gnostiques" - la dernière revue fouriériste, La Rénovation, publiera en 1910 deux lettres de Guénon intervenant dans un conflit entre les Eglises gnostiques concurrentes.
René Guénon avait rencontré Léonce Fabre des Essarts au Congrès spiritualiste. Quand Guénon se fit exclure des groupements de Papus à la suite de l'affaire de l'OTR, Léon Champrenaud l'invita chez Synésius. Guénon fut aussitôt élevé au rang d'évêque, sous le nom de Tau Palingénius (Re-né), et Synésius offrit à Guénon la direction de la revue La Gnose, « revue mensuelle consacrée à l'étude des sciences ésotériques », dont Tau Marnès (Alexandre Thomas) était le rédacteur en chef et le gérant, et Tau Mercuranus (Patrice Genty) le secrétaire de rédaction. C'est dans cette revue que Tau Simon, en tant que Matgioï, donna les premières pages de ses deux ouvrages sur les doctrines extrême-orientales : La Voie métaphysique (1905) et La Voie rationnelle (1907).
L'enseignement de l'Église gnostique, tel qu'il apparaissait par les numéros de sa revue, était, grâce aux contributions de certains de ses membres, loin d'être médiocre et tranchait avec les productions occultistes de l'époque : Matgioi (Albert de Pouvourville) et Léon Champrenaud, rattachés respectivement au taoïsme et à l'islam, exerçaient une influence intellectuelle majeure sur les autres membres, et Guénon se servit de cet appui : il comptait davantage sur eux que sur l'Église en elle-même et il écrit ultérieurement que les « néo-gnostiques » n'avaient reçu aucune transmission réelle.
L'Église gnostique prit fin peu de temps après la disparition de l'OTR.
En 1910, durant la collaboration de René Guénon à la revue La Gnose, Théophane-Champrenaud entre en contact avec le peintre suédois Ivan Aguéli (1869-1917), qui se consacre à l'étude des traditions orientales et voyage beaucoup, jusqu'aux Indes. À son retour en Europe, Ivan Aguéli publie des articles et traductions en rapport avec l'ésotérisme islamique. Au Caire, le Sheikh Abder-Rahman Elish El-Kebir l'initia au soufisme (sous le nom d'Abdul-Hâdi) et le fit moqqadem(c. a. d. « représentant » de la tarîqa shâdhilite, habilité à recevoir des disciples et leur transmettre l'initiation). Le Sheikh Abder-Rahman Elish El-Kebir était un représentant très important de l'Islam, tant des points de vue ésotérique qu'exotérique. Dans ce dernier domaine, il fut le chef du madhab mâleki à al Azhar. La tarîqa shâdhilite fut fondée au xiiie siècle (viie siècle de l'Hégire) par le sheikh Abu-l-Hassan ash-Shadhili, une des plus grandes figures spirituelles de l'Islam, et qui fut, dans l'ordre ésotérique, le « pôle » (« qutb ») de son temps, ce terme désignant une fonction initiatique d'un ordre très élevé. Par Abdul-Hâdi, Léon Champrenaud est initié au soufisme sous le nom d'Abdul-Haqq et René Guénon, sous celui d'Abdel Wâhed Yahia (« Le serviteur de l'Unique »).
Par ses relations avec Matgioi et avec Ivan Aguéli, René Guénon prit toutes les distances requises avec les publications de type occultiste. Il écrit plus tard à Nöelle Maurice-Denis Boulet n'être « entré dans le milieu de « La Gnose » que pour le détruire ».
L'apport intellectuel de Matgioi est décrit par René Guénon en ces termes :
« Avant [Matgioi], la métaphysique chinoise était entièrement inconnue en Europe, on pourrait même dire tout à fait insoupçonnée. [...] Il faut bien reconnaître que rien de vraiment sérieux n'avait été fait à ce point de vue jusqu'aux travaux de Matgioi. »
Dans son roman Le Maître des Sentences, Matgioi évoque, de façon plus ou moins précise, l'idée d'une filiation initiatique transmise par le Tong Song Luat, personnage éponyme du roman, côtoyé en Indochine. Cet homme, nommé Nguyen Van Lu dans le roman, avait confié son fils cadet aux soins du narrateur. Or le fils du « Maître des Sentences », Nguyen Van Cang, séjourna un certain temps à Paris, et il collabora à La Voie (l'ancien nom de La Gnose avant l'arrivée de Guénon). Paul Chacornac déduit de ces données une conjecture selon laquelle un enseignement oral fut donné à Guénon par Nguyen Van Cang, et André Préau alla dans le même sens dans son article « Connaissance orientale et recherche occidentale » paru dans Jayakarnataka en 1934. Selon Frans Vreede, dans une communication au Colloque de Cerisy-la-Salle, René Guénon reçut l'initiation d'une personnalité hindoue affiliée à une branche régulière d'un ordre remontant à Shankaracharya, donc relevant de l'Advaita Vedānta.
Cependant, si l'on sait que c'est par l'intermédiaire d'Ivan Aguéli qu'il est initié à l'ésotérisme islamique, en revanche, certains commentateurs de Guénon sont parfois plus prudents à propos de l'initiation taoïste qu'il aurait reçue : par la connaissance directe du Taoïsme, faut-il entendre la simple fréquentation de Matgioi ou quelque chose d'un autre ordre ? Cependant, à l'un de ses correspondants, René Guénon écrivait, à propos de la voie extrême-orientale : « c'est l'une des voies les plus « dures » intellectuellement que je connaisse ».
La franc-maçonnerie était en France, au moins depuis les écrits de l'abbé Augustin Barruel, au cœur de polémiques qui opposaient férocement les milieux dits « traditionalistes » : ce que Balzac appela « l'envers de l'histoire contemporaine » et dont il mentionnait les linéaments dans son introduction à la trilogie L'Histoire des Treize touchait à « la question la plus troublante et la plus troublée de l'expansion moderne », et cet « envers » s'exprimait dans une cacophonie d'événements contradictoires dont il était parfois bien difficile de comprendre les tenants et aboutissants.
C'est dans ce climat que l'une des plus extraordinaires impostures du xixe siècle prit naissance : l'affaire Léo Taxil. De 1887 à 1895, Léo Taxil avait été le rédacteur en chef de La France chrétienne, organe du Conseil antimaçonnique de France. Un autre adversaire de la maçonnerie, Abel Clarin de La Rive avait tout d'abord cru à l'authenticité de la mystification taxilienne pour, finalement, avoir été l'instigateur de sa confusion.
À la suite de quoi il prit la direction de La France chrétienne. À partir de 1901, il voulut ouvrir ses colonnes à l'aspect traditionnel de la maçonnerie, faisant appel pour cela au président de la Grande Loge de France, Ch.-M. Limousin ; celui-ci en profitera pour dénoncer l'occultisme de Papus. La France chrétienne accorda un vif intérêt aux écrits de Guénon, allant jusqu'à publier une mise au point sur le Dalaï-Lama.
De l'époque taxilienne, Clarin de la Rive avait réuni une importante documentation qu'il communiqua à Guénon, et celui-ci s'en servit non seulement pour déterminer qui agissait dans l'entourage de Taxil, mais aussi pour dénoncer, beaucoup plus tard, les origines « suspectes » des milieux qui prirent position, dans l'entre-deux guerres, pour la « défense de l'Occident » et contre « le complot judéo-maçonnique ».
Au vu des documents de Clarin de La Rive, Guénon retira la conviction qu'il existait des groupes qui s'efforçaient de jeter le discrédit sur tout ce qui pouvait subsister d'organisations traditionnelles, de nature religieuse ou initiatique. Pour René Guénon, « il convenait que la maçonnerie recouvrât sa véritable vocation, aussi bien contre les mystifications des adversaires qu'envers les maçons eux-mêmes ».
À destination des premiers il écrivit dans La France chrétienne devenue La France antimaçonnique ; pour s'occuper des seconds, quoique évincé de la Loge Humanidad, il trouva confirmation à la Loge Thébah, no 347 (il quittera cette loge en 1913 ou en 1914). Il participe alors, parfois sous couvert de pseudonymes dans des publications maçonnique et antimaçonnique, se mêlant ainsi à des milieux opposés à la fois pour réaffirmer le caractère initiatique de la maçonnerie et pour se tenir au mieux informé de certaines campagnes antitraditionnelles particulièrement énigmatiques.
C'est au domicile de Clarin de La Rive que Guénon fit la connaissance du catholique anti-maçon Olivier de Fremond (1854-1940) qui reconnut chez Guénon « un parfait esprit catholique » mais qui ne parviendra pas à appréhender sereinement la relation de René Guénon avec l'islam.
En 1912, peu après son rattachement à l'ésotérisme islamique, René Guénon se marie avec Berthe Loury, qu'il avait connue chez le chanoine Gombault. C'est à cette époque également que, dans La France antimaçonnique, René Guénon reçut une aide énigmatique de la part d'une signature anonyme (« un gnostique qui n'est pas évêque ») qui permit de dévoiler les accointances plus que compromettantes de certains occultistes. Certains auteurs, dont David Gattegno, pensent qu'il s'agissait de Pierre Germain, que René Guénon connaissait depuis longtemps.
À l'automne 1914, en compagnie de Pierre Germain donc, René Guénon s'inscrivait au cours de Philosophie des Sciences du professeur Milhaud, en Sorbonne. Il propose un mémoire sur la « Métaphysique » dans lequel il défiait toutes les inclinations au modernisme des professeurs de philosophie et de leurs étudiants. En 1925, il proposera la version définitive de cette conférence, encore à la Sorbonne : « La Métaphysique orientale ».
Une jeune étudiante de 19 ans, Noëlle Maurice-Denis Boulet, fut grandement impressionnée par l'exposé de Guénon. Elle avait elle-même fait un peu de remous en proposant « sans vergogne » les principes de la cosmologie thomiste dans un mémoire contre le « Mécanisme ». Elle s'approcha ainsi de René Guénon et de Pierre Germain, et finit par se lier d'amitié avec eux. En outre, dans la foulée de ces rencontres, certains jeudis parisiens furent consacrés à des « réunions méta-philosophiques » avec des camarades de l'Institut catholique. Noëlle Maurice-Denis Boulet entreprit de présenter Guénon au cercle néo-thomiste de l'Institut catholique dont le doyen, le père Émile Peillaube, avait fondé La Revue de philosophie. À partir de 1919, René Guénon y donnera des « comptes rendus » et quelques articles : « Le théosophisme », « La question des mahatmas », ou encore « Théosophisme et franc-maçonnerie », seules collaborations qu'il accordera, jusqu'en 1923.
C'est à cette époque que René Guénon entretint une longue correspondance avec Noëlle Maurice-Denis Boulet dans laquelle, patiemment et point par point, il exposa les imperfections inhérentes selon lui à la scholastique et au thomisme, doctrines qui, par leurs limitations à la seule ontologie s'interdisaient les conceptions véritablement illimitées de la pure Métaphysique orientale. Noëlle Maurice-Denis Boulet ne put admettre dans sa totalité l'ampleur des thèses guénoniennes (même si elle reconnut, quelque quarante années plus tard « la clarté d'exposition, et un sérieux qu'on ne pouvait qu'admirer »). De même, ses commentaires à propos du « Symbolisme de la Croix », qualifié par elle de « livre musulman », ajoutés à des comportements jugés peu élégants, conduisirent certains interprètes de l'œuvre de Guénon à voir dans cette attitude un résumé de l'incompréhension générale de l'exotérisme à l'égard de l'œuvre guénonienne.
René Guénon, « plutôt rétif à l'enseignement conventionnel » échoue à l'épreuve orale de l'agrégation, celle-ci lui ayant réservé comme leçon un sujet de morale. Au même moment, il est licencié d'un établissement parisien dans lequel il enseignait la philosophie : le point de vue de Guénon sur des questions religieuses était totalement opposé à celles du directeur. Il projette alors de se consacrer désormais à ses ouvrages en chantier.
En parallèle, Guénon fréquente le cercle des philosophes et théologiens thomistes regroupé autour de Jacques Maritain, à qui il tentera, vainement, de faire accepter l'idée de la possibilité de l'existence d'un ésotérisme chrétien. C'est grâce à l'intercession de Maritain que le jeune homme trouve à publier ses premiers ouvrages : L'Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues et Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion, en 1921.
L'Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues fut proposé comme thèse à l'Université. Le projet, soumis à l'indianiste Sylvain Lévi, avait reçu l'accord de principe de ce dernier, mais il se rétracta in fine : dans son rapport, Lévi reproche à l'auteur de cette thèse d'« exclure tous les éléments qui ne correspondent pas à sa conception (Bouddhisme et Protestantisme) » et d'être « tout prêt à croire à la transmission mystique d'une vérité première apparue au génie humain dès les premiers âges du monde ».
La parution de L'Introduction... en librairie devait lui permettre en revanche de se faire de nouveaux contacts dans les milieux intellectuels et artistiques parisiens : il fait ainsi la connaissance du peintre cubiste Albert Gleizes (qui lui ouvre les portes du salon qu'il tient à Paris avec sa femme) ainsi que de l'écrivain et éditeur Gonzague Truc, qui devient alors « son principal conseiller en matière éditoriale ».
C'est pourtant par l'intermédiaire des catholiques thomistes que René Guénon publie, la même année, une étude minutieuse, très documentée et mordante de la Société théosophique fondée par Héléna Blavatsky en 1875, sous le titre évocateur de : Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion.
Cet ouvrage était susceptible de plaire aux milieux catholiques conservateurs et cultivés : on y dénonçait, notamment, les antécédents révolutionnaires et anti-chrétiens d'Annie Besant, présidente en exercice de la société théosophiste, ainsi que, plus généralement, la prétention de l'organisation à renverser les religions établies, et notamment le christianisme. Mais ces points de convergence circonstanciels ne pouvaient masquer longtemps le désaccord profond entre la conception guénonienne de la « Tradition » et le traditionalisme catholique : les relations avec le cercle Maritain se distendent à partir de 1923, tandis que la collaboration de Guénon à Regnabit, « revue universelle du Sacré-Cœur », s'interrompt brutalement en 1927, sous la pression de l'Archevêché.
À partir de 1925, René Guénon, dont les ouvrages déjà publiés lui ont attiré une certaine notoriété, publia ses articles dans la revue : Le Voile d'Isis, qui sous son impulsion perd son orientation occultiste, jusqu'à devenir, à partir de 1936, les Études traditionnelles.
En 1928, à la suite de deux deuils familiaux dont la mort de sa femme, la santé de Guénon se détériore, et il se plaint de souffrir de maux étranges, dont il décèle l'origine dans des « attaques psychiques » dirigées contre lui. Le 15 mars 1930, il se rend cependant en Égypte, dans le cadre d'un projet initial de traductions de textes de l'ésotérisme islamique, projet qui est brusquement abandonné par son éditeur. Il reste au Caire, subsistant dans des conditions très précaires, et déclinant les propositions de retour en France provenant de ses amis européens, jusqu'à sa rencontre avec le cheik Mohammad Ibrahim, dont il épouse la fille, en 1934.
René Guénon vit au Caire sous le nom qui lui avait été donné lors de son initiation en 1910 à l'ésotérisme islamique : Abdel Wahid Yahia, adoptant le costume égyptien traditionnel, parlant arabe et évitant la communauté française d'Égypte. Il est naturalisé Égyptien en 1949. Il passe le plus clair de son temps à écrire dans sa maison du faubourg de Dokki, face aux pyramides : ses articles et ses ouvrages, tout d'abord, mais également une volumineuse correspondance avec ses lecteurs, grâce à laquelle il suit l'évolution des idées en Occident, et qui lui permet de recueillir suffisamment d'informations pour soutenir plusieurs controverses, notamment avec le directeur de la revue Atlantis, Paul Le Cour, et surtout avec la revue « antijudéomaçonnique » de Monseigneur Jouin : la Revue internationale des sociétés secrètes, dont Guénon fut l'adversaire le plus actif : 1929 à 1933, il écrit plusieurs comptes-rendus et articles dénonçant les tentatives de la RISS pour exhumer et tenter de faire passer pour authentique un document dévoilant les prétendus dessous secrets de la Franc-maçonnerie (dans la lignée de l'affaire Léo Taxil).
Ces polémiques n'empêchent pas Guénon de poursuivre la rédaction de ses ouvrages, dont l'intérêt qu'ils éveillent chez Jean Paulhan permet à certains d'entre eux d'être publiés aux éditions Gallimard, dans une collection dont le nom, « Tradition », renvoie directement au lexique guénonien.
Enfin, pourquoi ai-je quitté la franc-maçonnerie ? Un apprenti attend forcément d’en savoir plus, puisque les « mystères » sont dévoilés degré par degré ; c’est pareil au second degré. C’est au 3ème degré que le maçon devient maître, et découvre le « secret » initiatique, à la condition de le comprendre, ce qui est rarement le cas. La maitrise constitue la « moelle » de la franc-maçonnerie ; même si les Hauts-Grades ajoutent d’autres éléments, sans que cela accroisse l’essentiel du 3ème degré qu’on retrouve dans un autre « emballage » rituélique comme les poupées russes. Mais quand un maçon accède enfin au 3ème degré, il aura attendu quelques années, le temps de nouer des relations personnelles et de s’enraciner…Et même, quand on s’aperçoit au bout de quelques années – comme cela a été mon cas –, que la franc-maçonnerie ne correspondait pas aux attentes, il y a d’autres raisons qui apparaissent de l’ordre d’un chantage moral, parce que la loge comptait sur toi pour… Ou, sans toi, l’effectif ne sera plus suffisant pour assurer la continuité de la loge. Que dire d’autre que c’est du chantage moral avec comme simple dilemme céder ou résister… Bref, c’est après 22 ans que l’occasion me fut offerte de claquer la porte, ce que j’ai aussitôt fait. Quel soulagement !

Maintenant, je vais vous parler de l’imposture d’une Maçonnerie dite « chrétienne et traditionaliste » s’opposant à la franc-maçonnerie dite « laïque et progressiste ». C’est de la pseudo-opposition qui dissimule une finalité qui est la même pour tous. Non seulement les Obédiences pratiquent les mêmes rites (à quelques variantes près), mais en plus, et même avant tout, toutes les obédiences travaillent à la réalisation du Temple de la République universelle. Ce projet s’appelle le Noachisme et figure en toutes lettres dans les Constitutions depuis 1738 ! C’est le mondialisme !
La Maçonnerie moderne a été fondée en 1717, mais elle n’a strictement rien à voir avec les constructeurs dont elle prétend faussement descendre. Et en ce qui concerne sa doctrine, celle-ci vient du paganisme, du gnosticisme et surtout de la Kabbale. Enfin, et ce qui est le plus important pour la bonne adhésion à cette doctrine, c’est que le candidat passe au préalable par une illumination d’origine luciférienne.
J’ai dit que la franc-maçonnerie n’avait rien avoir avec les constructeurs dont elle prétend descendre ; voyons cela. Toutes les corporations étaient réglementées au 13ème siècle, ce qui ne veut pas dire qu’il n’existait pas de réglementation avant. Le Livres des Métiers du prévôt Etienne Boileau (vers 1260) nous apprend, entre autres, que le « titre de maître n’était pas un grade dans le métier ; le maître était celui qui possédait un atelier où il commandait. De ce fait, un maître qui pour quelque raison que ce soit abandonnait son atelier, redevenait valet, c’est-à-dire ouvrier ».
Donc il n’y avait que des apprentis et des compagnons, appelés ici « valets », mais pas de maître au sens maçonnique 5 ! Les corporations avaient leurs secrets, mais il s’agissait là des secrets de métier, comme par exemple un secret d’alliage etc… Ces secrets n’avaient donc rien à voir avec les secrets mystificateurs de la Maçonnerie. Que la Maçonnerie n’ait aucun rapport ou affinité avec les corporations apparait manifestement avec la loi de 1791 du Frère Le Chapelier, loi qui porte son nom, et qui anéantissait les corporations de métier et interdisait tout rassemblement, même paysan ! Cette loi était promulguée afin de favoriser la disparition des vrais métiers au bénéfice de l’industrie de la classe bourgeoise et maçonnique qui avait pris le pouvoir…
Il y a deux manuscrits anglais qui font référence dans la franc-maçonnerie : le Regius (1390) et le Cooke (1410). Le manuscrit Cooke recense la géométrie d’Euclide, Pythagore, les art libéraux, David, Salomon et le Temple, mais curieusement… ne parle pas du NT – un siècle avant la Réforme ! Ces manuscrits témoignent explicitement que la Renaissance avec le néoplatonisme, accompagné du néo-paganisme étaient déjà bel et bien enracinés en Angleterre. On peut se poser la question si l’auteur était un catholique ou un gnostique, malgré l’affirmation dans le texte que le « maçon doit aimer Dieu et la Sainte Église ». Eu égard au doute, je signale que le Pr André Crépin, qui a étudié et traduit le Cook, ajoute en note à propos d’une correction apportée au manuscrit : « C’est ici qu’apparaît pour la première fois le Temple de Salomon ignoré du Regius et du Cooke I. » ! Ce qui n’empêche pas les maçons de se revendiquer fièrement de ces textes comme leurs « Old charges » (Anciens devoirs).
Avec la Réforme, la révolution est arrivée dans tous les domaines. Les corporations se sont divisées en catholiques et protestants, et il y a des Guildes visiblement influencées par l’hermétisme 6). Il y a eu des condamnations avec des procès-verbaux. Le PV de 1665 a entraîné une condamnation par la Sorbonne, ce qui nous permet de constater qu’il s’agissait d’une hérésie chrétienne. J’insiste sur « chrétienne » parce qu’il n’y avait rien de judaïque, contrairement à ce qui est le cas pour la franc-maçonnerie. En fait, tous les corporations avaient leurs cérémonies, je dirais style « bon enfant » qui, si elles ne frôlaient pas l’hérésie s’en approchaient dangereusement.
Un exemple caractéristique est celui des Bons Cousins, qui étaient forestiers, bucherons et transformaient au four les débits en charbon, d’où « carbonari ». Leurs réunions s’appelaient des Ventes. Pour leurs cérémonies, ils utilisaient du linge blanc, du sel, un crucifix, du feu, de l’eau, une couronne d’épines, des feuilles, des rubans et un four – chrétien et naïf ! Ce qui importe, dans cet exemple, c’est la parfaite similitude avec les origines de la franc-maçonnerie. Cette corporation de métier, également constituée en deux degrés avec ses cérémonies propres a été récupérée à des fins politiques et mondialistes. Le Carbonarisme a été condamné en 1821 par le pape Pie VII, et comptait parmi ses membres Mazzini, Garibaldi, Blavatsky et autres illustres figures, qui étaient tous également francs-maçons, martinistes etc. Un des satellites créés par les Carbonari, la société secrète « Jeune-Italie », est à l’origine de la République italienne. Remarquons que « jeune » et « printemps » sont quasiment synonymes, donc on pourrait aussi bien parler d’un « printemps italien », comme d’un « printemps turc » pour les Jeunes-Turcs sabbataïstes. Il y a une correspondance avec ce qui se passe de nos jours… Les cérémonies des Bons-Cousins, puis des Carbonari et des Compagnonnages ont été maçonnisées au 19ème siècle, et, depuis, prévaut aussi chez eux le Temple de Salomon.
Après avoir passé en revue les caractéristiques des corporations de métier, examinons maintenant les origines de la franc-maçonnerie. Elles sont multiples : Rose-Croix, Hermétisme, Graal, Chevalerie, Kabbale… Mais, et cela importe, toutes ces organisations ou « courants de pensée » avaient un dénominateur commun : la Gnose.
La franc-maçonnerie ou la Grande Loge de Londres a été fondée le 24 juin 1717, le jour du solstice d’été. Au solstice d’été avait lieu autrefois la fête païenne solaire, et au solstice d’hiver les Saturnales où tout était permis… Le « tout est permis », cet antinomisme, se retrouve chez Rabelais avec la loi thélémite « fais ce que tu voudras », loi perpétuée, entre autres, par l’ordre paramaçonnique Ordo Templi Orientis (O.T.O.) d’Aleister Crowley. Les gnostiques sont des mystificateurs, qui attribuent des qualités aux choses qu’elles n’ont pas. Plutarque disait déjà « le secret ajoute de la valeur… ». Et Guénon dit à propos du solstice d’hiver qui correspond à la « porte des dieux » hindoue 7 : « ce n’est pas sans raison que la fête de Noël coïncide avec le solstice d’hiver » 8. C’est faux et ahurissant ! La vérité est que le jour de la Nativité fut fixé officiellement par l’Église au 25 décembre par le pape Liberus, en l’an 354 – seulement ! Et cette date fut volontairement choisie pour se superposer à la fête païenne du solstice d’hiver – Natalis Invicti (nativité du soleil invincible) –, car le Christ seul est la véritable lumière du monde. Voilà un exemple d’une mystification ; en plus, et surtout, le christianisme n’a strictement rien à faire avec l’ordre cosmique.

Les Rose-Croix, dans leur manifeste Fama Fraternitatis en 1614, prônaient la réformation universelle de l’Église et des États, afin de les assujettir à une Superreligion ésotérique comprenant aussi l’ensemble des connaissances humaines.Avec Francis Bacon (1561-1626) dans « La Nouvelle Atlantide » apparait le Temple de Salomon, le prototype idéal de la franc-maçonnerie. Résumons, sur une île il y a une République exemplaire – une Communauté des Nations –, avec la « maison de la science », concept inspiré de l’ismaélisme des Fatimides 9. Et… cette Maison s’appelle « Maison et/ou Temple de Salomon », et les habitants de l’île s’appellent « les insulaires de Ben-Salem » – ça alors !
Voilà comment le Temple de Salomon est arrivé en Angleterre, où quelques « invisibles », des Rose-Croix, y ont ajouté certains mystères… Les fondateurs de la franc-maçonnerie ont réussi à faire oublier la Nouvelle Alliance, et ils ont ressuscité l’Ancienne Alliance, quoique sérieusement défigurée par la Kabbale gnostique. Depuis le Christ a dit : « Tout est accompli ! » l’ancien Pacte est mort, il vit dans le Nouveau. Il est mort ostensiblement, depuis, le voile du Temple se déchira du haut en bas. Donc le Temple de Salomon est également mort depuis 2000 ans – mis à part sa destruction qui date d’avant. Je peux encore faire remarquer que la Bible en franc-maçonnerie est appelée le Volume de la Loi Sacrée. Mais là encore, la Loi est le propre de l’Ancien Testament, comme il est écrit : « la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. » 10. En laissant de côté l’appellation saugrenue « volume », on voit clairement que les fondateurs préféraient la Loi à la Grâce et à la Vérité du Christ. D’ailleurs, l’ère maçonnique, pour dater son « Année de la Vraie Lumière », commence 4000 ans avant le Christ, Qui n’est pas donc la Vraie Lumière !
Pourquoi 4000 ans avant ? Parce que selon la chronologie biblique les constructeurs construisaient la Tour de Babel !
Au début du 17ème siècle, les réunions publiques étaient interdites en Angleterre, d’où l’astuce de se faire « accepter » (d’où le terme de « maçons acceptés »). « À la faveur des révolutions d’Angleterre, Rose-Croix, savants et nobles avaient été nombreux à pénétrer dans les loges de la Maçonnerie opérative, afin d’y bénéficier du droit de réunion, dont seuls jouissaient alors les corps de métiers. Le même phénomène s’était produit en Écosse.
La première référence connue au mot « maçonnique » figure dans un poème Rose-Croix publié à Édimbourg en 1638 :
« Ce que nous présageons n’est pas à négliger,
Car nous sommes frères de la rose-croix,
Nous avons le mot « maçonnique » et la seconde vue
Et nous pouvons prédire à l’avance les choses à venir. » 11
Le Temple de Salomon trouva une place centrale au sein de la Royal Society fondée en 1660, dont, parmi les membres se trouvait le pasteur anglican Desaguliers, cofondateur de la franc-maçonnerie moderne avec le pasteur calviniste Anderson. Ils étaient les fondateurs « visibles », mais derrière ou au-dessus d’eux il y avait des « invisibles », comparables aux « Supérieurs Inconnus » et aussi comparables aux « Mahatmas » de la Société Théosophique ; dans ces trois cas il y avait le même mode opératoire…
Il existe un pamphlet maçonnique, daté de 1676, qui contient cette déclaration : « Nous avertissons que la cabale moderne au ruban vert, avec l’ancienne fraternité de la rose-croix, les adeptes hermétiques et la compagnie des maçons acceptés se proposent de dîner ensemble le 31 novembre prochain ». Vient ensuite la description d’un menu comique, et ceux qui pensent venir sont priés d’apporter des lunettes, « car autrement lesdites sociétés rendront (comme d’habitude) leur apparence invisible » 12).
Être invisible, c’est le « Larvatos prodeo », la devise du Serpent : je m’avance masqué.
La Fama Fraternitatis de 1614 relate les voyages vers l’Est de Christian Rosenkreutz, « dont il est revenu avec un nouveau type de « Magie et de Kabbale, qu’il a incorporé dans sa propre attitude chrétienne » – on peut se faire une idée de l’épidémie. C’est confirmé 13, cette nouvelle Kabbale est celle d’Isaac Louria, sur laquelle je reviendrai parce qu’elle est au cœur-même de la franc-maçonnerie.

Nommé Grand-Maître de la Grande Loge de Londres en 1719, Desaguliers rechercha les « Old Charges » (les anciens devoirs évoqués plus haut) des guildes médiévales, à partir desquelles il conçut les règlements généraux de l’Ordre, dont il confia la rédaction à son larbin Anderson, connues sous le nom des « Constitutions d’Anderson ». À cette époque il y eut l’incendie des archives de la Loge de Saint-Paul. Cela peut arriver, mais ici, ce qui était compromettant avait brûlé, et ce qui n’avait pas brûlé n’existait pas auparavant. Les historiens sont d’accord, et même Guénon était d’accord, mais… pour d’autres raisons. Il confirmait l’incendie intentionnel : « les novateurs eux-mêmes, qui précisément n’avaient rassemblés ces anciens documents que pour les faire disparaître après en avoir utilisé ce qui leur convenait, afin qu’on ne pût faire la preuve des changements qu’ils y avaient introduits. » 14. Guénon en profite pour faire croire et admettre que le degré de maître avait toujours existé. Polémiste comme il était, il répondait à un historien qui niait ce fait : « mais sans doute ne peut-on pas exiger d’un pur historien une trop grande compétence pour tout ce qui touche directement au rituel et au symbolisme. » 15. Avec Guénon il ne faut pas se laisser intimider et surtout tout vérifier ! Le raisonnement de Guénon voulait que les trois degrés correspondent à la constitution tripartite de l’être : corps, âme et esprit (Âtmâ, l’« Étincelle divine »).
Déjà Aristote avait démontré que l’être est composé d’un corps et d’une âme, et cela d’une manière indivisible (individuum, individu). En 1312 l’Église avait condamné formellement le tripartisme gnostique, esprit, âme et corps, à cause de l’influence croissante de la pensée néo-aristotélicienne d’Averroès. Quand l’Écriture parle de l’âme et de l’esprit c’est toujours de l’âme qu’il s’agit. Par rapport au corps on l’appelle âme, par rapport à Dieu on l’appelle esprit ou raison.
Lors de sa fondation, la franc-maçonnerie ne connaissait donc pas le degré de Maître, ce qui n’est pas étonnant parce que ce degré, comme nous l’avons vu, n’existait pas dans les corporations. Pas d’apparition de grade de maître avant 1723 selon des historiens, comme l’atteste aussi le Dictionnaire de la franc-maçonnerie de Ligou. Il a donc fallu « justifier » cette apparition. Il est amusant de voir comment la franc-maçonnerie s’y est prise. Créer un conflit, une fausse-opposition peut permettre d’atteindre un but dissimulé. C’est avec la querelle entre les « Anciens » irlandais et les « Modernes » londoniens qu’ils ont pu « justifier » le degré de maître. Les Anciens prétendaient pratiquer la vraie maçonnerie. Leur porte-parole Laurence Dermott se moquait d’eux en disant qu’ils ne connaissaient que deux grades ! Mais qui était Dermott ?
En 1756 Dermott a introduit de nouveaux textes irlandais, Ahiman Rezon. Ce n’est pas du latin mais de l’hébreux, d’où les prières hébraïques ou plus précisément talmudiques16. Il raconte que 4 hommes lui sont apparus la nuit. Ils venaient de Jérusalem, ils parlaient anglais, mais il ne sait pas d’où il venaient. Ils s’appelaient : Shallum, Ahiman, Akkub et Talmon….Toute l’histoire biblique y est, sauf le Christ. Mais il y a aussi des éloges du Coran ! Il cite des gens connus, Virgile, Socrate… et dit qu’ils descendaient tous de parents modestes, comme les tailleurs des pierres. L’origine « modeste » ou « simple » est l’argument préposé ici à faire accepter son sophisme. Et Dermott ajoute que « la franc-maçonnerie existe depuis la Création, quoique sous un autre nom ». C’est gagné, il a mis les maçons illuminés dans sa poche !
L’hérésie gnostique a commencé dès les premiers temps du christianisme avec Simon le Magicien, qui « a toujours eu depuis ce temps-là sa suite funeste ». Cette hérésie est la seule à avoir été prédite dans l’Écriture avec ses caractères particuliers, elle constitue le vrai mystère d’iniquité » dont parle saint Paul et sera l’hérésie des derniers temps.
Je cite une belle définition d’Etienne Couvert :
« La Gnose (gnosticisme) est essentiellement une végétation religieuse parasitaire, se nourrissant du Christianisme pour en tirer un certain nombre d’éléments qu’elle va détourner de leur sens naturel pour leur donner une signification nouvelle totalement opposée à l’enseignement de l’Église. La Gnose est une secte d’initiés, prétendant avoir reçu une révélation plus parfaite que celle de Jésus, réservée à des esprits d’élite qui vont être détournés de l’enseignement ordinaire de l’Église et constituer comme un chancre rongeur à l’intérieur de la communauté chrétienne » 17).
La Tradition chrétienne a été accueillie oralement par les apôtres, par eux seuls ! Ils ont aussitôt prêché, et quelques décennies plus tard sont apparus les Évangiles et les Actes. Les apôtres, avec saint Pierre comme chef, avaient donc toute autorité, aussi sur l’Écriture, et c’est le Magister de l’Église qui perpétue cette tradition. Il n’y avait pas de dogmes ; ils sont venus plus tard, afin de définir par écrit la Foi contre les hérétiques, qui venaient souvent même de l’intérieur de l’Église.
Pas d’ésotérisme dans le christianisme, tout a été dévoilé comme l’a encore rappelé récemment le pape Benoit XVI à propos du Pseudo-Denys l’Aréopagite 18. C’est une falsification (la Gnose) calculée, par laquelle, en antidatant ses œuvres au 1er siècle, au temps de saint Paul, il voulait donner à sa production littéraire une autorité quasi apostolique, très influencé par les écrits néoplatoniciens de Proclus dont le but consistait dans une grande apologie polythéiste car les vraies forces étaient à l’œuvre dans le cosmos. En conséquence, le polythéisme devait être considéré comme plus vrai que le monothéisme, avec son unique Dieu créateur » et Denys « distinguait les voies destinées aux simples, ceux qui n’étaient pas en mesure de s’élever aux sommets de la vérité et pour qui certains rites pouvaient suffire, d’avec les voies destinées aux sages, qui devaient, eux, se purifier pour arriver à la pure lumière. » Benoit XVI conclut : On voit que cette pensée est profondément antichrétienne. » ! C’est donc officiel, il n’y a pas de christianisme ésotérique.
Comme je l’avais déjà dit à propos de Guénon, les gnostiques sont des métaphysiciens monistes pour qui la manifestation émane du principe, impliquant une continuité entre l’un et l’autre. L’émanatisme aboutit inévitablement au panthéisme, concept qui s’oppose à la Création ex nihilo. Les Gnostiques sont depuis toujours confrontés au problème du bien et du mal ; difficulté qu’ils n’arrivent pas à résoudre. Cette difficulté découle de leur monisme métaphysique, puisque toute la manifestation émane entièrement du Principe, donc le mal aussi. La Bible, par contre, révèle qu’après l’achèvement de la Création, « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et cela était très bon. » 19. Il n’y avait donc pas de mal ; le mal arrive après, par la faute de l’homme !
Voici un échantillonnage des pensées gnostiques des premiers siècles, dont la franc-maçonnerie a aussi hérité…
- Saturnin avait une théorie selon laquelle le Dieu des juifs, le Yahweh de la Bible, n’est autre que le plus puissant des anges qui a maladroitement créé l’homme tel que nous le voyons, malheureux et ignorant ; et Jésus-Christ vient précisément combattre le Dieu des juifs et sauver l’homme en lui apportant l’étincelle divine que ses créateurs ne lui ont pas donnée.
- Basilide a introduit le concept des trois mondes. Un monde hypercosmique ou divin, un monde intermédiaire ou supra-lunaire, et un monde sublunaire qui est celui de l’homme.
- Carpocrate rejette le Dieu de Moise et la loi, et est adepte d’orgies. C’est du frankisme d’avant l’heure !
- Valentin est un néoplatonicien incluant les doctrines de ses prédécesseurs, guidé par l’intuition intellectuelle, si chère à Guénon. Il a développé la théorie de la décade d’éons, des « principes éternelles ». Ce sont ces éons qui sont à l’origine des dix sephirot de la Kabbale, la Gnose juive.
- Plotin, Porphyre, Jamblique : « À l’origine de Tout se trouve l’UN ou Monade ; puis vient l’intelligence ou dyade : enfin apparaît le démiurge ou triade. C’est le démiurge qui a formé le monde, comme le disent tous les gnostiques ».
- Proclus qui voulait embrasser toutes les religions l’« Hiérophante Universel (l’unité transcendante) ». Il est à la fois syncrétiste, émanatiste, panthéiste et mystique, comme Porphyre et Jamblique.
- Manès (ou Mani), le fondateur du funeste manichéisme, était gnostique de formation. Il enseignait que l’univers est l’ouvrage de deux principes opposés, l’un bon, l’autre mauvais, tous deux éternels et indépendants. Ce dualisme, renouvelé du mazdéisme de Zoroastre, n’est également que la radicalisation des thèmes gnostiques sur la maladresse du démiurge et la nocivité essentielle de la matière, et, en conséquence du corps humain, emprisonnant l’âme ; doctrine qu’on retrouve aussi chez les Cathares. C’est le mépris de la vie, le rejet de la Création !
En toute objectivité, on peut constater l’incompatibilité entre la Révélation et la Gnose. Aussi, l’une offre le Salut par la Foi, l’autre prétend pouvoir délivrer l’homme par la Science (de l’Arbre). Pour les gnostiques – ça va de soi –, le Salut ou la finalité de l’Église est infiniment inférieure à l’initiation ésotérique.
La polémique sur la conversion de René Guénon à l’Islam est vaine. Pour parler de conversion il eût fallut qu’il eut été réellement catholique. Les vernis changent, la main invisible demeure.
Nier le péché, c’est nier la Rédemption, c’est aussi ôter la raison d’être de l’Église. Le catholicisme, fidèle à la première Révélation, enseigne l’hérédité du péché. C’est biblique, c’est la Thora pour les juifs. Mais leurs descendants, influencées par le Talmud et la Kabbale, considèrent maintenant que l’âme existe avant la naissance, et que la vie commence à la naissance sans péché originel.
La Gnose juive. Le Sepher Ha-Zohar : « Avec cet arbre (celui de la connaissance), Dieu créa le Monde ; mange donc de ce fruit et tu seras semblable à Dieu, connaissant le Bien et le Mal ; car c’est par cette connaissance que l’homme est Dieu. Mange donc et tu seras créateur des mondes. Dieu sait tout cela et c’est pourquoi il vous a défendu de manger de ce fruit, car Dieu est un Artisan [un Demiurge ! le Grand Architecte ?] et un Artisan déteste toujours jalousement [!] les compagnons qui exercent le même métier que lui ».
La Gnose rosicrucienne. La Tradition primordiale du rosicrucianisme implique obligatoirement la négation du Péché, parce que selon elle, cette Tradition est encore intégralement conservée dans le Centre Suprême, Agartha, Shambhala ou Grande Loge Blanche.
La Franc-Maçonnerie. Au 28ème degré du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA), dénommé « Chevalier du Soleil ou Prince Adepte », les maçons sont censés être dans le jardin d’Éden, et le Maître représente Adam ! Accepter Adam, c’est nier le Péché, c’est implicitement nier la Rédemption ! C’est l’anathème pour un catholique, mais peu importe quand on est déjà excommunié du fait de l’appartenance à la franc-maçonnerie.
À propos de la Tradition primordiale rosicrucienne, je signale que selon la Révélation il y a deux Traditions ou plus précisément deux postérités issues du Péché. En réponse à la Tentation du serpent « Vous serez comme Dieu. » (Eritis sicut Dii), Dieu dit : « Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité, et c’est la postérité de la femme qui écrasera la tête du serpent. »20.
Ainsi il y a deux lignées, l’une qui a foi et attend l’accomplissement de la promesse, l’autre qui prétend pouvoir délivrer l’homme par la science (de l’Arbre). Ces deux traditions sont inconciliables, mais celle de la Science (de la Gnose des initiés) ne va pas se développer indépendamment de l’autre. Sa nature perfide consiste à détourner le sens de la Révélation en s’y mêlant sous un subterfuge, afin de la fausser, engendrant ainsi non seulement des déviations, mais aussi des contre-vérités. Ces deux Traditions ne sont même pas primordiales au sens strict du mot, parce que par le péché, l’homme a perdu, entre autres, la grâce et la science infuse (maintenant même l’homme intègre peut se tromper). De ce fait, il n’est donc même pas possible de parler d’une tradition adamique, puisqu’il n’y avait rien à transmettre, puisque tout avait été donné directement. Tout au plus peut-on admettre la transmission de la langue parlée, mais en aucun cas d’une transmission de l’amitié avec Dieu par la Grâce, qui a été perdue. Il a fallu attendre le Rédempteur afin de pouvoir prétendre à la Grâce.
La franc-maçonnerie a connu de multiples condamnations avec des rappels.
La première condamnation pontificale en 1738, par Clément XII, valable à perpétuité !
J’en ai compté 8, il se peut que j’en ai oublié. En 1751, 1821, 1825, 1829, 1832, 1846 et 1884.
Je cite seulement quelques extraits explicites.
En 1892 Léon XIII a redit : « Que l’on se rappelle que christianisme et franc-Maçonnerie sont essentiellement inconciliables, si bien que s’agréger à celle-ci, c’est divorcer de celui-là. »
En 1985 l’Osservatore romano fait un rappel purement doctrinal, au plan de la Foi et de ses exigences morales », dont j’extrais les points suivants :
- Que le relativisme [à chacun sa vérité] caractérise fondamentalement la franc-Maçonnerie ; qu’il est renforcé par la pratique essentiellement symbolique et rituelle de cette dernière ;
- Qu’il a pour conséquence d’entraîner le catholique franc-maçon à « vivre sa relation avec Dieu d’une façon double, c’est-à-dire en la partageant en deux modalités : une humanitaire, qui serait supra-confessionnelle et une, personnelle et intérieure, qui serait chrétienne » ; que « le climat de secret comporte […] le risque pour les inscrits de devenir les instruments d’une stratégie qu’ils ignorent » ;
- Que la distinction entre initié et profane n’est pas tenable au sein de la communion chrétienne ;
- Qu’enfin, puisque ces principes sont communs à l’ensemble de la franc-Maçonnerie, il n’y a pas lieu sur ces points de distinguer entre les obédiences « malgré la diversité qui peut subsister […] en particulier dans leur attitude déclarée envers l’Église » 21.
Au nom de la tolérance, la Maçonnerie s’est toujours défendue d’être anticatholique, cependant elle se dit antidogmatique, et seule l’Église catholique est dogmatique… La revue L’Acacia en 1908 : « Au lieu de la lutte par voie de législation répressive des privilèges … il nous faudra employer la propagande … Beaucoup de gens… considèrent encore certaines cérémonies du culte : mariage, baptême, première communion, enterrement, comme un rite social obligatoire… De cet accomplissement du rite peut résulter le maintien ou le retour à la croyance. C’est cela qu’il faut combattre… ». Et ce combat continue, écoutez par exemple le F.°. Vincent Peillon. La même revue en 1903 qualifiait fièrement « la franc-maçonnerie de « contre-Église ». On ne saurait être plus clair et concis !
Après la guerre, le F.°. Riandey, alors Grand Commandeur Suprême Conseil de France, exprimait le souhait que se réalise l’unité de la chrétienté, « il donnait un « assentiment sans réserve… à ces efforts vers l’œcuménisme chrétien », mais en ajoutant : « il importe toutefois que le lecteur sache que pour nous ces efforts ne représentent que des pas sur le chemin d’un œcuménisme plus large. » 22. L’œcuménisme plus large c’est le Noachisme !
Le Rite Écossais Ancien et Accepté est composé de 33 degrés. L’initiation au premier degré se fait par une descente aux enfers, suivi de trois purifications par l’eau, l’air et le feu, puis le récipiendaire reçoit la lumière. C’est au 3ème degré que le maçon s’identifie avec la lumière, le maître devient l’étoile flamboyante, que le compagnon au 2ème degré a seulement « vue ». J’ai déjà dit que le 3ème degré constitue la « moelle » du Système, et que Christian Rosenkreutz était revenu de ses voyages avec la nouvelle Kabbale de Louria, doctrine perpétuée par les Rose-Croix, les fondateurs « invisibles » de la franc-maçonnerie. Cela explique le caractère lourianique du 3ème degré, l’« élévation à la maîtrise »

Qui est Isaac Louria ? Il propose une relecture de la Genèse et de l’homme et de son rapport avec Dieu, et développe une doctrine de la rédemption, Tikkun Olam, la « réparation du monde ». Selon lui, Dieu suprême (Ein-Soph) se dédouble et se contracte en lui-même 23, devant une lumière enfermée dans des « vases » comme il dit, et laisse place à autre chose d’exister. C’est de l’émanatisme présenté d’une manière « nouvelle ». Donc il faut maintenant libérer Dieu ; c’est ainsi l’homme complète la manifestation inachevée ! Selon cette théorie « imaginale », la lumière primordiale est devenue prisonnière des qlippoth, des « écorces » ou des « coquilles ». Il faut briser les qlippoth afin que la lumière puisse se libérer. Ici naît la violence !
Par analogie, cette doctrine « illuminée » relative à l’être, le libère donc de tout, y compris des interdits de Dieu ! Cet antinomisme gnostique et radical a inspiré Sabbataï Tsevi et Jacob Frank qui poussent cette « logique » jusqu’à l’extrême avec l’anéantissement total de tout obstacle éventuel à la venue de leur Messiah. La mise en œuvre du Tikkun Olam occasionnera les guerres de destruction des peuples. Et tant mieux quand cela se passe dans la douleur, parce que c’est pour l’heureux accouchement de leur Messiah, l’Antéchrist pour les autres. Détruire pour construire, mourir pour renaître. De l’ordre renaît du chaos, c’est la devise même du Suprême Conseil : Ordo ab Chao !
Au plus profond, au plus bas de l’être réside l’« étincelle divine » en attente de sa libération. La « libération des étincelles divines » c’est le Tikkun du kabbaliste Isaac Louria. Analogiquement, la Chambre du Milieu se trouve au centre de la terre où se déroule l’« élévation à la maîtrise ».
Quelle est cette lumière au centre de la terre ? C’est Lucifer : « Comment es-tu tombé du ciel, astre brillant, fils de l’aurore ? Comment es-tu renversé par terre, toi, le destructeur des nations ? Tu disais dans ton cœur : Je monterai au ciel […], je serai semblable au Très-Haut ! Et te voilà descendu au sombre séjour, dans les profondeurs de l’abime ! » 24.
Un rite est constitué d’un ensemble de symboles mis en action, afin de transmettre le « secret » de la Maçonnerie à l’aspirant. À l’élévation à la Maîtrise, l’aspirant va « vivre » par identification avec Hiram, l’architecte assassiné, le drame de la « Chambre du Milieu ». Et c’est là où Lucifer engendre la « moelle » des maîtres maçons. On lui a donné un autre nom, évidemment. Ce drame se passe donc en « Chambre du Milieu », lieu uniquement éclairé de l’intérieur, et hors de laquelle ne règnent que les « ténèbres extérieures ».
L’identification avec Lucifer se fait par la ruse, parce qu’il s’appelle à présent Hiram. C’est même subtilement confirmé par Guénon : « Dante parcourut tous les cercles infernaux en vingt-quatre heures, et atteignit alors le centre de la Terre, qu’il traversa en contournant le corps de Lucifer. N’y aurait-il pas quelque rapport entre ce corps de Lucifer, placé au centre de la Terre, c’est-à-dire au centre même de la pesanteur, « symbolisant l’attrait inverse de la nature », et celui d’Hiram, placé de même au centre de la « Chambre du Milieu », et qu’il faut aussi franchir pour parvenir à la Maîtrise ? La connaissance de ce rapport mystérieux ne pourrait-elle pas aider à découvrir la véritable signification de la lettre G ? » 25.
C’est donc ce « rapport mystérieux » de Lucifer-Hiram, qui « pourrait aider à découvrir » la Gnose !
Le candidat à l’élévation à la maîtrise enjambe non seulement du « pied à la tête » le cadavre de Lucifer-Hiram (concrétisé par un maçon allongé par terre), mais ensuite c’est lui-même qui va prendre la place de Lucifer-Hiram, afin de subir le même sort. Allongé, le candidat s’identifie donc totalement à Lucifer-Hiram avec lequel il va être élevé à la maîtrise. C’est ici où intervient la violence, chère à Louria. Le candidat doit mourir afin de renaitre, et reçoit un coup de maillet sur le front qui, symboliquement, fracasse le crane pour que sa lumière intérieure se libère…
Subséquemment il est dit avec le relèvement du nouveau maître : « le maître est retrouvé, il reparaît plus radieux que jamais ! ». Plus radieux que jamais, parce que le maître est une nouvelle « Étoile flamboyante ». Cette doctrine continue avec les Hauts-Grades au 4ème degré, dénommé « Maître Secret », où les travaux commencent à l’« éclat du jour », au moment où l’astre de l’aurore, Lucifer, se lève. C’est l’« Aube dorée », the Golden Dawn…
Il y a une maçonnerie qui revendique une doctrine chrétienne ésotérique – évidemment ! –; c’est le Rite Écossais Rectifié.

En Allemagne, au XVIIIe siècle, la Franc-Maçonnerie templière de la « Stricte Observance » est dirigée en arrière-plan par les « Supérieurs Inconnus », des « invisibles, si l’on préfère. En 1782 la « Stricte Observance » se scinde en deux parties : l’une pour fonder le Rite Écossais Rectifié, l’autre pour rejoindre les Illuminés de Bavière. Or 1782 est également l’année de la création de l’Ordre des Frères d’Asie, essentiellement composé de sabbataïstes et de frankistes, et ils étaient tous Rose-Croix selon l’historien Jacob Katz. Cela ne doit pas être pris dans ce sens qu’ils n’existaient pas avant cette dissociation ; bien au contraire !
Le Rite Écossais Rectifié (RER) a été fondé en 1782 par Willermoz, et prétend être chrétien et antidogmatique… Willermoz pratiquait le magnétisme et était disciple de Martinez de Pasqually et de Louis-Claude de Saint-Martin. Martinez avait fondé en 1767 l’Ordre des Élus Coën. Il était de mère maranne et son savoir en kabbale il le tenait de Juifs et de Juifs récemment convertis au Catholicisme, qui avaient les rapports les plus étroits avec le cercle frankiste de Brno (Brünn). Louis-Claude de Saint-Martin est admis dans l’Ordre des Élus Coën, comme Willermoz qui deviendra son disciple. Gershom Scholem note que les pratiques théurgiques des Élus-Coëns « rappellent étrangement les opérations magiques du Baal-Schem de Londres, le célèbre Dr. Samuel Falk » 26.
Pour Saint-Martin comme pour ses maîtres, Dieu, avant le temps, produisit par émanation des êtres spirituels. Une partie de ces anges tomba dans le péché d’insubordination. Alors Dieu créa un univers pour circonscrire le mal ainsi introduit et pour servir de prison aux anges déchus. En même temps, il émana l’Homme primordial, l’Adam Qadmon, androgyne au corps glorieux, vice-roi de l’univers, pour servir de geôlier à ces démons, les amener à résipiscence… Et selon lui, tout homme est un Christ en puissance. Et voici un exemple éloquent du délire irrationnel de cet illuminé, Saint Martin dit : « Chaque homme depuis la venue du Christ, peut, dans le don qui lui est propre, aller plus loin que le Christ. J’ose dire que dans le genre qui m’est propre, celui du développement de l’intelligence, j’ai été plus loin que le Christ ». Voilà des mots blasphématoires du « maître » de Willermoz, le père de la « Maçonnerie chrétienne ».
J’espère ainsi avoir répondu à la question, et je dirai peu importe la pseudo-opposition interne, là où tout est imposture !
Karl VAN DER EYKEN
- L’imposture de la Maçonnerie « chrétienne et traditionaliste »
- Intégrale Jean-Claude Lozac’hmeur, Sébastien Jean et Karl Van der Eyken
- René Guénon : de l’Ange du Graal à la Franc-Maçonnerie – Partie 3
- René Guénon : de l’Ange du Graal à la Franc-Maçonnerie – Partie 2
- René Guénon : de l’Ange du Graal à la Franc-Maçonnerie – Partie 1
- René Guénon et la Crise du Monde Moderne – Introduction
1 – Guénon, cf. entre autres, Les états multiples de l’être, ch. XI « Principes de distinction entre les états d’être ».
21 – Guénon, Études sur l’hindouisme, compte-rendu de l’article, « On the One and Only Transmigrant »
3 – Cité par Léon de Poncins, Christianisme et Franc-Maçonnerie, p. 44.
4 – Cf. Mgr Delassus, La Conjuration antichrétienne ; voir aussi Alain Pascal, La Trahison des Inities.
5 – Cf. Civitas N° 28, juin 2008, d’après les travaux d’Henri Charlier.
6 – Cf. Wenzel Jamnitzer, Perspectiva Corporum Regularium, Nuremberg 1568.
7 – Guénon, Symboles Fondamentaux de la Science Sacrée, « Les Portes solsticiales ».
8 –Guénon, Formes traditionnelles et cycles cosmiques, « La Kabbale juive ».
9 – Jean Lombard Cœurderoy, La Face cachée de l’histoire moderne.
10– Jn. 1, 17.
11 – Cité par Frances Yates, La Lumière des Rose-Croix, Éditions Retz 1978.
12 – Idem.
13 – « Christian Rosencreutz décrit, dans la Fama, des voyages vers l’Est, dont il est revenu avec un nouveau type de « magie et de cabale » qu’il a incorporé dans sa propre attitude chrétienne. » Frances A. Yates, Idem p. 259.
14 – C-R juillet 1936 Les Archives de Trans-en-Provence, ECfranc-maçonnerie 1.
15 – « Si l’auteur s’est montré plus clairvoyant que bien d’autres sur cette question de la falsification andersonienne, il est à regretter qu’il ne l’ait pas été autant en ce qui concerne l’origine du grade de Maître, qu’il croit, suivant l’opinion communément répandue, n’être qu’une introduite entre 1723 et 1738 ; mais sans doute ne peut-on pas exiger d’un pur historien une trop grande compétence pour tout ce qui touche directement au rituel et au symbolisme. » C-R livres sept. 1950, Efranc-maçonnerieC II
16 – Ahiman Rezon, p. 43-44 : « Qui a délivré l’enseignement ? Moïse l’a reçu de Dieu. Puis Aaron est arrivé et Moïse lui a délivré le sien ». Ceci est un passage du Talmud de Babylon (Eurvin 54b) et ce passage est cité dans une note explicative des prières (cf. Jacob Katz, Juifs et Francs-Maçons p. 33.
17 – Société Augustin Barruel N° 3, 1976, « La Gnose, Tumeur au sein de l’Église ». Repris dans De la Gnose à l’œcuménisme, Éd. de Chiré 1983. Article en PDF : http://www.a-c-r-f.com/aujourlejour/archives/2007/11/entry_11.html
18 – Le 14 mai 2008. Un pseudépigraphe, probablement d’origine sabéenne du VI° siècle. http://www.patristique.org/Benoit-XVI-Le-Pseudo-Denys-l.html
19 – Genèse, I, 31.
20 – Genèse, III, 3 et 15.
21 – À propos l’animosité à l’égard de l’Église, je recommande, entre autres, Mgr Delassus, La Conjuration Antichrétienne, Éd. Kontre Kulture ; Alain Pascal, La Trahison des Initiés, Éd. des Cimes 2013.
22 – Pierre Virion, Bientôt un Gouvernement mondial ? ESR 2012, p. 253.
23 – Doctrine qu’on retrouve chez Guénon. Cf. entre autres dans Le Symbolisme de la Croix, ch. XVII « L’ontologie du buisson d’ardent ».
24 – Isaïe, XIV, 12-13.
25 – La France Antimaçonnique, octobre 1913 ; « Un côté peu connu de l’Œuvre de Dante » ; Cf. L’Ésotérisme de Dante, ch. VIII, « Les cycles cosmiques ».
26 – Gershom Scholem (article sur Hirschfeld) p. 255. Les « opérations » de Samuel Falk sont décrites dans Adler, The Baal Shem of London, in Transactions of the Jewish Historical Society of England, t. V (1908).