WWIII : Les Saintes Maries de la Mer dans le Languedoc, dont la Vie de Marie-Madeleine, itinéraires d'une femme persécutée devant se cacher, comme les Chrétiens de l'époque.
Lorsque Marie-Madeleine oint le Seigneur et L’essuie de ses larmes, il faut y voir la préfiguration de Sa mise au tombeau et de Son embaumement ; d’ailleurs, pour couper court aux commentaires des apôtres, le futur Ressuscité s’écrie : "En vérité je vous le déclare, partout où sera proclamé l’Evangile dans le monde entier, on racontera aussi, en souvenir d’elle, ce qu’elle a fait". (Matthieu 26-13, Luc 2-1, Marc 14-9, Corinthiens, Thessaloniciens,...). Autrement dit, Il associe le plus solennellement possible Son oeuvre avec une femme. Puis, après Sa résurrection, la façon qu’Il a de crier son nom Marie !... Ceux qui ignorent l’amour ne comprendront pas ; 2000 ans après les évènements l’on sent encore l’émotion, le frisson, la ferveur du Sauveur... Enfin et surtout le Christ - comme par hasard - choisit Béthanie, d’où est originaire Marie-Madeleine, pour remonter auprès de Son père. Tout est symbolique dans la vie du Messie - on ne peut que garder silence admiratif
Barque de 13 personnes ou plus? navire romain sur les ordres de Ponce Pilate!
Le capitaine a-t-il en vue les cotes de France, en arrivant à quelques kilomètres d'Aigues-Mortes qu'il décide de les abandonner à quelques kilomètres du rivage, car au premier siècle il n'existait qu'un port à Aigues-Mortes et pas de profondeur pour les navires aussi les courants, le vent de la mer décideraient de leur sort. Le capitaine mit une chaloupe à la mer qui dériva jusqu'à la plage des Saintes-Maries-de-la-Mer.
Mais les marins du navire parlèrent de ces personnes une fois arrivés au port, ils racontèrent le voyage, la chaloupe. Une personne les écouta avec la plus grande attention, elle s'appelait Sara et décida d'aller leur porter secours en longeant le rivage pour les apercevoir. Lorsque les naufragés arrivèrent, ils furent accueillis comme des miraculés, comme guidés par la main de Dieu. La légende des Saintes-Maries-de-la-Mer était née. La Tradition parle de l'arrivée d'une barque sans voile ni gouvernail, sur une plage proche des Saintes Maries de la Mer, peut-être au lieu dit "Oppidum Ra", petit port situé près de l'embouchure du Rhône St Ferréol. Ont voyagé ensemble saint Lazare (ressuscité par Jésus) et sa sœur Marthe de Béthanie, sainte Marie Madeleine (peut-être identifiée comme étant une seule et même personne avec Marie de Béthanie, la sœur de Marthe… mais tous les spécialistes ne sont pas d'accord sur ce point !), saint Maximin (l'un des 72 disciples du Christ), Marie Salomé (la mère des fils de Zébédée, les "fils du tonnerre" : saint Jacques le Majeur - vénéré en Espagne à Saint-Jacques de Compostelle - et l'apôtre saint Jean), Marie Jacobé (sœur de Marie, sans doute identifiée à Marie Cléophas, mère de 4 enfants : saint Jacques dit le Mineur, fils d'Alphée ("frère" de Jésus) - premier évêque de Jérusalem - saint Simon (dit le Zélote) – qui succéda à son frère sur le siège de Jérusalem - et saint Jude (ou Thadée, ces 2 derniers apôtres du Christ), et Joseph (ou Joset, dit aussi Barsabas le Juste) ).
Marie Jacobé et Marie Salomé sont accompagnées de leur servante Sara. D'autres voyageurs les accompagnaient peut-être, comme le dénommé Sidoine, l'aveugle-né guéri par Jésus, ou encore saint Trophime, qui sera signalé dans la région à la même époque…
Sainte Marie Salomé et sainte Marie Jacobé, toutes deux si proches de Marie, la mère de Jésus, comme en témoignent les Evangiles, resteront sur place avec Sara. C'est en souvenir de cette arrivée par la mer de ces saintes, qu'une procession est organisée 2 fois l'an, en mai et en octobre, pour bénir les flots qui les ont portées jusque là.
La 1° chapelle bâtie à cet endroit portera d'ailleurs le nom de "Notre-Dame de Ratis", c'est-à-dire "Notre-Dame de la Barque". C'est peut-être la première église fondée en France en l'honneur de Marie ! L'église actuelle date, elle, du 10° siècle.
Les hagiographes ont popularisé un débarquement en Camargue des trois Maries, accompagnées d'un groupe comprenant Marie Madeleine, Marthe, la sœur de Marie Madeleine, Lazare son frère « ressuscité », Maximin, Sidoine l'aveugle qui deviendra saint Restitut, Manille, suivante de Marthe,Simon le lépreux qui deviendra premier évêque de Maguelone. On trouve également Maximin, intendant de Lazare et de ses sœurs, Marie Jacobé, Marie Salomé, Sarah l'égyptienne, Marcelle et Suzanne disciples de Jésus, Joseph d'Arimathie, porteur du précieux Graal et de la Sainte Lance de Longinus, Amadour qui s'établira à Rocamadour dans une grotte. Soit 13 personnes au moins dans l'embarcation.
Pour Saint Simon le lépreux page issue de Suite des Missions des Gaulles, de Saint Gatian et Saint Julian Ch. XIII, page 383.(Histoire de St Martial apôtre des Gaules et principalement de l'Aquitaine et ... Par le P. Bonaventure de Saint-Amable)
Chassés de Palestine au Ier siècle et placés dans « un vaisseau de pierre » sans voile ni rame, en compagnie de nombreux autres chrétiens, ils furent poussés par les courants vers le delta du Rhône où ils s'échouèrent. Là, ils furent accueillis par Sarah la noire, qui devint la servante des Maries.
Seules resteront sur place Marie Salomé, Marie Jacobé et Sarah. Elles y moururent, et l'endroit où elles furent ensevelies, traditionnellement situé aux Saintes-Maries-de-la-Mer, devint un important lieu de culte et de pèlerinage chrétien ainsi qu'une halte sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, fils de Marie Salomé.
Saint Lazare ressuscité assista, dit la Tradition, à l’entrée triomphale du Sauveur dans Jérusalem, ainsi qu’à Sa glorieuse Ascension. Les Juifs, irrités de la présence de ce témoin de la puissance et de la divinité de Jésus, cherchaient à le faire disparaître ; ils n’y parvinrent que dix ans plus tard.
Profitant de la persécution contre les Apôtres, ils embarquèrent saint Lazare, avec sainte Marthe, sainte Marie-Madeleine, saint Maximin, saint Marcel et plusieurs autres Chrétiens, sur un vaisseau sans rames, sans voiles et sans provisions, et les lancèrent au gré des flots, espérant que la faim et la mer leur donneraient la mort.
Le vaisseau vint aborder au lieu dit "des Saintes Maries de la Mer"; après son séjour à Arles, il alla sur Marseille et Saint Lazare y prêcha l’Évangile et en fut le premier évêque.
Après trente ans d’épiscopat, saint Lazare fut arrêté et conduit devant le proconsul, qui lui ordonna de sacrifier aux idoles.
« —Je suis le serviteur de ce Jésus qui m’a rappelé à la vie, répondit le saint évêque ; je ne puis reconnaître d’autre Dieu que Lui et Son Père, Créateur de toutes choses. »
Il fut appliqué à la torture, déchiré par les ongles de fer, brûlé sur un gril d’airain, transpercé à coups de flèches, et, comme il avait résisté à tant de tourments, il eut la tête tranchée, le 17 décembre. C’était l’an 80, saint Clet étant pape et Titus empereur.
Marie Madeleine poursuivra son chemin en pleine persécution des Chrétiens et des proches du Christ, ce qui l'oblige à se déplacer et à se cacher pour ne pas être dénoncée. (voir la vidéo ci-dessous).
Jésus était l'Homme qui aimait les femmes, tandis que Céphas ou Simon Pierre, l'apôtre Pierre, de son vrai nom Simon Bar-Jona (ou Barjona, le révolutionnaire en araméen ou « fils de Jonas » selon la tradition chrétienne), aussi appelé Kephas (« le roc » en araméen) est un Juif de Galilée ou de Gaulanitide, connu pour être l'un des disciples de Jésus de Nazareth qui n'aimait pas les femmes, était misogyne et s'opposait à Marie Madeleine à qui Jésus donnait plus d'informations qu'à lui. Ce trait de mâle dominant est resté dans les institutions de l'Eglise Catholique. Simon Pierre est répertorié parmi les apôtres au sein desquels il a tenu une position privilégiée du vivant de Jésus avant de devenir, après la mort de ce dernier, l’un des dirigeants majeurs des premières communautés paléochrétiennes. Il est né vraisemblablement au tournant du Ier siècle av. J.-C. et serait mort selon la tradition chrétienne vers 64-70 à Rome. Dans l'évangile de Thomas: Loggion 114.
1 Simon Pierre leur dit :
2 Que Mariam sorte de parmi nous,
3 parce que les femmes ne sont pas dignes de la Vie.
4 Jésus dit :
5 Voici que je l’attirerai
6 afin de la faire mâle,
7 pour qu’elle soit, elle aussi, un esprit vivant,
8 semblable à vous, les mâles.
9 Car toute femme qui se fera mâle
10 entrera dans le royaume des cieux.
Elle ira à Maguelone, dont les évêques attestent sa présence avec , Maguelone qui vient de Magdala , et le premier évêque sera Simon le lépreux qui les avait suivi avec les Saintes Maries.
Fontaine antique de Maguelone du temps de Marie Madeleine, détruite par Charles Martel. Maguelone était aux temps des Romains une ville d'environ 50000 habitants, dont la plus grande partie se trouve actuellement sous la mer et sous les villas de Villeneuve les Maguelone. En 737 les Maures de Narbonnaise ont pris Avignon avec l’appui de Maurontius et étendent leurs ravages jusqu’à Lyon. Charles Martel et son frère Childebrand reprennent la ville abandonnée par les Maures et massacrent la population environnante. Charles poursuit les Musulmans jusqu’en Septimanie, soumet Nîmes, Maguelonne, Béziers puis met le siège devant Narbonne. Des renforts envoyés par le gouverneur d'Espagne Uqba ibn al-Hajjaj et conduit par Amormacha (Omar ibn Chaled) sont repoussés à l'embouchure de la rivière Berre près de l'étang de Bages. Charles ne peut prendre Narbonne et retourne en Austrasie avec un immense butin pris sur les villes de Maguelonne, Agde, Béziers et Nîmes qui sont incendiées. le siège des évêques de Maguelone fut transféré à Substantion, puis à Montpellier.
Ensuite Myriam (Marie) de Magdala occupera une Maison du premier siècle de notre ère, au dessus d'une Colline au lieu dit Pic Saint-Léon, du nom du Pape Saint Léon le Grand, ou Léon I, qui est venu en l'an 420, après le sac de Rome par les Wisigoths, afin de discuter avec eux, dont une de leur installation était présente sur la colline, pour la restitution éventuelle de leur butin ou du moins une partie.
L’historien Guillaume Besse écrivait au XVII e siècle : « Alaric le Grand eut peur que le trésor du Temple de Salomon (que les Wisigoths avaient volé à Rome) soit pillé par les Huns, il fit alors édifier les murailles de Carcassonne. Il fit bâtir une tour appelé La Tour du Trésor, pour mettre toutes ces précieuses valeurs en sécurité. »
Deux raisons pour que Saint-Léon s'intéresse à l'oppidum Mormellicum, qui deviendra 5 siècles plus tard (après sa visite) « (Prieuré Bénédictin de femmes dédié à Sainte-
Les Wisigoths étaient des Chrétiens, Catholiques mais du type protestataires comme les Cathares. Ils ont géré l'évêché de Maguelone au VIème siècle et on y retrouve des tombeaux Wisigoths.
Au IV e siècle, ils sont convertis par Ufilas ou Wulfila à l’arianisme, consacré évêque des Goths en 341. Piétinant au-delà du Danube, ils cherchent, poussés par d’autres peuples à traverser ce fleuve dont les Romains ont fait une frontière inviolable.
Cependant, pour faire face à ses ennemis, l’empereur Théodose passe un contrat avec les Wisigoths et embauche le roi Alaric et ses soldats comme mercenaires. Ce traité étant un peu boiteux, Alaric s’estime mal récompensé par Théodose, il se révolte et, pour se venger, prend Rome et la met au pillage en 410. En prime, il emporte comme prisonnière Galla Placidia, fille de l’empereur. A partir delà, les Wisigoths entament leur migration vers l’Ouest.
Promontorium Mormellicum - Promontorium Pictonum- Puech de Mourgues et devenu par la suite Saint suivant Saint Léon. Le Pic Saint Léon vient d'une mauvaise traduction du latin promontorium qui signifie Promontoire ou pic (quand il y a une pointe). Le fait qu'il n'a pas de pointe pose une question de fond, aurait-t-on voulu y laissé une notion de "sommet de la Chrétienté ?". Une entrée dans un autre espace : Elle accompagne la mort , attitude plutôt féminine puisqu'il n'y a pas d'hommes au pied de la croix. Elle regarde la mort en face, n'a pas peur de son émotion. Elle voit au delà de la mort, au delà du « moi », elle est témoin de la résurrection, l'Amour est plus fort que la mort, elle expérimente l'immortalité. (Ev Jean 20, 14-16)
Elle devient apôtre des apôtres D'initiée, elle va devenir initiatrice, Jésus le lui demande : « Va dire à mes frères, je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu, et votre Dieu »(Ev de Jean 20, 17) Elle va donc annoncer la Bonne Nouvelle, la mort n'existe pas !
« Partout où sera proclamé l'évangile dans le monde entier, on redira aussi, à sa mémoire, ce qu'elle a fait » (Marc 10,9).
Au 10ème siècle une communauté de femmes religieuses, vivant de façon indépendante (sans organisation ni hiérarchie) comme les premiers Chrétiens, s'installa dans la demeure de Marie Madeleine. Jusqu'au 15ème siècle, ou l'abbaye fut abandonnée et les sœurs furent rattachées à Saint Félix de Montceau (Gigean) en 1435. Le Pic des Mourgues, signifie donc promontoire des abbesses et sœurs, qui faisait l'objet de beaucoup d'attention de la part des évêques de Maguelone (Revue d'histoire de l'Église de France Année 1925 Volume 11 Numéro 53 page 571).Ces sœurs vivaient une existence de misère, et étaient souvent attaquées à tel point que le duc de Montlaur à Monteau, leur avait installé un souterrain pour se protéger, qui allait jusqu'à son château en contrebas. Jean de Montlaur I (1158-1190) et Jean de Montlaur II (1231-1247) étaient évêques à Maguelone. On retrouve L’« affaire Baldit (voir ci-dessous)» qui met en scène, vers 1450, Jeanne de Montlaur, abbesse du prieuré de Saint Félix de Montceau, qui venait de récupérer les moinesses de Saint Bauzille de Montmell. On retrouve donc tout un culte fait à Marie Madeleine par la famille Montlaur entre Maguelone et le Pic Saint Léon I (curieux s'abstenir).
Saint Léon a écrit de nombreuses bulles papales dont une sur la sainteté de la demeure de Marie Madeleine (Myriam de Magdala) à l'oppidum de Mormellicum, dans son itinéraire initial qui l'aurait guidée jusqu'en Aude, et même en Dordogne.
On est certain qu'elle alla à Narbonne du fait de son amie et disciple de Jésus, Claudia Procula, épouse de Ponce Pilate, procurateur de Judée, dont la famille habitait Narbonne et qui s'est retirée dans cette ville. De Narbonne à Rennes les Bains, à la source de la Madeleine, il n'y a qu'un pas.
ACTES DE PILATE :« Ce spectacle remplit Pilate de crainte. Il voulut descendre de sa tribune. À peine en avait-il esquissé le mouvement, qu'un message lui parvint de son épouse, disant : “ Qu'il n'y ait rien entre toi et ce juste. Car j'ai beaucoup souffert cette nuit à cause de lui ”. Pilate alors s'adressa à tous les Juifs et leur dit : “ Vous connaissez la piété de mon épouse et savez qu'elle n'est pas loin de partager votre religion ”. Ils lui dirent : “ Oui, nous le savons ”. Pilate reprit : “ Eh bien, mon épouse m'envoie un message : Qu'il n'y ait rien entre toi et ce juste. Car cette nuit, j'ai beaucoup souffert à cause de lui ”. Les Juifs répondirent à Pilate : “ Ne t'avons-nous pas prévenu ? C'est un magicien, il a envoyé un songe à ton épouse ! ” »
— Actes de Pilate, Chapitre 2, verset 1
En fin de vie, Marie-Madeleine se retira dans le massif de la Sainte-Baume, Lazare devint le premier évêque de Marseille, Maximin, celui d'Aix et Sidoine, celui du Tricastin, tandis que Marthe s'en fut à Tarascon, où, d'après la légende, elle terrassa la terrible Tarasque.
Le culte des Trois Maries
La stèle des Tremaie aux Baux-de-Provence
Marie Jacobé, Marie Salomé et Sarah furent inhumées ensemble et sur place, près de leur oratoire qui fut transformé en église. Le début du culte qui leur fut rendu est seulement assuré au cours du Moyen Âge où il fut développé par les croyances issues de la Légende dorée. Benoît XII, au cours de son pontificat, approuva le culte qui leur était rendu, mais l'invention de leurs reliques ne date que de 1448 et est due au Roi René[4]. Pierre de Nantes, évêque de Léon vint en pèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer et contribua à développer le culte des Trois Maries en Bretagne et en Mayenne.
Un narrateur du XVIIIe siècle écrit : « L'an 1447, il (René d'Anjou) envoya demander des Bulles au Pape Nicolas V pour procéder à l'inquisition de ces Corps Saints ; ce qui lui ayant été accordé, les Os des Maries furent mis dans de riches & superbes Châsses. Pour Sainte Sara, comme elle n'était pas de la qualité de ses Maîtresses, ses ossements ne furent renfermés que dans une simple caisse, qu'on plaça sous un Autel dans une Chapelle souterraine. »
Lors des fouilles que le comte de Provence ordonna, trois cippes furent exhumés ; ils furent considérés comme les oreillers des saintes. Toujours visibles dans la crypte de l'église des Saintes-Maries-de-la-Mer, les deux premiers sont consacrés aux Junons et le troisième est un autel taurobolique ayant servi au culte de Mithra. Jean-Paul Clébert suggère que le culte des trois Maries (les Tremaïe) s'est substitué à un antique culte rendu aux trois Matres, divinités celtiques de la fécondité romanisées sous le vocable de Junons[6].
Le rituel de la procession à la mer
Fernand Benoit, qui fut le premier historien à décrypter ce rituel, souligne, pour les trois Maries et pour Sarah, l'importance de la procession à la mer. Depuis 1936, l'immersion de la sainte noire que font les Roms précède d'un jour celle des Maries en leur barque. La statue de Sarah est immergée jusqu'à mi-corps[7]. En Camargue, l'immersion rituelle dans la mer obéit à une tradition séculaire. Déjà au XVIIe siècle, les Camarguaises et Camarguais se rendaient à travers les bois et les vignes, sur la plage, alors éloignée de plusieurs kilomètres de l'église des Saintes, et se prosternaient à genoux dans la mer.
« Le rite de la navigation du « char naval », dépouillé de la légende du débarquement, apparaît comme une cérémonie complexe qui unit procession du char à travers la campagne et pratique de l'immersion des reliques, il se rattache aux processions agraires et purificatrices qui nous ont été conservées par les fêtes des Rogations et du Carnaval »
— Fernand Benoit, La Provence et le Comtat Venaissin, Arts et traditions populaires, (pp. 253-254).
L'historien souligne que ces processions à la mer procèdent du caractère même de la civilisation provençale et de sa crainte respectueuse de la Méditerranée : elles se retrouvent tant aux Saintes-Maries-de-la-Mer qu'à Fréjus, Monaco, Saint-Tropez et Collioure, liées à d'autres saints ou saintes.
Les trois filles de Sainte Anne
Dans la tradition chrétienne, les trois Maries fait aussi référence à trois filles — toutes trois appelées Marie — qu'Anne, la grand-mère maternelle de Jésus aurait eues avec ses trois époux successifs[9]. Il s'agit de :
- Marie, la mère de Jésus, qui serait née du mariage avec Joachim ;
- Marie Jacobé, femme de Clopas et mère de Jacques le Mineur, de José et peut-être de Siméon fils de Clopas, le deuxième « évêque » de Jérusalem après Jacques le Juste[10],[11]. Le père de Marie Jacobé se serait appelé Cléophas ;
- Marie Salomé (souvent simplement appelée Salomé), qui avec son mari Zébédée aurait engendré les apôtres Jacques — dit le Majeur — et Jean de Zébédée. Le père de Marie Salomé se serait appelé Salomé (parfois orthographié Salomaé ou Salomas).
Cette tradition est notamment rapportée par Haymon d'Auxerre (IXe siècle) ou Jacques de Voragine dans la Légende dorée (XIIIe siècle)[12]. Elle est le thème central d'un long poème écrit en français vers 1357 par Jean de Venette. Il est conservé dans un manuscrit (vélin) de 232 pages écrit en colonnes, datant du milieu du XVe siècle[13],[14].
Deux de ces trois Maries sont les mêmes que celles qui débarquent aux Saintes-Maries-de-la-Mer, la troisième est la mère de Jésus, alors que c'est Marie la Magdaléenne qui débarque en Camargue avec les deux autres Marie.
Selon Fernando Lanzi et Gioia Lanzi, cette tradition aurait été condamnée par le Concile de Trente (XVIe siècle), mais elle est toujours vive notamment dans les pays de langue allemande[9] et aux Pays-Bas.
Les trois Marie lors de la crucifixion
Dans la tradition chrétienne, trois Marie se trouvent aussi à proximité de la croix de Jésus lors de sa crucifixion. Parmi elles se trouvent certaines filles qu'Anne a eues lors de ses trois mariages successifs. Cette scène a donné lieu à de nombreuses représentations artistiques, mettant en scène notamment la mère de Jésus. Dans l'évangile attribué à Jean ces trois Marie sont mentionnées de la façon suivante:
« près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie la Magdaléenne (Jn 19, 25) »
Toutefois dans les évangiles attribués à Marc et à Matthieu, la liste des trois Marie est différente]. Il s'agit de « Marie la Magdaléenne, Marie (mère) de Jacques le Mineur et de Joset et Salomé. » Salomé est en général identifiée à la troisième fille d'Anne, souvent appelée Marie Salomé pour la distinguer des autres. Dans l'évangile attribué à Matthieu, la troisième femme est appelée « la mère des fils de Zébédée (Mt 27, 56) », ce qui renvoie aussi à Marie Salomé, réputée être la mère des deux apôtres — surnommés fils de la tempête — : Jean de Zébédée et Jacques de Zébédée.
L'évangile apocryphe de Sainte Marie Madeleine ou Marie de Magdala
L'Évangile de Marie ou Évangile selon Marie[1] est un texte gnostique, probablement du IIe siècle. La principale source manuscrite est le codex de Berlin, qui en donne une version, lacunaire, en sahidique, un dialecte du copte. Deux fragments en grec du IIIe siècle ont également été retrouvés.
Le titre en est écrit sur le colophon et Marie, disciple de Jésus est généralement identifiée, sans certitude, comme étant Marie de Magdala.
Ce texte est considéré comme un évangile apocryphe.
Les seuls évangiles reconnus par les principales Églises chrétiennes étant les quatre évangiles dits canoniques, constitués par les trois évangiles synoptiques auxquels s'ajoute l'Évangile selon Jean.
L'évangile de Marie a été révélé lors de la découverte en 1896 en Égypte, d'un manuscrit écrit dans un dialecte Copte. Ce document, connu sous le nom de codex de Berlin, est daté du début du Ve siècle et contient quatre textes différents. Le premier est l'évangile de Marie, rédigé sur les dix-huit premières pages et les quatre premières lignes de la page dix-neuf. Il est toutefois excessivement fragmentaire car il ne subsiste que les pages 8,9, 10 et 19.
Deux fragments écrits en grec, issus du papyrus Rylands 463 (en) (découvert en 1935) et du papyrus d'Oxyrhynque 3225 (identifié en 1985), datés du début IIIe siècle, recoupent le contenu du codex de berlin, mais ne permettent pas de combler ses lacunes. Ils permettent toutefois d'établir que l'évangile original avait été écrit en grec au cours du IIe siècle[2].
Le texte a pour thème principal la mortalité, l'ascension du Christ et l'ascension de l'âme selon le gnosticisme. Marie de Magdala y est présentée à la tête des apôtres dans ce récit.
Dans cet évangile, le Sauveur transmet d'abord ouvertement son enseignement à ses disciples, puis secrètement à Marie-Madeleine au cours d'une vision intérieure.
Notes et références
- ↑ Jean-Yves Leloup, L'Evangile de Marie: Myriam de Magdala, Paris, Albin Michel, , 225 p. (ISBN 2-226-08942-X)
- ↑ Ecrits apocryphes chrétiens 2005, p. 11-12
Annexes
- Michel Tardieu, Écrits gnostiques : Codex de Berlin, Éditions du Cerf,
- Jean-Yves Leloup, L'Évangile de Marie : Myriam de Magdala, Albin Michel, coll. « Spiritualités vivantes », (ISBN 978-2226117311)
- Régis Burnet, Marie-Madeleine : De la pécheresse repentie à l’épouse de Jésus, Éditions du Cerf, coll. « Figures bibliques »,
- Collectif, Écrits apocryphes chrétiens, vol. 516, t. II, Gallimard, coll. « Bibliothèque de Pléiade », (ISBN 2-07-011388-4), p. 5-23
- Anne Pasquier, L’Évangile selon Marie, Les Presses de l'Université Laval, coll. « Bibliothèque copte de Nag Hammadi » (ISBN 978-2763784816)
- Marie de Magdala
- Évangile de Judas
- Évangile selon Thomas
- Évangile selon Philippe
- Évangile de la femme de Jésus
Ceci provoque une réaction violente de Pierre, qui refuse de croire que le Sauveur ait pu transmettre un enseignement à une femme à l'insu de ses disciples. Cet évangile témoigne donc d'un conflit vécu à l'intérieur même d'un milieu chrétien au début de notre ère. Anne Pasquier, professeur de théologie à la Faculté de théologie et de sciences des religions de l'Université Laval, a très bien fait ressortir que les deux figures représentent deux traditions ecclésiastiques différentes : la première, incarnée par Pierre, est la tradition orthodoxe ou celle qui tend à le devenir. Cette tradition dénigre l'autorité des révélations reçues lors de visions et interdira aux femmes toute participation active à l'intérieur de l'Église. L'autre, dont Marie est la figure symbolique, est légitimée par des révélations secrètes ou des visions et par une possible égalité entre les hommes et les femmes.
Sophia, la personnalité gnostique, joue également un rôle dans cet évangile. Il s'agit surtout de dialogues entre Marie et les apôtres. Les discussions spirituelles sont influencées par la gnose.
Évangile de Marie.
Marie est une figure importante de cet évangile gnostique et le colophon [1] à la fin du manuscrit la désigne clairement comme la figure qui donne au traité son autorité. C’est d’ailleurs ce fait inusité qui retiendra notre attention à la fin de cet article. Aucun texte canonique du Nouveau Testament n’est attribué à une femme et l’Évangile selon Marie est le seul évangile apocryphe dont l’autorité s’appuie sur une figure féminine.
Le Papyrus Berolinensis (BG) 8502
L’Évangile selon Marie est le premier traité d’un codex qui contient trois autres textes : l’Apocryphon de Jean, la Sagesse de Jésus le Christ et l’Acte de Pierre. Même si le codex [2] n’a pas été découvert parmi les manuscrits de la bibliothèque de Nag Hammadi [3], il est considéré comme un recueil de textes gnostiques par plusieurs chercheurs. L’un des noms utilisés pour désigner ce codex l’exprime d’ailleurs clairement : Berolinensis Gnosticus (souvent abrégé par les lettres BG). Le codex est probablement originaire de la région d’Akhmim (en Haute Égypte) et est écrit en copte sahidique.
La version copte de l’Évangile selon Marie est un texte lacuneux. Les six premières pages et les pages 11 à 14 ont été perdues. Le texte se délimite donc ainsi : 7,1-10,23 et 15,1-19,5 [4]. Il date vraisemblablement du Ve siècle et aurait été traduit à partir d’un original grec. Le texte copte contient d’ailleurs plusieurs mots directement transcrits de la langue grecque.
Des fragments grecs
POxy 3525
Le papyrus Ryland 463 est une feuille fragmentaire dont le texte grec a été identifié comme un passage de notre évangile (il correspond à BG 17,4-19,5). Trouvé en 1917 dans la région d’Oxyrhynque (en Égypte), il date du début du IIIe siècle. Datant également de cette même période, l’autre fragment grec est une découverte relativement récente. Il a été identifié en 1983 par P.J. Parsons. Le papyrus Oxyrhynque 3525 (illustré plus haut) correspond à BG 9,5-10,14 du codex de Berlin. Le texte grec de ces deux fragments est assez différent du texte copte, ce qui permet aux chercheurs d’affirmer que l’Évangile selon Marie a subi plusieurs réécritures pendant sa transmission.
Des tensions entre communautés
Deux figures s’opposent dans la deuxième partie de cet évangile : l’apôtre Pierre et Marie-Madeleine. La scène se déroule après le départ (ascension) du Sauveur, alors que les apôtres sont rassemblés. Pierre demande à Marie, sachant que le Sauveur la préférait aux autres femmes, de leur répéter des paroles de Jésus qu’elle aurait entendues pendant leur absence. Mais plutôt que de rapporter des anecdotes ou des paroles de Jésus, elle raconte une vision ou une véritable révélation secrète qu’elle a reçue du Sauveur. Ce discours suscite une vive réaction de Pierre qui s’interroge sur la possibilité que le Sauveur se soit entretenu avec une femme en secret. Marie se met à pleurer et Lévi prend sa défense en rabrouant Pierre pour son tempérament bouillant.
Ce conflit entre Pierre et Marie, tel que décrit, n’a rien d’historique; il faut plutôt y voir une opposition entre deux groupes de chrétiens, entre deux manières de concevoir les ministères. L’Évangile de Marie a été écrit à une époque où l’Église proto-orthodoxe [5] s’affairait à mettre en place un ministère hiérarchique strictement masculin. Pour les dirigeants de cette tendance, la transmission de la foi reposait sur le témoignage des premiers témoins de la résurrection et on a rapidement accordé beaucoup d’importance à l’apparition dont Pierre a été le témoin. Les évangiles canoniques ont pourtant conservé le souvenir d’une apparition aux femmes, le matin de Pâques. Dans le quatrième évangile, c’est même Marie Madeleine qui est la seule bénéficiaire [6].
S’appuyant sans doute sur cette tradition, l’auteur de l’Évangile selon Marie conteste le ministère strictement masculin qu’on essaie d’imposer à toutes les communautés chrétiennes. Il va même plus loin en proposant Marie comme un modèle à imiter. Il propose aux destinataires de son évangile de réaliser l’unité intérieure (voir 9,14-20) comme Marie l’a réalisée. Et il conclut son évangile en incluant Marie dans la mission de l’annonce de l’Évangile.
L’Évangile selon Marie n’est pas qu’un texte contestataire : il propose une autre manière de comprendre l’autorité dans l’Église. Pour l’auteur de l’apocryphe, l’autorité ne repose pas sur le témoignage oculaire des premiers témoins de la résurrection de Jésus, mais sur la maturité spirituelle. C’est Marie qui réconforte les disciples lorsque le Sauveur les quitte, et elle convertit leur cœur. Plus loin, elle leur partage une révélation secrète dont elle a été témoin. Jésus commence en lui disant : « Bienheureuse, toi qui ne te troubles pas à ma vue car, là où est l’intellect, là est le trésor. » (10,14-15) Marie est donc un modèle pour les chrétiens gnostiques en raison de sa maturité spirituelle. Pour l’auteur de l’évangile apocryphe, le fait qu’elle soit une femme n’est pas un obstacle à la proposer comme un modèle à imiter.
L’un des intérêts d’étudier les textes apocryphes est de constater la diversité des appartenances à l’Église dans les premiers siècles de sa formation et de son organisation. Et on remarque parfois que certaines préoccupations qui émergent de ces textes ressemblent à des questionnements qui sont encore soulevés aujourd’hui.
[1] Un colophon est la note finale d’un manuscrit. Cette note désigne le texte sous une forme abrégée, comme dans ce cas-ci.
[2] Le codex est l’ancêtre du livre. Il s’agit, dans ce cas-ci de feuillets de papyrus pliés et rassemblés pour former un livre.
[3] Les manuscrits découverts à Nag Hammadi (Égypte) en 1945 constituent une véritable bibliothèque. Chacun des codex exhumés contient plusieurs traités qui éclairent les origines du christianisme.
[4] Les chiffres n’indiquent pas ici des chapitres et des versets mais les pages et les lignes du manuscrit.
[5] Au début de notre ère, l’Église est une réalité très diversifiée. L’Église proto-orthodoxe est une tendance parmi d’autres. Il faudra compter quelques siècles pour qu’elle réussisse à s’imposer à toutes les formes du christianisme naissant.
[6] Sur la réception de cette tradition dans l’Église primitive, voir François Bovon, « Le privilège pascal de Marie-Madeleine », New Testament Studies 30 (1984) 50-62.
Apocryphe copte du second siècle.
Évangile selon Marie. ( Madeleine ) L’Évangile selon Marie, comme plusieurs écrits gnostiques, s’inscrit dans la tradition des apparitions du Sauveur ressuscité. Dans cet évangile, le Sauveur transmet d’abord ouvertement son enseignement à ses disciples, puis secrètement à Marie Madeleine au cours d’une vision intérieure. Ceci provoque une réaction violente de Pierre qui refuse de croire que le Sauveur ait pu transmettre un enseignement à une femme, à l’insu de ses disciples. Cet évangile témoigne donc d’un conflit vécu à l’intérieur même d’un milieu chrétien au début de notre ère.
L’Évangile de Marie est le premier texte du papyrus de Berlin 8502 (BG 8502), acquis au Caire en 1896 et daté du début du Vème siècle de notre ère. Ce papyrus contient trois autres écrits : l’Aprocryphon de Jean, la Sagesse de Jésus-Christ et l’Acte de Pierre. L’Aprocryphon de Jean et la Sagesse de Jésus-Christ se retrouvent également dans la bibliothèque copte de Nag Hammadi. Les parties du texte que nous possédons sont assez bien préservées, mais les pages 1 à 6 et 11 à 14 manquent entièrement. L’Évangile de Marie est écrit en sahidique, un dialecte copte, mais la première rédaction aurait été faite en grec au cours du IIème siècle. Cette date est attestée par un fragment grec, le papyrus Rylands 463 daté du IIIème siècle, dont l’identité avec le texte copte a été confirmée.
L’auteur, Anne Pasquier, émet l’hypothèse que le texte aurait subi quelques remaniements. Un passage, la révélation de Marie, aurait peut-être été introduit ultérieurement dans le reste de l’écrit. Ce texte est divisé en deux parties, la première est constituée par la révélation du Sauveur, la deuxième, par la révélation de Marie. Malgré l’absence des pages 1 à 6, on peut présumer que la révélation du Sauveur occupait entièrement ou presque la première partie du texte. Le Sauveur y répond aux questions de ses disciples notamment sur le destin final de la matière. Le Sauveur répond à cette question et à une autre relative à Pierre (7,10) concernant la nature du péché du monde, en expliquant qu’il n’y a pas de péché inhérent au monde ou à la matière, mais que le péché pénètre le monde grâce son association impropre avec l’esprit, et que le rôle du Bien est de séparer ces éléments. Le Sauveur quitte ses disciples après ces explications et une dernière exhortation (8,14-9,5).
Après son départ, les disciples sont affligés et irrésolus. Marie intervient alors et, se référant à l’enseignement du Sauveur, les console et les encourage. Pierre demande ensuite à Marie de leur rapporter d’autres paroles qu’eux, les disciples du Seigneur, n’auraient pas entendues. La réponse de Marie est un discours de révélation, discours qui est déterminé par une vision du Sauveur (10,7). L’enseignement de Marie, qui débute avec la description de cette vision, est également incomplet, il manque les pages 10 à 15. Le discours reprend avec l’explication sur des différentes fonctions des trois éléments de l’Âme dans l’accès à la vision (pneuma, noûs, psyché), et se poursuit avec le récit des différents stades de l’ascension de l’Âme et les réponses de chacune des puissances gardiennes des quatre Cieux. Le récit se termine par la victoire de l’âme et son accession au repos dans le Silence.
La révélation de Marie suscite une réaction assez violente de la part d’André et surtout de Pierre, qui refuse cette fois de croire que le Sauveur ait pu transmettre son enseignement à une femme, à l’insu de ses disciples (17, 10-18, 5-21). Lévi intervient à son tour pour réprimander Pierre et témoigner de la préférence que le Sauveur accordait à Marie. Reprenant quelques-unes des paroles de l’exhortation finale du Sauveur, il invite enfin les disciples à proclamer l’Évangile. Finalement, ceux-ci se mettent en route pour annoncer et prêcher (19, 1-2).
Dans son introduction et son commentaire, le professeur Anne Pasquier, décrit le texte comme un exemple de la pensée gnostique et comme un révélateur des tensions existant entre les différentes communautés chrétiennes dans les premiers temps du christianisme. L’auteur établit un lien entre, d’une part, les thèmes principaux abordés par Marie Madeleine dans son discours, notamment l’ascension de l’âme dans les quatre cieux et la description des quatre puissances gardiennes de ces cieux et, d’autre part, les différents écrits gnostiques ainsi que des sources se trouvant dans le Nouveau Testament et particulièrement l’Épître aux Romains. Traçant également la tradition du conflit entre Pierre et Marie à travers les autres écrits gnostiques, l’auteur démontre que les deux figures représentent deux traditions ecclésiastiques différentes : la première, incarnée par Pierre, est la tradition orthodoxe ou celle qui tend à le devenir. Cette tradition dénigrera l’autorité des révélations reçues lors de visions et interdira aux femmes toute participation active à l’intérieur de l’Église. L’autre, dont Marie est ici la figure symbolique, est légitimée avant tout par des révélations secrètes ou des visions et par une possible égalité entre les hommes et les femmes. Ces traditions ont aussi des approches théologiques différentes, notamment sur le thème de l’androgynie de Dieu qu’Anne Pasquier présente comme une des importantes croyances de certaines communautés gnostiques, et qui est mis en évidence dans L’Évangile selon Marie.
L'évangile(les six premières pages semblent manquer.)
(page 7)
" Qu'est-ce que la matière ? Durera-t-elle toujours ? " Le Maître répondit: " Tout ce qui est né, tout ce qui est crée, tous les éléments de la nature sont imbriqués et unis entre eux. Tout ce qui est composé sera décomposé ; tout reviendra à ses racines ; la matière retournera aux origines de la matière. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. "
Pierre lui dit: " Puisque Tu te fais l'interprète des éléments et des événements du monde, dis-nous: Qu'est-ce que le péché du monde ? " Le Maître dit: " Il n'y a pas de péché. C'est vous qui faites exister le péché lorsque vous agissez conformément aux habitudes de votre nature adultère là est le pêché. Voilà pourquoi le Bien est venu parmi vous ; Il a participé aux éléments de votre nature afin de l'unir de nouveau à ses racines. " Il continua et dit : " Voici pourquoi vous êtes malades et pourquoi vous mourrez, c'est la conséquence de vos actes ; vous faites ce qui vous éloigne... Comprenne qui pourra ! "
[PAGE 8]
" L'attachement à la matière engendre une passion contre nature. Le trouble naît alors dans tout le corps; c'est pourquoi je vous dis : «Soyez en harmonie...» Si vous êtes déréglés, inspirez-vous des représentations de votre vraie nature. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. "
Après avoir dit cela, le Bienheureux les salua tous en disant : " Paix à vous, que ma Paix naisse et s'accomplisse en vous ! Veillez à ce que personne ne vous égare en disant : «Le voici, Le voilà.» Car c'est à l'intérieur de vous qu'est le Fils de l'Homme; allez à Lui: ceux qui Le cherchent Le trouvent En marche ! Annoncez l'Évangile du Royaume. "
[PAGE 9]
" N'imposez aucune règle, hormis celle dont je fus le Témoin. N'ajoutez pas de lois à celles de celui qui a donné la Loi, afin de ne pas en devenir les esclaves. " Ayant dit cela, Il partit. Les disciples étaient dans la peine; ils versèrent bien des larmes, disant: " Comment se rendre chez les païens et annoncer l'Évangile du Royaume du Fils de l'Homme ? Ils ne l'ont pas épargné, comment nous épargneraient-ils ? "
Alors, Marie se leva, elle les embrassa tous et dit à ses frères: " Ne soyez pas dans la peine et le doute, car Sa Grâce vous accompagnera et vous protégera: louons plutôt Sa grandeur, car Il nous a préparés. Il nous appelle à devenir pleinement des êtres humains. " Par ces paroles, Marie tourna leurs coeurs vers le Bien ; ils s'éclairèrent aux paroles du Maître.
[PAGE 10]
Pierre dit à Marie: " Soeur, nous savons que le Maître t'a aimée différemment des autres femmes. Dis-nous les paroles qu'Il t'a dites, dont tu te souviens et dont nous n'avons pas la connaissance... " Marie leur dit : " Ce qui ne vous a pas été donné d'entendre, je vais vous l'annoncer: j'ai eu une vision du Maître, et je Lui ai dit: «Seigneur, je Te vois aujourd'hui dans cette apparition.» II répondit : S «Bienheureuse, toi qui ne te troubles pas à ma vue. Là où est l'intellect, là est le trésor.» Alors, je Lui dis: «Seigneur, dans l'instant, celui qui contemple Ton apparition, est-ce par l'âme qu'il voit ? Ou par l'esprit ?» Le Maître répondit: Ni par l'âme ni par l'esprit ; mais l'intellect étant entre les deux, c'est lui qui voit et c'est lui qui [...]»
(Les quatre pages suivantes semblent manquer.)
[PAGE 15]
" «Je ne t'ai pas vu descendre, mais maintenant je te vois monter «, dit le Désir, « Pourquoi mens-tu, puisque tu fais partie de moi ? « L'âme répondit: « Moi, je t'ai vue, toi, tu ne m'as pas vue. Tu ne m'as pas reconnue; j'étais avec toi comme avec un vêtement, et tu ne m'as pas sentie. « Ayant dit cela, elle s'en alla toute joyeuse. Puis se présenta à elle la troisième atmosphère, appelé Ignorance ; celle-ci interrogea l'âme, lui demandant: « Où vas-tu ? N'as-tu pas été dominée par un mauvais penchant ? Oui, tu étais sans discernement, et tu as été asservie. « L'âme dit alors : « Pourquoi me juges-tu ? Moi je n'ai pas jugé. On m'a dominée, moi je n'ai pas dominé ; on ne m'a pas reconnue, mais moi, j'ai reconnu que tout ce qui est composé sera décomposé sur la terre comme au ciel. «
[PAGE 16]
Libérée de cette troisième atmosphère, l'âme continua de monter. Elle aperçut la quatrième atmosphère. Elle avait sept manifestations. La première manifestation est Ténèbres; la seconde, Désir ; la troisième, Ignorance; la quatrième, Jalousie mortelle; la cinquième, Emprise charnelle; la sixième, Sagesse ivre; la septième, Sagesse rusée. Telles sont les sept manifestations de la Colère qui oppriment l'âme de questions : « D'où viens-tu, homicide ? Ou vas-tu, vagabonde ? « L'âme répondit: « Celui qui m'opprimait a été mis a mort ; celui qui m'étreignait n'est plus ; mon désir alors s'est apaisé, et je fus délivrée de mon ignorance. «
[PAGE 17]
« Je suis sortie du monde grâce à un autre monde ; une représentation s'est effacée Grâce a une représentation plus haute. Désormais je vais vers le Repos où le temps se repose dans l'Éternité du temps. Je vais au Silence «. " Après avoir dit cela, Marie se tut. C'est ainsi que le Maître s'entretenait avec elle. André prit alors la parole et s'adressa à ses frères: " Dites, que pensez-vous de ce qu'elle vient de raconter? Pour ma part, je ne crois pas que le Maître ait parlé ainsi; ces pensées diffèrent de celles que nous avons connues. "
Pierre ajouta : " Est-il possible que le Maître se soit entretenu ainsi, avec une femme, sur des secrets que nous, nous ignorons ? Devons-nous changer nos habitudes, écouter tous cette femme ? L'a-t-Il vraiment choisie et préférée à nous ? "
[PAGE 18]
Alors Marie pleura. Elle dit a Pierre: " Mon frère Pierre, qu'as-tu dans la tête ? Crois-tu que c'est toute seule, dans mon imagination, que j'ai inventé cette vision ? ou qu'à propos de notre Maître je dise des mensonges ? " Levi prit la parole : " Pierre, tu as toujours été un emporté ; je te vois maintenant t'acharner contre la femme, comme le font nos adversaires. Pourtant, si le Maître l'a rendue digne, qui es-tu pour la rejeter ? Assurément, le Maître la connaît très bien Il l'a aimée plus que nous. Ayons donc du repentir, et devenons l'être humain dans son intégrité ; laissons-le prendre racine en nous et croître comme Il l'a demandé. Partons annoncer l'Évangile sans chercher a établir d'autres règles et d'autres lois en dehors de celle dont Il fut le témoin. "
[PAGE 19]
Dès que Levi eut prononcé ces mots, ils se mirent en route pour annoncer l'Évangile.
La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone, historique
L'île de Maguelone (insula Magalona en latin, Magalouno en provençal) s’est formée à la suite d’une éruption volcanique surtseyenne au pliocène (caractérisée par l'émission d'une lave à fleur d'eau lorsque le volcan de type explosif est une île maritime ou lacustre de faible altitude : le contact de l'eau et de la lave engendre un choc thermique qui provoque la vaporisation de l'eau et la fragmentation de la lave). Une fois l'activité magmatique terminée, l'érosion fit son travail. L’eau, le feu, la terre et l’air.
L’île fut habitée dès le premier âge du Fer. Les fouilles ont permis de situer un habitat étrusque situé sous l’église funéraire paléochrétienne, à 200m de la cathédrale. Le commerce maritime se développa au VIIème siècle avant notre ère. Des traces gallo-romaines montrent une exploitation de saline. La religion chrétienne s'y imposa peu à peu, et dès 533, un évêché fut fixé sur l'île, malgré son éloignement de la voie Domitienne : l’explication pourrait en être la récupération d’un ancien lieu sacré. En 589 son évêque Boetius fut convoqué au concile de Tolède. Génésius prit la suite en 597.
Les Wisigoths s'emparèrent en 673 de la contrée de Maguelone : des sarcophages et des restes d'une nécropole wisigothique furent retrouvés. Au VIIIe siècle, les Sarrasins conquirent la Septimanie. Maguelone, en raison de sa position clef, devint « Port Sarrasin », sans doute une place fortifiée. Des quais furent établis permettant aux navires d'accoster.
En réaction, les Francs entamèrent la reconquête : la première cathédrale transformée en mosquée fut entièrement détruite en 737 sur ordre de Charles Martel. Le site fut alors abandonné durant trois siècles. L'évêque s'installa à quelques kilomètres, sur l'oppidum antique de Substantio (Castelnau-le-Lez), proche de la future ville de Montpellier, et le comte se fixa à Melgueil (Maugio).
Dès la fin du IXème siècle, les comtes de Maguelone-Melgueil mirent la main sur l’évêché, disposant des revenus et nommant les évêques. En 1030, l’évêque Arnaud décida le retour de l’évêché sur l’île. Il fit construire une nouvelle cathédrale, consacrée en 1054, ainsi que les bâtiments du chapitre et une ceinture de fortifications, appelée « enceinte des portes de fer », puis le pont d'un kilomètre de long reliant Maguelone à Villeneuve, réunissant ainsi l'île au continent. De ce premier édifice roman subsiste encore la chapelle Saint-Augustin, sur le flanc sud. C’est dans cette chapelle que le corps d’Arnaud, mort en 1060, fut transféré du cloître au XIIème siècle.
En 1085, le comte Pierre de Melgueil se plaça sous la protection du pape en faisant don de son comté et des droits dont il jouissait dans l'évêché de Maguelone "aux apôtres Pierre et Paul, au pape Grégoire VII et à ses successeurs". Le Pape Urbain II vint visiter l'île en 1096 et déclara cette cathédrale "seconde après celle de Rome". Il lui accorda le port des armes pontificales : les clés de saint Pierre, et octroya une indulgence plénière à tous ceux qui recevraient sépulture dans son cimetière. De plus, Maguelone devint terre d’asile pour les papes fuyant les luttes à Rome.
Prestige et richesse amenèrent au XIIème siècle l'édification d'une nouvelle cathédrale plus vaste, d'un cloître à deux étages, de logis pour l'évêque et les chanoines (ils seront jusqu’à 60), ainsi que de nouveaux bâtiments pour assurer une large hospitalité.
Le chœur et le transept furent bénis par les évêques Galtier (1104-1129) et Raymond (1129-1158), le maître-autel fut consacré en 1162 par Jean de Montlaur. De nombreuses personnalités y furent reçues : l'abbé de Cluny, et Suger, abbé de Saint Denis par exemple.
Maguelone, recevant alors de nombreuses donations, devint un grand centre de rayonnement intellectuel, et fut à l’origine des futures facultés de Montpellier : Médecine, Droit. La faculté des Arts, qui groupait alors Lettres et Sciences, fut créée sous Jean de Montlaur II (1234-1247) qui établit leurs règlements.
Le point de départ de l'essor universitaire de Montpellier fut l'année 1289, quand le pape Nicolas IV érigea en "studium generale" ces diverses écoles et conserva à l'évêque de Maguelone le droit de décerner le titre de chancelier de l'université et le droit de délivrer la licence.
Mais Montpellier allait détrôner Maguelone : les évêques, attirés par une vie plus facile, s’y installèrent, abandonnant l’île austère et laissant la gestion entre les mains d'un Prévost.
En 1536, François 1er fit transférer définitivement le Chapitre au Diocèse épiscopal de Montpellier.
Les chanoines vendirent progressivement les bâtiments. L'île fut progressivement laissée à l'abandon et au pillage jusqu'à ce que Richelieu, en réaction à l’épisode où les protestants, en 1562, trouvèrent un asile favorable dans les fortifications vacantes, ordonne le démantèlement "au canon" du siège épiscopal.
Les ruines de la cathédrale devinrent biens de la République vers 1790. Elles furent vendues à des particuliers qui cédèrent en partie les pierres pour la construction du Canal du Rhône à Sète. Les derniers propriétaires laïcs furent les membres de la Famille Fabrège qui rachetèrent l’île en 1852, et à qui l'on doit la préservation et la restauration du monument, ainsi que les fouilles. Le culte fut rétabli dans la cathédrale en 1875.
L’île est maintenant rattachée à la terre ferme par un lido sablonneux, entre mer et étang. Ce fait donna à la cathédrale le nom de « cathédrale des sables ». Du point de vue tellurique, la cathédrale est traversée du sud au nord par un courant puissant venant d'Afrique. Ressortant de l'édifice, il continue vers Montpellier, Aniane, Saint Guilhem le désert, Rodez, Aurillac et Clermont-Ferrand.L’île est maintenant rattachée à la terre ferme par un lido sablonneux, entre mer et étang. Ce fait donna à la cathédrale le nom de « cathédrale des sables ». Du point de vue tellurique, la cathédrale est traversée du sud au nord par un courant puissant venant d'Afrique. Ressortant de l'édifice, il continue vers Montpellier, Aniane, Saint Guilhem le désert, Rodez, Aurillac et Clermont-Ferrand.
http://www.decouvrir-l-herault.com/mag-cathedrale.htm
http://villeneuve.les.maguelone.guerrero.pagesperso-orange.fr/private/Maguelone/Maguelone.htm
http://www.art-roman.net/maguelone/maguelone.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Saint-Pierre-et-Saint-Paul_de_Maguelone
http://jean-francois.mangin.pagesperso-orange.fr/capetiens/capetiens_maguelone.htm
http://muselat.chez.com/maguelone.htm
http://chamboredon-tribu.spaces.live.com/?_c11_BlogPart_BlogPart=blogview&_c=BlogPart&partqs=cat%3DHistoire
http://www.compagnons-de-maguelone.org/histoire.htm
Extrait du « guide du visiteur » de Robert Saint-Jean
Voir la carte ici.
Peu accessible aujourd’hui pour des raisons de sécurité (comme d’habitude…) l’extérieur de la cathédrale se présente sous l’aspect d’une énorme bâtisse de pierre grise gardant les vestiges du système défensif détruit en 1632. Les murs supportent de puissants contreforts qui portaient jadis de grands arcs formant mâchicoulis, créneaux et chemin de ronde.
Des tours qui surmontaient à l’origine les croisillons du transept et qui flanquaient la façade ne subsistent plus que la tour de l’évêque à l’ouest, et celle du Saint-Sépulcre au nord. Les bâtiments du chapitre ont complètement disparu.
La façade ouest
A l'origine, elle était divisée verticalement en trois parties par deux contreforts qui supportaient trois arcs brisés qui formaient mâchicoulis protégeant la porte et la fenêtre haute.
La tour dite de la chambre de l'évêque fut construite au XIIIème siècle contre la façade romane. Une seconde tour s'élevait au sud-ouest de la façade.
Le portail
Le portail, qui s'ouvrait autrefois au fond d'un passage étroit prolongé par les deux tours, présente un tympan de facture déjà gothique, sculpté dans un marbre blanc antique au XIIIème siècle.
Le Christ en gloire est assis sur un trône cannelé. Sa silhouette massive, drapée à l’ancienne, s’inscrit dans une gloire polylobée. Il est entouré du tétramorphe : l’ange (Matthieu), l’aigle (Jean), le lion (Marc) et le bœuf (Luc), tenant de longs phylactères. Une mince frange ondulée de nuages entoure la composition dont le style antiquisant et le réalisme dénotent l’influence tardive des ateliers de Saint-Gilles dans un esprit déjà gothique.
Les deux bas-reliefs enchâssés dans les piédroits (représentant les saints patrons de la cathédrale : saint Pierre à droite et saint Paul à gauche) sont des fragments d'un tympan du début du XIIème siècle.
Les deux consoles qui supportent le linteau semblent de la même origine. Elles représentent également Pierre et Paul.
Le linteau, orné d'un rinceau d'acanthes stylisées, est également un remploi, daté de 1178. Il fut sculpté dans un ancien milliaire romain en marbre.
Texte de l'inscription du linteau :
+ AD PORTU(M) VITE : SITIENTES QUID(UE) VENITE / HAS INTRANDO FORES : COMPONIYE MORES : HINC INTRANS ORA : TUA SE(M)PER CRIMINA PLORA : QUICQ(UI)D PECCATUR : LACRIMAR(UM) FONTE LAVATUR.
Sur le bandeau vertical, à gauche :
+ B.(ERNARDUS) D. (E) III VIIS FECIT HOX + AN(N)O INC(ARNATIONIS) D(DOMINI) M.C.LXX.VIII. +
A ce havre de vie, venez, vous qui avez soif : en franchissant ces portes, corrigez vos mœurs. Toi qui entre ici, pleure toujours tes fautes. Quel que soit ton péché, il est lavé par une fontaine de larmes.
Bernard de Tréviers a fait cela, en l'an de l'Incarnation du Seigneur 1178.
La chapelle Saint-Blaise
Située sur le côté sud de la cathédrale, la chapelle Saint-Blaise fut réédifiée par Frédéric Fabrège en 1852. Il planta sur l’île, alors dénudée, de nombreuses essences méditerranéennes. En Le 15 juin 1930, lors du centenaire du poète Frédéric Mistral, une plaque commémorative fut apposée sur la vieille chapelle où Fabrège avait installé sa bibliothèque. On peut y lire le 1er couplet de la Respelido :
Pour la Sainte Estelle de MAGUELONE, Le 27 Mai 1900, Frédéric MISTRAL fit retentir LA RESPELIDA ("LA RENAISSANCE")
"Nous autres en plein jour, Nous voulons toujours parler La langue du Midi Voici le Félibrige!"
La Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone, l’intérieur
La nef
La nef unique, bâtie par Jean de Montlaur dans la seconde moitié du XIIème siècle, est caractéristique des grands vaisseaux romans languedociens : ampleur des proportions (largeur 10 m, hauteur 19 m 50), épaisseur considérable des murs (entre 2 m et 2 m 50), éclairage mesuré et sobriété extrême du décor sculpté. Cette austérité est compensée par la qualité de la maçonnerie. Bâtis en calcaire coquiller, d’une patine ocre, les murs de la nef sont divisés en trois travées par des demi-colonnes engagées qui montent d’un trait jusqu’aux arcs doubleaux de la voûte. De simples chapiteaux à feuille d’acanthe et une large corniche classique sont les seuls ornements.
La nef demeure relativement sombre : pas d’ouverture au nord, l’éclairage étant réservé à la partie noble, c'est-à-dire la tribune, pourvue de 3 fenêtres au sud et 2 baies superposées à l’ouest.
Un ensemble de bas-reliefs et d'épitaphes, retrouvés par Fabrice Fabrège lorsqu'il rénovait le dallage de la cathédrale, est fixé sur le mur de la 2ème travée. Ils proviennent du cloître, du cimetière ou ont été apportés comme éléments décoratifs, notamment pour les pièces de l'époque antique.
La tribune
Construite probablement en deux étapes dans la seconde moitié du Xlle siècle pour réciter l’office, et sans doute aussi pour fuir le froid et l’humidité, les chanoines y placèrent leurs stalles.
On y accède par un escalier droit à pente douce et larges marches, entièrement pris dans l’épaisseur du mur nord de la nef (il permettait aux chanoines, comtes de Maguelone, d'accéder à cheval jusqu'à la tribune). A son sommet, deux portes donnaient l’une sur la tribune, l’autre sur le cloître supérieur aujourd’hui détruit. Contrairement à la nef, la tribune des chanoines est éclairée par cinq fenêtres décorées. Deux petites chapelles hautes prises dans les murs de la nef s'ouvrent de chaque côté de la tribune.
L’autel était à l’époque dédié à saint Nicolas. Fabrèges le remplaça par la pierre tombale de l’évêque jean de Montlaur, mort en 1190, retrouvée en 1912. Il s’agit du couvercle de son sarcophage dont les 4 côtés sont gravés d’une longue épitaphe en vers latins, faisant allusion aux écoles créées par le prélat.
IN HOC VASE JOANNIS w A
LUX SEMPER CLARESCAT PERENNIS
QUI SPIRITUS SANTI DONIS
PAUPERES INTRODUXIT IN SCOLIS
ET CUJUS NOBIS EFUSUS EST SANGUIS
ILLIUS PURGET CRIMINA CARNIS
BERTRANDUS VOCATUR ILLE
QUI SIBI ELEGIT DE MILLE
HIC EUMDEPOSUIT
SICUTI AD PRESENS POTUIT
IN PRIMA HEBDOMADA QUADRAGESIME
ANNO INCARNACIONIS DOMINICE
SICUTI SUCEPTUS EST IN SILICE
QUI POSITUS EST IN CAPITE
IN DIE PENULTIMO POSTREMO IN MERCURIO
AB HOC MIGRAVIT SECULO FINITO NONDUM FEBRUARIO
"Dans ce tombeau repose le corps de Jean. Que l’Alpha et l’Omega, lumière éternelle, resplendisse toujours pour lui, qui dans les écoles ouvrit les pauvres aux dons de l’esprit, et que celui dont le sang fût versé pour nous lave ses fautes charnelles.
Celui qu’il avait choisi entre mille s’appelle Bertrand. Ce fut lui qui l’ensevelit, comme il put encore le faire, dans la première semaine du Carême de l’an de l’incarnation du Seigneur (1191). Ainsi qu’il est écrit sur la pierre qui est posée sur sa tête, il quitta ce siècle un mercredi, avant dernier jour de février"
Vers l’ouest, au niveau du sol, une large fente sous un arc de décharge. Véritable mâchicoulis intérieur, il permettait, outre le tir plongeant, de manœuvrer une herse qui doublait le portail.
Le transept
Commencé avec l’abside au début du XIIème siècle par l’évêque Galtier et achevé par son successeur Godefroy, il comporte une vaste travée rectangulaire voûtée d’un berceau brisé, flanqué de deux chapelles plus basses formant les croisillons, composées d'une grande voûte sur croisée d'ogives.
Au nord, la chapelle du Saint-Sépulcre : son mausolée de type gothique date du XIVème siècle, et fut construit pour le cardinal de Canillac, ancien prévôt de Maguelone.
Le tombeau, très dégradé, abrite un sarcophage wisigoth (VIème siècle) en marbre gris sculpté. Trouvé au siècle dernier et baptisé « tombeau de la belle Maguelonne », héroïne d’un roman légendaire, il est orné de souples rinceaux où se mêlent les feuilles d’acanthe et de vigne.
Au sud, la chapelle Sainte-Marie : elle communiquait à l'origine avec le cimetière attenant par la "porte des morts", percée dans l’angle sud ouest. C’est au pied de l’autel roman en marbre noir que repose Frédéric Fabrèges. Des sarcophages y sont aujourd'hui entreposés.
Antoine de Subjet, évêque de Montpellier (1573-1596), représenté en bas-relief, vêtu de la chape, mains croisées et longue barbe.
Izarn Barrière (1488-1498), célèbre pour avoir réorganisé l'université. Son effigie, traitée en haut-relief, se détache dans une niche d'architecture Renaissance.
Jean de Bonald (1472-1487), lettré et humaniste, il légua sa bibliothèque au chapitre. Une élégante plate-tombe de style gothique simplement gravée dans le marbre blanc, d'un dessin très pur.
Guitard de Ratte (1596·1602) le dernier évêque enseveli dans la cathédrale. Son effigie est lourde, d'un réalisme appuyé (vêtements, crosse, coussins).
L'abside
Édifiée au début du XIIème siècle, elle est caractéristique du style roman primitif. Polygonale, elle est éclairée par 3 fenêtres avec des colonnettes, et le tour de l'abside est décoré par une couronne de petits arcs surmontée par un cordon de dents d'engrenage (similaire aux "bandes lombardes"). Elle est décorée d'une arcature à hauteur des fenêtres.
Une banquette de pierre (banc presbytéral, héritage de la tradition paléochrétienne) fait le tour de l'abside : au dessus, on distingue la trace triangulaire du trône épiscopal. Rétabli par Fabrèges, le maître autel n’est pas antérieur au XVIIème siècle. Par un privilège réservé aux basiliques romaines, il était jadis orné des flabella, éventails en plume de paon, symbole d’appartenance au Saint-Siège et de la vigilance apostolique.
La chapelle Saint-Augustin
Seul témoin de la première cathédrale romane édifiée par l’évêque Arnaud au XIème siècle, elle communique avec la nef par un grand arc en plein cintre formé de trois voussures épaisses. Sur le piédroit de droite, on peut lire, en caractères romains, l’épitaphe d’Anibert, évêque d’Avignon mort à Maguelone au début du XIIème siècle. Cette chapelle, qui pouvait constituer le croisillon sud de la cathédrale d’Arnaud, est voûtée en berceau. A l’étage se trouvait jadis la chapelle Saint-Michel, aujourd’hui ruinée.
Elle abrite un autel en marbre blanc aux armes de l’évêque Jean de Bonald, mort en 1487, dont la tombe se situe dans le transept. Au dessus, une dalle inscrite : l’épitaphe reconstituée d’Arnaud. « Ci-gît Arnaud, père et bâtisseur de cette église durant les trente années de son épiscopat. Il mourut à Villeneuve au retour d’un pèlerinage à Jérusalem. Transporté ici, il fut d’abord déposé au bas de l’escalier, devant la porte du cloître. L’évêque Godefroy, instruit par une vision, le fit transférer plus dignement ici ».
La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone, les légendes
Vous savez que les légendes en apprennent bien plus sur l’histoire d’un lieu que tous les manuels scolaires. Maguelone en possède de nombreuses.
Les plumes de paon
On les retrouve vers l’autel. Ce sont des flabella. L'usage de ces éventails se retrouve en Égypte antique, où sous le nom de nékhekh, ils faisaient partie des attributs du pharaon. Dans l'Église catholique, ces éventails étaient portés devant le pape, jusqu'à la simplification des cérémonies induites par le dernier Concile sous le pontificat de Paul VI. Les plumes de paon dont ils étaient confectionnés, à cause de leurs ocelles, symbolisaient le regard, et donc la vigilance du pape sur l'ensemble de l'Église.
Mais le paon peut représenter plusieurs symboles: pour les premiers chrétiens, il est considéré de façon bienveillante car sa chair passait pour être imputrescible comme le corps du Christ au tombeau. La chute et la repousse de ses plumes au printemps était interprétée comme symbole de renouveau et de résurrection. Il faut donc voir le paon comme symbole d'immortalité.
Selon une croyance populaire, le sang du paon passait aussi pour écarter les démons. Le paon a souvent été représenté sur les images de la nativité. Deux paons buvant à une coupe indiquent la renaissance spirituelle, la dualité harmonisée et l'initié libéré des désirs et du pouvoir de l'égo et les ailes des anges sont souvent en plumes de paon.
La plume, symbole de justice chez les Égyptiens, dont le poids suffit à rompre l'équilibre, est associée à un symbole lunaire représentant la croissance de la végétation. Symbole de puissance aérienne, la force ascensionnelle de la plume libère l'homme des pesanteurs de ce monde. Mais aussi symbole solaire, lié au déploiement de sa queue en forme de roue. Par la multitude de ses "yeux", et les couleurs de ses plumes, c'est la manifestation d'un principe de totalité, de plénitude solaire.
Les Égyptiens appelaient aussi la plume « le traceur de tout ». C'est le symbole de l'expression de la parole divine délivrée par l'écriture. Mais, comme la plume est l'attribut exclusif des oiseaux, elle symbolise aussi des vertus anthropomorphiques prêtées à certaines espèces d'oiseaux comme l'aigle, qui est symbole de sagesse et messager spirituel entre les dieux et l'homme. Pour les peuples nord-amérindiens, la plume d'aigle apporte la sagesse à celui qui la porte.
Dans la Religion romaine antique, des bijoux à base de plumes ou des plumes étaient déposés dans les sanctuaires de Junon. Cette tradition, venue vraisemblablement d'Orient, était équivalente à celle retenue pour le culte grec d'Héra. Dans la mythologie, c'est Junon/Héra qui a placé les ocelles sur les plumes du paon. À Rome, les plumes de paon symbolisaient Junon (IVNO REGINA) puisque justement sa beauté résidait, paraît-il surtout dans ses yeux.
Les clés de saint Pierre
On se souvient que le Pape Urbain II vint visiter l'île en 1096 et déclara cette cathédrale "seconde après celle de Rome". Il lui accorda alors le port des armes pontificales : les clés de saint Pierre.
Symbole double, ouverture et fermeture, la clé a à la fois un rôle d'initiation et de discrimination. La clé ouvre la voie initiatique. Le pouvoir des clés est celui qui permet de lier et de délier, d'ouvrir ou de fermer le ciel. Selon la terminologie alchimique, c'est le pouvoir de coaguler et de dissoudre.
La clé d'or et la clé d'argent furent les emblèmes de Janus, le dieu romain, gardien des portes. Ces clés ouvraient entre-autres, les portes solsticiales, c'est-à-dire l'accès aux phases ascendante et descendante du cycle annuel qui trouvent leur équilibre aux équinoxes. Janus était considéré comme le guide des âmes (d'où son double visage : l'un tourné vers la terre et l'autre vers le ciel). Janus garde toutes les portes et gouverne toutes les routes. Le double aspect du pouvoir (diurne et nocturne) de la clé correspond à l'autorité spirituelle et aux fonctions royales dont le but respectif est, selon Dante, l'accession au paradis céleste et au paradis terrestre. La clé est aussi symbole du chef, du maître, de l'initiateur, celui qui détient le pouvoir de décision et la responsabilité.
Elle est donc aussi l'attribut de saint Pierre qui ouvrait et fermait l'accès au Royaume des Cieux. Selon la terminologie hermétique, la clef est reliée aux Grands Mystères et Petits Mystères. Dans les contes et légendes, elles marquent les étapes de la purification et de l'initiation.
La légende de la Belle Maguelone
On se souvient aussi que dans la chapelle du Saint-Sépulcre se trouve un sarcophage wisigoth du VIème siècle en marbre gris sculpté. Trouvé au siècle dernier il fut baptisé « tombeau de la belle Maguelonne ». Ce roman courtois composé au XIIème siècle connut un franc succès lors de sa première impression en 1478.
Au Moyen Âge, Pierre, fils d'un comte de Provence aurait entendu parler de la beauté d’une princesse napolitaine qui s’appelait Maguelonne. Il décida de partir pour la cité italienne afin de la rencontrer. Lorsqu’il arriva sur les lieux, il participa à un tournoi qu’il finit par gagner. Sa victoire lui permit d’être invité chez le roi et d’enfin rencontrer la princesse. Dès qu’ils se virent, les deux jeunes gens tombèrent éperdument amoureux l’un de l’autre. Pour prouver son amour, Pierre offrit trois anneaux d’or à sa promise. Une vie de richesse ne les intéressait pas ; aussi, un soir, décidèrent-ils de s’enfuir à cheval. Toute la nuit durant, le cheval galopa. Lorsque le soleil commença à se lever, ils firent une halte au bord de la mer afin de se reposer. C’est alors qu’un oiseau déroba les trois anneaux d’or de la princesse et s’enfuit en direction du large. Avec tout son courage, Pierre décida de poursuivre l’oiseau sur une barque, mais soudain, une tempête se leva et fit chavirer la petite embarcation. C’était la fin, Pierre était voué à disparaitre, il était perdu en pleine mer. Mais heureusement, un navire maure venant d’Afrique passa par là et sauva Pierre d’une mort certaine.
Pendant ce temps, Maguelonne attendait désespérément. Inquiète, triste, elle marchait sur la plage attendant le retour de son bien-aimé. Elle arriva sur une petite île qu’on appelait alors « Port Sarrazin ». Dans toute sa détresse, elle comprit qu’elle ne pouvait compter que sur Dieu, aussi décida-t-elle de fonder un hôpital et une église sur ce tout petit îlot. Lorsqu’elle donna un nom à l’église, elle n’hésita pas et ses pensées se figèrent sur son amour disparu : l’édifice allait s’appeler Saint-Pierre, en hommage à son courageux bien-aimé.
Pierre était quant à lui parvenu à accomplir de grands faits d’armes auprès de l’armée du sultan. Pour le récompenser, celui-ci lui redonna sa liberté.
Pierre prit aussitôt la décision de partir pour retrouver sa princesse mais il fut abandonné sur une île déserte par son propre équipage ! Il fut une nouvelle fois chanceux puisque des pécheurs le retrouvèrent et le ramenèrent à l’hôpital de « Port Sarrazin » où il retrouva la belle Maguelonne.
Une autre légende qui rôde autour de la cathédrale est celle de la cloche, "la Campana de Magalouna". Cette cloche avait la faculté de porter bonheur aux futures mariées. Les jeunes filles devaient grimper sur le toit de la cathédrale et la faire tinter. C'était le gage d'un mariage heureux accompagné de beaucoup de bonheur. En effet, la "Maguelonne" de la légende, symbole de l'amour, veillerait sur elles et exaucerait tous leurs vœux.
Vénus, l’étoile du berger, est surnommée par les Provençaux …… Magalouno.
Quand Magalouno a soun mantèu
E lo Mount Ventour son capèu
Bouié, destalo e courre lèu.
Quand Maguelone a son manteau
Et le Mont Ventoux son chapeau
Laboureur, dételle et cours vite.
Simon le Lépreux, premier évêque de Maguelone, Marie de Magdala et sa grotte
Marc 14 : 3-9 : " Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme entra, pendant qu'il se trouvait à table. Elle tenait un vase d'albâtre, qui renfermait un parfum de nard pur de grand prix; et, ayant rompu le vase, elle répandit le parfum sur la tête de Jésus…"
La légende rapporte que Simon, après avoir converti à la religion chrétienne grand nombre de peuples riverains du Rhône, apporta la bonne nouvelle dans l’île de Maguelone qui renfermait un temple desservi par des vestales. Sa mission terminée, il se disposait à passer en Espagne, quand par un dernier effort des divinités païennes expirantes, le martyre vint couronner sa vie. Les vestales de l'île, poussées par leur haine contre les apôtres du Christ, le précipitèrent dans l'étang, dont les eaux profondes n'éteignirent pas l'ardente clarté de l'apôtre, qui reçut dans le ciel la couronne d'immortalité. (Extrait de l’ouvrage de J. B. Rihet--Boismery, « La prisonnière des sables », Arnaud, 1993)
H. Buriot-Darsiles, dans son livre "Maguelone petite île-grand passé", nous parle d'une légende se rapportant aux premiers temps du christianisme :
« Le nom de Maguelone viendrait tout simplement de celui de Marie-Madeleine (Magdala ayant donné Maguelone). Marie Madeleine, en effet, aurait suivi Simon le lépreux et les saintes Maries, puis se serait retirée dans une grotte près de Villeneuve : la grotte de la Madeleine. Ce seraient alors, probablement, les habitants de Massilia (Marseille) qui auraient dénommé ainsi cette île. Ce n’est pourtant que dans le premier tiers du IIIème siècle de l’ère chrétienne que nous trouvons la première mention d’une « cité de Maguelone », dans le fameux « Itinéraire » dit d’Antonin. La tradition fait de Simon le lépreux l’Apôtre et le premier évêque de la cité maguelonaise ».
Une cathédrale, surtout au titre de deuxième après Rome, est souvent bâtie sur le sanctuaire d’un saint… même si ce sanctuaire est loin des routes et des bourgades. Peut-être une explication àa la situation de Maguelone ?
Située à 4,5 km de Maguelone, et à proximité de l'étang de Vic, se trouve l'entrée d’une vaste caverne qui dominait autrefois une partie du littoral. Remarquable par ses stalactites et par les cristallisations des gouttes d'eau minérale qui suintent à travers le rocher de la voûte, elle est le terminus d'une rivière souterraine, dangereuse par ses émanations de gaz(Une Pythie ?). La source qui l'alimente et qui coule avec un bruit de cascade, d'une caverne supérieure, aurait pour origine une partie des eaux de la rivière Mosson. Fréquentée dès 2 700 avant notre ère, cette grotte fut nommée Madeleine, en souvenir de l'amie du Christ, Marie-Madeleine qui l'aurait choisie pour retraite après son débarquement à Maguelone. Des documents parlent de « La Baume » pour désigner la grotte de la Madeleine. Ça rappelle une autre histoire.
La fondation de Montpellier
Pépin le Bref, en l’an 752, vint en Septimanie et trouva les places de cette province occupées par les seigneurs wisigoths qui, les ayant recouvrées sur les sarrasins, s’en étaient fait autant de seigneuries sous le titre de comtés. De ce nombre était le père de Benoit d’Aniane qui avait pris le titre de comte de Maguelone. Pépin les confirma dans leurs possessions. Le nom du père de Benoit est inconnu, Aygulf est une invention moderne. On sait seulement qu’il rendit à Pépin d’importants services, notamment lors du siège de Narbonne. L’éducation de Benoit (Qui s’appelait Wittiza) fut faite à la cour de Pépin, puis à celle de Charlemagne.
Le comte de Maguelone donc, Aygulf, consulta un jour un talmudiste qui était à la fois son médecin et son familier. Celui-ci lui montra la nuit, au milieu d'un bois, deux arbustes mystérieux qui, d'abord éloignés l'un de l'autre, se réunirent en un grand arbre aux doubles racines. Ensuite apparut une jeune fille à deux têtes qui, à leur tour, se transformèrent en une seule, d'une ravissante et rayonnante beauté. Elle prophétisa, et c'est à cet endroit que le comte Aygulf décida de fonder Montpellier.
Les variolites
Sur la plage de Maguelone, on trouve de petits galets verdâtres, tachetés et marbrés. Ce sont des variolites.
Ces pierres proviennent de la haute vallée de la Durance et ont été entraînées par le Rhône. Elles sont roulées par la mer jusqu’à la plage de Maguelone. Il s'agit de feldspaths qui résultent de la cristallisation rapide du magma en contact avec l'eau.
Depuis l'Age de Bronze, elles furent considérées en Gaule méridionale, à l'instar des haches préhistoriques en pierre polie, comme amulettes et talismans, sorte de porte-bonheur ayant un pouvoir magique de protection contre les dangers, les maléfices et certaines maladies.
Plus près de nous, les bergers du Midi, tant en Provence qu'en Languedoc et en Cévennes, employaient très fréquemment ces pierres pour protéger et guérir le moutons menacés ou atteints de la clavelée (picota, en langue d'Oc). Ils les appelaient pierres à la picote. On prétendait même que ces pierres pouvaient également protéger les hommes de tous les malheurs.
http://villeneuve.les.maguelone.guerrero.pagesperso-orange.fr/private/Maguelone/Croyancesetlegendes.htm
http://www.berry-passion.com/symbolisme_et_patrimoine.htm
http://www.compagnons-de-maguelone.org/legendes.htm
http://villeneuve.les.maguelone.guerrero.pagesperso-orange.fr/private/Village/lagrottedelaMadeleine.htm
http://variolite.fr/
Dans cette liste de trois Marie, la mère de Jésus semble absente, ce qui n'a pas manqué de susciter de nombreuses interrogations ainsi que de nombreuses hypothèses pour essayer de résoudre cette contradiction avec la tradition orale chrétienne de la présence de la mère de Jésus. Les plus anciens témoins de ces interrogations semblent être les écrits d'Helvidius (v. 380), pour qui l'expression « Marie (mère) de Jacques le Mineur et de Joset » représente la mère de Jésus, dont seulement deux des fils — sur les cinq mentionnés dans les textes chrétiens — seraient cités[17]. Dans sa réponse, Jérôme de Stridon (saint-Jérôme) réfute l'avis d'Helvidius et rappelle que « la mère de Jacques le Mineur et Joset » est la femme de Clopas. Toutefois, il suit Helvidius dans son identification de Jacques le Mineur avec l'apôtre Jacques Alphée. Pour ce faire, Jérôme propose une solution nouvelle et ingénieuse[18]. Celle de voir dans le mot Alphée qui suit le nom de Jacques[19] un autre nom de Clopas. « Pour Jérôme, Jacques le Petit (le Mineur) et Joset doivent être identifiés aux Jacques et Joset mentionnés parmi les quatre frères de Jésus[18]. » Ainsi, pour Jérôme, ceux qui sont appelés des frères dans de très nombreux textes chrétiens des premiers siècles sont en fait des cousins[20]. L'identification de Jacques frère du Seigneur avec Jacques le Mineur n'a toutefois jamais été acceptée par les Églises orientales qui distinguent les deux personnages et les fêtent séparément[20].
L'historien Thierry Murcia a proposé une solution qui permettrait de résoudre cette difficulté. Selon lui, Marie mère de Jésus et Marie appelée la Magdaléenne (Megaddela = "la magnifiée" en araméen palestinien) serait en fait une seule et même personne et Jean ne parlerait que de deux femmes au pied de la croix[21]. Il n'y aurait donc pas contradiction entre les évangiles synoptiques et celui attribué à Jean. Chez Jean, les deux femmes présentes seraient d'abord présentées (la mère de Jésus et sa sœur) puis nommées (Marie de Clopas et Marie la Magdaléenne), formant ainsi un chiasme (schéma classique de type ABBA en forme de croix) :
- Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère (A)
- et la sœur de sa mère (B),
- Marie, femme de Clopas (B),
- et Marie de Magdala (A).
Jean, représentant de la tradition familiale, se focaliserait sur les membres féminins de la famille de Jésus et il ne nomme que les femmes présentes au pied de la Croix. Les synoptiques, eux, parlent de l'ensemble des femmes qui observent à distance et nomment les principales (dont celles nommées par Jean). Murcia écrit :
- « Chez Jean, la perspective change : la focalisation est interne et la scène est vue de près. Cette fois, les femmes ne sont plus que deux : sa mère et sa tante, autrement dit, les proches parentes. Ce faisant, il n’y a pas stricto sensu contradiction, mais changement de point de vue et complément d’information (voir chapitre XVIII) »[22].
Bien que l'identité effective des trois Marie fasse donc débat, la tradition de trois Marie à proximité de la croix de Jésus est toutefois solidement établie.
Les trois Marie au tombeau de Jésus
Il s'agit du groupe de trois femmes qui le matin du dimanche qui suit la crucifixion de Jésus viennent à son sépulcre pour l'embaumer. Dans les Églises orientales, elles sont appelées les Myrrhophores (du grec muron, « parfum liquide » et du verbe phoreo, « porter ». Qui portent du parfum liquide, plus généralement traduit : Porteuses d'offrandes.). Elles sont honorées par l'Église orthodoxe lors du « dimanche des Myrrhophores », troisième dimanche de la Pâque orthodoxe.
Les noms des femmes présentes au tombeau varient d'un évangile à l'autre. L'évangile selon Marc reprend la liste des femmes qui se trouvaient à proximité de la croix, avec une variante toutefois, puisque « Marie, mère de Jacques le Mineur et Joset » que l'on identifie généralement à Marie Jacobé (la femme de Clopas) est remplacée par la seule mention de « Marie, mère de Jacques » [23]. Ce qui correspondrait alors aux trois Marie qui ont débarqué par la suite aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Plusieurs peintres ont représenté cette scène, en remplaçant parfois Marie de Magdala par la mère de Jésus[24].
L'Évangile selon Matthieu parle seulement de deux Marie : « Marie la Magdaléenne et l'autre Marie » dont on ne sait si elle renvoie à Marie Jacobé ou à Marie Salomé — femme de Zébédée — qu'il a toutes deux précédemment citées près de la croix de Jésus[25].
L'Évangile selon Luc parle lui de « Marie de Magdala (Μαρία ἡ Μαγδαληνὴ), Jeanne, Marie, mère de Jacques et les autres qui étaient avec elles[26]. ». Certaines sources traditionnelles identifient la femme appelée ici Jeanne à « Jeanne, femme de Chouza, intendant d'Hérode (Luc, 8:3) »[27].
L'Évangile selon Jean parle de la seule Marie de Magdala[28].
Marie de Magdala, Marie Madeleine ou Madeleine, appelée Marie la Magdaléenne (Μαρία ἡ Μαγδαληνή) dans les Évangiles, est une disciple de Jésus qui le suit jusqu'à ses derniers jours, assiste à sa Résurrection et qui a donné naissance à une importante figure du christianisme. Elle est citée au moins douze fois dans les quatre évangiles canoniques, plus que la plupart des apôtres[1]. L'Évangile selon Jean écrit au plus tôt vers 90-95 en fait la première personne à avoir vu Jésus après sa Résurrection, chargée d'avertir les apôtres. Ce motif est repris dans une fin ajoutée au IVe siècle à l'Évangile selon Marc.
L'Église de Rome considéra, à partir de Grégoire Ier au VIe siècle, que Marie de Magdala ne faisait qu'une avec Marie de Béthanie ainsi qu'avec la pécheresse qui oint le Christ de parfum (voir Le Repas chez Simon). Cette position a été abandonnée par l'Église catholique après Vatican II, sainte Marie de Magdala étant célébrée le 22 juillet, tandis que Marie de Béthanie l'est avec sa sœur Marthe le 29 juillet.
L'Église orthodoxe, depuis Jean Chrysostome, fait la distinction entre ces personnages.
voir les écrits de M. M. SICARD
DOCTEUR EN THÉOLOGIE
ANCIEN PROFESSEUR DR THÉOLOGIE
ET D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE TOMES I et II qui sont des ouvrages de référence, pour la distinction et l'union entre (Marie Madeleine et Marie de Béthanie et Marie de Magdala, une et même personne).
Le nom (essai de l'assimilation avec la pécherèsse!)
Le nom de Magdala vient de Magdal en araméen ou Migdal en hébreu et désigne une construction en forme de tour[2]. De nombreux pères de l'Église et écrivains chrétiens connaissaient cette étymologie, puisqu'ils écrivent des sermons dans lesquels Marie Madeleine est présentée comme une tour symbolisant allégoriquement la foi et l'orthodoxie[3]. Chez Jérôme de Stridon (IVe siècle), Marie Madeleine est « la tour » qui représente la foi[3].
Pour Raban Maur (IXe siècle), Marie Madeleine tire son nom de la ville de Magdala dont elle serait originaire[3]. Toutefois, le nom Magdala n'est pas attesté à l'époque de Jésus et dans les deux premiers siècles de notre ère. Aucune ville portant ce nom aux alentours du lac de Tibériade n'est mentionnée dans l'Ancien Testament. Dans l'Évangile selon Matthieu, il est mentionné que Jésus a utilisé une barque pour se rendre « dans le territoire de Magadan (Mt 15:39) »[4]. Certains auteurs estiment que ce nom de Magadan est équivalent au nom Magdala[4]. Toutefois des spécialistes de ces langues sont beaucoup plus sceptiques sur le fait que Magadan renverrait au mot « tour », que ce soit en araméen ou en hébreu. De plus, l'Évangile selon Marc, écrit une dizaine d'années plus tôt que celui de Matthieu et sur lequel ce dernier est fondé, n'appelle pas ce site Magadan, mais Dalmanoutha (Mc 8:11), ce qui n'a aucun rapport avec Magdala ou avec une tour.
La plus ancienne mention de la ville de Magdala semble se trouver dans le Talmud où elle est appelée Migdal Zab'ayya (Pesachim 4, 30d)[5] ou Migdal Nunia (Pesachim 46a)[4]. La Mishna dont fait partie le traité Pesachim a été promulguée par Rabbi Yehouda ha-Nasi vers 200-220[6]. Cette ville semble située au nord de Tarichae, à moins que ce ne soit une nouvelle désignation pour la ville de Tarichae, qui était une cité importante à l'époque de Jésus, comme par la suite[7]. On considère généralement que le village arabe d'al-Majdal, détruit en 1948 sur décision des autorités israéliennes, était l'héritier de Migdal Zab'ayya mentionné dans le Talmud dix-sept siècles plus tôt et qu'il donne une indication de la position de la ville appelée traditionnellement Magdala.
Une traduction de Μαρία ἡ Μαγδαληνή que l'on trouve dans les évangiles est « Marie la Magdaléenne ». Des critiques ont donc émis l'hypothèse que Marie la Magdaléenne était appelée ainsi car elle possédait des « tours », des châteaux. Il a aussi été envisagé que l'un d'entre eux ait été situé près de Magdala et que c'est ce dernier qui aurait donné naissance à l'appellation Migdal que l'on voit apparaître dans la mishna. En effet, les historiens spécialistes du judéo-christianisme estiment qu'après la défaite de la révolte de 66-70 et surtout après celle de Bar Kokhba et l'expulsion des Juifs d'une grande partie de la Judée (135), des nazôréens ou ébionites seraient venus s'installer dans la région[8],[9] et en particulier à Nazareth et à Kokaba, car les noms de ces lieux possédaient des résonances messianiques[10],[11].
Marie de Magdala dans les Évangiles
Originaire de la ville de Magdala[n 1], sur la rive occidentale du lac de Tibériade[12], Marie de Magdala est la femme la plus présente du Nouveau Testament. L'Évangile de Luc la présente comme la femme que Jésus a délivrée de sept démons[n 2] ; elle devint une de ses disciples — peut-être la disciple femme la plus importante du Christ après sa propre mère —, et le suivit jusqu'à sa mort [n 3].
Marie la Magdaléenne est distinguée avec « Jeanne, femme de Chouza, intendant d'Hérode et Suzanne » parmi plusieurs femmes qui assistaient Jésus de leurs biens[13].
Pour les quatre Évangiles, elle fut le premier témoin de la Passion du Christ et de la Résurrection de Jésus. Ils la mentionnent assistant à la mise en croix avec les autres femmes[14]; dans les trois Évangiles synoptiques elle assiste également à la mise au tombeau[15].
Elle fut le premier témoin de la Résurrection de Jésus (Évangile de Marc, XVI, 1s ; Évangile de Matthieu, XXVIII, 9), mais elle ne le reconnaît pas tout de suite, et essaie de le toucher, ce qui lui vaudra la phrase Noli me tangere (« Ne me touche pas » ou « Ne me retiens pas ») dans l'Évangile de Jean, XX, 17.
Un texte du codex de Berlin, écrit en copte à la fin du IIe s. (selon Michel Tardieu), porte son nom : l’Évangile de Marie. Il s'agit d'un texte gnostique comprenant un dialogue entre le Christ et Marie de Magdala, celle-ci le restituant aux apôtres, suivi de dialogues entre Marie et eux.
Dans la Pistis Sophia, texte gnostique en copte datant de 350 environ, Jésus dialogue avec Marie Madeleine et les autres disciples.
L’Épître des apôtres[16]'[17], l'Évangile de Pierre, l'Évangile de Thomas et l’Évangile de Philippe évoquent également Marie Madeleine. Dans ce dernier, elle devient la disciple préférée de Jésus.
La tradition et l'iconographie chrétienne s'appuient sur ces textes canoniques et apocryphes pour donner plusieurs visages de Marie de Magdala, d'abord l'épouse spirituelle du Christ (« Sponsa Christi ») et l'apôtre de la Révélation (« l'apôtre des Apôtres », selon la formule d'Hippolyte de Rome), puis à partir du IVe siècle la pécheresse reniée et bafouée mais repentie, le Moyen Âge s'emparant de nombreuses légendes pour fabriquer une sainte[18].
Marie Madeleine dans les traditions chrétiennes
Les Pères de l’Église soulignent tout d'abord son rôle de premier témoin de la Résurrection; elle est pour cela désignée comme l'« Apôtre des Apôtres » par Hippolyte de Rome[19].
Saint Jean Chrysostome souligne son courage, et celui des autres femmes, restées au pied de la Croix alors que les disciples s'étaient enfuis[20].
Grégoire de Tours, place en 590 le tombeau de Marie de Magdala à Éphèse, en Asie Mineure : « Dans cette ville repose Marie-Madeleine, n'ayant au-dessus d'elle aucune toiture » (In Gloria Martyrium, ch. 29, P.L., t. 71, c. 731). La dépouille de Marie Madeleine aurait reposé dans l'atrium précédant un sanctuaire, tradition typiquement éphésienne. Pour Grégoire de Tours, Marie la Magdaléenne et Marie la mère de Jésus seraient toutes deux mortes à Éphèse. Cependant, cette tradition est fausse pour les exégètes qui pensent que Marie de Magdala ne s'est pas rendue en dehors de la Palestine[21].
Vers 591, le pape Grégoire le Grand (Homiliae in Evangelium 25) l'assimile à la pécheresse citée dans l’Évangile de Luc (VII, 36-50) [22] et l'identifie également avec Marie de Béthanie, sœur de Lazare et de Marthe.
Selon Jean Pirot, l'identification opérée dans le christianisme découle d'une erreur d'interprétation du passage de Luc 8:2, qui précise que Marie était possédée par sept démons. Il explique que cette « possession » n'était pas liée à l'idée de péché mais plutôt à une névrose, et considère d'une manière générale que les occurrences de possession par les « mauvais esprits » dans les Évangiles sont des métaphores pour désigner la maladie (physique ou nerveuse) plutôt que le péché[23], .
Selon Madeleine Scopello, « la Tradition chrétienne des premiers siècles s'est rapidement emparée [du personnage de Marie la Magdaléenne] en lui attribuant des actes accomplis et faits par d'autres femmes du cercle de Jésus: Marie de Béthanie, sœur de Lazare; la prostituée anonyme repentie chez Simon le Pharisien ; ou encore la femme présente chez Simon le Lépreux. Ainsi, Marie Madeleine est devenue un personnage composite qui a pris consistance sous le pape Grégoire le Grand (590-604), puis a traversé les siècles avec une extraordinaire fortune[24]. »
Marie Madeleine apparaît au VIIIe siècle au martyrologe de Bède le vénérable, où elle est célébrée comme sainte le 22 juillet[22].
En 1969, le pape Paul VI décrète qu'elle ne doit plus être fêtée comme « pénitente », mais comme « disciple », l'Église catholique ne considérant plus Marie Madeleine comme une prostituée repentie. Cependant, cela reste le point de vue dominant dans la tradition populaire et chez des exégètes minoritaires[25]. Mais les recherches actuelles précisent et confirment l'interprétation du concile Vatican II concernant Marie de Magdala et l'ancienne interprétation de Grégoire le Grand "deviendra de plus en plus quantité négligeable"[26].
Traditionnellement, Marie Madeleine est la patronne des cordiers, métier exercé par les lépreux :
« Depuis au moins le XVe siècle, le métier de cordier est le monopole des parias, considérés comme les descendants des lépreux : ils vivent dans des hameaux séparés, ont des lieux de culte ainsi que des cimetières qui leur sont réservés. (...) La chapelle de la Madeleine, aujourd'hui en Penmarc'h, leur est manifestement destinée. En effet, les toponymes "La Madeleine" sont synonymes de noms de lieux comme "La Maladrerie" (léproserie) et sainte Madeleine est la patronne des cordiers[27]. »
La Tradition orthodoxe rapporte qu'elle est allée reprocher à l'empereur Tibère la mort de Jésus, et lui annoncer sa résurrection. Devant le scepticisme de celui-ci, l’œuf qu'elle tenait en main se teint alors en rouge sang[28],[29].
Marie de Magdala, outre sa fête propre le 22 juillet, est également honorée lors du « Dimanche des Myrophores » qui correspond au troisième dimanche de la Pâque orthodoxe.
Article détaillé : La Légende dorée.
Au XIIIe siècle, Jacques de Voragine compile dans La Légende dorée les récits et légendes concernant 150 saints issus de la littérature religieuse du Moyen Âge.
Concernant Marie Madeleine, il reprend une tradition provençale qui raconte qu'après avoir accosté aux Saintes-Maries-de-la-Mer et avoir évangélisé la région, Marie de Magdala aurait vécu toute la fin de sa vie en prière dans la grotte aujourd'hui sanctuaire de Sainte-Baume (Massif de la Sainte-Baume)[30]. Son tombeau à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (France), gardé par les Dominicains[31], est considéré comme le troisième tombeau de la chrétienté[32].
Aujourd'hui, le fait que Marie de Magdala se soit déplacée jusqu'en Provence est considéré comme une légende. Les traditions qui mentionnent ce voyage ne datent que du Xe siècle environ et identifient Marie de Magdala avec la pécheresse de Luc 7, 36-50 et Marie de Béthanie, alors que cette identification est contestée[33].
En soutenant, dans Dieu homme et femme, que Marie de Magdala et Jésus étaient époux « en esprit », les théologiens Jürgen Moltmann et Elisabeth Moltmann posent la question d'une égalité fondamentale entre l'homme et la femme. Les dernières recherches exégétiques sur le lien entre Marie de Magdala et Jésus vont dans le sens de cette interprétation, comme le met en lumière l'exégète Xavier Léon-Dufour[34]: en Jean 20, 16, Marie dit à Jésus « Rabbouni ». Ce mot est traduit par « maître » dans l'Évangile, mais « Rabbouni » est en réalité un diminutif de Rabbi et pourrait ajouter une nuance d'affection ou de familiarité. La quête aimante de Jésus par Marie de Magdala en Jean 20, 11-16 renvoie au Cantique des cantiques 3,1-4.
L'idée de dépeindre Marie de Magdala sous les traits d'une épouse a été exploitée dans la littérature dès le milieu du XXe siècle. Dans son roman de 1951 La Dernière tentation du Christ[35], qui montre un Jésus succombant à la tentation d'une vie simple, l'écrivain grec Níkos Kazantzákis fait intervenir le thème de l'union amoureuse entre les deux personnages.
Cette thématique a trouvé une fécondité dans le conspirationnisme contemporain : Marie Madeleine aurait eu des enfants avec Jésus, mais l'Église catholique aurait étouffé ces faits par la force et la terreur, et fait de Marie Madeleine une prostituée afin de condamner le désir charnel. C'est sous cet angle que la vie et le rôle de Marie de Magdala ont été exploités dans des livres destinés au grand public comme L'Énigme sacrée ou La Révélation des Templiers, sans valeur scientifique reconnue dans les milieux universitaires.
Ces théories sont reprises par le romancier Dan Brown dans son thriller ésotérique Da Vinci Code[36]. Il y fait de Marie Madeleine le symbole de la « féminité sacrée », en prétendant qu'elle était elle-même le Graal : « Le Graal est littéralement l’ancien symbole de la féminité et le Saint Graal représente le féminin sacré et la déesse, qui bien sûr a disparu de nos jours, car l’Église l’a éliminée. Autrefois, le pouvoir des femmes et leur capacité à donner la vie était quelque chose de sacré, mais cela constituait une menace pour la montée de l’Église majoritairement masculine. Par conséquent, le féminin sacré fut diabolisé et considéré comme hérésie. Ce n’est pas Dieu mais l’homme qui créa le concept de « péché originel », selon lequel Ève goûta la pomme et fut à l’origine de la chute de la race humaine. La femme qui fut sacrée, celle qui donnait la vie, fut transformée en ennemi. » [37].
L'historien Thierry Murcia, auteur d'un ouvrage sur cette question[38], défend l'idée que Marie de Magdala serait en fait la mère de Jésus. Il développe différents arguments, notamment le fait que Magdela désigne "la tour" en araméen et Megaddela signifie "la magnifiée". Il s'agirait donc d'un surnom élogieux visant à la distinguer, non d'un toponyme. Pour lui, il n'y aurait pas de contradiction entre les évangiles synoptiques et celui attribué à Jean. Si, dans les premiers, la mère de Jésus n'est pas présente près de la croix, c'est parce qu'elle y est appelée Marie la Magdaléenne. Dans son schéma, il n'y aurait ni trois, ni quatre femmes près de la croix de Jésus dans l'évangile selon Jean, mais seulement deux qui seraient d'abord présentées puis nommées, mais dans un ordre suivant une figure de chiasme en forme de croix, schéma classique de type ABBA.
« Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère (A) et la sœur de sa mère (B), Marie, femme de Clopas (B), et Marie de Magdala (A). »
Cette tradition de Marie de Magdala mère de Jésus est très ancienne et on la retrouve dans plusieurs documents des premiers siècles qui étaient jusqu'ici laissés pour compte. Pour Thierry Murcia, cette tradition serait la plus ancienne que l'on aurait sur le personnage. Il écrit :
- « La Marie de Magdala évangélique n’a jamais été une femme de mauvaise vie. Au contraire, même, puisque la tradition la plus ancienne l’identifie spontanément à la mère de Jésus ce qui, le cas échéant, n’aurait pas été possible. « Magdala », d’autre part, ne renvoie pas à sa ville d’origine. Il faut plutôt y voir une épithète élogieuse visant à la distinguer et à souligner son caractère éminent. Une fois passé en grec, מגדלא (megaddela) – que l’on pourrait traduire par « la Grande », « l’Exaltée » (au sens laudatif), « la Magnifiée »… – a tardivement été interprété (IVe siècle), à tort, comme un toponyme. Cette tradition, qui voit en la Magdaléenne la mère de Jésus, est attestée par de nombreux documents anciens d’horizons divers, internes et externes au christianisme. Et quoiqu’elle ait été largement ignorée jusqu’ici, il s’agit sans conteste de la plus ancienne et de la mieux étayée dont nous pouvons disposer concernant son état civil »[39].
Représentations picturales et sculpturales
Le culte magdalénien se développe à toutes les époques du Moyen Âge, en de nombreux pays d'Europe occidentale, où les communautés religieuses commandent des représentations iconographiques pour la décoration de leurs lieux de culte[40].
Dans l'art sacré, Marie Madeleine est très souvent représentée dénudée, avec les cheveux longs et dénoués, pour signifier son repentir et sa pénitence, comme les prostituées de Palestine (Donatello). Cette représentation permet de la rapprocher de Marie l'Égyptienne avec qui elle est liée à partir de l'époque moderne[41].
- La Tradition provençale de Marie Madeleine (XIIIe siècle), chapelle Saint-Erige à Auron (06)
- Icône peinte (180 × 90 cm) datée de 1225, représentant les scènes de la vie de la sainte autour de son portrait en pied, visible à l'Académie de Florence
- Peinture de la mort de Marie Madeleine, assistée de Marthe et Saint-Maximin, chapelle Saint-Erige à Auron (06)
- peinture prédelle d'un Noli me tangere, œuvre du XVe siècle, basilique de Saint-Maximin
- Sculpture en pierre de sainte Marie Madeleine, vers 1310, église d'Écouis (Eure)
- Marie Madeleine de Piero della Francesca, duomo d'Arezzo, Toscane.
- Sculpture de Francesco Laurana, cénotaphe du XVe siècle : Marie Madeleine portée par les anges, a contenu autrefois les reliques de Marthe. Église de Tarascon
- Retable de Lukas Moser : l'autel de la Madeleine 1432, Tiefenbronn
- Le vol sacré du moine Badilon[42] à Aix-en Provence - Arrivée du corps à Vézelay, manuscrit de la Geste de Girard de Roussillon, enluminé par le Maître du Girart de Roussillon en 1453.
- Marie Madeleine, la Vierge et l'Enfant entre sainte Catherine et Marie Madeleine, 1490, peinture de Giovanni Bellini ; Galleria d'ell'Academia, Venise.
- Marie Madeleine mise au tombeau sculpture du XVIe siècle, église Saint-Volutien de Foix (Ariège).
- Bas-relief en marbre, La barque, 1500, La Vieille Major
- Baptême du roi et de la reine de Marseille sous les yeux de Marie Madeleine épisode du Miracle Marseillais, 1525 église de Contes, (06)
- Marie Madeleine lisant, peinture perdue du Corrège, vers 1527-1530
- Bas-relief de Jean Béguin : Départ dans la barque, 1536, Basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume
- Peinture La Madeleine repentante par Véronèse, vers 1560-1575 (Huile sur toile de 170 × 135 cm au Musée des beaux-arts du Canada
- Guido Reni : Sainte Madeleine en prière (vers 1627-1628, musée des beaux-arts de Quimper)
- Sainte Marie Madeleine au désert, de Jean-Joseph Taillasson, 1784, Huile sur toile.
- Sainte Marie Madeleine renonçant aux vanités du monde, par Michel Hubert-Descours, 1787, huile sur toile, Musée des beaux-arts de Bernay
- Vitrail anonyme : Marie Madeleine myrrhophore, église Notre-Dame-des-Marais, La Ferté-Bernard (Sarthe)
- Vitrail (dessin de Joseph Cabasson) : La Barque, église de Plan-de-Cuques (13).
- La barque de Marie-Jacobé et de Marie-Salomé sculpture église des Saintes-Maries
- Marie Madeleine élevée par les anges sculpture de L.J. Alexandre 1878, au fond de la Grotte de la chapelle de la Sainte-Baume
- Reliquaire, œuvre d'Armand Caillat, offert en 1886 à la grotte par Mgr de Terris, évêque de Fréjus-Toulon.
- Ensemble de vitraux de Pierre Petit, (1910-…) sur la vie de Marie Madeleine, chapelle de la Sainte-Baume de 1977 à 1983.
- 5 fresques du peintre Frédéric Montenard à l'hôtellerie de la chapelle de la sainte Marie Madeleine à Plan-d'Aups-Sainte-Baume, posées en 1913.
Si elle est représentée avant son repentir, elle est montrée en courtisane parée et fardée (son image se rapprochant de celle de Vénus durant la Renaissance). Son attribut le plus fréquent et le plus ancien, qui permet d'identifier le personnage à l'analyse d'une œuvre, est le vase à nard dont elle oint les pieds de Jésus chez Simon (et qu'elle avait apporté avec elle au Sépulcre). Plus tardivement, seront ajoutés le miroir de courtisane, la tête de mort (devant laquelle elle médite lorsqu'elle se retire dans la grotte de la Sainte-Baume) et la couronne d'épine. Sauf en de rares exceptions (peinture de Eve Prima Pandore réalisée par Jean Cousin en 1550), ses cheveux seront toujours longs et dénoués[43].
Filmographie
- 2000 : Marie Magdalène (TV) de Raffaele Mertes (it), interprété par Maria Grazia Cucinotta, Massimo Ghini (it), Giuliana De Sio, Gottfried John, Nathalie Caldonazzo (it), Danny Quinn (it)[44].
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- De Boer Esther A., Mary Magdalene, beyond the Myth (SCM Press London, 1997).
- Karen King, Canonisation et marginalisation: Marie de Magdala. In Concilium, no 276 de juin 1998 p. 41-49.
- Elisabeth et Jürgen Moltmann, Dieu homme et femme, éd. Cerf, 1984
- Jean Pirot, Trois amies de Jésus de Nazareth, éd. Cerf, 1986
- Georges Duby, Dames du XIIe siècle: tome 1: Héloïse, Aliénor, Iseut et quelques autres, Gallimard, 1995: chapitre 2.
- Jean-Yves Leloup, L’ Évangile de Marie : Myriam de Magdala , éd. Albin Michel, 1997
- Élisabeth Pinto-Mathieu, Marie-Madeleine dans la littérature du Moyen Âge, éd . Beauchesne, 1997
- Suzanne Tunc, Des femmes aussi suivaient Jésus. Essai d’interprétation de quelques versets des évangiles, éd . Desclée de Brouwer , 1998
- Marianne Alphant, Guy Lafon, Daniel Arasse, L'apparition à Marie-Madeleine, éd. Desclée De Brouwer, 2001
- Régis Burnet, Marie-Madeleine (Ier – XXIe siècle) : De la pécheresse repentie à l'épouse de Jésus : histoire de la réception d'une figure biblique, éd. du Cerf, 2004
- Thierry Murcia, Marie appelée la Magdaléenne. Entre traditions et histoire. Ier - VIIIe siècle, Presses universitaires de Provence, Collection « Héritage méditerranéen », Aix-en-Provence, 2017
- Christian Doumergue, Marie-Madeleine, coll. « Qui suis-je? », éd. Pardès, Grez-sur-Loing, 2010
- Ève Duperray, Georges Duby, Charles Pietri, Marie-Madeleine dans la mystique, les arts et les lettres, Colloque Avignon, éd Beauchesne, 1989 .
- Vies médiévales de Marie-Madeleine, Introduction, édition du corpus, présentations, notes et annexes par Olivier Collet et Sylviane Messerli, Turnhout, Brepols, 2009.
- Frédérique Jourdaa, Olivier Corsan, Sur les pas de Marie-Madeleine, éditions Ouest-France, 2009
- Jacques de Voragine, La Légende dorée, entre 1261 et 1266 (lire en ligne [archive]), p. 160-167
- Frédérique Jourdaa, le Baiser de Qumran, XO éditions, 2008
- Jacqueline Kelen, Un amour infini. Marie-Madeleine prostituée sacrée, éd. Albin Michel, coll. « Espaces Libres » no 28, 1992
- Jean Desmarets de Saint-Sorlin, Marie-Madeleine ou le triomphe de la Grâce, éd. Jérome Millon, coll. « Atopia » no 27, 2001
- Jean-Yves Leloup, Une femme innombrable - Le roman de Marie Madeleine, éd. Albin Michel, 2009
- Jean-Yves Leloup, Tout est pur pour celui qui est pur. Jésus, Madeleine et l'Incarnation., éd. Albin Michel, 2005
- Yves Bridonneau, Le tombeau de Marie-Madeleine à St-Maximin, éd. Édisud, 2002
- Yves Bridonneau, Naissance de la Provence chrétienne. La chanson de Geste de la Madeleine, Photographies de Pascal Robin, éd Édisud, Compagnie des éditions de la Lesse, Aix-en-Provence, 2008, 95.p. (ISBN 978-2-7449-0765-4)
- Margaret Starbird, Marie-Madeleine et le Saint Graal : la controverse qui entoure Marie-Madeleine et sa relation avec Jésus, éd. Exclusif, 2006
- Dan Burstein et Arne J. de Keijzer, Les secrets de Marie-Madeleine : La femme la plus fascinante de l'histoire, éd. ViaMedias, 2006
- Christian Doumergue, Le Mystère Marie-Madeleine, éd. Thélès, 2006
- Kathleen McGowan, Marie Madeleine, le livre de l'élue, éd. XO, 2007
- Jacqueline Kelen, Marie-Madeleine ou la beauté de Dieu, éd La Renaissance du livre, 2003.
- R.L. Bruckberger, Marie-Madeleine, éd Albin Michel, 1975.
- Jean-Christophe Duchon-Doris, La fille au pied de la croix, éd Julliard, 2008
- Serge Pey, Apocalypse de Marie-Madeleine, prière-slam pour le Christ des poubelles d'Anguiano[réf. nécessaire]
- Michèle Koné : Myriam de Madgala, Sainte Marie Madeleine, Éd. Anne Sigier, (livre illustré)
- Henri Lacordaire o.p., Sainte Marie-Madeleine, 1860 ; rééd. préfacée par Bernard Montagnes o.p. et postfacée par Jean-Pierre Olivier o.p., éd. Cerf, 2005
- Mgr Victor Saxer, La « Vie de Ste Marie-Madeleine » attribuée au pseudo-Raban Maur, œuvre claravallienne du XIIe siècle, Mélanges St-Bernard, Dijon, 1954. p. 408-421
- Mgr Victor Saxer, Le culte de Marie-Madeleine en Occident. Des origines à la fin du Moyen Âge, éd. Cahiers d'archéologie et d'histoire, Auxerre, Paris, 1959, vol. 1-2.
- Mgr Victor Saxer, Les origines du culte de sainte Marie-Madeleine à Aix-en-Provence, 1954-1955 in Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France. p. 148-151.
- Mgr Victor Saxer, Un manuscrit démembré du sermon d'Eudes de Cluny sur Sainte Marie-Madeleine, in Scriptorium, vol. 8 (1954), p. 119-123.
- Mgr Victor Saxer, L'origine des reliques de Sainte Marie-Madeleine à Vézelay dans la tradition historiographique du Moyen Âge, in Revue des sciences religieuses, 1955. vol. 29. p. 1-18.
- Mgr Victor Saxer, Sermo in sollemnitate Sancte Marie-Magdalene, 1956. in Mélanges Michel Andrieux. p. 385-401.
- Mgr Victor Saxer, Les saintes Marie-Madeleine et Marie de Béthanie dans la tradition liturgique et homilétique orientale, 1958. In Revue des sciences religieuse, vol.32. p. 1-37.
- Mgr Victor Saxer, Note sur l'origine d'un manuscrit de l'Abbreviato de Jean de Mailly (dominicain) ; Paris, Mazarine 1731, in Analecta Bollandiana, 1976, vol.94. p. 155-159.
- Mgr Victor Saxer, Les ossements dits de sainte Marie-Madeleine conservés à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, in Provence historique. vol. 27. p. 57-311.
- Mgr Victor Saxer, Marie-Madeleine dans le Commentaire d'Hippolyte sur le Cantique des Cantiques, in Revue bénédictine, vol.101., 1991, p. 219-239.
- Mgr Victor Saxer, La Madeleine, figure évangélique dans sa légende jusqu'au XIIe - XIIIe siècle, 1999, in Évangile et évangélisme. p. 198-220.
- Mgr Victor Saxer, Le dossier vézelien de Marie-Madeleine. Invention et translation des reliques en 1265-1267. Contribution à l'histoire du culte de la sainte à Vézelay à l'apogée du Myen-Âge, Bruxelles, 1975.
- Jacqueline Dauxois, Marie-Madeleine, éd. Pygmalion/Gérard Watelet, coll. « Chemins d'Éternité », 1998
- Père Philippe Devoucoux du Buysson, Dialogues avec Marie Madeleine sur la montagne de la Sainte Baume, éd. Théosis :
- Tome 1 : Ma rencontre avec Jésus, 2005
- Tome 2 : Marie-Madeleine prophète, 2007
- Père Philippe Devoucoux du Buysson : Histoire du pèlerinage de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, 1994.
- Père Philippe Devoucoux du Buysson : La Sainte Baume, haut lieu de la Provence, 2008, éd PEC, 33. p. (ISBN 978-2-84293-212-1)
Saint-Bauzille-de-Montmel est une commune française située dans le département de l'Hérault en région Occitanie.
Géographie[modifier | modifier le code]
Histoire
Le pays où ne coule pas que le miel « On y recueille du bon miel dans les environs.
Les habitants prétendent que le surnom de leur village vient de là, quoique ça n’y ressemble guère. On voit partout des amateurs d’étymologie ». C’est ce qu’écrivait à propos de Saint Bauzille de Montmel un certain Hamelin, écrivain-voyageur, dans son Guide du Voyageur dans l’Hérault, publié en 1827. Il révélait ainsi que les Bauzillois se piquaient d’apiculture et d’étymologie. Bauzille ? Ne pas confondre avec Basile, évêque de Césarée. Bauzille (ou Baudille) est composé de « bold », audacieux et de « hild », combat, aux consonances plus germaniques qu’occitanes…
D’ailleurs, c’est d’Orléans que le sieur Baudille, chrétien fervent et prosélyte, décida, vers l’an 300, de partir avec son épouse vers Nîmes pour y porter la parole du Christ. Mais, un jour, ayant interrompu une cérémonie de sacrifice païen, il fut décapité. À cette époque, Nîmes était une cité de l’empire romain, mais la région était déjà en partie christianisée. Depuis Néron, alternaient les périodes de grandes persécutions et de relative tolérance. Le malheureux Baudille fut exécuté avant la fin de la phase de répression qui sévit sous Dioclétien …
L’évangélisateur laïc devint ainsi un martyr de renom dont le tombeau attira de nombreux pèlerins. Deux siècles après sa mort, on construisit un sanctuaire sur la nécropole contenant ses ossements. Canonisé, il donna son patronyme au point culminant méridional du Larzac (le pic Baudille) et à quatorze communes françaises dont Saint Bauzille de Montmel, Saint Bauzille de Putois et Saint Bauzille de la Sylve dans l’Hérault, mais aussi Saint Baudille de la Tour dans l’Isère et autres Saint Bouzely ou Baudelle…
Montmel ? Là, les choses sont plus difficiles. Le site de l’actuel Mont Saint Léon fut occupé par des religieux au début du XIIe siècle et devint le siège d’une communauté importante puisque Mormellicum, ou encore Mormolacus, a été signalé dans une charte datée de 980 en tant que l’une des quatre vigueries (chefs-lieux) du pagus Magalonensis (pays de Maguelone), les trois autres étant Maguelone, Agonès et Tréviers.
Guy Bonnet et Jeannine Raynal, auteurs d’un livre sur l’histoire du village, font l’hypothèse de l’origine latine du nom « Mormolacus », accolement de mormorion, sorte de cristal de roche, et de lacus, réservoir d’eau. Cette définition rattacherait le nom du village à la nappe qui se trouve dans le puech (la colline) et qui donne naissance à plusieurs sources. Le sus-cité Hamelin qui se moquait des étymologistes amateurs se fondait pour sa part sur la forme « Mormellicum ». Selon lui, le suffixe icum n’avait été rajouté que dans les documents écrits et « Mor », d’origine pré-indo-européenne, aurait donné morre ou mouré en languedocien, mot qui signifie aussi bien visage que museau, monticule ou mamelon… Autre référence à la protubérance calcaire qu’est le Mont St Léon.
Mais, plus jolie encore est la définition de tradition orale donnée par les habitants à notre voyageur : Montmel signifierait effectivement le Mont-miel, en référence aux très nombreuses ruches sauvages qui se sont, de toujours, installées dans les cavités des falaises blanches qui surplombent la commune. Eau de source ou miel des abeilles, c’est en tout cas du puech que vient la richesse de Saint Bauzille de Montmel, Sancti Baudilii de Mormel, tel qu’on le trouve écrit pour la première fois en 1254. Les étymologistes en sont-ils réconciliés pour autant ?
Sans doute, mais bien d’autres raisons de se quereller ont existé tout au long de l’histoire de saint Bauzille de Montmel. L’« affaire Baldit » met en scène, vers 1450, Jeanne de Montlaur, prieure de Saint Félix de Montceau et le procureur de son couvent, Firmin Baldit, prêtre du diocèse de Mende. Ce dernier, intelligent et dépourvu de scrupules, n’eut de cesse de s’emparer des ressources de Saint Bauzille. Au moyen d’un faux document il parvint à s’emparer de la maison claustrale de Saint Bauzille. Lorsqu’elle voulut toucher ses revenus, Jeanne de Montlaur se trouva évincée. Pendant presque dix ans, procès après procès, le bras de fer fut incessant jusqu’à ce que le parlement de Toulouse ordonne l’expulsion de Baldit. Mais celui-ci fit rouer de coups la prieure dont le nouveau procureur, Aldebert « perdit dans la bagarre son cheval, son épée, son vestiaire et ses bottes ». Et on repartit en procédures. En1470, nouveau jugement favorable à la prieure. Nouveaux combats, plus violents encore, au cours desquels des hommes d’armes enrôlés par Baldit semèrent la terreur dans la région. Les Bauzillois prirent alors parti pour Jeanne de Montlaur : chaque nuit, armés d’ustensiles de cuisine, ils menèrent grand tapage sous les fenêtres de Baldit au point que, lassé de ne plus dormir, il se plaignit au pape de mauvais traitements et accusa la prieure de prévarication. Les sœurs, cependant, continuaient de gagner leurs procès. Mais la violence se fit encore plus grande et une bataille rangée fit un mort par flèche du côté de Baldit. La peste emporta Jeanne en 1479 mais Bone Garsabalde lui succéda et poursuivit le combat. Des hommes armés de Baldit mirent le feu au prieuré, brisèrent 3000 tuiles du village, pillèrent et tirèrent le curé par les pieds tout autour pendant qu’ils volaient tous les biens de l’église. Il fallut une bulle du pape Innocent VIII pour donner enfin raison aux sœurs contre le sinistre Baldit, quarante ans après le début du contentieux…
La révolution de 1789 vit l’immense majorité des Bauzillois se rallier aux idées de la République. La commune, forte de 340 habitants et administrée par Alexis Vernier, chirurgien, raccourcit son nom qui devient simplement Bauzille Montmel. Cependant, en 1793, le soutien aux révolutionnaires faiblit sérieusement à cause de la conscription et des exigences de la République pour financer ses guerres. Pour aller combattre en Italie, il fallait lever neuf volontaires parmi tous les citoyens mâles de 18 à 40 ans. Le jour fatidique, aucun volontaire ne s’était inscrit sur le registre. On décida alors, comme cela était légal, de désigner des « volontaires ». S’en suivit une bagarre mémorable pour savoir si ceux-ci devaient être élus ou tirés au sort. Le directoire du département exigea le tirage au sort. Mais personne ne voulut tirer du vase les papiers qui portaient les noms. Forcés à le faire, huit sur neuf purent être désignés. Mais il fallut alors les armer et les habiller. On essaya de réquisitionner les armes du village et on lança une souscription pour leur uniforme. Tant bien que mal, les « volontaires » furent équipés, mais on pense qu’ils ne rejoignirent jamais leur affectation… Plus tard, les Bauzillois ne montrèrent pas plus d’enthousiasme pour répondre aux demandes réitérées que l’État faisait : fourrages pour l’armée des Pyrénées, taxes diverses en argent et en nature… ce fut la fronde. Il en fut ainsi dans de nombreuses communes de la région, alors que cherchait à s’imposer le nouveau système, bientôt remplacé par un autre puis d’autres encore.
Du grand tapage sous les fenêtres du méchant Baldit à la résistance aux excès de l’État, les Bauzillois ont montré qu’ils ne sont pas toujours tout miel.
1.1. Textes
1.1.1. Textes antiques
Aucun texte antique, aucune inscription ne concerne directement ou indirectement le site.
1.1.2. Textes médiévaux
Si le toponyme actuel du site (le Puech des Mourgues) fait référence à un établissement de religieuses installées sur la hauteur au début du XHIe siècle (Cart. Mag. II, 523 et 525), Montmel, le déterminant associé aujourd’hui à l’hagiotopony-me Saint-Bauzille désignant le village qui s’est formé au pied du relief des Mourgues, est un toponyme connu dès le IXe siècle (fig. 1).
La première occurrence, en 816, l’associe en effet à un castrum (A.D. Gard, H 106, P 13r ...in suburbio de Castro Mor-mellico). Le terme faisant plutôt référence à un établissement fortifié et/ou de hauteur, le contexte topographique du Puech des Mourgues convient mieux dans ce sens que celui du village actuel de Saint-Bauzille-de-Montmel, village ouvert, établi en contrebas. En 853 ou en 906, une charte mal datée du cartulai-re d’Aniane (Cart. An. : 202, n° 62) situe des biens dans le pagus de Maguelone sub castra Sustantione Atennorinellico (mauvaise lecture de atque Mormellico ?). Dans le dernier tiers du Xe s., l’église Saint-Hilaire (de Beauvoir) et l’honneur de Garrigas (village actuel de Garrigue) sont placés dans la vica-ria de Mormellico ou de Mormolacus (L.I.M., n° 376, p. 559 et n° 401, p. 580).
Il faut attendre la seconde moitié du Xlle s. pour que le toponyme soit enfin associé à l’église Saint-Bauzille. En déduire que cela est dû, entre le Xe et le Xlle siècle, à un déplacement et à une restructuration de l’habitat à proximité de ce sanctuaire établi au pied du relief de Monnellicum ne semble pas être une hypothèse très hardie. Au cours de la première moitié du XHIe siècle, le monastère Saint-Léon, implanté sur le sommet du relief, conserve d’ailleurs le souvenir de ce vieux nom puisque les scribes parlent à plusieurs reprises de l’église Saint-Léon de Mormetge, de Mormellico ou encore de Monmet-ge (Hamlin 2000 : 257).
En définitive, le toponyme Mormellico a été attaché à trois sites distincts. Désignant primitivement le grand synclinal qui domine la plaine de Saint-Bauzille et Monthaut, il est attaché, au IXe siècle, à un castrum, reliquat possible d’une agglomération tardo-antique. À partir du Xlle siècle il sert également de déterminant à l’église et à la paroisse Saint-Baudile, centre eqdésial établi cette fois-ci au pied du relief, auprès duquel s’est formé un village médiéval, chef-lieu de commune actuel. Au XHIe siècle le toponyme est néanmoins toujours utilisé comme déterminant associé au nouveau monastère Saint-Léon, établissement de nonnes établi au sommet du synclinal dont le souvenir encore maintenu par la toponymie actuelle (Le Puech des Mourgues : le mont des nonnes) a fini par supplanter la référence primitive (Montmel, Mormellico). À la fin du XVIIIe siècle, sur la carte de Cassini, le relief prend d’ailleurs le nom de Puech Saint-Léon.
1.2. Inscriptions
Néant.
1.3. Toponymie
L’examen systématique des 70 noms de lieux-dits portés sur le cadastre de 1830 ne fournit aucun élément facilement ratta-chable à l’existence d’une occupation romaine ou pré-romaine de l’environnement large du massif du Puech des Mourgues. Les toponymes se partagent essentiellement entre des transcriptions de données touchant à la morphologie du terrain (la Léquette : petites pierres plates...), à la nature de l’occupation humaine du moment (les Peyssels : piquets-tuteurs de jardins ; les Closades : terrains enclos de murs...), aux noms de propriétaires ou à leur statut (Coste Bertine, la Nicole, Claud de la Dame, Puech Carbonnier...), à la végétation sauvage ou aux cultures du lieu (Bois Noyers ; les Aspes pour Aspic : lavande sauvage ; les Aubes : peupliers ; Serre de Cane ; Devois des Aniaux...). Seuls deux ou trois noms paraissent être d’une origine plus ancienne, mais ils ne sont guère explicables : le ruisseau de Valens, le mot Luna qui s’applique à une éminence calcaire bien marquée et la rivière intermittente, la Bénovie, mentionnée dès le XHIe siècle (Cart. Mag. II, p. 205).
Certains noms de lieux font par contre directement référence à la période médiévale lorsqu’ils sont présents sur l’emplacement même d’un habitat permanent, comme Saint-Germain pour l’actuel mas et sa chapelle romane en ruine, situés juste au nord du Puech des Mourgues, dont les premières mentions remontent aux XlIe-XIIIe siècles (Cart. Mag., l, p. 53 et 59 et III, p. 477), et, bien entendu, Saint-Bauzille-de-Montmel, vocable attaché aujourd’hui au village actuel.
Quelques lieux-dits pérennisent des faits ou des biens disparus de la période médiévale comme le Clos de Mourgues, le Puech de las Mourgues, Ruines du Couvent de las Mourgues et Puech Saint-Léon (carte de Cassinï) qui se rapportent indiscutablement au couvent Saint-Léon dont les ruines sont toujours visibles mais qui ne semble avoir fonctionné qu’au XHIe siècle ; mourgues désignant des moines ou des nonnes. On notera encore le Pas du Capelan au passage obligé du religieux desservant à la fois les lieux de culte de Saint-Germain-des-Fournès et de Saint-Bauzille-de-Montmel, et, enfin le Claud de la Dame pour une terre de la communauté religieuse du couvent Saint-Léon dont les biens ont été gérés par la dame prieure de l’abbaye de Saint-Félix-de-Montceau.
En définitive, dans la toponymie actuelle aucun nom ne fait directement ou indirectement référence à l’agglomération antique, ni d’ailleurs à ses ruines qui pourtant ont dû rester visibles assez longtemps dans le paysage.
1.4. Signes paysagers
On ne distingue pas à proprement parler d’anomalie parcellaire. La zone d’altitude moyenne du Puech des Mourgues et son plateau sommital sont en fait découpés par de très grandes parcelles dont les limites sont tantôt recti-lignes et arbitraires, tantôt sinueuses et adaptées aux contraintes morphologiques naturelles comme les limites de falaises. De l’organisation antique et protohistorique, il n’y a presque plus rien de visible à l’exception de quelques rares lambeaux de murs de terrasses ou de rempart qui ne sont pas encore effondrés et qui n’ont plus aucune répercussion au niveau des limites de propriétés. L’aspect actuel des lieux reflète directement l’action de l’érosion des pentes à partir d’un socle géologique marqué par une alternance de strates calcaires plus ou moins résistantes et de bancs de marnes friables, d’où une succession concentrique de ressauts plus ou moins importants alternant avec des pentes moins prononcées. Ce phénomène d’érosion toujours actif a bien évidemment participé à la dégradation de l’habitat antique et à la déformation de son image au sol par un étalement des indices d’occupation dans les pentes (fig. 2).
L’aspect peu parcellisé et très dénudé de la zone de l’habitat primitif laisse envisager qu’après l’abandon, les lieux n’ont même pas été réutilisés pour des mises en culture, mais ont été plutôt voués à la paissance de troupeaux d’ovi-capridés ce qui a dû accélérer la dégradation des sols. La présence d’un important élevage à Saint-Bauzille-de-Montmel à l’époque moderne, mais peut-être aussi durant le Moyen Âge, ressort de la présence de 22 bergeries sur le territoire de la commune à la fin du XVIIIe siècle (Bonnet 1989 : 86), mais également de l’existence de « droits de dépaissance » sur le Puech Saint-Léon (pour des Mourgues), dit aussi le Devois du Mont Saint-Léon accordé sous l’ancien régime aux fermiers des terres de l’ancien couvent Saint-Léon (Bonnet 1989 : 69 et 85).
Sous le niveau des falaises, la pente diminuant, un parcellaire de terrasses abandonnées se développe sur le versant sud en direction du village médiéval. Il est lié, à l’époque moderne en tout cas, à une intense activité oléicole mais n’a pas d’origine datée, même si l’on peut admettre que les habitants de l’ancienne agglomération devaient vivre en partie de l’exploitation de terres distribuées en dehors de la couronne des falaises.
1.5. Mobilier remarquable
Plus que les restes de constructions, extrêmement rares en l’absence de fouilles, ce sont les silex taillés et les éléments de terre cuite, toitures et poteries, répartis à la surface du terrain, qui caractérisent ici la présence d’une agglomération et les principales phases de l’occupation humaine. Après une fréquentation à l’époque préhistorique, ce sont les amphores étrusques et massaliètes, et de plus rares fragments de céramiques modelées qui mettent facilement- en exergue une première fréquentation agglomérée qui est centrée autour du Ve siècle avant J.-C.
Pour l’Antiquité romaine, les témoins matériels les plus fréquents sont les céramiques tournées oxydantes à pisolithes, les amphores africaines et les tegulae. Ceux-ci sont accompagnés plus ponctuellement de quelques fragments de vaisselle fine comme les céramiques claire B-luisante, claire D et paléochrétienne estampée réductrice. À cette phase, centrée sur un large Ve siècle, s’ajoute une ultime fréquentation de l’habitat aux VIe-VIIe s. caractérisée par des céramiques réductrices à pâte kaolinitique retrouvées en moins grand nombre mais, il est vrai aussi, plus difficiles à déceler en surface en raison de la tonalité grise du sol.
1.6. Paléo-environnement
Aucune donnée.
P.-S.
Avec l’aimable autorisation de Pierre-Yves Genty et Laurent Schneider. Dactylographie : Luc Perrey.
Cette page est une partie de l’article "Mormellicum (Puech des Mourgues)" extrait de "Les agglomérations gallo-romaines en Languedoc-Roussillon, II" sous la direction de Jean-Luc Fiches. Parution en 2002.
Sommaire et liens vers autres parties de l’article :
Les 40 ans de « l’affaire Baldit » Sans doute, mais bien d’autres raisons de se quereller ont existé tout au long de l’histoire de saint Bauzille de Montmel. L’« affaire Baldit » met en scène, vers 1450, Jeanne de Montlaur, prieure de Saint Félix de Montceau et le procureur de son couvent, Firmin Baldit, prêtre du diocèse de Mende. Ce dernier, aussi que intelligent dépourvu de scrupules, n’eut de cesse de s’emparer des ressources de Saint Bauzille. Au moyen d’un faux document il parvint à s’emparer de la maison claustrale de Saint Bauzille. Lorsqu’elle voulut toucher ses revenus, Jeanne de Montlaur se trouva évincée. Pendant presque dix ans, procès après procès, le bras de fer fut incessant jusqu’à ce que le parlement de Toulouse ordonne l’expulsion de Baldit. Mais celui-ci fit rouer de coups la prieure dont le nouveau procureur, Aldebert « perdit dans la bagarre son cheval, son épée, son vestiaire et ses bottes ». Et on repartit en procédures. En1470, nouveau jugement favorable à la prieure. Nouveaux combats, plus violents encore, au cours desquels des hommes d’armes enrôlés par Baldit semèrent la terreur dans la région. Les Bauzillois prirent alors parti pour Jeanne de Montlaur : chaque nuit, armés d’ustensiles de cuisine, ils menèrent grand tapage sous les fenêtres de Baldit au point que, lassé de ne plus dormir, il se plaignit au pape de mauvais traitements et accusa la prieure de prévarication. Les sœurs, cependant, continuaient de gagner leurs procès. Mais la violence se fit encore plus grande et une bataille rangée fit un mort par flèche du côté de Baldit. La peste emporta Jeanne en 1479 mais Bone Garsabalde lui succéda et poursuivit le combat. Des hommes armés de Baldit mirent le feu au prieuré, brisèrent 3000 tuiles du village, pillèrent et tirèrent le curé par les pieds tout autour pendant qu’ils volaient tous les biens de l’église. Il fallut une bulle du pape Innocent VIII pour donner enfin raison aux sœurs contre le sinistre Baldit, quarante ans après le début du contentieux…
- L’affaire de l’évêque Chélidoine
Ce comportement lui vaut d’être durement sanctionné par le pape en 444 à propos de l’affaire de l’évêque Chélidoine (ou Célidoine). L’histoire rapporte qu’Hilaire allant rendre visite à Germain, évêque d'Auxerre, s’arrête à Besançon, où il organise un concile. Avec les évêques voisins, il dépose l'évêque de Besançon, Chélidoine, qui ne dépend pourtant pas de la juridiction d'Arles, sous le prétexte qu'il aurait épousé une veuve avant son entrée dans l'Église et aurait présidé à des exécutions. Pour se défendre, Chélidoine se rend à Rome auprès du pape Léon, obtient satisfaction et retrouve son siège épiscopal.
Hilaire, porté par son zèle, va à son tour à Rome en plein hiver (444-445). Mais sa défense est maladroite et Léon est prévenu et rendu méfiant vis-à-vis de l'ascétisme des moines-évêques : la décision est confirmée. Hilaire, déjugé par l’Église, est alors accusé dans plusieurs affaires. La sanction est lourde : Léon le déclare séparé de la communion, lui ôte la juridiction non seulement sur les autres provinces, mais sur la Viennoise même, et lui défend d’ordonner aucun évêque et de se trouver à aucune ordination. Le pape va encore plus loin. Le 6 juin 445[2], il obtient de l’empereur Valentien III un rescrit contre Hilaire, présenté comme un homme rebelle à l’autorité du Siège Apostolique, et à la majesté de l’Empire. Cet édit, qui souligne la suprématie du pontife romain dans la surveillance des élections épiscopales, est une mesure dirigée contre les désirs d'indépendance manifestés par l’évêque d'Arles. Hilaire fait soumission à Léon mais se croit obligé de publier divers écrits pour défendre sa cause. Il se donne ensuite tout entier à la prière et à la prédication. On connaît aussi une lettre du préfet Auxiliaris à l’évêque Hilaire ; elle est datée de 445[3].
- Hilaire constructeur de la cathédrale
À Arles, Hilaire est l’initiateur probable de la nouvelle cathédrale d'Arles appelée Saint-Étienne, située à la jonction du cardo et du decumanus, devenue depuis Saint-Trophime, et destinée à remplacer l'ancienne datant du second quart du IVe siècle, qui était située près du rempart sud-est de la ville. À cette occasion, l'Église d'Arles, sans doute avec l’accord du pouvoir civil, n'hésite pas à piller les monuments romains en les utilisant comme carrières, comme par exemple le théâtre antique en raison de sa proximité avec la nouvelle basilique et de l'hostilité chrétienne aux spectacles des comédiens.
Diacre du pape Célestin, Léon fut envoyé en mission en Gaule. C'est là qu'il apprit sa nomination pontificale sous le nom de Léon Ier, pour succéder au pape Sixte III, le 29 septembre 440.
Le Puech des Mourgues ou Mont Saint-Léon, et ses environs, furent occupés sans discontinuer du Néolithique au début du xve siècle. Le relief calcaire est en effet tout à fait propice à la mise en sécurité des habitants. Au xiie siècle, c’est une petite communauté d’hommes et de femmes qui s’y établit librement et sans règle pour vivre dans la prière autour d’une petite église dédiée à Saint-Léon. Puis, en 1233, ses conditions matérielles étant satisfaisantes, l’évêque fonda un couvent sous la règle de SaintAugustin, les femmes ne devant pas être plus de treize. La vie y fût extrêmement difficile, malgré les bénéfices que les religieuses retiraient de leurs possessions au nombre desquelles on comptait les églises de Saint-Germain et Saint-Bauzille-de-Montmel, toutes proches. Pourtant, dans le premier tiers du xve siècle, il a fallu faire face à la désertion des « mourgues » et Saint-Léon fut rattaché à l’abbaye de Saint-Félix-deMonceau, à Gigean.
bénéficiant de multiples niveaux de protection "PROTECTIONS"
Le Puech des Mourgues est un espace naturel protégé abritant des espèces rares ou des espèces protégées (le Scinque à trois doigts, le Psammodrome d'Edwards, mais surtout un des 3 couples d''Aigles de Bonelli présents dans la région du Pic Saint Loup). A ce titre, le Puech bénéficie de différentes protections dont les périmètres s'emboîtent et s'élargissent : APB, ZNIEFF, NATURA2000. La flore riche, typiquement méditérannéenne accueille des espèces moins fréquentes comme le Gaillet verticillé, la Vesce des rochers ou encore la Pariétaire du Portugal.
Un patrimoine paysager...se dressant majestueusement à 270 m pour fermer la plaine de St. Bauzille
APB34007 : un arrêté préfectoral de protection de biotope protège l'aigle de Bonelli sur le sommet du Puech et ses côteaux au nord (78 ha).
ZNIEFF 3431-3186 : Le Puech des Mourgues est une zone naturelle d'interêt écologique, faunistique et floristique. Inscrit en type1, c'est une des 4 ZNIEFF de ce type sur la commune (249 ha).
Le Puech, ceinturé de falaises (jusqu'à 21m d'à pic), apprécié aujourd'hui par les amateurs d'escalade et de randonnée, est associé depuis toujours aux habitants de St. Bauzille. De nombreuses traces d'habitat jalonnent le site et datent de l' époque préromaine à nos jours (abri sous roche de la Jassette, Oppidum St. Léon/Mormellicum, tombes gallo-romaines sur les flancs sud, Couvent St Léon). La silhouette tutélaire du Puech marque profondément le village.
Natura 2000 : Le Puech est inclus dans la zone NATURA2000 « Hautes Garrigues du Montpelliérais » (FR9112004)/ Zone d'interêt pour la conservation des oiseaux (ZICO) LR14, au titre de la directive oiseaux.
L'ascension du Puech des Mourgues offre un paysage magique offrant à la vue du promeneur un panorama exceptionnel sur la mer Méditérannée (Camargue/Salins du Midi, Etangs, Mont Saint Clair), les contreforts du Larzac (Séranne/Roc Blanc), le Lingas, le Massif de l'Aigoual, et le piémont Cévenol (Corcone, La Fage, et plus près la Pène). La vue sur le Pic Saint Loup et l'Hortus depuis l'extrémité ouest du Puech (Table d'orientation) y est sans conteste la plus belle de toute la région, le soleil se couchant, à l'équinoxe, au dessus de la Combe de Fambétou (entre Hortus et Pic Saint Loup).
Selon la tradition et la légende, après l'Ascension de Jésus-Christ,
- Marie-Jacobé épouse de Clopas (le frère cadet de Joseph d'après Hégésippe cité par Eusèbe de Césarée 10) et mère de Jacques le Mineur, de Joseph (José) Barsabas le Juste (un des 72 disciples), de Simon le Zélote et de Jude (ou Thaddée) ;
- Marie-Salomé, ou simplement Salomé, peut-être une autre sœur de la Vierge marie, une de celles « qui suivaient Jésus et le servaient » ; dite la Myrophore (porteuse de parfum) parce qu'elle est l'une des femmes qui se rendirent au tombeau de Jésus pour embaumer son corps ; femme de Zébédée, un des patrons-pêcheurs de Bethsaïde, et mère des apôtres Jacques le Majeur et Jean l’évangéliste ;
- ainsi que leur servante : Sara l’Egyptienne (pour la plupart des Gitans dont elle est la sainte patronne, Sara la Kali (Sara la Noire), vivait en Provence avant l'arrivée des "Maries" et a été convertie par elles) ;
- Lazare de Béthanie (ressuscité par Jésus) et ses deux sœurs Marthe et Marie : cette dernière est très souvent confondue avec la pécheresse anonyme (Luc 7,37-50), et avec Marie de Magdala de laquelle Jésus chassa 7 démons (Luc 8,2), celle qui fut la première à trouver le tombeau vide et à voir le Christ ressuscité (Jean 20,11-18), celle dont Augustin d'Hippone dira (Sermon 132,1) : « L’Esprit Saint fit de Marie-Madeleine l’apôtre des apôtres », celle qui, selon une tradition ancienne, aurait suivi Jean et Marie (la mère de Jésus) à Éphèse pour échapper aux persécutions lancées contre les chrétiens en Palestine. A moins qu’il ne s’agisse d’une seule et même personne, hypothèse admise chez les catholiques depuis Grégoire Ier, pape de 590 à 604, qui considéra que Marie de Magdala ne faisait qu'une avec Marie de Béthanie ainsi qu'avec la pécheresse qui oint le Christ de parfum. Au commencement du XVIe siècle, surtout, cette question de l'unité de Madeleine fut vivement agitée : la Sorbonne déclara le 1er décembre 1521, qu'il n'y avait qu'une Madeleine (déjà, en 1140, Gérard de Nazareth avait écrit De una Magdalena contra Graecos) ; cette discussion fut reprise par Tillemont, le Père Lamy de l’Oratoire, Bossuet et Fleury ; ces identifications, toujours refusées par les Eglises d'Orient depuis Jean Chrysostome (+ 407) qui faisait la distinction entre ces personnages, ne semblent plus admises aujourd'hui ; après Vatican II, l'Église catholique célébre sainte Marie de Magdala le 22 juillet, tandis que Marie de Béthanie l'est avec sa sœur Marthe le 29 juillet ;
- Maximin, intendant de Lazare et de ses sœurs ;
- Marcelle et Suzanne (l'une des femmes-disciples de Jésus : cf. Luc VIII, 3) qui sont aussi à leur service ;
- Sidoine (Cedonius), l’aveugle de naissance guéri par Jésus (Jean, IX), qui succédera à Maximin et sera le 2ème évêque d’Aix en Provence (il aurait été auparavant le premier évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux dans la Drôme, sous le nom de Restitut) ;
- Joseph d'Arimathie, porteur du précieux Graal ;
- Amadour (Amateur) qui s’établira dans une grotte à Rocamadour et dans lequel une tradition du Quercy voit Zachée, l'hôte du Christ et le mari de Véronique qu'une légende fait débarquer tous deux à Soulac en Médoc (selon une autre version, Zachée façonna, pour Amateur, une petite statuette de la Vierge Marie) ; une autre légende confond Zachée et Sylvain l'ermite de Levroux dans le Berry ;
- et peut-être d’autres encore, sont chassés de Judée, sans vivres, sur des bateaux sans voile ni rames...
« Au moment de cette dispersion, Maximin, Marie-Magdeleine, Lazare, son frère, Marthe, sa soeur, et Manille, suivante de Marthe, et enfin le bienheureux Cédonius, l'aveugle-né guéri par le Seigneur, furent mis par les infidèles sur un vaisseau tous ensemble avec plusieurs autres chrétiens encore… » 4
Manille écrira la vie de Marthe puis elle ira en Esclavonie où, après avoir prêché l’évangile, elle mourra en paix, dix ans après Marthe.
Vers 43/45, grâce à la divine providence, les Marie abordent, saines et sauves, sur le littoral de la Gaule près de l'emplacement actuel de la ville des Saintes-Maries (vraisemblablement un ancien oppidum ligure) qui se trouve alors à l’intérieur des terres, puis répandent la parole du Christ dans la région. 13
En 513, Césaire, archevêque d’Arles, crée une église aux Saintes-Maries-de-la-Mer : Sancta Maria de Ratis (Sainte Marie de la Barque) qui deviendra (toujours aussi singulièrement) Notre-Dame de Ratis ou Notre-Dame de la Barque et même Notre-Dame de la Mer.
Les noms de 5 religieuses martyrisées en Perse (aujourd'hui Hazza en Irak) le 6 juin 347, Thècle (ou Thécla), Marthe, Mariamne (ou Marie), Marie et Ennatha (ou Enneim) se retrouvent, dans le sud de la France : Thècle à Chamalières (63), Marthe à Tarascon, les deux Marie aux Saintes-Maries-de-la-Mer et Enneim ou Enimie à Sainte-Enimie (48) 11. Autres martyrs persans : le prêtre Jacques (souvent confondu avec l'Apôtre Jacques le Majeur dont la tête était vénérée aux Saintes-Maries) martyrisé le 17 mars 347 et Sara martyrisée le 10 décembre 352. Les reliques vénérées aujourd’hui dans nos basiliques et églises seraient-elles celles de ces martyrs perses homonymes ? On sait que, du Vème au VIIIème siècle, beaucoup de reliques d'orient furent apportées en Gaule. 5
A Chamalières (63), sont vénérées officiellement, depuis le VIIe siècle, les reliques de Thècle d’Iconium disciple de Paul morte à Séleucie au Ier siècle (une légende raconte toutefois que Thècle aurait traversé les mers pour fuir les persécutions ; arrivée en Gaule, elle aurait franchi les Cévennes).
Marie-Jacobé, Marie-Salomé et Sara restent en Camargue.
L'endroit où elles sont ensevelies (c’est Trophime, venu d'Arles, qui leur donne les derniers sacrements) devient un important lieu de culte et de pèlerinage chrétien ainsi qu'une halte sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle (fils de Marie-Salomé).
L'église de Notre-Dame de la Barque (ou Notre-Dame de Ratis), édifiée au XIe ou XIIe siècle sur les ruines d'un oratoire, se présente comme une forteresse, la chapelle haute formant un véritable donjon et renfermant un puits en cas de siège.
Les reliques des mères des deux Jacques sont conservées dans la chapelle haute tandis que celles de Sara, la vierge noire, se trouvent dans la crypte.
Le roi René d'Anjou (1409-1480) officialise le culte des Saintes Maries après la découverte, sous l’église, en novembre 1448, des reliques de Marie-Jacobé et de Marie-Salomé. Les fouilles ayant également mis au jour une tête d'homme, on y vit la tête de Jacques 1 apportée par sa mère Marie-Salomé. 12
Aujourd'hui encore, les 24 et 25 mai et le 22 octobre, les pèlerinages accueillent une foule nombreuse.
Celui de mai est surtout fréquenté par les Gitans qui viennent, de tous les pays, fêter Sara le 24 et les Maries le 25 ; tous les trois ou quatre ans, ils élisent leur reine aux Saintes-Maries-de-la-Mer.
En 1953, dans le but d’éclipser le culte de Sara, l'aumônerie nationale introduit dans la procession une statue de Notre Dame des Gitans, qui fut bénie par l'archevêque de Lourdes en 1958 et couronnée par le pape Paul VI en 1965.
Selon la légende, Lazare, premier évêque de Marseille, est décapité sous le règne de Domitien, le 17 décembre 94. C'est au-dessus de sa sépulture que sera construite l'abbaye de Saint-Victor fondée au Ve siècle par le moine Jean Cassien. Au VIIIe ou Xe siècle, pour éviter qu’elles ne soient profanées par les Sarrasins, les reliques de Lazare sont transférées à Autun ; Marseille conserve néanmoins la tête de son saint apôtre. Certains pensent que les reliques que l'on vénère à la cathédrale Saint-Lazare d'Autun ne sont pas celles du Lazare biblique, mais plutôt celles d'un Lazare qui fut archevêque d'Aix vers 408/411. Le tombeau de Lazare, qui aurait été nommé évêque à Chypre par Pierre, est toujours très visité à Larnaka. Lazare et sa soeur Marthe sont fêtés le 29 juillet.
Vers l'an 68, Marthe meurt à Tarascon où elle a vaincu la Tarasque, un monstre légendaire. Une légende dit que Jésus lui-même est venu l'accueillir à la porte du paradis.
La Marthe d’abord honorée en Provence est une martyre persane morte en 347. Quand le culte de Marie-Madeleine se développe au XIIe siècle, on honore aussi sa sœur Marthe : c’est ainsi que cette dernière prend la place de la martyre.
Durant les invasions sarrasines, les reliques de Marthe sont enfouies dans une église souterraine.
En 1187, l'archevêque Imbert d'Aiguières préside leur élévation solennelle et reconnaît leur authenticité.
La Légende de la Tarasque
Il y avait alors le long du Rhône, dans un bois entre Arles et Avignon, un dragon qui était comme un poisson à partir de la moitié du corps, plus gros qu'un bœuf, plus long qu'un cheval, et qui avait la gueule garnie de dents énormes. Il attaquait tous les voyageurs qui passaient sur le fleuve et il submergeait les embarcations. Il était venu par mer de la Galatie où il avait été engendré d'un serpent marin, et tout ce qu'il touchait était frappé de mort. Marthe, émue des prières du peuple, entra dans le bois où elle trouva le monstre qui était en train de manger. Elle jeta sur lui de l'eau bénite et lui présenta une croix. Alors le monstre, devenu doux comme un agneau, se laissa attacher. Marthe lui passa sa ceinture autour du cou, et le peuple vint le tuer à coups de lance et de pierres. Ce dragon s'appelait la Tarasque et, en mémoire de cet événement, l’endroit fut nommé "Tarascon".
Le roi René créa, vers 1458, un ordre de la Tarasque réservé aux jeunes gens à qui l’on accordait le droit de porter en sautoir une effigie dorée de la bête, pendue à un ruban de pourpre.
Citation
Sainte Marthe ne laissait pas d’être une sainte bien qu’on ne dise pas qu’elle fut contemplative…Si nous restions en contemplation comme Madeleine, il n’y aurait personne pour donner à manger à cet hôte divin. Que les sœurs se rappellent qu’il doit y avoir parmi elles quelques autres qui préparent le repas du Seigneur. Qu’elles s’estiment heureuses de le servir comme Marthe. (Thérèse d’Avila + 1582)
Son ermitage et ses reliques.
Après avoir prêché à Marseille, Marie-Madeleine se retire dans la grotte de Sainte-Baume pendant 30 ans. C’est dans cette grotte que, selon la tradition compagnonnique, Maître Jacques, l’un des constructeurs du Temple de Salomon, aurait trouvé refuge après son différend avec Soubise, et qu’il aurait été tué de cinq coups de couteau portés par des disciples de ce dernier. Vêtue seulement de son abondante chevelure, Madeleine n’a pour nourriture que les chants des anges qui l'élèvent quotidiennement dans les cieux, 7 fois par jour. A sa mort, du Saint-Pilon qui couronne la Sainte-Baume, les anges enlèvent son âme au ciel. Maximin, l’un des 72 disciples du Christ et premier évêque d’Aix en Provence, enterre son corps dans une crypte.
Sainte Marie-Madeleine, fêtée le 22 juillet, est la patronne des distillateurs, des pécheurs et des pécheresses.
Le 10 juin 2016, le pape François élève la mémoire liturgique de sainte Marie-Madeleine au rang de fête dans le Calendrier romain.
Assomption de Marie Madeleine par José de Ribera (1636)
- Saint-Maximin :
Au Ve siècle, Jean Cassien découvre les restes de Madeleine et les confie à la communauté des Cassianites qu'il a fondée à Saint-Maximin.
Lorsque les Sarrasins attaquent la ville en 716, on cache les reliques de la sainte dans le sarcophage de saint Sidoine, et l'on mure la crypte.
Le 9 décembre 1279, le futur comte de Provence, Charles II d’Anjou, neveu de saint Louis, redécouvre à Saint-Maximin les reliques de Marie-Madeleine. En 1295 il édifie la basilique royale de Saint-Maximin pour y placer les reliques que le pape Boniface VIII confie à la garde des Dominicains.
La basilique renferme un reliquaire contenant un crâne complet, vénéré comme étant celui de Marie-Madeleine, et les sarcophages de Maximin, de Marcelle, de Suzanne et de Sidoine.
A la Sainte-Baume, l'extrémité inférieure d'un tibia droit, un petit éclat osseux de boîte crânienne et quelques cheveux enroulés et conservés dans un tube de verre sont présentés comme des reliques de Marie de Magdala.
A l'église de la Madeleine, à Paris, un reliquaire renferme un fémur gauche vénéré comme une relique de la sainte.
En 1974, le rapport anthropologique des docteurs G. et S. Arnaud du Laboratoire de restauration et de recherches de l'Institut d'archéologie méditerranéenne (C.N.R.S.) conclut que les ossements dits de Marie-Madeleine provenant de la crypte de la basilique de Saint-Maximin et de l'église de la Madeleine à Paris appartiennent à une femme de 1 m 48, âgée d'environ 50 ans, de type méditerranéen gracile.
- Vézelay :
A Vézelay (Yonne), on prétend aussi posséder des reliques de Madeleine. En 882, un moine nommé Badilon, envoyé par Girard de Vienne fondateur de Vézelay, serait venu les prendre dans la crypte de Saint-Maximin pour les soustraire aux Sarrasins, et les aurait transportées à l'abbaye de Vézelay. Selon les moines de Saint-Maximin, la dépouille de la sainte n'était plus dans son tombeau car, à l'approche des Sarrasins, elle avait été cachée dans le tombeau de saint Sidoine dont les restes avaient été placés dans le tombeau de Madeleine. Par conséquent, les ossements de Vézelay seraient ceux de Sidoine.
La bulle du pape Léon IX du 27 avril 1050 place officiellement l'abbaye de Vézelay sous le patronage de Marie-Madeleine. En 1096, l'abbé Artaud entreprend l'édification de la basilique Sainte-Madeleine, dans la crypte de laquelle sont placées les saintes reliques. Lors de sa venue, en 1267, saint Louis confirme l'authenticité des reliques de Marie-Madeleine, ce qui n’empêche pas le déclin de Vézelay avec la découverte en 1279 des reliques de la sainte à Saint-Maximin.
De nouvelles reliques de Marie-Madeleine sont confiées à la basilique de Vézelay en 1870 et 1876.
- Ephèse :
En 590, Grégoire de Tours mentionne le tombeau de Marie-Madeleine à Ephèse, sans autre précision : « Dans cette ville repose Marie-Madeleine, n'ayant au-dessus d'elle aucune toiture ». 6
« Quelques auteurs, parmi lesquels il faut distinguer le janséniste Tillemont, qui, d'après Photius et Launoy, s'appuie sur le témoignage de plusieurs écrivains grecs du VIIe siècle et des siècles postérieurs, prétendent qu'elle (Madeleine) accompagna Jean et Marie, mère de Jésus, à Ephèse, où elle mourut et où elle fut enterrée en l'an 90. En 869, l'empereur Léon le Philosophe, toujours d'après les mêmes auteurs, aurait fait transporter son corps d'Ephèse à Constantinople où il fut déposé dans l'église Saint-Lazare. En 1216, les croisés s'emparèrent de ces reliques et les apportèrent au pape Honorius III qui les fit enfermer à Saint-Jean-de-Latran, sous un autel dédié à l'amie du Christ. Il est dit encore, dans l'Histoire de Fleury, que, dès l'an 1146, on croyait avoir le corps de la Madeleine à Vézelay, et que, en 1267, le roi saint Louis, accompagné du légat Simon de Brie, alla à Vézelay où il assista à la translation des reliques de sainte Marie-Madeleine d'une châsse à l'autre. Une autre tradition veut que Madeleine soit allée mourir avec Lazare et sa sœur Marthe en Provence, près de Saint-Maximin, au sommet de ce qu'on appelle les petites Alpes, dans le lieu nommé, à cause d'elle, la Sainte-Baume ». 7
Evangile selon Philippe
L'évangile apocryphe de Philippe (IIe siècle), texte gnostique, indique que Marie-Madeleine est la "koinonos" (compagne) de Jésus : « Ils étaient trois qui marchaient toujours avec l'Enseigneur : Marie sa mère, la sœur de sa mère et Marie de Magdala qui est connue comme sa compagne car Marie est pour lui une sœur, une mère et une épouse ». (traduction de JY Leloup)
Autre traduction 8 : « Il y en avait trois qui marchaient toujours avec le Seigneur : Marie sa mère et sa sœur et Madeleine appelée sa compagne. Sa sœur, sa mère et sa compagne étaient chacune Marie. » (26)
« Et la compagne du fils est Marie Madeleine. Le Seigneur l'aimait plus que tous les disciples et il l'embrassait souvent sur ... (ndlr : le texte comporte un vide à cet endroit, vide que la plupart des spécialistes comblent par : "la bouche"). Les disciples le voyaient et ils lui dirent : Pourquoi l'aimes-tu plus que nous tous ? Le sauveur répondit et leur dit : Comment se fait-il que je ne vous aime pas autant qu'elle ? Un aveugle et quelqu'un qui voit, quand ils sont tous deux dans l'obscurité ne se distinguent pas l'un de l'autre. Si la lumière vient, alors celui qui voit verra la lumière alors que celui qui est aveugle demeurera dans l'obscurité ». (44 b, 45)
Evangile de Marie
L'évangile apocryphe de Marie, texte gnostique du IIe siècle, montre que Marie-Madeleine a reçu de Jésus un enseignement d'initié et que Pierre refuse de prêter foi à la parole de celle-ci : « Pierre ajouta : « Est-il possible que le Maître se soit entretenu ainsi, avec une femme, sur des secrets que nous, nous ignorons ? Devons-nous changer nos habitudes, écouter tous cette femme ? L'a-t-Il vraiment choisie et préférée à nous ?» Alors Marie pleura. Elle dit à Pierre : « Mon frère Pierre, qu'as-tu dans la tête ? Crois-tu que c'est toute seule, dans mon imagination, que j'ai inventé cette vision ? Ou qu'à propos de notre Maître je dise des mensonges ?» Levi prit la parole : « Pierre, tu as toujours été un emporté ; je te vois maintenant t'acharner contre la femme, comme le font nos adversaires. Pourtant, si le Maître l'a rendue digne, qui es-tu pour la rejeter ? Assurément, le Maître la connaît très bien. Il l'a aimée plus que nous. Ayons donc du repentir, et devenons l'être humain dans son intégrité ; laissons-Le prendre racine en nous et croître comme Il l'a demandé. Partons annoncer l'Évangile sans chercher à établir d'autres règles et d'autres lois en dehors de celle dont Il fut le témoin ». (pages 17-18)
Le baiser des premiers chrétiens
Chez les gnostiques, l’étreinte et le baiser signifient la transmission du souffle divin à l’initié.
Un texte gnostique, la deuxième Apocalypse de Jacques, décrit le Christ ressuscité appelant Jacques « mon bien-aimé » et l’embrassant sur la bouche.
En 1764, Voltaire écrit dans son Dictionnaire philosophique, au mot "Baiser": « Les premiers chrétiens et les premières chrétiennes se baisaient à la bouche dans leurs « agapes » (ce mot signifiait « repas d’amour ». Ils se donnaient le saint baiser, le baiser de paix, le baiser de frère et de sœur (…) La secte des piétistes, en voulant imiter les premiers chrétiens, se donne aujourd’hui des baisers de paix en sortant de l’assemblée, et en s’appelant « mon frère, ma sœur » (…) L’ancienne coutume était de baiser sur la bouche ; les piétistes l’ont soigneusement conservée. Il n’y avait point d’autre manière de saluer les dames en France, en Allemagne, en Italie, en Angleterre ; c’était le droit des cardinaux de baiser les reines sur la bouche, et même en Espagne. Ce qui est singulier, c’est qu’ils n’eurent pas la même prérogative en France, où les dames eurent toujours plus de liberté que partout ailleurs (…) C’eût été une incivilité, un affront, qu’une dame honnête, en recevant la première visite d’un seigneur, ne le baisât pas à la bouche, malgré ses moustaches. « C’est une déplaisante coutume, dit Montaigne, et injurieuse aux dames, d’avoir à prêter leurs lèvres à quiconque a trois valets à sa suite, pour mal plaisant qu’il soit. » Cette coutume était pourtant la plus ancienne du monde. S’il est désagréable à une jeune et jolie bouche de se coller par politesse à une bouche vieille et laide, il y avait un grand danger entre des bouches fraîches et vermeilles de vingt à vingt-cinq ans ; et c’est ce qui fit abolir enfin la cérémonie du baiser dans les mystères et dans les agapes… »
L'historien grec Hérodote (mort vers 420 av. JC.) évoque la pratique du baiser chez les Perses : le baiser s'effectue lèvres à lèvres pour les personnes de même statut social, alors que celles d'un rang inférieur doivent embrasser le sol ou les pieds de leurs supérieurs. 2
Jésus et Marie-Madeleine
Certains prétendent que Madeleine est l’épouse de Jésus, qu’ils ont 2 enfants, qu’ils s’installent dans la Narbonnaise et qu’ils construisent un temple souterrain dans la région.
Le baron d'Holbach, dans son Histoire critique de Jésus-Christ (1770), parle assez longuement de Madeleine, qu'il accuse d'avoir eu des "complaisances criminelles" pour Jésus. Il est vrai qu'il se décharge de l'accusation sur l'abbé de Labaume Desdonat, auteur de la Christiade, lequel à son tour s'en décharge sur les albigeois.
Dans un livre intitulé Mon Dieu… pourquoi ? coécrit avec le directeur du Monde des Religions, Frédéric Lenoir, et publié chez Plon en 2005, l’abbé Pierre (1912-2007), qui confie avoir eu des rapports sexuels avec des femmes, déclare à propos du mariage supposé de Jésus et de Marie-Madeleine : « Cette hypothèse ne trouble nullement ma foi. Autrement dit, je m’élève contre ceux qui affirment qu’il est impossible que Jésus ait eu des relations sexuelles au nom de sa divinité ».
Citations
Ne me touchez pas, parce que je ne suis pas encore remonté vers mon Père. O Sainte femme (Marie-Madeleine, ndlr) qui avez saisi les pieds du Seigneur pour qu'il vous emporte vers le Père ! C'est une race nouvelle qu'il emportera : Eve qui désormais ne s'égare plus, mais saisit de toutes ses forces l'arbre de vie. Après cela le Christ l'envoie comme apôtre aux apôtres. O merveilleux renversement : Eve devient apôtre. (Hippolyte de Rome + 235)
Puisque c'est par une femme que fut inaugurée la séparation d'avec Dieu par la désobéissance, il convenait qu'une femme fût aussi le premier témoin de la Résurrection, afin que la catastrophe qui avait résulté de la désobéissance fût redressée par la foi dans la Résurrection. (Grégoire de Nysse + 394)
De même qu'au début la femme fut l'instigatrice du péché pour l'homme, l'homme consommant l'erreur ; de même à présent celle qui avait goûté la première à la mort a vu la première la Résurrection. Selon l'ordre de la faute, elle fut la première au remède ; elle compense le désastre de l'antique déchéance par l'annonce de la Résurrection. Les lèvres de la femme avaient autrefois donné passage à la mort, les lèvres de cette femme rendent la vie. (Ambroise de Milan + 397)
Marie Madeleine, après être venue au tombeau sans y trouver le corps du Seigneur, crut qu'on l'avait enlevé et porta cette nouvelle aux disciples. Une fois venus, ceux-ci constatèrent et ils crurent qu'il en était comme elle l'avait dit. L'Évangile note aussitôt : « Après cela, les disciples rentrèrent chez eux. » Puis il ajoute : « Mais Marie restait là dehors, à pleurer. » A ce sujet, il faut mesurer avec quelle force l'amour avait embrasé l’âme de cette femme qui ne s'éloignait pas du tombeau du Seigneur, même lorsque les disciples l’avaient quitté. Elle recherchait celui qu'elle ne trouvait pas, elle pleurait en le cherchant, et, embrasée par le feu de son amour, elle brûlait du désir de celui qu'elle croyait enlevé. C'est pour cela qu'elle a été la seule à le voir, elle qui était restée pour le chercher, car l'efficacité d'une œuvre bonne tient à la persévérance, et la Vérité dit cette parole : « Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé. » Elle a donc commencé par chercher, et elle n'a rien trouvé ; elle a persévéré dans sa recherche, et c'est pourquoi elle devait trouver ; ce qui s'est produit, c'est que ses désirs ont grandi à cause de son attente, et en grandissant ils ont pu saisir ce qu'ils avaient trouvé. Car l'attente fait grandir les saints désirs. Si l'attente les fait tomber, ce n'étaient pas de vrais désirs. C'est d'un tel amour qu'ont brûlé tous ceux qui ont pu atteindre la vérité. Aussi David dit-il : « Mon âme a soif du Dieu vivant : quand pourrai-je parvenir devant la face de Dieu ? » Aussi l'Église dit-elle encore dans le Cantique des cantiques : « Je suis blessée d'amour. » Et plus loin : « Mon âme a défailli. » Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » On lui demande le motif de sa douleur, afin que son désir s'accroisse, et qu'en nommant celui qu'elle cherchait, elle rende plus ardent son amour pour lui. Jésus lui dit : « Marie. » Après qu'il l'eut appelée par le mot banal de « femme », sans être reconnu, il l'appelle par son nom. C'est comme s'il lui disait clairement : « Reconnais celui par qui tu es reconnue. Je ne te connais pas en général, comme les autres, je te connais d'une façon particulière. » Appelée par son nom, Marie reconnaît donc son créateur et elle l'appelle aussitôt « Rabboni, c'est-à-dire maître », parce que celui qu'elle cherchait extérieurement était celui-là même qui lui enseignait intérieurement à le chercher. (Grégoire le Grand + 604, Sur l'Evangile de Jean 3)
Femme (Madeleine, ndlr), pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Celui que tu cherches, tu le possèdes et tu ne le sais pas ? Tu as la vraie et l’éternelle joie, et tu pleures ? Elle est au plus intime de ton être et tu cherches au dehors. Ton cœur est mon tombeau. Je n’y suis pas mort, mais j’y repose vivant pour toujours. (D’un moine inconnu du 13ème s.)
Il y a trois saints qui m'ont agréé par-dessus tous les autres : sainte Marie, ma mère, saint Jean-Baptiste et sainte Marie-Madeleine (Notre-Seigneur à Brigitte de Suède + 1373, Revelationes S. Birgittae, Lib. IV, cap. 108).
Sa pénitence est amour, son désert est amour, sa vie est amour, sa solitude est amour, sa croix est amour, sa langueur est amour et sa mort est amour. Je ne vois qu'amour en Madeleine. Je ne vois que Jésus en son amour, je ne vois que Jésus et amour dans son désert. (Cardinal Pierre de Bérulle + 1629)
Avec son intuition, Madeleine a compris que Jésus voulait "la re-créer", pas seulement couvrir ses péchés par une opération de maquillage : et c'est précisément elle, qui avait eu le courage de donner « leur nom et leur prénom » à ses péchés... (Pape François, 5 décembre 2016)
Dictons météorologiques
A la Sainte-Madeleine, il pleut souvent,
Car elle vit son maître en pleurant.
A la Madeleine la noisette est pleine (Bresse)
A la Madeleine la noix est pleine. (Saintonge)
Notes
1 Selon la tradition arménienne, la cathédrale Saint-Jacques de Jérusalem abrite depuis le 4e siècle la tête de Jacques le Majeur décapité par Hérode Agrippa Ier en 44. Sa tête est enterrée sous le pavement actuel d’une petite pièce située au nord de la nef de l’église.
2 http://www.maxisciences.com/baiser/quelles-sont-les-origines-du-baiser_art12978.html
3 missel.free.fr/Sanctoral/07/22.php
4 Jacques de Voragine, archevêque de Gênes (1230-1298), La légende dorée
5 http://nostredame.unblog.fr/tag/sainte-marie-madeleine-penitente-1er-siecle/
6 In gloria martyrium, ch. 29, P.L., t. 71, c. 731
7 Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle. Pierre Larousse. 1864-1890
8 http://www.histoire-christ-gnose.org
9 Gaëtane de Lansalut, Le Monde des Religions, juillet/août 2007
10 Histoire ecclésiastique 3, 11. Le nom de Clopas est cité dans l'Évangile selon Jean (19, 25) : "Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie de Clopas et Marie de Magdala". Clopas est parfois confondu avec Cléophas, l'un des disciples qui ont rencontré Jésus ressuscité à Emmaüs (http://fr.wikipedia.org/wiki/Clopas).
11 Sainte-Énimie (48) doit son nom à une abbesse légendaire, Enimie ou Enémie, sœur de Dagobert I, la princesse lépreuse, qui aurait fondé, au VIIe siècle, un monastère, autour duquel le village se développa.
12 Pèlerins de saint Jacques, Louis Mollaret, Editions Jean-paul Gisserot, 2003, page 20.
13 La navette (= petite nef), cette pâtisserie provençale généralement préparée pour la Chandeleur à la place des crêpes, notamment à Marseille, et dont la forme évoque celle d'une barque, représenterait la barque qui amena les Saintes Maries sur les côtes de Provence.
Sources
Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : Compilhistoire ; toute reproduction à but non lucratif est autorisée.
Date de mise à jour : 20/07/2017
Marie de Magdala |
Apres la mention de Marie de Magdala dans l’Evangile de Luc, à la suite de l’épisode de la femme pécheresse de la ville, son nom ne réapparaît qu’à la fin de la vie de Jésus et, cette fois, chez les quatre Evangélistes.
Marie de Magdala, à Coruña
© José Luis Jimenez
Entre temps, un épisode tout a fait semblable au récit de la pécheresse de Luc est rapporté par les trois autres Evangiles 32 et attribue a une femme de Béthanie qui est, d’après St Jean, Marie, la soeur de Marthe et de Lazare, celle dont Luc avait parlé comme étant assise aux pieds de Jésus et écoutant sa parole. Matthieu et Marc disent qu’elle répandit le parfum sur la tête de Jésus, mais Jean précise au contraire que c’était sur ses pieds et, comme dans le récit de Luc, cette Marie de Béthanie essuie les pieds de Jésus avec ses cheveux (Jean 11, 2 et 12. S). II y a une telle imbrication entre les récits des quatre Evangélistes qu’il est difficile de ne pas les attribuer a la même personne. Mais comme ce point de vue n’est pas celui de notre étude, on se contentera de souligner l’identité du geste et de noter qu’à la veille de la Passion il est unanimement mis en relation avec l’onction posthume sur le corps du défunt qui, après la mort de Jésus, sera attribuée à Marie de Magdala. On en vient donc aux passages des Evangiles où ce dernier nom revient dans les textes.
Auprès de la croix
C’est d’abord auprès de la croix de Jésus avant sa mort :
Matthieu 27, 56 : « Il y avait là beaucoup de femmes qui de loin regardaient, celles-là même qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée pour le servir. Parmi lesquelles Marie la Magdaléenne et Marie mère de Jacques et Joseph et la mère des fils de Zébédée. »
Marc, 15, 40 : « Il y avait aussi des femmes qui regardaient de loin, parmi lesquelles Marie la Magdaléenne et Marie (mère) de Jacques le petit et de Joset et Salomé qui le suivaient et le servaient depuis la Galilée. »
Luc qui raconte la rencontre avec les filles de Jérusalem ne mentionne pas Marie de Magdala, mais ajoute :
« Tous ses familiers se tenaient au loin, ainsi que des femmes qui l’accompagnaient depuis la Galilée et qui voyaient cela. »
Jean, 19, 25 : « Près de la croix de Jésus se tenait sa mère et la soeur de sa mère, Marie (femme) de Clopas et Marie la Magdaléenne. »
Pourquoi ce rôle prééminent donné à des femmes et, plus spécialement, à l’une d’elles ? Est-ce par reconnaissance de Jésus aux soins qu’elles donnèrent à son corps ? Qui pouvait, si ce n’est-elles, s’occuper de ses vêtements, faire cuire la nourriture qu’elles avaient achetée de leurs biens, comme il est dit dans Luc, 8, 3 ? C’était Judas qui recevait cet argent et qui en prélevait pour lui (Jean, 12, 6). Aussi l’achat de parfum précieux ne passa-t-il pas par lui. N’est-ce pas aussi parce que ces femmes, et notamment Marie de Magdala, avaient été guéries par lui d’infirmités et d’esprits mauvais et, par conséquent, l’aimaient plus que les autres, suivant l’expression même de Jésus dans l’épisode de ta pécheresse?
C’est d’ailleurs un leit-motiv dans le Judaïsme, que la repentance en hébreu teshuva, conduit a un état de perfection supérieur à l’absence de péché. La repentie, dans la Kabbale, correspond à la sefira Malkhut la Reine, l’Epouse, le Royaume ; la repentance est le nom même de la sefira Bina, la Mère, attribut divin par lequel tout entre dans la manifestation et tout y retourne.
« Le retour, dit G. Sholem s’accomplit dans l’élévation de ta kawwana, dans l’introversion de la volonté qui, au lieu d’exercer son influence vers l’extérieur, dans la multiplicité, se concentre et, se purifiant de tout égoïsme, gagne le contact avec la Volonté de Dieu, le contact entre la ‘volonté inférieure’ et la ‘volonté supérieure’. »
La sefira Bina a pour nom le Jubilé, c’est-à-dire le nombre 50 de l’année jubilaire, faite de semaine de semaines de d’années, et ce nombre est celui du mot kol « tout », C’est la liberté, deror, mot qui exprime aussi l’écoulement du parfum de la myrrhe et, d’après Rachi, le droit d’habiter n’importe quel endroit. Cette liberté du Jubilé s’étendait à toute la terre (Lév. 25, 10) et à la plupart des catégories d’esclaves.
Les femmes qui regardaient Jésus crucifié avaient donc en mémoire la délivrance qu’elles lui devaient, alors que leur Maître leur apparaissait au contraire enchaîné, rivé à la croix et que les assistants l’insultaient en disant : « Il en a sauvé d’autres (ces femmes en particulier), il ne peut se sauver lui-même. Qu’il descende maintenant de la croix » (Mat, 27, 42). Le sentiment d’amour et de reconnaissance qu’elles avaient Jusqu’alors envers lui se nuançait de pitié, comme chez les « Filles de Jérusalem », et aussi d’espoir par la connaissance de la Cène du Seigneur et de la nourriture qu’il annonçait par son sacrifice.
Parmi ces femmes, Marie de Magdala se détache pour être nommément désignée et pour devenir, chez St Jean, non plus l’observatrice lointaine, mais l’accompagnatrice de la mère de Jésus qui se tenait au pied de la croix. C’est pourquoi l’iconographie la représente toujours à genoux, embrassant cette croix, les cheveux dénoués. De même que Jésus avait reçu l’onction des larmes de la pécheresse et du parfum de Marie de Béthanie, larmes et parfum essuyés de leur chevelure, Marie Madeleine est dans l’interprétation chrétienne, ointe du sang et des humeurs issus du corps de Jésus, comme l’est aussi la terre du Golgotha recouvrant le crâne d’Adam.
Après la mort de Jésus
Après la mort de Jésus, son corps est descendu de la croix et mis dans un sépulcre. Là encore apparaît Marie de Magdala :
Matthieu 27, 61 : « Il y avait là Marie la Magdaléenne et l’autre Marie, assises en face du sépulcre. »
Marc, 1S, 47 : « Marie la Magdaléenne et Marie (mère) de Joset regardaient où il était mis. »
Luc. 23, 55, mentionne sans les détailler « les femmes qui étaient venues de Galilée... Elles regardèrent le tombeau et comment son corps avait été mis. S’en retournant, elles préparèrent aromates et parfums ».
Jean ne dit rien des femmes à ce moment-là.
L’Evangile de Matthieu précise que Marie de Magdala et l’autre Marie étaient assises en face du sépulcre. C’est le geste même de Marie, soeur de Lazare qui, dans Luc, 10, était assise aux pieds de Jésus et chez Jean, était assise dans la maison, près du sépulcre de son frère. Marc et Luc mentionnent le regard des femmes sur la sépulture. C’est ce regard qui est représenté dans les monuments de « mise au tombeau », regard sur le mort et souvenir du vivant.
L’iconographie représente toujours Marie de Magdala présente à la mise au tombeau et tenant un vase à la main. Souvent ce vase est ouvert, comme à Chaource Sur certaines peintures, elle est avec son vase, agenouillée aux pieds du corps et ce vase paraît rempli de sang. Si l’on se réfère aux Evangiles, les femmes ne pouvaient, à ce moment, pas porter d’aromates. D’après Luc, elles en achetèrent après être reparties et Marc dit qu’elles en achetèrent le surlendemain. Pour concilier le texte des Synoptiques avec celui de Jean disant que Nicodème apporta une quantité prodigieuse, – cent livres – de mélange de myrrhe et d’aloès, l’exégèse Juive est précieuse. Elle permet de rapprocher l’indication : « Nicodème était celui qui, au début, était venu de nuit » (Jean, 19, 39) et d’interpréter que Nicodème est encore venu de nuit, à un moment où les femmes étaient reparties pour acheter des aromates sans savoir que Nicodème devait en apporter pour les fixer sur le corps, avec les bandelettes.
Que peut alors contenir le vase tenu par Marie de Magdala sur les représentations de la descente de croix et de la mise au tombeau ? Dans les traditions moyen-âgeuses relatives au saint GraaL ce vase a recueilli le sang de Jésus non pas sur la croix, mais au lieu de la sépulture. C’est donc Marie de Magdala qui, en apportant son vase, l’aurait rempli de la liqueur d’immortalité. N’était-elle pas elle-même une coupe, lorsqu’au pied de la croix elle ne pouvait pas ne pas être déjà imprégnée du sang de Jésus ? Allégoriquement, c’est à la mère de Jésus qu’est, par trois fois, attribué le nom de vase dans les litanies : vas « tour » qui lui est commun avec Marie de Magdala : turris Davidica, turris eburnea –. De même que la Vierge Marie, Marie Madeleine est ainsi dispensatrice des grâces divines et gardienne de la mémoire de Jèsus.
Au lendemain du sabbat
Au lendemain du sabbat, c’est le premier jour de la semaine et le matin de la Résurrection.
Matthieu. 28, I : « Après le sabbat comme le premier Jour de la semaine commençait A luire. Marie la Magdaléenne et l’autre Marie vinrent regarder le sépulcre. »
Marc. 16, I : « Et le sabbat passé, Marie la Magdaléenne et Marie (mère) de Jacques et Salomé achetèrent des aromates pour venir l’embaumer. Et de grand matin, le premier jour de la semaine, elles viennent à la tombe dès le lever du soleil. Et elles disaient entre elles : Qui nous roulera la pierre hors de l’entrée du tombeau ? Et levant les yeux, elles s’aperçoivent que la pierre avait été roulée sur le côté. »
Luc. 24. I. comme précédemment, ne détaille pas les femmes, « Et le premier jour de la semaine, à la pointe de l’aurore, elles vinrent à la tombe en apportant les aromates qu’elles avalent préparés. Elles trouvèrent la pierre roulée de devant le tombeau ».
Jean. 20. I : « Le premier jour de la semaine, Marie la Magdaléenne vient au tombeau le matin, alors qu’il faisait encore sombre et elle voit la pierre enlevée du tombeau. »
Marie Madeleine, cathédrale de Toledo
© José Luis Jimenez
Pourquoi les femmes sont-elles les premières à aller au tombeau, de grand matin, le premier Jour de la semaine ? Cela reposerait-il sur une méprise ? Venant embaumer le corps de Jésus selon Marc et Luc, elles Ignoraient donc que, d’après Jean, Joseph d’Arimathie et Nicodème y avaient procédé le noir du vendredi.
Matthieu dit seulement que Marie la Magdaléenne et l’autre Marie vinrent regarder le sépulcre. Elles voulaient donc aussi en voir l’Intérieur, puisque, d’après Marc, elles se demandent comment rouler la pierre ; elles voulaient revoir le corps de Jésus. Et elles voulaient le revoir sans les autres disciples auxquels elles auraient pu demander de rouler la pierre.
Il y a ainsi de leur part une sorte d’intimité proprement féminine, jointe au besoin pressant de revoir Jésus et de lui donner les soins mortuaires, comme s’ils relevaient d’elles et non des hommes. Ayant suivi Jésus jusqu’au Calvaire, elles avaient accompagné son corps le soir du vendredi jusqu’au sépulcre où elles retournent le matin, dés qu’elles ne sont plus sous la contrainte de la loi du sabbat. Cette fidélité leur vaudra la joie des retrouvailles.
Or elles trouvent la pierre roulée. Les gardes mis par les autorités juives (Mat., 27, 66) sont partis, puisque les femmes n’en trouvent pas. Si les disciples étaient venus de nuit dérober le corps pendant le sommeil des gardes pour faire croire à la Résurrection, ils auraient refermé le sépulcre. Si les premiers venus à l’aube du premier jour avaient été des hommes, leur témoignage aurait été suspect ; Ils auraient pu rouler la pierre. Il était donc nécessaire que le témoignage de la Résurrection ait été réservé à la faiblesse humaine et plus spécialement féminine.
L’apparition des anges
L’apparition de Jésus est précédée de celle d’un ou de deux anges, selon les versions :
Matthieu, 28, 2 : « Et voilà qu’il y eut une grande secousse car l’Ange du Seigneur était descendu du ciel et, s’avançant, avait roulé la pierre et il était assis dessus … Prenant la parole, l’Ange dit aux Femmes : ‘Soyez sans crainte… Et vite allez dire à ses disciples qu’il s’est relevé d’entre les morts et voici qu’il vous précède en Galilée’. »
Marc, 16, 5 : « Et entrées dans le tombeau, elles virent un Jeune homme assis à droite, vêtu d’une robe blanche et elles furent saisies de frayeur. Mais il leur dit : ‘Ne vous effrayez pas... mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée’… Etant sorties, elles s’enfuirent du tombeau… et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. »
Luc. 24, 4 : « Voici que deux hommes se présentèrent à elles en habits étincelants ... Et s’en ‘retournant du tombeau, elles annoncèrent cela aux onze et à tous les autres. C’étaient la Magdaléenne Marie et Jeanne et Marie (mère) de Jacques. »
Jean. 20. 11 : « Marie se tenait prés du tombeau tout en pleurs. Donc comme elle pleurait, elle se pencha vers le tombeau et elle voit deux anges en blanc, assis où avait été placé le corps de Jésus, l’un à la télé et l’autre aux pieds. Et ceux-ci lui dirent : ‘Femme, pourquoi pleures-tu ?’ »
En ce matin de Pâques, comme à celui de Noël, deux groupes se trouvent en présence, l’un céleste, l’autre terrestre, le monde angélique représente par un ou deux anges et celui des femmes. Les anges ont une apparence masculine : certains Evangélistes disent « des hommes ». Et parmi les femmes il n’y a aucun homme.
Ange veut dire « messager », angelos en grec, maléak en hébreu. El puisque les femmes sont chargées d’un message, c’est donc qu’elles participent a la fonction angélique.
II y a, dans l’histoire de Jacob, un épisode où il est question de « deux groupes d’anges », Jacob, alors employé chez son beau-père Laban, avait reçu le message divin de « retourner » au pays de ses pères.
L’apparition de Jésus
Après l’apparition des anges, a lieu celle de Jésus :
Matthieu. 1, 9-10 : « Et voici que Jésus vint au-devant d’elles et leur dit : ‘Salut’. Elles, s’avançant, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui Alors Jésus leur dît : ‘Soyez sans crainte. Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent s’en aller en Galilée, c’est là qu’ils me verront’. »
Marc, 16, 9-10 : « Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, il apparut d’abord à Marie la Magdaléenne dont il avait chassé sept démons. Celle-ci partit l’annoncer à ceux qui avaient été avec lui. »
L’Evangile de Luc ne mentionne pas d’apparition de Jésus le matin, la réservant au soir de Pâques.
Alors que, d’après Matthieu, Jésus est apparu au groupe de femmes, Marc réserve la première apparition à la seule Marie de Magdala, au matin de ce premier jour de la semaine qui, dans la tradition juive, ouvre l’ère messianique.
L’Evangile de Jean privilégie de même Marie de Magdala. C’est à elle que sont adressées les premières paroles de Jésus ressuscité : Les anges viennent de lui dire : « Femme, pourquoi pleures-tu ? »
« Elle leur dit : ‘C’est qu’on a enlevé mon Seigneur et je ne sais où on l’a mis.’ » Ayant dit cela, elle se retourna en arrière, et elle voit Jésus qui se tenait là. Mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Que cherches-tu ? » Elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit : « Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi Je l’enlèverai. » Jésus lui dit : « Mariam. » Se retournant elle lui dit en hébreu : ‘Rabbouni’, c’est à dire ‘Maître’. Jésus lui dit : « Cesse de me toucher », car Je ne suis pas encore monté vers le Père, mais va-t’en vers mes frères et dis-leur : « Je monte vers mon Père et votre Père vers mon Dieu et votre Dieu ». Vient Marie la Magdaléenne. qui annonce aux disciples : « J’ai vu le Seigneur et voilà ce qu’il m’a dit » (Jean, 20, 13 18).
Les anges avaient demandé à Marie Madeleine : « Pourquoi pleures-tu ? » Jésus ajoute : « Qui cherches-tu. » Les deux pronoms’quoi’ et ‘qui’, en grec ti et tis, l’un neutre, l’autre masculin, correspondent à l’hébreu mah et mi. Ce sont, dans la Kabbale, deux attributs divins, mah est la sefira Hokhma, la Sagesse, le Père, mi la sefira Bina, le Discernement, la Mère. Elles s’unissent en la sefira Tiferet, le fils, l’époux, le saint, beni soit-il. L’Epouse est la Sefira Malkhut, la Reine, la Fille. Ce jeu du ‘qui’ et du ‘quoi’ est familier à St Jean. On le retrouve quand les Juifs s’enquièrent de l’identité de Jean-Baptiste (I, 22) et de celle de Jésus (8, 25).
Ici Jésus a l’apparence d’un Jardinier. L’iconographie le représente en face de Madeleine, tenant une bêche dont la partie inférieure pénètre en terre et celle d’en haut porte une banderole avec les paroles qu’il adresse. L’image est la même que celle de St Georges avec sa lance, le nom de Georges, en grec geôrgos, signifiant « celui qui travaille la terre, qui agit sur la terre ». Claude Gaignebet fait remarquer qu’ici Jésus a les attributs de Caïn qui était cultivateur, alors que, dans sa Passion, il portait l’image d’Abel le pasteur. Mais, à vrai dire, déjà Noé était appelé cultivateur, « époux de la terre », ish adamah (Gen. 9, 20) et Adam, dès sa formation, avait été mis dans un Jardin où il fut plongé dans un profond sommeil. C’est de ce sommeil qu’est sortie la femme. La scène décrite par St Jean évoque celle de la Genèse, avec le face-à-face de l’Homme se relevant du sommeil et de la Femme qu’il trouve devant lui.
On a pu voir une inclusion dans le Jeu du ‘qui’ et du ‘quoi’. Il s’en ajoute une autre dans la répétition du ‘retournement’ de Marie de Magdala. Elle s’était ‘retournée en arrière’ pour voir Jésus et elle se retourne quand Jésus l’appelle par son nom. Or, au début de l’Evangile de Jean, quand, après l’interrogation sur Jean-Baptiste mentionnée plus haut, Jésus "se retourne" pour voir les deux disciples qui le suivaient, il leur dit : « Que (grec ti) cherchez-vous ? », expression complémentaire de celle de Jésus à Marie : « Qui (grec tis) cherches-tu ? »
Jésus lui dit : ‘Mariam’. Auparavant Jésus s’adressant à Marie de Magdala avait employé la même désignation que les anges : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » ‘Femme’, c’est, en hébreu ishah, formé des lettres alef (voyelle ‘I’), shin, hé. Ishah est le premier mot que prononça Adam quand il eut devant lui une partenaire, mot formé de lui-même, ish : alef (voyelle ‘i’), iod, shin, le iod qui vaut 10 se dédoublant pour donner le hé = 5. C’est pourquoi Rachi fait observer, à cette occasion, que « le monde a été créé avec la langue sainte ». Cette fois-ci Jésus lui donne le nom de Mariam. Ishah était ‘l’épouse’, Mariam est le nom de la mère de Jésus, en hébreu Miryam, mot qui contient le M initial, ouvert dans l’écriture hébraïque et pour cela, symbole de l’Epouse, Malkhut, la dernière sefïra tandis que le M final est formé comme Bina la Mère « dont les voies sont cachée » (Zohar. 111, 66 b). Il en est de même de la lettre N (nun en hébreu) dont on a vu qu’elle signifiait le ‘poisson’. Le Zohar (I, 50 b) commente ainsi les « deux maisons d’Israël » d’Isaïe 8, 14 : « La première est suprême, enfermement, l’autre se dévoile davantage. » II cloute que leurs relations entre elles sont comme la ‘grande voix’, qôl gadol, la ‘voix de Jacob’, audible seulement lorsqu’elle est sortie de la voix qui ne l’est pas. C’est cette « voix de Jacob » qui exprima le nom ‘Mariant’ pénétrant, chez Marie de Magdala, Jusqu’au plus profond de son être. Denys le Chartreux, dans son commentaire sur St Jean, dit à ce sujet :
« Marie sentit avec quelle affection et douceur Jésus lui dit : ‘Marie’, et sitôt qu’elle entendit ce nom et connut le maître, toutes ses entrailles s’émurent et son âme aussi se liquéfia à la parole de l’aimé et sa douleur suprême se changea soudain en joie Ineffable. »
« Elle, se retournant, lui dit en hébreu : Rabbouni, c’est-à-dire Maître. Jésus lui dit : ‘Cesse de me toucher (ou ‘saisir’, ou ‘retenir’).’ »
Comment Interpréter le terme "se retournant", puisque Marie doit alors faire face à Jésus qui lui parle ? La suite du texte l’explique. Marie a dû se prosterner devant Jésus, comme il est dit, dans Matthieu 26, 9, que l’ont fait les femmes « qui s’avançant, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui ». Mais dans l’Evangile de Matthieu ? Jésus venait de loin, tandis qu’ici Marie suppliait Jésus ? Donc se trouvait tout près de lui. Pour se prosterner, elle a dû faire nécessairement un mouvement en arrière et de côté, afin de lui saisir les pieds. Un tel geste a été plusieurs fois mentionné dans l’Evangile : de la part de la pécheresse de Luc, de la part également de Marie, au banquet de Béthanie. Il s’agissait de femmes que la critique actuelle n’identifie pas avec Marie de Magdala.
Marie lui dit : Rabbounl, ‘mon Maître’ et c’est alors que Jésus lui dit de ne plus le toucher La terminaison ‘i’, en hébreu, désigne le possessif. Marie veut posséder pour elle son Maître et celui-ci l’invite a se détacher encore et à remonter après la descente en entraînant les autres avec elle.
Après avoir dit à Marie : « Je ne suis pas encore monté, comme s’il voulait l’attendre, comme s’il voulait dire : Ne me retiens pas car je ne peux encore te faire monter avec moi, Jésus ajoute : Dis à mes frères : ‘Je monte vers mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu’. »
Jésus s’était adressé à Marie avec la « voix de Jacob », la voix de celui qui avait vu les anges monter et descendre sur l’échelle, image que Jésus avait reprise pour lui au début de l’Evangile de Jean : « Vous verrez les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de l’Homme » (l, 51) ; Marie reçoit la première vision de l’Ascension et Jésus l’associe à cette ascension qui se produit dans son être à lui et dans celui de Marie, car son Père est aussi le sien et son Dieu est aussi son Dieu.
Pour la fête de l’Ascension, l’ancien bréviaire Romain cite, aux 2° et 3° Nocturnes, des extraits des homélies des papes Léon et Grégoire qui, toutes deux, interprètent l’Ascension de Jésus comme la montée à travers des états angéliques et St Léon l’associe à celle du fidèle, « Car I’Ascension du Christ, dit-il est notre avancement (provectio), et là où a précédé la gloire de la tête, il y a l’appel de l’espoir pour le corps. Aujourd’hui non seulement nous avons été établis dans la possession du Paradis, mais encore nous avons pénétré les hauteurs des cieux dans le Christ. »
En invitant Marie à ne pas retenir ses pieds, Jésus fait de Marie l’annonciatrice de son ascension, de ce processus qu’il met en mouvement dans le coeur de ses disciples, et d’abord dans celui de la messagère. Cela n’est-il pas dans la destinée de celle qui est dite Marie de Magdala, c’est-à-dire de la ‘tour’, comme aussi de l’autre Marie, celle du Magnificat, ‘magnifiant’ le Seigneur, en hébreu tegadel mot dérivé de la même racine que Magdala ?
Jacques Bonnet
Extrait de son ouvrage « Marie-Madeleine et son mystère »
Avec son aimable autorisation.
Le 8 avril 2006
Pour la fête de l’Ascension, l’ancien bréviaire Romain cite, aux 2° et 3° Nocturnes, des extraits des homélies des papes Léon et Grégoire (3 septembre 590 – 12 mars 604
13 ans, 6 mois et 9 jours), qui, toutes deux, interprètent l’Ascension de Jésus comme la montée à travers des états angéliques et St Léon (29 septembre 440 – 10 novembre 461
21 ans, 1 mois et 12 jours), l’associe à celle du fidèle, « Car I’Ascension du Christ, dit-il est notre avancement (provectio), et là où a précédé la gloire de la tête, il y a l’appel de l’espoir pour le corps. Aujourd’hui non seulement nous avons été établis dans la possession du Paradis, mais encore nous avons pénétré les hauteurs des cieux dans le Christ. »
L'Ascension fortifie notre foi : une homélie de Léon le Grand
Sermon du pape saint Léon le Grand (406-461) pour le jour de l'Ascension. Publié le 28 mars 2016.
Dans la solennité pascale, la Résurrection du Seigneur était la cause de notre joie ; de même, sa montée au ciel nous donne lieu de nous réjouir, puisque nous commémorons et vénérons comme il convient ce grand jour où notre pauvre nature, en la personne du Christ, a été élevée plus haut que toute l'armée des cieux, plus haut que tous les choeurs des anges, plus haut que toutes les puissances du ciel, jusqu'à s'asseoir auprès de Dieu le Père. C'est sur cette disposition des oeuvres divines que nous sommes fondés et construits. La grâce de Dieu devient en effet plus admirable lorsque les hommes ayant vu disparaître ce qui leur inspirait de l'adoration, leur foi n'a pas connu le doute, leur espérance n'a pas été ébranlée, leur charité ne s'est pas refroidie.
Voici en quoi consiste la force des grands esprits, telle est la lumière des âmes pleines de foi : croire sans hésitation ce que les yeux du corps ne voient pas, fixer son désir là où le regard ne parvient pas. Mais comment une telle piété pourrait-elle naître en nos coeurs, comment pourrait-on être justifié par la foi, si notre salut ne consistait qu'en des réalités offertes à nos yeux ?
Ce qui était visible chez notre Rédempteur est passé dans les mystères sacramentels. Et pour rendre la foi plus pure et plus ferme, la vue a été remplacée par l'enseignement : c'est à l'autorité de celui-ci que devaient obéir les coeurs des croyants, éclairés par les rayons du ciel.
Cette foi, augmentée par l'Ascension du Seigneur, et fortifiée par le don du Saint-Esprit, n'a redouté ni les chaînes, ni les prisons, ni l'exil, ni la morsure des bêtes, ni les supplices raffinés de cruels persécuteurs. Dans le monde entier, c'est pour cette foi que non seulement des hommes, mais des femmes, et aussi de jeunes enfants et de frêles jeunes filles ont combattu jusqu'à répandre leur sang. Cette foi a chassé des démons, écarté des maladies, ressuscité des morts.
Les saints Apôtres eux-mêmes, fortifiés par tant de miracles, instruits par tant de discours, avaient cependant été terrifiés par la cruelle passion du Seigneur et n'avaient pas admis sans hésitation la réalité de sa résurrection. Mais son Ascension leur fit accomplir de tels progrès que tout ce qui, auparavant, leur avait inspiré de la crainte, les rendait joyeux. Ils avaient dirigé leur contemplation vers la divinité de celui qui avait pris place à la droite du Père. La vue de son corps ne pouvait plus les entraver ni les empêcher de considérer, par la fine pointe de leur esprit, qu'en descendant vers nous et qu'en montant vers le Père il ne s'était pas éloigné de ses disciples.
C'est alors, mes bien-aimés, que ce fils d'homme fut connu, de façon plus haute et plus sainte, comme le Fils de Dieu. Lorsqu'il eut fait retour dans la gloire de son Père, il commença d'une manière mystérieuse, à être plus présent par sa divinité, alors qu'il était plus éloigné quant à son humanité.
C'est alors que la foi mieux instruite se rapprocha, par une démarche spirituelle, du Fils égal au Père; elle n'avait plus besoin de toucher dans le Christ cette substance corporelle par laquelle il était inférieur au Père. Le corps glorifié gardait sa nature, mais la foi des croyants était appelée à toucher, non d'une main chamelle mais d'une intelligence spirituelle, le Fils unique égal à celui qui l'engendre.
Grotte du Fournet dite de la Madeleine
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Vendredi 29 Juillet 2016 : Fête de Saint Lazare, disciple de Jésus, frère de Marthe et Marie-Madeleine, Ressuscité par Jésus, 1er Évêque de Marseille (Ier s.).
http://www.saintsdeprovence.com/les-saints/lazare/
Saint Lazare
Saint Lazare
Le ressuscité, Frère de Marthe et Marie, Premier Évêque de Marseille, Martyr, Patron du diocèse et de la ville de Marseille, Patron de l'Eglise d'Autun, Patron des lépreux sous le nom de Saint Ladre.
Superbe carte de visite! Saint Jean nous présente Lazare alors qu'il est mourant. On annonce au Christ: « Seigneur, celui que tu aimes est malade ».
Il est le frère de Marthe et Marie, et, précise l'évangéliste: « Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare ».
Que fait Jésus? Il traîne. Il aurait pu se précipiter à Béthanie, guérir son ami malade, ou même le ressusciter tout de suite. Mais non. Quand il arrive, Lazare est mort. Il a été placé dans son tombeau il y a quatre jours et, détail macabre, il sent déjà mauvais. On sait que la famille de Lazare était une famille de notables fortunés et de nombreuses personnalités juives de Jérusalem se trouvaient près de Marthe et Marie lorsque Jésus arriva.
Tout le monde pleurait, Marie sanglotait, et l'évangéliste nous dit qu'ému par tant de chagrin « Jésus pleura ».
Or, Jésus avait donc traîné. Il savait qu'il était recherché, qu'on attendait une bonne occasion de l'arrêter, qu'il n'avait plus que peu de jours à vivre et il avait décidé de frapper un grand coup, devant témoins: ressusciter Lazare.
Il demande que l'on enlève la pierre qui ferme le tombeau et ordonne: « Lazare, viens ici. Dehors. » et Lazare sort.
Merveille pour les uns qui se convertissent, scandale pour d'autres qui vont tout raconter aux pharisiens et « à partir de ce jour ils furent résolus à le (Jésus) tuer. »
On retrouve peu après Lazare lors d'un repas à Béthanie, chez Simon le lépreux, repas auquel participait Jésus. (C'est alors qu'eut lieu la seconde onction de Marie qui scandalisa tant Judas et à l'occasion de laquelle Jésus fit une allusion à sa sépulture).
Il y avait foule, tout le monde voulait les voir et « les grands prêtres résolurent alors de tuer aussi Lazare, parce que beaucoup de juifs les quittaient à cause de lui et croyaient en Jésus » (Jean, 12,10-11).
Nous n'avons plus ensuite de nouvelles officielles de Lazare. La Bible n'en parle plus et c'est la Tradition qui prend le relais.
La tradition nous apprend:
- qu'avec ses sœurs et des amis il traversa la Méditerranée sur un pauvre bateau jusqu'en Camargue*,
- qu'il gagna Marseille qu'il évangélisa, en devint le premier Évêque. On sait qu'il y reçut la visite de saint Alexandre de Brescia dont il renforça la Foi. Il fut emprisonné Place de Lenche et souffrit le martyre sous Domitien,
- que c'est au-dessus de sa sépulture que fut construite l'Abbaye de Saint-Victor.
- que son corps, moins la tête gardée à Marseille, fut confié à l'Église d'Autun pour qu'il ne soit pas profané par les sarrasins, (ce que confirment les échanges entre les églises de Marseille et d'Autun). Le reliquaire qui contient son chef vient d'être remis à neuf.
http://www.maria-valtorta.org/Personnages/Lazare.htm
Lazare (de Béthanie)
Le disciple ressuscité.
En savoir plus sur ce personnage
Plusieurs écrits attestent de l'exil de la famille de Lazare en Gaule Narbonnaise à la suite des persécutions naissantes et la nomination de Lazare comme Évêque de Marseille où il meurt. Parmi eux : "La Légende Dorée" de Jacques de Voragine au XIIIème siècle, les "Annales ecclésiastiques" du Cardinal C. Baronius à la fin du XVIème siècle, A.C. Emmerich au début du XIXème siècle, etc …
Il faut parfois distinguer dans une littérature abondante, ce que la piété populaire a pu rajouter, en faits légendaires, aux récits de la tradition.
Épiphane (IVème siècle) écrit qu'il était de tradition de croire que Lazare avait 30 ans lorsqu'il fut ressuscité et qu'il vécut encore 30 ans après. Il serait donc mort en 60.
L'Église le fête le 29 Juillet. Sa tête est conservée dans l'antique cathédrale de la Major à Marseille
Jusqu'au IIIème siècle les autres évêchés reconnaissaient Marseille comme le lieu de la "Première" Église des Gaules. Cette primauté du port de Marseille passa ensuite à Arles, puis à Lyon.
Évangélisation de la Gaule.
Extraits du "Premier siècle Chrétien – Une approche scientifique de la naissance du Christianisme" – Jean Aulagnier – Éditions Résiac – 1989
Jean Aulagnier : Conseiller Régional d’Auvergne, il est aussi Président de l’Association Universitaire de Recherche et d’Enseignement sur le Patrimoine et Doyen honoraire de la Faculté des Sciences Codirecteur de l'ouvrage Droit et Patrimoine ,Éditions LAMY
Membre associé FIDROIT.
http://www.maria-valtorta.org/Personnages/Gaule.htm.
Lazare en Provence.
Je vais maintenant sauter à nouveau non pas six ans mais de nombreux siècles pour en arriver à cette tradition, dont vous attendez que je vous parle, celle de Lazare, justement, de ses sœurs et de son intendant Maximin, venus évangéliser la Provence.
Notez au passage que j'ai bien dit tradition et non pas légende. Il convient évidemment que je m'explique là-dessus ; la différence entre les deux est que la tradition, au contraire de la légende, est une transmission, de génération en génération, de faits réellement enracinés dans l'histoire des hommes. Voici donc ces faits que je vais tenter de reprendre dans l'ordre chronologique.
- 1er fait
Un vestige archéologique : il est daté de l'époque de Néron, donc des années 60, à l'époque même où Pierre et Paul évangélisaient Rome et y mouraient en martyrs.
Il s'agit d'une pierre funéraire, érigée en l'honneur de deux martyrs chrétiens, Volusianus et Fortunatus, martyrisés par le feu.
Cette pierre a été retrouvée en 1837 lors des travaux d'agrandissement du bassin de carénage de Marseille.
Donc dans les années 60, le Christianisme était déjà implanté depuis assez longtemps à Marseille pour que des chrétiens aient pu être à ce point gênants, qu'une persécution soit déclenchée contre eux.
Ainsi quelqu'un d'assez proche de Jésus, disciple ou apôtre, était déjà venu évangéliser la communauté juive (et probablement aussi païenne) phocéenne, avant peut-être que saint Paul n'évangélisât l'Asie Mineure, la Macédoine et la Grèce.
- 2e fait
Une constante reconnaissance par les évêques d'Arles (qui désiraient pourtant avoir la primauté sur les Eglises de Provence, celles de la deuxième Narbonnaise) de l'antériorité des Eglises d'Aix, Marseille et Avignon sur la leur, que la Tradition veut avoir été fondée au 1er siècle pourtant, par Trophime.
À cet égard il est de fait que dès son origine, les évêques de la deuxième Narbonnaise recevaient leur ordination des mains de l'évêque de Marseille.
Pourquoi ? De même, au concile d'Arles, en 313, l'évêque de Marseille, Orose, eut l'honneur de signer le premier les conclusions des travaux. Pourquoi ?
Il est nécessaire, pour le comprendre, de rapprocher ces faits de la croyance constante des mêmes Évêques d'Arles, dont j'ai parlé à l'instant en la fondation des Eglises d'Aix, Avignon et Marseille, par "un saint du groupe de Béthanie".
- 3e fait
La tradition se poursuit sans faille : Vers 600, l'Évêque de Cahors, écrivant à une religieuse déchue, mentionne une "vie de sainte Madeleine" en Provence.
- 4e fait
Un autre vestige archéologique : il s'agit cette fois-ci d'un morceau d'écorce lisse, roulé, de la largeur d'une main, à l'intérieur d'une boule de liège, contenant, en latin, l'inscription suivante :
« en l'an 716 de Notre-Seigneur, en Décembre, régnant Eudes, roi de France, du temps des perfides sarrasins, le corps de Sainte Madeleine a été transporté très secrètement, pendant la nuit, de son sépulcre d'albâtre dans un de marbre, car il est plus en sûreté dans ce tombeau où reposait le corps de Sidoine que nous avons ôté ».
Cette découverte eut lieu à l'occasion d'une fouille, le 9 décembre 1279, effectuée en présence des archevêques de Narbonne, Arles, Aix et Embrun, des évêques d'Adge, Maguelone et Glandève, et devant Charles II d'Anjou, neveu de Saint Louis, qui avait ordonné les travaux. Et le moins extraordinaire de l'histoire n'est pas que cette opération eut lieu à la suite d'un songe où Marie-Madeleine révéla elle-même à Charles l'endroit où son tombeau était caché et que ce fut effectivement à cet endroit, « dans un champ voisin de l'église de Villelate" (je cite), l'actuel Saint Maximin, que les chercheurs découvrirent un tombeau d'albâtre et trois de marbre ».
Il convient de noter aussi que Charles d'Anjou était très pieux et très méfiant à la fois, et qu'il avait longuement prié le Seigneur de lui indiquer cette cachette, qu'une constante Tradition locale affirmait être celle des ossements de sainte Madeleine depuis le huitième siècle.
Comment savons-nous tout cela ? De manière très simple : d'après un parchemin, longtemps conservé dans la chapelle du monastère de Saint Maximin, et d'après la narration de ces événements, à la suite d'une visite que rendirent, en 1447, le dauphin Louis, le futur Louis XI, et René d'Anjou, le roi René, au prieur de Saint Maximin, un certain Adhémar Fidélis, en se rendant en pèlerinage à la sainte Baume, pour la Pentecôte, les trois augustes personnages s'étant évidemment entretenus de tous ces faits, aussi réels que miraculeux.
Mais revenons à l'évolution chronologique de notre tradition
- 5e fait
Au neuvième siècle, le martyrologe anglo-saxon du roi Alfred, que l'on ne saurait taxer de chauvinisme à l'égard de la Provence, confirme le séjour de Marie-Madeleine à la sainte Baume.
- 6e fait
Les Moines de Chypre, peu taxables eux non plus de partialité en faveur de notre région, ont de tout temps (et cela est concrètement attesté dès le 12e siècle) mentionné la présence et la sépulture en Provence des Saints de Béthanie.
- 7e fait
Aucun autre endroit au monde que la sainte Baume ne revendique une grotte de Marie-Madeleine.
Or, en 1221, existait en Italie, dans la campagne romaine, une église, celle de la Nunziatella, qui vénérait depuis longtemps, comme relique, une pierre, (je cite) "de la grotte où Marie-Madeleine fit pénitence".
Il convient de noter à cet égard, que la grotte où Marie-Madeleine se retira n'a rien à voir avec la "cathédrale souterraine" que l'on montre aux touristes sur le flanc nord du massif de la Sainte Baume, mais se trouve, à la taille normale d'un ermitage, sur le flanc sud de ce massif, du côté de la mer.
- 8e fait
Enfin : pour terminer avec les faits irréfutables, dont le rapprochement autant que la matérialité, permettent à chacun de se forger une intime conviction, je dois citer le résultat de fouilles, concernant les très anciennes cryptes de Tarascon, de Saint Victor à Marseille et d'Aix, où l'on découvrit des sarcophages, antérieurs au 4e siècle, et attestant du caractère vivace, pratiquement sans discontinuité depuis l'origine, de cette tradition de l'évangélisation de la Provence par les saints de Béthanie, puisqu'ils comportent des scènes sculptées mettant en œuvre (qui ?) Marthe, Lazare et Maximin.
Mais alors, allez-vous peut-être me dire, comment se fait-il que, pour tout le monde apparemment, même au sein de l'Église, on considère de nos jours que cette histoire relève exclusivement d'une pieuse légende ?
La contestation
C'est très simple : c'est l'œuvre d'un certain Launoy, janséniste au 17e siècle. Jean de Launoy, théologien de la maison de Navarre et philosophe, n'avait pas admis d'être exclu de la Sorbonne en même temps qu'Antoine Arnauld, le frère de la célèbre Mère Angélique de Port-Royal.
Et il se mit à pourfendre ce qui lui sembla le plus facile à attaquer dans l'Église, c'est-à-dire les traditions populaires.
Et bien sûr la Tradition des Saints de Béthanie était pour lui une cible de choix (cf. l'Introduction du Christianisme en Gaule 1659).
Comme vous le savez, insinuez, insinuez, il en restera toujours quelque chose. Eh bien on peut dire que Launoy a parfaitement réussi.
Et cela d'autant plus qu'il fut magnifiquement relayé par Monseigneur Duchesnes, académicien, directeur de l'École française de Rome et qui fut bien imprudent dans cette affaire.
Aussi, malgré les mises au point de nombreux exégètes méticuleux, dont Monseigneur Bellet et le Père Sicard, les assertions très orientées de ces deux illustres personnages firent des ravages et l'on en sait aujourd'hui le résultat.
Pour vous éclairer je ne vous citerai que quelques-uns des arguments des contestataires et la réalité qu'on peut très facilement leur opposer : …(pour voir la suite, cliquer sur le lien internet en tête de ce chapitre).
Ce que nous en savons au travers des Révélations de Jésus à Maria Valtorta.
http://www.maria-valtorta.org/Personnages/Lazare.htm
Lazare (de Béthanie)
Le disciple ressuscité.
Présentation générale
Lazare, dont le nom signifie Dieu vient en aide, est un homme de la haute société juive, fils d'un syrien, Théophile, gouverneur local de la Province et d'Euchérie, une judéenne de lignée royale. Cela explique la protection dont lui et ses propriétés, bénéficient de la part des autorités romaines.
Car Lazare, par héritage, est "puissamment riche. Une bonne partie de la ville (de Jérusalem) lui appartient ainsi que beaucoup de terres de Palestine." Il possède notamment :
- le Cénacle,
- une propriété à Jérusalem hors les murs, près du Cédron (Tome 2, chapitre 83, page 470),
- le Gethsémani, à l'extérieur de la ville, sur le Mont des Oliviers;
- un riche palais à Jérusalem, gardé par Lévi, qu'il déserte tant que dure l'inconduite de sa sœur, Marie de Magdala;
- Béthanie où il se réfugie auprès de son autre sœur Marthe;
- des propriétés à Antioche de Syrie (Tome 8, chapitre 47), bases futures d'une communauté Chrétienne florissante (Actes 11,19-26);
- des vergers près de Gaza; une propriété aux confins de la Samarie premier refuge de Jésus.
Cette énumération montre combien nombre de propriétés de Lazare servent d'appui à l'évangélisation.
Comment Jésus "qui n'a même pas une pierre pour reposer sa tête" (Matthieu 8,20 – Luc 9,58) peut-il avoir un ami aussi riche et puissant ? Jésus s'en explique :
"… Lazare est une exception parmi les riches. Lazare est arrivé à cette vertu qu'il est très difficile de trouver sur la terre et encore plus difficile à pratiquer pour l'enseigner à autrui. La vertu de la liberté à l'égard des richesses" (Tome 3, chapitre 68, page 400).
Caractère et aspect
Lazare est "Affable, distingué et plein d'assurance comme tous les hommes de grande naissance …" la petite trentaine, environ 1,65 m, il n'a rien d'imposant : "Toujours maigre et pâle, avec des cheveux courts, peu épais et sans boucles, rasé jusqu'au menton, seulement habillé de lin très blanc" (Tome 8, chapitre 27).
Quand Simon le zélote, l'apôtre de Béthanie, lui présente son voisin Lazare, Jésus découvre un personnage très cultivé, empreint de la culture hellénisante détestée par les dirigeants d'Israël : "Celui qui initie son fils dans la science des grecs ressemble à celui qui élève des porcs" dit le Talmud (Bara Kama f 82 b). Jésus l'encourage au contraire dans ces lectures profanes : "Cela te servira à connaître le monde païen… Continue". Cette remarque anodine est à rapprocher de la tradition qui fait de Lazare l'évangélisateur de la ville grecque de Massalia (Marseille).
Parcours apostolique
Si Lazare appartient à la haute-société, il en est écarté : c'est un sang-mêlé juif-syrien, protégé des envahisseurs romains, frère de celle qui fut d'abord la très scandaleuse Marie de Magdala. "Il est ton ami Lazare ? S'étonne un synhédriste auprès de Jésus. Mais tu ne dois pas !
Ne sais-tu pas qu’il est anathème parce que sa sœur Marie est prostituée ?".
Il perd tous ses amis sauf une poignée de fidèles : Joseph d'Arimathie, Nicodème, Simon le zélote, son voisin (Tome 8, chapitre 42).
Les tourments causés par l'inconduite de sa sœur s'ajoutent aux ennuis de santé de Lazare. Mais les souffrances et les mortifications servent à la conversion tant attendue de Marie de Magdala : "Réjouis-toi car, pour t'avoir, Lazare t'a arrachée au démon..." (Tome 5, chapitre 66).
La joie de cette conversion atténue un moment la maladie qui continue cependant sa progression inexorable. Les jambes de Lazare se putréfient en dégageant une odeur nauséabonde que tentent de supporter courageusement ses sœurs qui le soignent. "Je ne saurais pas moi non plus y résister, dit Maria Valtorta, tant sont effrayantes et répugnantes les plaies qui se sont formées le long des varices des jambes" (Tome 7, chapitre 216). D’abord révolté par l’idée de mourir, il en vient à comprendre le sens du sacrifice et à le désirer (Tome 6, chapitre 104).
Malgré la supplication de Marthe et de Marie, Jésus semble impuissant à sauver son ami de la mort : Lazare meurt au terme d'une terrible agonie (Tome 8, chapitre 4). "Seigneur, il sent" dit Marthe à Jésus revenu trop tard à Béthanie.
Sa mort déplace le "Tout Jérusalem" (Jean 11,18-19), ce qu'expliquent la richesse et la puissance du défunt : "La maison de Lazare est une grande maison, et nos usages comportent que l'on donne ces honneurs à un homme puissant qui meurt" glisse perfidement un synhédriste (Tome 8, chapitre 5). Le Sanhédrin est en effet venu surtout pour jouir de l'impuissance manifeste de Jésus à sauver son ami. L'imposture est démasquée. Certains demandent même à voir le corps pour être sûr qu'il n'y aura pas de supercherie.
Mais c'est bien un corps en décomposition que Jésus ressuscite publiquement (Tome 8, chapitre 8) : "Lazare ! vient dehors !" (Jean 11, 43).
Le sens de sa résurrection lui est donné plus tard par Jésus : "Toi qui es nouvellement né, … Tu es un homme et tu es un enfant. Tu es homme pour l'âge, tu es enfant pour la pureté du cœur. Tu as sur les enfants l'avantage de connaître déjà le Bien et le Mal, et d'avoir déjà su choisir le Bien. Tu as été plongé dans les flammes allumées par l'amour. Tu dois être "amour", pour ne plus jamais connaître autre chose que l'étreinte amoureuse de Dieu." - "Et en agissant ainsi, j'accomplirai la mission pour laquelle tu m'as ressuscité ?" - "En agissant ainsi, tu l'accompliras." (Tome 8, chapitre 11)
Lazare, une fois ressuscité, se montre un peu partout et "jusqu'en Syrie". Il suscite partout curiosité et appréhension mais manifeste en même temps publiquement la puissance de Jésus (Tome 8, chapitre 27).
Après le dernier repas que Jésus prend à Béthanie (Jean 12, 1-8), il prend à part Lazare, lui annonce sa Passion imminente et lui ordonne formellement de ne pas quitter Béthanie à l'heure de la tourmente qui s'approche. Il doit accueillir les apôtres désorientés :
"... où iront-ils dans leur désarroi? Chez Lazare. … Rassemble-les. Rends leur courage. Dis-leur que je leur pardonne. Je te confie mon pardon pour eux. Ils n'auront pas de paix à cause de leur fuite. Dis-leur de ne pas tomber dans un plus grand péché en désespérant de mon pardon." (Tome 9, chapitre 6, page 29)
Lors de l'Ascension il est appelé au plus près de Jésus :"Toi, Lazare, mon ami. Toi, Joseph, et toi, Nicodème, pleins de pitié pour le Christ quand cela pouvait être un grand danger" (Tome 10, chapitre 23).
Avec les persécutions naissantes Lazare, comme la famille de Béthanie, s'expatrie :
"On ne peut certainement pas se dire que Lazare, Marie et Marthe ont été des créatures craintives. Tu vois pourtant que, bien qu’avec une extrême douleur, ils se sont éloignés d’ici pour porter ailleurs la Parole Divine qui ici aurait été étouffée par les juifs" (Tome 10, chapitre 34). Ce qui corrobore la tradition de leur exil en Gaule (voir ci-dessous).
Extrait de ma Réflexion n°29 : Le Signe de Jonas.
Extrait des Révélations de Jésus à Maria Valtorta (tome 8, chapitre 9 de L’Evangile tel qu’il m’a été révélé…
Réflexions sur la résurrection de Lazare.
Jésus dit:
"J'aurais pu intervenir à temps pour empêcher la mort de Lazare, mais je n'ai pas voulu le faire.
Je savais que cette résurrection aurait été une arme à double tranchant car j'aurais converti les juifs dont la pensée était droite et rendu plus haineux ceux dont la pensée n'était pas droite.
De ceux-ci, et après ce dernier coup de ma puissance, serait venue ma sentence de mort.
Mais j'étais venu pour cela et désormais l'heure était mûre pour que cela s'accomplisse.
J'aurais pu aussi accourir tout de suite, mais j'avais besoin de persuader par la résurrection d'une putréfaction déjà avancée les incrédules plus obstinés.
Et mes apôtres aussi qui, destinés à porter ma Foi dans le monde, avaient besoin de posséder une foi soutenue par des miracles de première grandeur.
Chez les apôtres il y avait tant d'humanité, je l'ai déjà dit. Ce n'était pas un obstacle insurmontable. C'était au contraire une conséquence logique de leur condition d'hommes appelés à m'appartenir à un âge déjà adulte. On ne change pas une mentalité, une tournure d'esprit du jour au lendemain.
La douleur de Marthe est différente de celle de Marie à cause de l'esprit différent des deux sœurs et de la conduite différente qu'elles ont eue.
Heureux ceux qui se conduisent de manière à n'avoir pas le remords d'avoir affligé quelqu'un qui maintenant est mort, et qui ne peut plus se consoler des douleurs qu'on lui a données.
Mais encore plus heureux celui qui n'a pas le remords d'avoir affligé son Dieu, Moi, Jésus, et qui ne craint pas de me rencontrer, mais au contraire soupire après ma rencontre comme le rêve anxieux de toute sa vie et enfin atteint.
Je suis pour vous Père, Frère, Ami. Pourquoi donc me blessez-vous si souvent ? Savez-vous combien de temps il vous reste à vivre ? À vivre pour réparer ?
Vous ne le savez pas. Et alors, heure par heure, jour après jour, conduisez-vous bien, toujours bien. Vous me rendrez toujours heureux.
Et même si la douleur vient à vous, car la douleur c'est la sanctification, c'est la myrrhe qui préserve de la putréfaction de la chair, vous aurez toujours en vous la certitude que je vous aime, et que je vous aime même dans cette douleur, et la paix qui vient de mon amour. Toi, petit Jean, tu le sais si Moi je sais consoler même dans la douleur.
Dans ma prière au Père se trouve répété ce que j'ai dit au début : il était nécessaire de secouer par un miracle de première grandeur l'opacité des juifs et du monde en général.
La résurrection d'un homme enseveli depuis quatre jours et descendu au tombeau après une maladie bien connue, longue, chronique, répugnante, n'était pas une chose qui pût laisser indifférent ni non plus incertain.
Si je l'avais guéri alors qu'il vivait, ou si je lui avais infusé le souffle sitôt qu'il avait expiré, l'âcreté des ennemis aurait pu créer des doutes sur la réalité du miracle.
Mais la puanteur du cadavre, la pourriture des bandelettes, le long séjour au tombeau, ne laissaient pas de doute.
Et, miracle dans le miracle, j'ai voulu que Lazare fût dégagé et purifié en présence de tout le monde pour que l'on vît que non seulement la vie, mais l'intégrité des membres était revenue là où auparavant l'ulcération de la chair avait répandu dans le sang les germes de mort.
Quand je fais grâce, je donne toujours plus que vous ne demandez.
J'ai pleuré devant la tombe de Lazare et on a donné à ces pleurs tant de noms. Pourtant sachez que les grâces s'obtiennent par la douleur mêlée à une Foi assurée dans l'Éternel.
J'ai pleuré non pas tant à cause de la perte de l'ami et de la douleur de ses sœurs, que parce que, comme un fond qui se soulève, ont affleuré à cette heure, plus vives que jamais, trois idées qui, comme trois clous, m'avaient toujours enfoncé leur pointe dans le cœur.
La constatation de la ruine que Satan avait apportée à l'homme en l'amenant au Mal. Ruine dont la condamnation humaine était la douleur et la mort.
La mort physique, emblème et image vivante de la mort spirituelle, que la faute donne à l'âme en la plongeant, elle reine destinée à vivre dans le royaume de la Lumière, dans les ténèbres infernales.
La persuasion que même ce miracle, mis pour ainsi dire comme le corollaire sublime de trois années d'évangélisation, n'aurait pas convaincu le monde judaïque de la Vérité que je lui avais apportée, et qu'aucun miracle n'aurait fait du monde à venir un converti au Christ.
Oh ! Douleur d'être près de mourir pour un si petit nombre !
La vision mentale de ma morte prochaine. J'étais Dieu, mais j'étais homme aussi. Et pour être Rédempteur je devais sentir le poids de l'expiation, donc aussi l'horreur de la mort et d'une telle mort.
J'étais un homme vivant, en bonne santé qui se disait : "Bientôt, je serai mort, je serai dans un tombeau comme Lazare. Bientôt l'agonie la plus atroce sera ma compagne. Je dois mourir".
La bonté de Dieu vous épargne la connaissance de l'avenir, mais à Moi elle n'a pas été épargnée.
Oh ! Croyez-le, vous qui vous plaignez de votre sort. Aucun n'a été plus triste que le mien, de Moi qui ai eu la constante prescience de tout ce qui devait m'arriver, jointe à la pauvreté, aux privations, aux aigreurs qui m'ont accompagné de ma naissance à ma mort.
Ne vous plaignez donc pas et espérez en Moi. Je vous donne ma paix."
Jusqu’où peut aller notre Foi. Est-on prêt à croire à l’impossible ??? Marthe aurait voulu que Jésus guérisse Lazare avant qu’il ne meure, parce que Jésus était leur ami...et qu’Il leur devait bien cela, s’Il les aimait vraiment !!!
Mais parfois Le Plan de Dieu nous dépasse, et Le Signe que Jésus voulait accomplir devait frapper les esprits de tous afin de les convaincre qu’Il était Dieu...
Mais comme Marthe, ne dit-on pas souvent : « Si Dieu existait, Il ne permettrait pas ceci...Si Dieu était L’Amour, Il ne permettrait pas cela »…ou encore, ce qui veut dire la même chose :
« Pourtant j’ai prié et demandé à Dieu tel ou tel miracle, tel ou telle intervention dans ma vie ou dans la vie de ceux que j’aime…et rien ne s’est passé » !!!
Alors certains diront (tel de bons Pharisiens) : « C’est parce que tu manques de Foi » !!!
Mais il faudrait réaliser que notre vision est très limitée…et que celle de Dieu est « infinie » et concerne tous les hommes (car nous sommes tous liés les uns aux autres par L’Eglise et La Communion des saints…et par tous les prochains que Dieu met au fond de notre âme).
Ainsi, même si Marthe aurait voulu que Dieu agisse avant que Lazare meurt…Jésus était obligé d’attendre que le corps de Lazare soit totalement décomposé aux yeux de tous (particulièrement ses ennemis)…pour agir !!!
Souvent Dieu agit dans notre vie…mais pas comme nous l’aurions pensé. Cela nous déconcerte et nous accusons Dieu de ne pas exaucer nos Prières.
Mais, en fait, Il les exauce…pour le bien de tous !!!
Après la Résurrection de Lazare, Jésus fait le point avec Marthe, après sa souffrance de voir que Jésus (qui était soi-disant leur ami, mais qui avait déjà guéri tant d’inconnus et ressuscité des personnes venant de mourir...mais qui n’était pas intervenu pour « son ami » Lazare, alors qu’elle avait fait prévenir Jésus par son serviteur avant qu’il ne meurt) ne venait pas guérir Lazare avant qu’il ne meurt, puis de voir qu’Il ne venait toujours pas après sa mort pour le ressusciter avant qu’il ne soit enterré…puis les heures et les jours sont passés, toujours sans que Jésus ne vienne !!!
Extrait des Révélations de Jésus à Maria Valtorta (tome 8, chapitre 8 de L’Evangile tel qu’il m’a été révélé…
Jésus dit :
"Et toi, Marthe, as-tu appris ? Non, pas encore. Tu es ma Marthe mais tu n'es pas encore ma parfaite adoratrice.
Pourquoi agis-tu au lieu de contempler ? C'est plus saint. Tu vois ? Ta force, parce qu'elle était trop tournée vers les choses terrestres, a cédé à la constatation de faits terrestres qui semblent parfois sans remède.
En vérité les choses humaines n'ont pas de remède, si Dieu n'intervient pas.
La créature, à cause de cela, a besoin de savoir croire et contempler, d'aimer jusqu'au bout des forces de l'homme tout entier, avec sa pensée, son âme, sa chair, son sang, avec toutes les forces de l'homme, je le répète. Je te veux forte, Marthe. Je te veux parfaite.
Tu n'as pas su obéir parce que tu n'as pas su croire et espérer complètement, et tu n'as pas su croire et espérer parce que tu n'as pas su aimer totalement.
Mais Moi, je t'en absous. Je te pardonne, Marthe. J'ai ressuscité Lazare aujourd'hui. Maintenant je te donne un cœur plus fort. A lui j'ai rendu la vie.
À toi, j'infuse la force d'aimer, croire et espérer parfaitement. Maintenant soyez heureuses et en paix. Pardonnez à ceux qui vous ont offensé ces jours-ci..."
Comme on peut le voir, le signe de Jonas nous emmène aussi à avoir une Foi qui dépasse la réflexion humaine et nous conduit à accepter de croire ce qui parait humainement impossible (j'ai promis de récompenser leur Foi si elles avaient continué d'espérer au-delà de ce qui est croyable).
Élu en 440, son pontificat dura plus de vingt ans, dans un temps troublé. "Les invasions barbares, l'affaiblissement de l'autorité impériale en occident, une forte crise sociale poussèrent l'Évêque de Rome à jouer un rôle notable jusque dans les affaires politiques". Ainsi en 452 Léon rencontra Attila à Mantoue dans l'espoir de dissuader les Huns de poursuivre leurs opérations dans le nord de l'Italie. Trois ans plus tard il traita avec Genséric qui s'était emparé de Rome afin que soient épargnées du pillage les basiliques du Latran et du Vatican, ainsi que St.Paul hors les murs, dans lesquelles la population avait trouvé refuge.
En 408, Arcadius meurt. Alaric en profite pour demander à être payé pour cesser la guerre, et réclame la somme de 2 000 kg d'or, que Stilicon fait promettre au Sénat romain de payer. Il reçoit alors le titre de Maître des Milices des Gaules[3] dans l'espoir qu'il se débarrasse de l'usurpateur Constantin.
Quelques mois plus tard, Honorius, jaloux du pouvoir de son ambitieux général, et influencé par ses favoris, fait tuer Stilicon et ses proches. Dans la confusion qui s'ensuit, les troupes romaines massacrent les familles des fœderati, qui rejoignent alors en grand nombre les troupes d'Alaric. En septembre 408, Alaric franchit de nouveau les Alpes et assiège Rome. Les habitants affamés finissent par accepter de payer plus de 2 500 kg d'or, 15 000 kg d'argent, 4 000 robes de soie, 3 000 peaux teintes en pourpre et 1 500 kg de poivre.
Il établit un camp permanent en Toscane et organise son armée. Il est rejoint par Athaulf et ses cavaliers.
Alaric réclame également un vaste territoire, entre le Danube et la Vénétie, ainsi que le titre de commandant en chef de l'armée impériale. Irrésolu mais protégé à Ravenne, Honorius refuse. En 409, Alaric met de nouveau le siège devant la « Ville éternelle ». Le Sénat romain s'accorde alors avec lui pour instituer un nouvel empereur, le faible Priscus Attale, qui s'avère vite incompétent, et perd la riche province d'Afrique, grenier de l'Empire, tenue par les partisans d'Honorius. Alaric doit faire face à des émeutes frumentaires à Rome et à des légions envoyées par le neveu d'Honorius, Théodose II. Il chasse Priscus Attale, et tente d'ouvrir de nouveau des négociations avec Honorius. Après leur échec, il fait une troisième fois le siège de Rome, en 410. En voyant les hautes murailles de la ville, qui semblent quasiment imprenables, il dit : « …plus l'herbe est drue, plus elle est facile à faucher… ». Il prendra la ville sans grande difficulté, on lui ouvre tout simplement l'une des portes, et c'est alors le célèbre sac de Rome d'août 410, le premier depuis des siècles, bien après la prise de la ville par des Celtes au IVe siècle av. J.-C.. Le pillage dure à peine trois jours; ils épargnent tous ceux qui trouvent refuge dans les églises, et rendront ensuite aux basiliques tout ce qui leur a été pris. Galla Placidia, fille de l'empereur Théodose, est emmenée comme otage par les Goths. Cette violation de l'ancienne capitale impériale, tombant aux mains des Barbares, marque un coup terrible dans les esprits des deux empires, telle une annonce de la fin.
Pétrone Maxime, empereur romain d'Occident fait assassiner Valentinien III par un bucellaire d’Aetius, Accila, et par Trasila, beau-frère de l’empereur. Il force Eudoxie, la veuve de Valentinien, à l’épouser et confère le titre de César à son fils Palladius. Eudoxie, pour venger son mari, Valentinien III, appelle Genséric, qui débarque à Ostie et pille Rome pendant plus d’un mois (2 juin). Ce qui est appelé le sac de Rome se fait sans tuerie, ni incendie, grâce à l’intervention du pape Léon Ier. Les troupes de Genséric, surtout berbères, sont autorisés à 15 jours de pillage, du 2 juin au 16 juin 455 mais doivent limiter au maximum les massacres, viols, vandalismes et autres persécutions envers les chrétiens, pillages et destructions d'églises, incendies, etc. 45 ans après Alaric et les Wisigoths, les Vandales entrèrent donc dans la ville, sans y commettre de dégâts importants, mais amassent un butin considérable, rassemblé méthodiquement dans chaque quartier de la ville, explorés un à un. Les objets de valeurs qui avaient alors échappé aux Goths se retrouvent sur les navires vandales stationnés dans le port d'Ostie prêts à repartir pour Carthage. Les tuiles en or[note 4] du Capitole sont même volées. Enfin, la Menorah, fruit du pillage de Jérusalem par l'empereur Titus et qui avait été préservée du pillage d’août 410 est trouvée et également embarquée.
Pétrone Maxime, est lapidé par le peuple pour avoir fui. Le roi Genséric retourne en Afrique avec un énorme butin et de nombreux otages dont la veuve, Eudoxie, les filles, Eudocia et Placidia[19], le fils d'Aetius, Gaudentius et le gendre de Valentinien III, Olybrius. Cette captivité n’est probablement pas très pénible, car Genséric sait apprécier les qualités d'Olybrius, au point qu'il le libère en 462. Olybrius et son épouse s'installent alors à Constantinople[20]. Des Romains sont enlevés pour leurs compétences, d'autres pour leur haut rang social comme la jeune princesse romaine Eudocia, qui reste 7 années prisonnière à Carthage et qui épousera son fils le prince Hunéric. Genséric utilise sa belle-fille Eudocie pour tourmenter les empereurs romains d'Orient et trouver des prétextes de guerre. Il accuse Léon Ier d'avoir confisqué les biens de Licinia Eudoxia revenant de droit à Eudoxie et donc à Hunéric. En vertu du principe que le bien de l’esclave est la chose du maître, il réclame aussi les propriétés d’Aétius au nom de Gaudentius, son captif[21].
Saint-Germain-de-Furnes ou de-Fournez. — Les ruines
de cette église, qui dépendait du monastère Saint-Léon,
s'élèvent dans la commune de Saint-Bauzille-de-Montmel.
L'abside en cul-de-four, éclairée par une étroite fenêtre, est
décorée d'une élégante corniche, qui n'est autre que le pro-
longement de l'imposte des piliers qui soutiennent l'arc
triomphal. Au-dessus de cet arc, était placé un clocher-ar-
cades. Un arc doubleau, qui a résisté aux injures du temps,
permet de constater que l'édifice était voûté en berceau
brisé. Les retombées de cet arc reposent sur des encor-
bellements. Tout accuse dans les vestiges de ce monument
la fin du xiime ou peut-être même le commencement du
xiiime siècle (4).
Saint Léon le Grand, pape, docteur de l'Église († 461), héraut de la Romanitas
Au moment des grandes invasions Barbares, ce lutteur pour la foi, vainqueur du paganisme, se fit le champion de l'unité ecclésiale et de la Romanitas. Il est le dernier défenseur de Rome et des Romains quand, en face, il n'y avait plus aucun païen.
Né à Rome, il appartenait à l'une des plus nobles familles de Toscane. Sa conviction permanente du rayonnement de Rome dans l'empire chrétien redonne à la Ville éternelle, dans ces temps troublés, le statut de centre du monde.
La condition ecclésiastique grandement désorganisée de certaines régions, résultant de migrations nationales, exigeait des liens plus étroits entre leur épiscopat et Rome pour conforter la valeur de leur vie cléricale. Léon, dans ce but, décida d'utiliser le vicariat papal des évêques d'Arles pour la province de Gaule afin d'assurer la création d'un centre pour l'épiscopat gallican en union immédiate avec Rome. Au début, ses efforts furent grandement altérés par son conflit avec saint Hilaire, alors évêque d'Arles. Plus tôt encore, des conflits s'étaient fait jour au sujet du vicariat de l'évêque d'Arles et de ses privilèges. Hilaire faisait un usage excessif de son autorité sur les provinces ecclésiastiques, et voulait que tous les évêques fussent consacrés par lui, au lieu de leur propre métropolitain. Quand, par exemple, la plainte s'éleva que l'évêque Celidonius de Besançon avait été consacré en violation des canons - les motifs allégués étant qu'il avait, comme laïc, épousé une veuve et, comme officier public, donné son consentement à une peine de mort - Hilaire le déposa et consacra Importunus à sa place. Celidonius, là-dessus, fit appel au pape et se présenta à Rome en personne. A peu près en même temps, Hilaire, comme si le siège concerné était vacant, consacra un autre évêque pour prendre la place d'un certain évêque Projectus, qui était malade. Projectus guérit, toutefois, et lui aussi alla se plaindre à Rome de l'action de l'évêque d'Arles. Hilaire alla lui-même à Rome justifier ses actes. Le pape assembla un synode Romain (vers 445) et, comme les plaintes portées contre Celidonius ne pouvaient être vérifiées, rétablit ce dernier sur son siège. Projectus recouvra lui aussi son diocèse. Hilaire retourna à Arles avant la fin du synode; le pape le priva de sa juridiction sur l'ensemble des provinces gauloises et de ses droits métropolitains sur la province de Vienne, ne lui laissant que son diocèse d'Arles.
Ces décisions furent publiées par Léon dans une lettre aux évêques de la Province de Vienne (ép.X). Dans le même temps, il leur envoya un édit de Valentinien III du 8 juillet 445, dans lequel les mesures du pape à l'égard de Saint Hilaire étaient confirmées, et la primauté de l'évêque de Rome sur toute l'Eglise solennellement reconnue (Epist. Leonis, ed. Ballerini, I, 642). A son retour dans son diocèse, Hilaire chercha à se réconcilier avec le pape. Après cela il n'y eut plus de difficulté entre ces deux saint hommes et, après sa mort en 449, Hilaire fut déclaré saint par Léon comme "beatæ memoriæ". A l'évêque Ravennius, successeur de Saint Hilaire à l'évêché d'Arles, et aux évêques de cette province, Léon adressa des lettres des plus cordiales en 449 lors de l'élection du nouveau métropolitain (ep. xl,xli). Quand Ravennius consacra un peu plus tard un nouvel évêque à la place de l'évêque décédé de Vaison, l'archevêque de Vienne, qui se trouvait alors à Rome, fit exception pour cette action. Les évêques de la province d'Arles écrivirent alors conjointement une lettre au pape, dans laquelle ils lui demandaient de restituer à Ravennius les droits dont son prédécesseur Hilaire avait été destitué. (ep.lxv inter ep.Leonis). Dans sa réponse datée du 5 mai 450 (ep lxvi) Léon accéda à leur requête. L'archevêque de Vienne ne devait conserver que les évêchés suffragants de Valence, Tarentaise, Genève et Grenoble; tous les autres sièges de la Province de Vienne devenaient sujets de l'archevêque d'Arles, qui redevenait aussi médiateur entre le Saint Siège et tous les épiscopats de Gaule. Léon transmit à Ravennius (ep. lxvii) pour communication aux autres évêques gallicans, sa célèbre lettre à Flavien de Constantinople sur l'Incarnation. Ravennius, là-dessus, convoqua un synode, auquel quarante-quatre chefs pasteurs s'assemblèrent. Dans leur lettre synodale de 451 ils affirment qu'il acceptent la lettre du pape comme un symbole de foi (ep.xxix inter ep.Leonis). Dans sa réponse, Léon parle encore de la condamnation de Nestor (ep.cii) Le Vicariat d'Arles garda pendant longtemps la position que Léon lui avait accordée. Un autre vicariat pontifical était celui de Thessalonique, dont la juridiciton s'étendait sur toute l'Illyrie. Le devoir spécial de son vicaire était de protéger les droits du Saint Siège sur le district d'Illyrie Orientale, qui appartenait à l'Empire d'Orient. Léon octroya le vicariat à l'Evêque Anastase de Thessalonique, tout comme le pape Sirice l'avait formellement confié à l'évêque Anysius. Le vicaire devait consacrer les métropolitains, assembler en synode tous les évêques de la Province d'Illyrie Orientale, superviser leur administration; mais les questions les plus importantes devaient être soumises à Rome (epp. v,vi,xiii). Mais Anastase de Thessalonique usa de son autorité de façon arbitraire et despotique, si bien qu'il fut sévèrement réprimandé par Léon, qui lui envoya des instructions complètes pour l'exercice de sa charge (ep.xiv).
Dans l'idée que Léon se faisait de ses devoirs de pasteur suprême, le maintien d'une stricte discipline ecclésiastique occupait une place prééminente. Ceci était particulièrement important dans un temps où les ravages continuels des barbares introduisaient des désordres dans les conditions de vie, et les règles morales s'en trouvaient sérieusement violées. Léon utilisa toutes ses forces au maintien de la discipline, insista sur la stricte observance des préceptes ecclésiastiques, et n'hésita pas à sévir lorsque c'était nécessaire. Des lettres relatives à ces questions ainsi qu'à d'autres problèmes furent envoyées aux différents évêques de l'Empire d'Occident, ainsi, par exemple, aux évêques des provinces italiennes (epp. iv, xix, clxvi, clxviii) et à ceux de Sicile, pour avoir toléré des déviances par rapport à la liturgie Romaine dans l'administration du baptême (ep.xvi) et pour d'autres questions (ep.xvii). Un décret disciplinaire très important fut envoyé à l'évêque Rustique de Narbonne (ep clxvii). Compte tenu de la domination des Vandales sur l'Afrique du Nord latine, la position de l'Eglise y était devenue extrêmement sombre. Léon envoya là-bas le prêtre romain Potence pour s'informer de la situation exacte, et envoyer à Rome un rapport. A réception, Léon envoya une lettre d'instructions détaillées à l'épiscopat de la province sur l'ajustement de nombreuses questions ecclésiastiques et disciplinaires (ep.xii). Léon envoya aussi une lettre à Dioscurus d'Alexandrie le 21 juillet 445, lui enjoignant d'observer strictement les canons de la discipline de l'Eglise Romaine (ep.ix). La primauté de l'Eglise Romaine se manifesta ainsi sous ce pape de multiples façons. Mais ce fut principalement par son interposition dans les querelles christologiques, qui agitaient si profondément la chrétienté d'Orient, que Léon se révéla être le berger sage, érudit et énergique de l'Eglise (principalement dans le cas du monophysisme). Depuis sa lettre sur ce sujet, écrite à Eutyque le 1er juin 448 (ep xx), jusqu'à sa dernière lettre écrite au nouveau patriarche orthodoxe d'Alexandrie, Timothée Salophaciolus, le 18 août 460 (ep.clxxi), on ne peut qu'admirer la manière claire, positive et méthodique dont Léon, fortifié par la primauté du Saint Siège, prit part à ces inextricables problèmes.
Eutyque fit appel au pape après avoir été excommunié par Flavien, patriarche de Constantinople, en raison de ses vues monophysites. Le pape, après avoir examiné la question conflictuelle, envoya sa sublime lettre dogmatique à Flavien (ep.xxviii), exposant et confirmant de façon concise la doctrine de l'Incarnation, et l'union des natures humaine et divine en la personne du Christ. En 449 eut lieu le concile que Léon appela "Synode de bandits". Flavien et d'autres puissants prélats d'Orient firent appel au pape. Ce dernier envoya des lettres pressantes à Constantinople, particulièrement à l'empereur Théodose II et à l'impératrice Pulcheria, les priant de convoquer un concile général en vue de restaurer la paix dans l'Eglise. Dans le même but, il usa de son influence auprès de l'empereur d'Occident, Valentinien III, et de sa mère, Galla Placidia, particulièrement durant leur visite à Rome en 450. Ce concile général se tint à Chalcédoine en 451 sous Marcien, le successeur de Théodose. Il entérina solennellement l'épître dogmatique de Léon à Flavien comme une expression de la foi catholique concernant la personne du Christ. Le pape confirma les décrets du Concile après avoir éliminé le canon qui élevait le Patriarcat de Constantinople, tout en diminuant les droits des anciens patriarches Orientaux. Le 21 mars 453, Léon publia une lettre circulaire confirmant sa définition dogmatique (ep.cxiv). Par la médiation de l'évêque Julien de Cos, qui était à l'époque ambassadeur pontifical à Constantinople, le pape tenta de conforter les intérêts ecclésiastiques en Orient. Il persuada le nouvel Empererur de Constantinople, Léon Ier, de déposer le patriarche hérétique et irrégulier, Timothée Ailurus, du siège d'Alexandrie. Un nouveau patriarche orthodoxe, Timothée Salophaciolus, fut choisi à sa place, et reçut les félicitations du pape dans la dernière lettre que Léon envoyât jamais en Orient.
Dans son souci constant des soins pastoraux de l'Eglise Universelle, en Occident comme en Orient, le pape ne négligea jamais les intérêts domestiques de l'Eglise à Rome. Quand l'Italie du Nord avait été dévastée par Attila, Léon, par une rencontre personnelle avec le roi des Huns, l'empêcha de marcher sur Rome. Au souhait de l'empereur, Léon, accompagné par le Consul Avienus et le Préfet Trigetius, se rendit en 452 en Haute-Italie, et rencontra Attila à Mincio près de Mantoue, obtenant de lui la promesse qu'il se retirerait d'Italie et négocierait la paix avec l'empereur. Le pape parvint aussi à obtenir une autre grande faveur pour les habitants de Rome. Lorsqu'en 455 la ville fut prise par les Vandales de Genséric, bien qu'elle eût été pillée pendant quinze jours, Léon obtint par son intercession la promesse qu'elle ne serait pas détruite et que la vie de ses habitants serait épargnée. Ces incidents montrent la haute autorité morale dont jouissait le pape, manifestée aussi dans les affaires temporelles. Léon était toujours en relation intime avec la cour impériale d'Occident. En 450 l'empereur Valentinien III visita Rome, accompagné de sa femme Eudoxia et de sa mère Galla Placidia. Lors de la fête de Cathedra Petri (22 février), la famille impériale prit part en grande tenue à l'office solennel en la basilique Saint-Pierre, à l'occasion duquel le pape fit un sermon impressionnant. Léon était toujours actif dans la construction et la restauration des églises. Il construisit une basilique au-dessus de la tombe du pape Corneille sur la Via Appia. Le toit de St Paul-hors-les-murs ayant été détruit par la foudre, il le fit remplacer, et entreprit d'autres améliorations de la basilique. Il persuada l'impératrice Galla Placidia, comme le montre l'inscription, de faire faire la grande mosaïque de l'Arc de Triomphe, qui a survécu jusqu'à nos jours. Léon restaura aussi la basilique St Pierre du Vatican. Durant son pontificat, une pieuse dame romaine, nommée Demetria, érigea sur sa propriété de la Via Appia une basilique en l'honneur de saint Etienne, dont les ruines ont été excavées.
Léon ne fut pas moins actif dans l'élévation des congrégations romaines, et ses sermons, dont quatre-vingt seize exemples authentiques ont été préservés, sont remarquables pour leur profondeur, la clarté de leur discours et l'élévation de leur style. Les cinq premiers, qui furent donnés pour les anniversaires de sa consécration, manifestent sa conception élevée de la dignité de sa charge, aussi bien que sa profonde conviction de la primauté de l'évêque de Rome, mise en avant de façon si ouverte et décidée par toute son activité de pasteur suprême. De ses lettres, qui sont d'une grande importance pour l'histoire de l'Eglise, 143 sont parvenues jusqu'à nous: Nous en possédons aussi qui lui furent envoyées. Le soi-disant "Sacramentum Leonanium" est une collection de discours et de préfaces à la messe composés dans la seconde moitié du sixième siècle. Léon mourut le 10 novembre 461, et fut enterré dans le Vestibule de Saint Pierre au Vatican. En 688, le pape Serge fit tranférer ses cendres dans la basilique elle-même, et un autel spécial fut érigé au-dessus d'elles. Elles reposent aujourd'hui dans Saint-Pierre, sous l'autel spécialement dédié à saint Léon. En 1754, Benoît XIV l'éleva à la dignité de Docteur de l'Eglise (Doctor Ecclesiae). Dans l'Eglise Latine la fête de ce grand pape est célébrée le 11 avril, et dans l'Eglise d'Orient le 18 février.
Léon, pape de 440 à 461 n'a pas usurpé son surnom. Il pourfendit les hérésies, prêcha à temps et à contretemps, avec simplicité et profondeur, dignité et tendresse ; il déploya un courage authentique et modeste quand il affronta les Huns et les Vandales.
Ce qu'il y a de plus admirable, c'est que pour un saint Léon, comme pour un saint Augustin qu'en bien des façons il prolonge, cette activité va de pair avec l'élaboration d'une oeuvre littéraire considérable. Le saint pontife se distingua aussi bien dans les lettres profanes que dans la science sacrée.
"L'ancienne Eglise, écrivait le savant Batiffol, n'a pas connu de pape plus complet ni de plus grand." (Mgr Pierre Batiffol, 1861-1929).
Les évêques : derniers représentants authentiques de la romanitas
Vers 450, "la pensée païenne... a perdu tout dynamisme. La seule force intellectuelle agissante est le christianisme, qui s'impose dans tous les domaines. Toutes les valeurs sont révisées sous l'angle chrétien" (Jacques Pirenne, Grands courants de l'histoire universelle, le pôle syncrétisme de la pensée antique, Neuchâtel-Paris, 1959, t. I, p. 403).
"Nulle part on ne voit de personnalité païenne défendre efficacement la société romaine contre les Barbares. Partout cette défense est assurée par les évêques qui seront ainsi les derniers représentants authentiques de la romanitas, de saint Aignan à Orléans, à saint Loup à Troyes, à saint Sidoine Apollinaire en Auvergne, au pape saint Léon à Rome." (Jean Dumont, L'Eglise au risque de l'histoire, préface de Pierre Chaunu de l'Institut, Editions de Paris, Ulis 2002, p. 47-52.)
Au moment où le fonctionnaire impérial ou le militaire de Rome se montre si souvent inférieur à sa tâche, le représentant du peuple, ce n'est plus le bureaucrate ni le soldat, c'est l'évêque. [C]'est lui qui est le vrai défenseur de la cité; en général, il ne porte pas ce titre, qui est légalement celui d'un magistrat municipal, mais il en assume les fonctions jusque dans l'héroïsme et le sacrifice. Alors, ces princes de l'Eglise se révèlent des chefs politiques et militaires. Quand tout lâche, ils tiennent. C'est saint Augustin qui, dans Hippone assiégée, galvanise les courages; saint Nicaise qui se fait tuer dans sa cathédrale de Reims; saint Exupère de Toulouse qui résiste tant aux Vandales qu'il est déporté, et tant d'autres... (Daniel-Rops, Histoire de l'Eglise du Christ, tome III L'Eglise des temps barbares, Librairie Arthème Fayard, Editions Bernard Grasset, Paris 1965, p. 75)
Ce constat de Jean Dumont et de Daniel-Rops est encore celui de Philip A. Mc Shane pour qui dans son ouvrage "La Romanitas et le pape Léon le Grand" [Tournai : Desclée ; Montréal : Bellarmin, 1979. - 407 p. ; 24 cm. - (Recherches. Théologie ; 24.) Bibliogr. p. 383-402], au moment où l'Empire romain (au moins en Occident) était en train de s'écrouler, le pape Léon tint une place considérable et joua un rôle de premier plan : en s'inspirant avec intelligence du système impérial, il adapta celui-ci à l'Église et lui fournit une base administrative, appelée à durer, au moins en partie, jusqu'à nos jours.
Source: http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1982-03-0179-028
Diacre du pape Célestin, Léon fut envoyé en mission en Gaule. C'est là qu'il apprit sa nomination pontificale sous le nom de Léon Ier, pour succéder au pape Sixte III, le 29 septembre 440.
Il entreprit avec courage de défendre l'Eglise contre la barbarie, l'erreur et le vice, qui l'envahissaient de tous côtés. Il prit sur lui de rétablir la doctrine de l'Église et ses efforts seront ratifiés et couronnés par le Concile de Chalcédoine en 451.
Léon laissa de très nombreuses homélies, prières liturgiques et lettres, pleines d'enseignement. Il fut proclamé docteur de l'Église en 1754, "docteur de l'Incarnation".
"C'est Pierre qui a parlé par Léon"
Léon sauvegarda la primauté romaine, au point de mériter (227 ans après sa mort) l'éloge d'un de ses successeurs, Serge Ier (Pape 687-701) qui lui attribue cette devise :
"Je veille pour que le loup, toujours à l'affût, ne saccage pas mon troupeau."
En Orient, la foi était attaquée par l'hérésiarque Eutychès, archimandrite de Constantinople, qui prétendait qu'en Jésus-Christ, il n'y avait qu'une seule nature, la nature divine sous l'apparence du corps humain : c'était anéantir le mystère de l'Incarnation.
Après la condamnation de Nestorius, au concile d'Ephèse (431), Eutychès, d'apparence austère, tombait dans l'erreur opposée à celle de Nestorius. Le premier (Nestorius) proclamait qu'il y avait deux personnes distinctes, en Jésus-Christ : l'homme et le dieu, unies seulement par un lien moral ou symbolique ("donc d'après lui, la très sainte Vierge, n'étant la mère que de la personne humaine du Christ, n'était pas la mère de Dieu". Source: Histoire de l'Eglise, Exposition de l'histoire du salut, Editions Fideliter, Courtry 1994, p. 98); le second (Eutychès) soutenait qu'il n'y avait qu'une seule nature en Jésus-Christ : la divine.
Le Concile oecuménique de Chalcédoine, présidé par les légats de saint Léon, et éclairé par la lettre immortelle qu'écrivit ce grand pape sur le mystère de l'Incarnation, condamna l'eutychianisme :
« Jésus-Christ fait homme, unique médiateur entre Dieu et les hommes, a pu mourir dans sa nature humaine, tout en restant immortel dans sa nature divine. Le vrai Dieu par sa naissance a pris la nature parfaitement complète d'un homme authentique et il est : tout entier dans la sienne et tout entier dans la nôtre... C'est grâce à cette unité de personne dans une double nature que le Fils de l'homme est descendu du ciel et, d'autre part, que le Fils de Dieu a été crucifié et enseveli, alors qu'il a pu souffrir ces épreuves par suite de l'infirmité de notre nature, nullement de sa divinité elle-même... Si donc Eutychès accepte la foi chrétienne, il reconnaîtra quelle est la nature qui a été percée par les clous et attachée à la croix... L'Eglise catholique vit et perpétue cette croyance : dans le Christ Jésus, l'humanité n'est pas sans véritable divinité et la divinité sans véritable humanité ! »
Quand cette lettre fut lue dans la vaste assemblée, il n'y eut qu'un cri d'admiration; les six cents évêques l'acclamèrent en disant: "C'est Pierre qui a parlé par Léon".
Les Lettres de Léon, au nombre de cent quarante-cinq, montrent avec quelle vigilance, quelle habileté le saint pontife réglait ce qui avait besoin de l'être en matière de foi et de discipline. Il fit juger par un tribunal mixte composé d'ecclésiastiques et de laïques les manichéens d'Afrique, réfugiés à Rome : il résultait de leurs écrits et de leurs aveux que leur doctrine était subversive de la religion, de la morale et de la société (toute ressemblance avec une idéologie moderne est fortuite...) Beaucoup d'entre eux abjurèrent leurs erreurs et rentrèrent dans le sein de l'Eglise. Ceux qui persistèrent opiniâtrement dans cette hérésie immorale et antisociale, furent bannis.
La fixation de la date de Pâques
C'est lui encore qui intervint dans la querelle qui avait repris concernant la date de la fête de Pâques. Le Concile de Nicée avait mis fin aux anciennes controverses en condamnant définitivement les quartodecimans, c'est-à-dire ceux qui voulaient célébrer Pâques avec les Juifs, le 14 Nisan, et en fixant cette fête au dimanche qui suivait la pleine lune de mars. Alexandrie avait été chargée de la notification de cette décision. Au milieu du Ve siècle, on mit en doute de-ci de-là l'exactitude des calculs alexandrins. Léon trancha en faveur des décisions prises et des calculs faits à Alexandrie, par "souci de l'unité qu'il importe avant tout de conserver." (Daniel-Rops, Histoire de l'Eglise du Christ, tome III L'Eglise des temps barbares, Librairie Arthème Fayard, Editions Bernard Grasset, Paris 1965, p. 91)
En Occident, les invasions barbares, l'affaiblissement de l'autorité impériale, une forte crise sociale poussèrent l'Évêque de Rome à jouer un rôle notable jusque dans les affaires politiques.
Léon eut soin d'associer à son entreprise des coopérateurs éminents, entre autres saint Prosper d'Aquitaine, le plus savant homme de son temps. Il en fit son conseiller et son secrétaire.
Attila et les Huns |
Attila, à la tête des Huns, après avoir ravagé une partie des Gaules et le nord de l'Italie, marchait sur Rome. La terreur le précédait : les Romains se croyaient perdus. Léon fut nommé par l'empereur romain comme ambassadeur auprès des barbares qui envahissaient l'Italie. Toujours il obtint la vie sauve pour les habitants mais ne put pas empêcher les pillages à chaque fois.
Dans cet Occident démoralisé, Léon et avec lui l'Eglise restait pourtant le seul et dernier recours moral.
Face à l'avancée d'Attila, il décida d'aller à la rencontre du roi barbare, accompagné d'un consulaire, d'un sénateur et des principaux membres du clergé.
La rencontre se fit en 452 dans la ville italienne de Mantoue, en Lombardie. Attila le reçut avec les plus grands honneurs et lui accorda en effet la paix par un traité en date du 6 juillet 452, jour de l'Octave des saints apôtres Pierre et Paul. Les compagnons d'armes d'Attila ne purent comprendre qu'il eût renoncé à piller les trésors de Rome, sur les instances de Léon; et, se rappelant qu'il en avait fait autant en faveur de Troyes, aux prières de saint Loup, les Huns disaient : "La férocité d'Attila s'est laissée dompter en Gaule par un loup, en Italie par un lion". Comprenant leur surprise, Attila leur dit :
"Pendant que Léon parlait, j'ai vu près de lui deux personnages mystérieux, à la figure surhumaine, au regard terrible, revêtus de l'habit sacerdotal, qui, l'épée nue, me menaçaient de mort si je ne cédais pas à l'envoyé des Romains"...
Après l'entrevue, Attila rejoignit ses troupes pour leur donner l'ordre de retraite vers la Hongrie où il mourut l'année suivante.
Léon Ier et Attila, peinture de Raphaël
Le saint Pontife rentra en triomphe à Rome, et le peuple, dans son enthousiasme, lui décerna le titre de "Grand". Pour perpétuer le souvenir de ce prodigieux évènement, Léon fit jeter à la fonte le bronze idolâtrique longtemps adoré sous le nom de Jupiter Capitolin, et le transforma en une statue de saint Pierre, placée dans la basilique Vaticane. Encore aujourd'hui l'on vient du monde entier en baiser le pied : le bronze usé témoigne de la vénération de seize siècles.
Genséric, roi des Vandales |
Peu de temps après, l'an 455, Genséric, roi des Vandales, qui s'était déjà emparé de l'Afrique, de la Corse, de la Sardaigne, de la Sicile, s'avança sur Rome avec une armée formidable. Léon alla une fois de plus à la rencontre de cet autre chef barbare, et obtint de lui qu'il s'abstiendrait des outrages, des massacres et de l'incendie : "mes soldats ne verseront pas le sang humain, aucun édifice ne sera brûlé" déclara Genséric qui cessa son occupation, le 29 juin 455, fête des saints apôtres Pierre et Paul.
Le saint pontife sauva ainsi une fois de plus les monuments de la Ville éternelle, la vie et l'honneur de ses concitoyens. Les Vandales se retirèrent de Rome quinze jours après, avec un butin immense et un grand nombre de captifs. Léon exhorta les fidèles : « Peuple romain, n'oublie pas trop vite cette délivrance » (Sermon LXXXIV.)
Le vigilant pasteur employa les dernières années de sa vie à guérir les plaies de toute sorte causées par l'invasion des Barbares. Il mourut le 10 novembre 461. Premier pape à porter le nom de Léon, il est aussi le premier à être enseveli au Vatican.
Il nous reste de lui soixante-neuf discours, monument de son éloquence apostolique.
« La miséricordieuse providence de Dieu a voulu, sur la fin des temps, venir au secours du monde en détresse. Elle décida que le salut de toutes les nations se ferait dans le Christ ».
La miséricordieuse providence de Dieu a voulu, sur la fin des temps, venir au secours du monde en détresse. Elle décida que le salut de toutes les nations se ferait dans le Christ.
C’est à propos de ces nations que le saint patriarche Abraham, autrefois, reçut la promesse d’une descendance innombrable, engendrée non par la chair, mais par la foi ; aussi est-elle comparée à la multitude des étoiles, car on doit attendre du père de toutes les nations une postérité non pas terrestre, mais céleste.
Que l’universalité des nations entre donc dans la famille des patriarches ; que les fils de la promesse reçoivent la bénédiction en appartenant à la race d’Abraham, ce qui les fait renoncer à leur filiation charnelle. En la personne des trois mages, que tous les peuples adorent le Créateur de l’univers ; et que Dieu ne soit plus connu seulement en Judée, mais sur la terre entière afin que partout, comme en Israël, son nom soit grand.
Mes bien-aimés, instruits par les mystères de la grâce divine, célébrons dans la joie de l’Esprit le jour de nos débuts et le premier appel des nations. Rendons grâce au Dieu de miséricorde qui, selon saint Paul, nous a rendus capables d’avoir part dans la lumière à l’héritage du peuple saint ; qui nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, et nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé. Ainsi que l’annonça le prophète Isaïe : Le peuple des nations qui vivait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière, et sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Le même prophète a dit à leur sujet : Les nations qui ne te connaissaient pas t’invoqueront ; et les peuples qui t’ignoraient accourront vers toi. Ce jour-là, Abraham l’a vu et il s’est réjoui lorsqu’il découvrit que les fils de sa foi seraient bénis dans sa descendance, c’est-à-dire dans le Christ, lorsqu’il aperçut dans la foi qu’il serait le père de toutes les nations ; il rendait gloire à Dieu, car il était pleinement convaincu que Dieu a la puissance d’accomplir ce qu’il a promis.
Ce jour-là, David le chantait dans les psaumes : Toutes les nations, toutes celles que tu as faites, viendront t’adorer, Seigneur, et rendre gloire à ton nom. Et encore : Le Seigneur a fait connaître son salut, aux yeux des païens révélé sa justice.
Nous savons bien que tout cela s’est réalisé quand une étoile guida les trois mages, appelés de leur lointain pays, pour leur faire connaître et adorer le Roi du ciel et de la terre. Cette étoile nous invite toujours à suivre cet exemple d’obéissance et à nous soumettre, autant que nous le pouvons, à cette grâce qui attire tous les hommes vers le Christ.
Saint Léon le Grand (390-461)
Sermon pour l’Épiphanie
Résumé de la vie de Marie-Madeleine:
Livre détaillant les périples de Marie Madeleine ou Marie de Magdala dans le Languedoc, et en particulier dans les trois vigueries de Maguelone, de Mormellicum-Monmel (Saint Bauzille de Montmel église du premier siècle du Pic saint Léon), et de Substantion, en latin, Sextantio actuellement Castelnau-le Lez. Ces trois vigueries ou vicaria ou vicarii sont une juridiction administrative médiévale qui vient du latin Vicaire. Ces trois vigueries indissociables et gérées par les évêques de Maguelone, dont le premier est Simon le lépreux qui deviendra premier évêque de Maguelone, sont liées très fortement à la présence au premier siècle de Marie Madeleine dans la région de Montpellier. Ensuite on la suit dans l'Aude (Rennes-les-bains) et enfin en Provence.
Marie Madeleine (bibliographie) a vécu sur cet oppidum avec le frère Franciscus (Francis ou François) Turrigianus et le frère Ioannes (jean) Serrado Chichimecarum, et d'autres premiers chrétiens, en évangélisant les pauvres, en les soignant et en leur donnant des sacrements.
Le couvent (Conuentu) des Mourgues ou Pic Saint Léon ou église antique de Monmel, sis à Saint Bauzille de Montmel, est une demeure authentifiée datant du premier siècle, qui était le refuge de la Sainte, qui fut ensuite le refuge des Wisigoths, chrétiens qui ont géré l'église de Maguelone, puis qui a reçu la visite et la bénédiction du Pape Saint Léon le Grand, en présence des Wisigoths du site, qui a été un couvent de femmes, devenu monastère Bénédictin au 10ème siècle, rattaché au 15ème siècle au monastère de Saint Félix de Montceau (Gigean), car l'abbaye fut ruinée et les sœurs sans ressources.