WWIII : Nous appliquerons jusqu'au bout les préceptes de notre Grand Maître Abert Pike pour former l'Humanité à notre image et à notre soumission. Nous ferons croire au plus grand nombre qu'il peut s'en sortir par des actions individuelles de formation et de soumission à nos règles. Nous allons modeler l'Humanité suivant notre volonté en lui faisant croire à la Notion parfaitement irréalisable de Peuple Souverain que nous allons domestiquer comme des animaux dans une ferme et si nécessaire dans des élevages intensifs en fonction de notre agenda d'obtention de performances.

WWIII : Nous appliquerons jusqu'au bout les préceptes de notre Grand Maître Abert Pike pour former l'Humanité à notre image et à notre soumission.
Nous respecterons les Dieux qui ont fait croire à certains que nous serions à leur ressemblance.
Nous ferons croire au plus grand nombre qu'il peut s'en sortir par des actions individuelles de formation et de soumission à nos règles par de méthodes de subjectivité et d'approche intégrée psychodynamique et biologique appliquée à l'étude du développement selon nos normes et notre pathologique chez l'enfant et chez l'adulte, nous leur donnerons la magie Blanche et sans qu'ils s'en rendent compte, ils passeront à la magie noire..
Nous allons modeler l'Humanité suivant notre volonté en lui faisant croire à la Notion parfaitement irréalisable de Peuple Souverain que nous allons domestiquer comme des animaux dans une ferme et si nécessaire dans des élevages intensifs en fonction de notre agenda d'obtention de performances.
Notre société, mes bien chers frères, comprend plus de profanes que d'initiés. Nous sommes des Dieux qui pouvons nous élever au dessus de la masse de nos serviteurs et du bas peuple fait de sous-hommes, de femmes, et de dégénérés.
Bientôt nous contrôlerons tout de la vie, et nous pourrons passer de l'état d'âme pure et de pur esprit à l'état d'âme pure dans un corps saint.
Les œuvres des hommes des Lumières en particulier Montesquieu, Jean-Jacques Rousseau, Denis Diderot et Voltaire, montrent que derrière l 'illusion révolutionnaire se cache des idéologies élévatrices, comme la naissance du sous-homme. La Notion de Races, de Femmes et de Peuple sont des réalités qui ne peuvent s'accorder avec les Hommes des Lumières qui n'ont défendu l'égalité et l'unité du genre humain que pour nous donner la voie d'en dissocier ceux qui n'en seront jamais et qui devront se contenter d'être des objets animés ou inanimés, sans âme.
La notion d'humanité est niée par nos Lumières, dont Lucifer en est le Maître, et par conséquent des pans entiers de la famille humaine se trouvent dissociés de l'humanité pleine. Nos meilleurs philosophes ont en fait élaboré une construction intellectuelle du "sous-homme", parmi lesquels les ethnies exotiques, le sexe féminin, le peuple en général.
Cette idéologie a régné sur toute l'anthropologie du XIXè siècle et abouti au grand abattage du XXe par les Guerres Salvatrices que les grands esprits ont su mener à bien. Maintenant nous en sommes à la WWIII, et nos grand stratèges, en place dans le Monde Entier, attendent le moment le plus favorable et le signe des Dieux, nos Maîtres Eternels, qui nous permettrons de nous élever à leurs côtés.
Voltaire circonscrivait les femmes, les exotiques et les Peuples en général , sans équivoque, "entre l'homme et la bête" : ce qui nous permet à nous, mes biens chers frères, de pouvoir s'élever avec les Dieux, pour l'éclosion du sous-homme aux souffrances bénignes, et à l'élevage prometteur.
Le mépris du bas peuple, appelé canaille ou populace par nos grands esprits des Lumières, et conçu de manière largement extensive, est représente un trait majeur de notre humanisme des Lumières.
Nous auront toujours à notre disposition des chantres comme Jean Lassalle, Charlotte Chabas, ou Etienne Chouard, qui font croire au serpent de mer d'une constitution écrite par des ignares, des traînes savates, des bons à rien, des inutiles et des assistés, qui ne font rien, et dont le peu de matière grise, sans âme guidée, ne peut que déboucher que sur l'étal d'un boucher.
Que vous soyez blanc ou noir, les Francs-Maçons ont accepté sans connaître et sans le Libre Arbitre de se vouer à un culte depuis toujours (c'est à dire depuis la création du 1er Suprême Conseil du Monde le 31 mai 1801 aux Etats-Unis à Charleston par Frédérick Dalcho et John Mitchell) dont la devise "Ordo Ab Chao", que l'on pourrait traduire par "l'Ordre surgit du Chao" (d'autres traductions sont possibles) est la devise du Rite Ecossais Ancien et Accepté. De l'ensemble du rite, c'est à dire du 1er au 33ème degré. Ils en attendent tous du bien et espèrent en repousser le mal, en se fiant au Chaos général, dont serait issu l'Ordre et la Concorde finale.
Peu de Francs-Maçons sont d'accord entre eux, sinon au sein d'une très petite loge, et tous se battent quand il s'agit d'élire un Grand Maître. Cette hiérarchie permet de diriger du haut sans pratiquement tenir compte du bas, sinon pour les rappels à l'Ordre.
Du FreeMason qui s'abandonne à un Ordre Secret avec des attentes sur du bien être matériel et spirituel, et une reconnaissance de la part de ceux à qui il s'est abandonné corps et âme, vendant son âme, sans connaître et sans savoir qui va la récupérer, et ce qu'ils vont en faire, au Maçon coincé dans une refondation complète et un abandon de tout ce qu'il était pour devenir un rouage d'une machination Diabolique, il n'y a qu'un petit engagement pour toute une vie qu'il ne peut plus renier ni changer, sinon en devenant un paria, un sous-homme, rejeté et poursuivi pour sa lâcheté et sa déloyauté.
Ce Franc-Maçon n'a plus qu'à ce faire une vision irréelle et à se mentir à lui-même et aux autres, que le Bien passe par une destruction de l'Humanité dans un Chaos généralisé et préconisé par des frères illuminés, en y mettant de fumeux artifices, et des théories de complaisance pour expliquer que c'est pour le bien du Monde et des Dieux qui l'ont adoubé, pour la plus grande valeur morale de l'humanité. Un frère sincère n'a plus qu'à se pendre ou à entraîner tout le Monde dans le Chaos en profitant ponctuellement des plaisirs matériels qu'offre le Système aux parasites, mais sans âme et sans convictions personnelles, il n'est qu'un jouet dans les mains de celui-ci.
Si vous avez tout perdu et que vous vous en rendez compte, que souhaitez-vous pour l'Humanité? et inversement vous avez déjà conçu que tout est perdu pour vous et pour l'Humanité, alors que souhaitez-vous faire pour votre famille, vos frères, pour trouver une issue de sortie, s'il en existe une? Nombre de francs-Maçons témoignent qu'ils s'en sont sorti avec de graves séquelles et une perte de leur âme vendue à jamais, quelle est leur logique?
Un Franc-Maçon peut-il changer le cours des choses de l'intérieur et remplacer l'inéluctable cours des choses programmé par les Grandes Loges, et s'opposer à des programmes comme ceux d'Hitler en faveur du Monde?
Sommes-nous toujours condamnés à faire des sacrifices aux Dieux et à nous massacrer réciproquement sous couverture des meilleures intentions?
Depuis quelques années, nous avons reçu les consignes d'être armé et de nous entraîner. Car à vouloir tuer ou sacrifier la Populace, celle-ci qui ne comprend pas bien les choses, pourrait se rebeller et prendre les armes, autrement qu'à la Révolution ou nous les avons distribuées, et les avons payé 4 sous pour qu'ils les rapportent, ce qu'ils ont fait du fait qu'elle n'étaient pas chargées.
Certains Frères de Haut rang comme le Général Didier Tauzin est impliqué avec d'autres dans un des pires scandale récents de la République avec en 1994 le génocide du RWANDA qui a fait 800 000 morts.
Nous nous sentons visés et responsables par nos exactions sur le peuple avec maintenant les attentats de Daesh provoqués par nos amis Américains sur le sol Français . Vis à vis de ceux qui prendront les armes, la consigne est claire, il faut envoyer l'armée et tirer sur les foules de civils comme nous savons le faire au Moyen Orient avec nos avions et nos militaires au sol. Par ailleurs le frère Tauzin qui a peur d'une révolte civile et d'une guerre en France, prévoit des miliciens armés pour le maintien de l'ordre et l'aboutissement du nouvel Ordre.
La horde des migrants qui déferle sur l'Europe, nous facilitera les choses, par le nombre incalculable de Djihadistes qui reviennent en France.
Le Frère Berezovski a mis en place le Président Eltsine 31 décembre 1999 et Eltsine sur son ordre quitte le pouvoir pour le céder au frère Poutine, Maçon de l'Arche Royale (Jhabulon= Satan). Il est ou il feint être un traître au Nouvel Ordre Mondial, selon Jacob Rothschild.(voir vidéo) Il déclare qu'il ne pourra pas résister longtemps comme beaucoup d'autres à la tentation de l'utilisation de l'arme nucléaire mais veut maîtriser ce moment en coopération avec Israël, autre puissance nucléaire, et que lorsque cela arrivera, nul ne pourra avoir le temps de se protéger s'il n'y est pas préparé. L'important est de savoir que tous ont préparé ce moment ultime (104 villes gigantesques et souterraines aux USA, idem en Russie et dans pas mal de Pays.
Le Top du Top des Francs-Maçons et des illuminati ont prévu dans un futur très proche de moins d'un an de limiter la Population Mondiale à 500 Millions.Et toujours suivant l'imbécile de Nicolas Sarkozy, remercié comme agent de la CIA, personne ne pourra s'y opposer.
Le Frère Hitler a été adoubé dans la Loge de la pensée suprême de THULE:


LA SOCIETE THULE s'occupait de choses matérielles et politiques tandis que la Société Vril avait des occupations qui concernaient surtout l'AU-DELA. Mais elles avaient quand même quelques points communs. Toutes deux étudiaient l'ATLANTIDE, Thulé, l' "Ils des Bienheureux" de GILGAMESH (mythe sumérien du déluge), les rapports originels entre les Germains et les Mésopotamiens ainsi que les anciens sanctuaires comme Stonehenge avec ses pierres dressées. |
Lorsque le continent HYPERBOREE commença à s'enfoncer, les habitants se seraient mis à creuser des tunnels gigantesques dans la croûte terrestre avec de grosses machines et ils se seraient établis sous la région de l'Himalaya. Ce royaume souterrain a le nom d' "AGARTHA" ou "AGARTHI", et sa capitale s'appelle "SHAMBALLAH". hitler et thulé
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Etienne, un frère convaincu de ce qu'il dit, et qui sait faire passer sa joie de vivre
La pire des politiques, en tous temps et en tous pays, a toujours été et sera toujours celle des velléités, celle qui ose et celle qui n’ose plus, celle qui ose assez pour compromettre tout et qui n’ose pas assez pour résoudre rien. — (Émile de Girardin, en préface de Le dossier de la Guerre de 1870 - 23 septembre 1877).

Augustin de Barruel, appelé Augustin Barruel, né à Villeneuve-de-Berg le et mort à Paris le , est un prêtre jésuite, et essayiste polémiste catholique français.
Ses travaux consistent à affirmer que la Révolution française n'a pas été un mouvement de révolte spontanée du peuple, mais un processus organisé pendant plusieurs décennies dans des loges et dans des clubs (en particulier celui des Jacobins) afin de permettre à la bourgeoisie libérale de s'emparer du pouvoir. Barruel explique la Révolution par le conspirationnisme ou la théorie du complot contre les tenants d'une révolution spontanée et populaire.
Accueil du site > Actualités > Société > Théorie du complot : comment le « best seller » de Richard Hofstadter « Le (...)
A l’instar de Daniel Pipes, Pierre-André Taguieff est souvent présenté comme « expert » en théories du complot. C’est surtout un spécialiste de la pensée par les amalgames. Dans son discours, toute critique à l’égard de la politique des États-Unis et d’Israël équivaut à de l’antisémitisme. En 2004, il signe « Prêcheurs de haine : Traversée de la judéophobie planétaire« . Cet ouvrage fait suite à « La Nouvelle Judéophobie » sorti deux ans auparavant. Selon Taguieff, « il y a bel et bien une judéophobie planétaire dont le front d’attaque s’étend de Cuba, en passant par la Syrie, l’Irak et l’Iran, jusqu’à l’ex Union Soviétique. Ce phénomène nourrit l’idéologie d’une multitude de groupes, de personnages politiques et médiatiques« . Un conglomérat plutôt hétéroclite si l’on suit Taguieff dans sa logique. Pour lui, les jeunesses communistes, la LCR, l’UOIF, le Hamas, l’Union du Peuple Russe, l’Union générale des Étudiants de Palestine en France et les Frères musulmans sont tous sous l’influence des « Protocoles des Sages de Sion ». A ceux-là s’ajoutent Tariq Ramadan, Jean-Marie Le Pen, Carlos, Ben Laden, José Bové, Roger Garaudy, Olivier Besancenot, Daniel Mermet… Quant à ses formulations, elles sont aussi diverses et variées que l’ « islamo-gauchisme« , la « propagande nazie, soviétique et palestinienne« , l’ « anti-américanisme et les dérives du néo-gauchisme« , la « vague altermondialiste« … Bref, l’équation que nous impose Taguieff est simple à comprendre : anti-impérialisme est égal à anti-américanisme, qui lui même est égal à antisémitisme ; donc celui qui s’oppose à l’impérialisme est un adepte du complot juif. Au final, le maccarthysme de Pierre-André Taguieff n’a rien à envier à celui de Daniel Pipes.
Si vous voulez vous rendre compte par vous même en évitant la pénitence que représente la lecture des 962 pages de son brûlot, vous pouvez consulter ici l’esquisse qui fut publiée par le CRIF en 2003, 35 pages qui n’avaient pour seul objectif que de légitimer les croisades meurtrières de Bush et de Sharon.
Hofstadter à la sauce néo-con
Dans la foulée, Pierre-André Taguieff publie en 2005 « La foire aux Illuminés. Ésotérisme, théorie du complot, extrémisme« . Par delà les 612 pages de notes sur la Franc-maçonnerie, ou bien encore les Illuminati… (ces thèmes folkloriques furent très bien synthétisés par Richard Hofstadter), Taguieff passe également en revue quelques sous-produits de la culture américaine, en particulier Dan Brown et la série télévisée X-Files. Ces types de productions favorisent d’après lui le fantasme du « complot mondial » et plus précisément d’un complot judéo-maçonnique en mettant en scène les sociétés secrètes et l’ésotérisme.
Que valent les dites « vérités » de Pierre-André Taguieff quand elles sont confrontées au réel ?
Pour se faire une idée, apprécions quatre affirmations récurrentes dans le système Taguieff.
Première assertion : Les gouvernements des « grandes démocraties » occidentales luttent contre l’extrême droite et l’antisémitisme.
● Pourtant régulièrement la presse évoque la fuite de certains criminels nazis via les filières d’exfiltrations soutenues par les Etats-Unis. Par exemple Klaus Barbie, le chef du service de renseignement de la SS à Lyon. Autre exemple : dirigée par Paul Schäfer, un ex Waffen-SS, la Colonie Dignidad servit de lieu d’interrogatoire à la police politique du dictateur chilien Augusto Pinochet.
● Plus proche de nous, fin 2013 en Ukraine, dès le début des événements à Kiev, le quotidien israélien Haaretz rapportait que Pravy Sektor et Svoboda distribuaient des traductions de Mein Kampf et des Protocoles des Sages de Sion sur la place Maïdan. Ces deux « partis » sont toujours des acteurs majeurs d’un gouvernement mis en place grâce au soutien des « grandes démocraties ». Quant au bataillon Azov au service de Kiev, il est la fidèle reconstitution de la tristement célèbre division SS « Galitchina ».
Deuxième assertion : Les gouvernements occidentaux luttent contre l’islamisme.
● Dans une interview accordée à « Valeurs actuelles » en janvier 1995, l’ancien secrétaire d’Etat américain James Baker s’attache à faire le tri entre les « bons » et les « mauvais » intégristes. Parmi les mauvais, James Baker classe l’Iran. Parmi les bons, il cite l’Arabie saoudite. « Il n’y a pas de pays musulman plus intégriste que l’Arabie saoudite, et pourtant, c’est à la fois un ami et un pays important pour les Etats-Unis », disait-il. En 1998, c’est au tour deZbigniew Brzeziński d’être interviewé par Le Nouvel Observateur. Le géostratège qui a conseillé les présidents Jimmy Carter, George W. Bush et qui conseille toujours Barack Obama, y explique « Pourquoi et comment il a financé Ben Laden en Afghanistan« .
Troisième assertion : Tous les complotistes croient au complot judéo-maçonnique.
● Le conspirationniste et terroriste Anders Behring Breivik, auteur des attentats en Norvège, est décrit par le Jerusalem Post comme militant d’extrême droite sioniste fermement opposé à l’Islam. « Nous luttons ensemble avec Israël, avec nos frères sionistes contre tous les anti-sionistes, contre toutes les formes de marxisme culturel« , déclarait Breivik, ce qui décidément ne correspond en rien à l’archétype du conspirationniste selon les critères de Taguieff. Le manifeste de Breivik est résolument orienté vers l’idée d’un complot « islamo-gauchiste ».
Quatrième assertion : « Pour un conspirationniste » écrit Taguieff, « il n’y a pas de hasard » ou « tout est lié, mais de façon occulte« .
● Traduisons : le conspirationniste ne croit pas au hasard, donc pour lui, l’histoire est totalement planifiée de manière occulte. En fait, en partant de ce présupposé emprunté à Hofstadter « pas de hasard pour les conspirationnistes », Taguieff ne fait que fustiger les positions de son propre « camp ». Voici deux types de croyances radicales qui postulent une absence de hasard :
- Pas de hasard pour David Ben Gourion, fondateur de l’État d’Israël, qui déclarait« Si j’étais un leader Arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C’est normal ; nous avons pris leur terre. Il est vrai que Dieu nous l’a promise, mais comment cela pourrait-il les concerner ? Notre dieu n’est pas le leur ».
- Cette doctrine mystique est totalement corroborée par celle du puissant lobby chrétien sioniste pour lequel « l’Etat d’Israël est la condition préalable à la seconde venue de Jésus. Les juifs seront encouragés à devenir chrétiens, ce qui garantira le triomphe de Dieu sur les forces du mal à l’issue de l’apocalypse« .
● Avec la théorie d’ « Eurabia » dont nous reparlerons plus bas, les amis de Taguieff entérinent l’autre partie de la formule que Taguieff a soutirée à Hofstadter « l’histoire est planifiée de manière occulte ».
La réfutabilité poppérienne comme caution scientifique ?
Pour les néo-cons, en particulier Taguieff, la caution scientifique est apportée par Karl Popper, qui fut l’un des fondateurs de l’ultra libérale Société du Mont-Pélerin, qui regroupe des économistes anti lutte des classes comme Friedman et Von Hayek, à l’origine de l’école de Chicago.
Taguieff y fait constamment référence, ainsi « L’imaginaire du complot mondial » commence par une longue citation de Popper où l’on comprend qu’il est une source d’inspiration sinon de plagiat conceptuel : « On ne croit plus aux machinations des divinités homériques, auxquelles on imputait les péripéties de la Guerre de Troie. Mais ce sont les Sages de Sion, les monopoles, les capitalistes ou les impérialistes qui ont pris la place des dieux de l’Olympe homérique. » Karl R. Popper, 1948
Développant une critique de l’historicisme de Hegel et Marx, Popper publie en 1945 « La Société ouverte et ses ennemis, tome 2 : Hegel et Marx« . Popper nous dit « il est rare que ces complots réussissent à atteindre le but recherché, car la vie sociale n’est pas une simple épreuve de force entre groupes opposés« . Mais sur ce point précis, Popper n’est-il pas trop affirmatif ? Que nous apprend l’Histoire ? Que vaut l’hypothèse de Popper quand on la soumet à l’épreuve de la réfutation ? Détaillons les deux exemples significatifs :
1/ L’« Opération Condor », également connue sous le nom « Plan Condor », était une campagne de répression et d’assassinats d’opposants impliquant les services de Renseignement des dictatures militaires en Amérique latine. Le gouvernement des États-Unis a fourni un soutien technique et une aide militaire aux participants au moins jusqu’en 1978. En raison de sa nature clandestine, le nombre exact de décès directement imputable à l’Opération Condor est fortement contesté. Selon certaines estimations, au moins 60 000 décès peuvent lui être attribués.
2/ Le réseau « Gladio » : En Octobre 1990, Giulio Andreotti,Président du Conseil italien, reconnaît publiquement l’existence du réseau « Gladio » ; il parle d’une « structure d’information et d’intervention », avec des caches d’armes et des officiers de réserve. Un documentaire diffusé sur ARTE se concentre sur les opérations du réseau Gladio dans l’Italie et l’Allemagne des années 1960 à 1980. Les attentats de la piazza Fontana à Milan en 1969, celui de la gare de Bologne en août 1980, puis celui de la Fête de la Bière à Munich quelques semaines plus tard, furent attribués à des anarchistes ou à l’extrême gauche. On saura plus tard qu’ils étaient l’œuvre de l’extrême droite.
Pierre-André Taguieff et « Le Meilleur des Mondes »
« Le Meilleur des Mondes« , édité par la maison d’édition Denoël, était l’outil de propagande du Cercle de l’Oratoire, la principale structure de rayonnement du mouvement néo-conservateur en France sous l’ère Bush.
Parmi les contributeurs de la revue, nous retrouvons Pierre-André Taguieff, mais également Antoine Vitkine, réalisateur de documentaires pour la télévision française, en particulier pour la société de production Doc en Stock fondée par Daniel Leconte qui fut parmi ceux qui, avec Philippe Karsenti, ont attaqué le journaliste Charles Enderlin de France 2 dans l’Affaire Mohammed al-Durah. Enderlin sera accusé d’avoir bidonné les images de la mort d’un enfant palestinien (Mohammed al-Durah). Pourtant, en 2013, Charles Enderlin gagnera un nouveau procès.
Pierre-André Taguieff écrivait en 2008 « Al-Dura : stéréotypes antijuifs, défaillance journalistique, imposture médiatique« . Cela se passe de commentaire.
Barbara Necek et Antoine Vitkine : duo de documentaristes néocons. Cliquez pour un décryptage de leur propagande.
En 2004, Antoine Vitkine associé à Barbara Necek et produit par Daniel Leconte, s’illustre dans « Le Grand Complot« . Ce reportage sur fond de 11-Septembre se veut pédagogique. Le duo Vitkine-Necek cible dans la pure tradition néo-con les monstres utiles : « l’extrême droite, l’extrême gauche et les islamistes« .
Au final, tous sont désignés comme responsables de la propagation d’idées « qui vont du complot juif à la mainmise des Francs-Maçons, en passant par le Protocole des sages de Sion« . En somme, du « déjà vu » avec Pipes et Taguieff.
En 2008, Antoine Vitkine s’attaque à l’histoire de Mein Kampf dans son documentaire « Mein Kampf, c’était écrit« . L’esprit orienté globalement dans la même direction que les canons de Bush et Sharon (le monde musulman), Vitkine conclut son reportage ainsi : « Il y a une partie du monde où Mein Kampf vit une nouvelle jeunesse. Loin de la veille Europe aujourd’hui démocratique, le poison agit encore dans des pays comme l’Egypte, le Liban, la Syrie, la Palestine et la Turquie. » La veille Europe démocratique dont parle Vitkine soutient le gouvernement ukrainien qui emploie des groupes paramilitaires ouvertement néo-nazis comme nous l’avons vu plus haut. A ce jour, ni Vitkine ni Taguieff ni aucun autre membre du Cercle de l’Oratoire ne s’est indigné de cette situation.
Pierre-André Taguieff et drzz.info / dreuz.info qui publie les diatribes de Daniel Pipes
« La rédaction de drzz.info a l’immense fierté de vous annoncer que Pierre-André Taguieff, directeur de recherche au CNRS et professeur à l’Institut d’Etudes Politiques (Sciences Po) a accepté de publier ses écrits sur drzz.info. » Depuis, drzz.info est devenu dreuz.info. Ce média est défini par sa direction comme « site américain francophone, chrétien, pro-israélien et néo-conservateur, adverse aux extrêmes et au racisme« , alors que les auteurs de dreuz.info se revendiquent islamophobes. Pierre-André Taguieff restera chez dreuz.info jusqu’en 2013 avant de s’éclipser au moment de la sortie de son « Dictionnaire historique et critique du racisme ».
A lire ! Pierre-André Taguieff, le Néo-Con Lajoie
Mais dreuz.info est surtout et avant tout une tribune permanente pour la théorie d’Eurabia, un néologisme forgé en 2006 par l’essayiste et contributrice de dreuz.info, Bat Ye’Or. Le concept Eurabia est souvent repris par des mouvements d’extrême droite parlant d’une Europe absorbée par le monde arabe. Faisant référence à la théorie du complot juif des Protocoles des Sages de Sion, le journaliste et écrivain Johann Hari qualifie les deux d’« étonnamment similaires ». Dans le Dagens Nyheter, journal suédois, les journalistes Andreas Malm et Eva Ekselius réagissaient à la thèse de Bat Ye’Or par ces mots « les musulmans sont à leur tour victimes d’une propagande antisémite, il y a une comparaison directe avec l’Europe d’avant-guerre« . A ce propos la présentation du livre « Eurabia : L’axe euro-arabe » par l’éditeur est édifiante. Nous retrouvons en quelques lignes au moins huit postulats qui font d’Eurabia une véritable théorie du complot selon les critères définis par Hofstadter : 1/ La conspiration dure depuis plusieurs décennies – 2/ Allégeance à une puissance étrangère (le monde arabe) – 3/ L’Europe sacrifie ses valeurs – 4/ Les arabes imposent leur langue, l’islam et des émigrés – 5/ L’alliance euro-arabe est une politique commune hostile à Israël et aux Etats-Unis – 6/ Il y a complicité des instances dirigeantes européennes – 7/ Complicité des médias – 8/ L’idéologie de l’axe euro-arabe imprègne les institutions scolaires, universitaires, et même parfois les Églises, dans cette entreprise de dénaturation de l’identité européenne.
Le texte dans son intégralité : « Depuis plus de trois décennies, l’Europe planifie avec les pays de la Ligue arabe la fusion des deux rives de la Méditerranée. Par le « Dialogue euro-arabe », elle a développé une structure d’alliances, et souvent d’allégeances, avec le monde arabe. Elle sacrifie son indépendance politique tout comme ses valeurs culturelles et spirituelles en échange de garanties (quelque peu illusoires) contre le terrorisme et d’avantages économiques que lui dispensent les pays arabes. Si ces derniers fournissent à l’Europe des hydrocarbures, s’ils lui offrent des marchés, ce n’est pas sans lui imposer des contreparties : ils exigent d’elle une ouverture sans cesse accrue à leur culture, à leur langue, à leur religion – l’islam -, à leurs émigrants, qu’ils veulent toujours plus nombreux. Ils arrachent aux pays d’accueil des conditions visant à maintenir ces émigrants dans leur culture d’origine au lieu de faciliter leur intégration. Enfin l’alliance euro-arabe se base sur une politique commune hostile à Israël et aux Etats-Unis. C’est une stratégie de subornation de l’Europe qui est ainsi mise en œuvre par les pays arabes, avec l’active complicité des instances dirigeantes européennes : la Commission européenne pilote un puissant dispositif financier servant cette politique ; elle a déployé une immense toile médiatique fabriquant le « politiquement correct eurabien » ; elle a enrégimenté les institutions scolaires et universitaires, et parfois même les Eglises, dans cette entreprise de dénaturation de l’identité européenne ». (Rappel de la quatrième assertion : « Pour un conspirationniste » écrit Taguieff, « il n’y a pas de hasard » ou « tout est lié, mais de façon occulte« .)
Taguieff révélé par Guy Millière rédacteur de dreuz.info
Guy Millière, membre du comité de rédaction de Dreuz.info et proche collaborateur de Daniel Pipes
Un des éléments les plus révélateurs de la pensée profonde de Taguieff apparait dans sa vive altercation épistolaire avec un des autres rédacteurs de dreuz.info nommé Guy Millière. Ce dernier qualifié de raciste par Taguieff s’emporte et dévoile les coulisses de cet « expert en théories du complot »
« Prétendre vous situer au dessus des « extrémistes » en plaçant d’un côté Dreuz, web magazine auquel vous avez longtemps collaboré, et de l’autre oumma.com, n’est pas très honorable. »
« Je constate que vous condamnez l’« antisionisme radical ». Il fut un temps où vous condamniez l’« antisionisme » tout court. Vous me parlerez peut-être de nuances subtiles et userez de circonlocutions alambiquées : ne pensez pas me tromper avec de tels subterfuges. Pas moi ».
« Taguieff compte-t-il vraiment garder des liens avec les milieux qui luttent contre l’antisémitisme et qui défendent Israël sans concessions tout en nouant des liens avec des gens dont les positions sont très différentes, voire très très différentes ? Entend-il plutôt rompre avec ceux qui lui ont, à tort, fait confiance pendant des années, pour nouer des liens avec des gens à qui il dirait maintenant qu’il a changé ? Ceux qui s’y fieraient seraient, en ce cas, fort peu regardants. Les éventuels nouveaux amis de Taguieff savent-ils ce que celui-ci a écrit sur Stéphane Hessel ? »
« Un soir au fond du Sahel, un serpent piqua le vieil Hessel, que croyez-vous qu’il arriva, ce fut le serpent qui creva ». Pierre André Taguieff.
« A l’époque, j’avais moi-même trouvé que Taguieff allait trop loin, et je n’ai pourtant jamais eu aucune sympathie pour Stéphane Hessel. Que pensent les éventuels nouveaux amis de Taguieff en lisant cette phrase : « Quand un serpent venimeux est doté de bonne conscience, comme le nommé Hessel, il est compréhensible qu’on ait envie de lui écraser la tête » ? »
« Les éventuels nouveaux amis de Taguieff savent-ils que le même Taguieff proclamait voici peu encore lutter sans merci contre des « décennies de propagande palestinienne et pro-palestinienne », dénonçait « l’antisionisme » comme un antisémitisme, et faisait cela avec l’ardeur fébrile du nouveau converti ? »
« Un homme qui passe d’une position à une position quasiment inverse en quelques mois, voire beaucoup moins, n’est, en tout cas, pas un homme fiable. »
Rappelons que Guy Millière est de ceux qui peuvent benoitement déclarer en 2010 : « On a trouvé des armes de destruction massive en Irak« , pour justifier son soutien à la destruction des structures de l’état irakien alors que le gouvernement Bush à lui même avoué l’inexistence de ces ADM. Guy Millière avec Daniel Pipes et Pierre-André Taguieff partagent leur obsession pour l’Islam et la judéophobie au point d’être persuadés que le chef du gouvernement des Etats-Unis est, en fait, un agent de l’islam qui complote en vue de l’affaiblissement d’Israël et l’avènement de la suprématie musulmane ! Et selon eux le salut viendrait de l’Arabie Saoudite et du Qatar dont ils semblent oublier leur islam extrémiste : « Seuls résistent à Obama l’Arabie Saoudite, les émirats autres que le Qatar, l’Égypte, financée par l’Arabie Saoudite ».
Ainsi Taguieff tente de dissimuler son extrémisme avéré pour faciliter la promotion de ses ouvrages, mais reste un néoconservateur violent et intolérant qui n’hésite pas à se réjouir de la mort de Stéphane Hessel pour la seule raison que ce dernier défendait ardemment les droits du peuple palestinien. Il a très longtemps été rédacteur d’un journal proche de l’extrême droite et voit en Obama un islamiste qui complote contre l’occident (sic) et considère tous les altermondialistes ou anti-OGM comme des illuminés paranoïaques. Autant d’éléments qui montrent l’envers du décor d’un Taguieff brandissant à tout va son titre de chercheur du CNRS, en oubliant de signaler ses proximités idéologiques pour le moins nauséabondes avec l’extrême droite internationale.
George W. Bush : l’avènement du « style paranoïaque »
Selon Richard Hofstadter, Barry Goldwater est devenu le porte-drapeau de l’ultra-conservatisme en réunissant les éléments les plus extrêmes du protestantisme et du catholicisme. Avec dreuz.info et le néo-conservatisme, le sionisme vient s’ajouter, créant ainsi un nouveau cénacle qui sous-entend que « l’heure est grave,Armageddon n’est plus très loin« . « Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes avec les terroristes » disait Bush. Dans cette nouvelle typologie, l’Islam remplace les forces occultes. Dès lors, chaque musulman est considéré suspect, pouvant appartenir à une cinquième colonne. « Deux millions de musulmans en France, ce sont deux millions d’intégristes potentiels. » (Pierre-André Taguieff, France Inter, 1997). À 21 heures, le 20 septembre 2001, le président George W. Bush devant le Congrèsprononça un discours dans lequel le religieux s’entremêlait avec le patriotisme. En réaffirmant que Dieu est du côté américain, Bush promettait une vengeance « du bien contre le mal ». Ce sermon américain post-9/11 fut rédigé par Michael Gerson, une figure de proue de l’intelligentsia évangélique.
Cette religiosité guerrière, Bush la combinera à la doctrine ultra libérale du laissez-faire économique anti-New Deal, anti-État-providence que prônait Milton Friedman, l’économiste qui conseillait Barry Goldwater en 1964 et qui plus tard inspirera les politiques économiques et sociales de Pinochet, Reagan et Thatcher, qui sont autant de références pour les néo-cons français.
« Nostalgie de Margaret Thatcher » Dreuz.info
« Crise financière : le vrai coupable, c’est l’Etat » Dreuz.info
« Ronald Reagan, l’enfance d’un chef« , réalisateur Antoine Vitkine pour Doc en Stock
Conclusion
A la lumière de Richard Hofstadter, il apparait que la rhétorique inspirée par Taguieff est invariablement composée de trois constantes : 1- le principe de non contradiction est totalement bafoué dans la narration (les assertions dans le système Taguieff). 2- l’indignation est sélective (les dictatures alliées à l’Occident échappent toujours à la critique). 3- certains faits sont volontairement ignorés (opération Condor, réseaux Gladio). De surcroît le maître d’œuvre Pierre-André Taguieff possède toutes les caractéristiques du porte-parole paranoïaque défini par Hofstadter. Malgré cela, force est de constater que Taguieff a fait des émules. Si « c’est au pied du mur qu’on reconnaît le maçon », le néo-con français lui se révèle à l’outil qu’il utilise, en l’occurrence la matrice créée par Taguieff qui n’est ni plus ni moins qu’une contrefaçon droitière et malhonnête de l’oeuvre de Richard Hofstadter, que Taguieff a fusionnée au prêche islamophobe et belliqueux de Daniel Pipes. Ce grossier cocktail est devenu en peu de temps un référentiel pour les agents de diffusion de la propagande impérialiste et néo-libérale faisant le lit d’un racisme et d’un extrémisme toujours plus radical.
Lire la première partie de cet article : Théorie du complot : comment le « best seller de Richard Hofstadter « Le Style paranoïaque fut détourné par les néo-conservateurs (1/2) | « ANTICONS : Observatoire du néo-conservatisme.
Pierre-André Taguieff est bien connu des lectrices et des lecteurs de ce bloc-notes mais je rappelle tout de même sa biographie en quelques lignes : Né à Paris en 1946, il est philosophe, politologue et historien des idées. Il est directeur de recherche au CNRS, attaché au Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) et enseigne à l'Institut d'études politiques de Paris. Il a aussi enseigné au Collège international de philosophie, à l’EHESS, à l’Université libre de Bruxelles (chaire Chaïm Perelman) et à l’Institut universitaire d’Études juives Élie Wiesel. Au début des années 1990, il s’engage dans des recherches sur les mythes politiques modernes et contemporains, qu’il s’agisse des croyances conspirationnistes ou des visions de l’Histoire ordonnées à l’idée de progrès ou à celle de décadence.
Pierre-André Taguieff est notamment l'auteur de La Nouvelle judéophobie (Mille et une nuits, 2002), La Couleur et le sang. Doctrines racistes à la française (Mille et une nuits, 2002), Les Protocoles des sages de Sion. Faux et usages d'un faux (Fayard, 2004), Prêcheurs de haine. Traversée de la judéophobie planétaire (Fayard, 2004), La Foire aux illuminés (Mille et une nuits, 2005), L'Imaginaire du complot mondial. Aspects d'un mythe moderne (Mille et une nuits, 2006), La Bioéthique ou le juste milieu. Une quête de sens à l'âge du nihilisme technicien (Fayard, 2007).
Son dernier ouvrage en date est La Judéophobie des Modernes. Des Lumières au Jihad mondial, Paris, Éditions Odile Jacob, 2008.
Je vous propose aujourd'hui la lecture de son article Le retour de la question juive, ou la nouvelle propagande « antisioniste », article publié récemment par Perspectives, qui est la revue de l’université hébraïque de Jérusalem. Son n° 16, de septembre 2009 à pour thème « Le retour de la question juive ».
Voici donc le texte de l'article :
Insensiblement, depuis la guerre des Six-Jours (5-10 juin 1967), le « racisme » est devenu le principal thème d’accusation visant les « sionistes » et, au-delà d’eux, les Juifs. C’est autour de l’image d’Israël, diabolisée et criminalisée par tous les moyens de la propagande, que s’est constituée la nouvelle vision antijuive désormais mondialement diffusée. De nouveaux stéréotypes antijuifs assimilant Israël, les Israéliens et les « sionistes » aux « nazis » ont été fabriqués et mis en circulation. L’État juif a été réduit à un État « criminel » et génocidaire. Traité avec une virulence croissante, depuis l’automne 1967, comme un « État en trop », Israël a ainsi fait l’objet d’une reconstruction mythique diabolisante qui a largement réussi, dans l’opinion mondiale, à se substituer à sa réalité sociohistorique. Cette reconstruction diabolisante a pour l’essentiel consisté à retourner contre Israël et le « sionisme » l’accusation de « racisme », avec son corrélat : celle de « génocide », principal opérateur de la nazification de l’État juif.
Cet amalgame polémique (« sionisme = nazisme ») a permis de fabriquer des analogies et des métaphores de propagande par lesquelles a été réactivé un très ancien thème d’accusation visant les Juifs : celui du meurtre rituel. Dès lors, dénoncer le « sionisme », c’était dénoncer autant le « racisme » des « sionistes » que leur propension à tuer des non-Juifs, pour se nourrir symboliquement de leur sang ou satisfaire leur cruauté naturelle. En outre, la nature supposée sanguinaire des « sionistes » porterait ces derniers à privilégier, parmi les non-Juifs, les enfants, et plus spécialement les enfants palestiniens, arabes ou plus généralement musulmans. Dans le discours de propagande des pays arabes à la suite de la guerre des Six-Jours, la légende du meurtre rituel juif avait été réactivée en même temps que le mythe du complot juif mondial, ce dont témoigne les nombreuses rééditions des Protocoles des Sages de Sion au Proche-Orient. Mais la vision conspirationniste du « sionisme » est restée longtemps dominante dans la rhétorique anti-israélienne, en dépit de l’inflexion provoquée par la dénonciation orchestrée des massacres de Sabra et Chatila (16-17 septembre 1982), perpétrés par des phalangistes chrétiens et abusivement attribués à Tsahal.
Les voies de la criminalisation des « sionistes »
La criminalisation des « sionistes » est devenue un thème majeur de propagande avec l’application du schème du meurtre rituel aux opérations israéliennes de maintien de l’ordre à l’époque de la première Intifada (lancée le 9 décembre 1987), où les jeunes Palestiniens étaient cyniquement placés en première ligne, voués à faire des victimes idéologiquement exploitables. D’une façon croissante à partir de la seconde Intifada, en réalité la première guerre israélo-palestinienne, lancée le 29 septembre 2000, les « sionistes » ont été construits et dénoncés par leurs ennemis comme des « tueurs d’enfants ». L’exploitation internationale, par la propagande anti-israélienne, des images de la mort supposée du jeune Palestinien Mohammed al-Dura a marqué l’entrée dans ce nouveau régime d’accusation des « sionistes », et, par synecdoque, Juifs. Le stéréotype du Juif comme « criminel rituel » était réinventé et adapté au nouveau contexte de l’affrontement israélo-palestinien.
Sur la représentation du meurtre rituel attribué aux « sionistes » s’est greffé un abominable retournement contre eux d’une accusation visant historiquement un aspect significatif de la «Solution finale» mise en oeuvre par les nazis, à savoir l’extermination physique des femmes et des enfants juifs par gazages ou par fusillades. Rappelons les terribles propos, hautement révélateurs, tenus par le Reichsführer SS Heinrich Himmler devant les Reichsleiter et les Gauleiter à Posen, le 6 octobre 1943 : « La question suivante nous a été posée : “Que fait-on des femmes et des enfants ?” – Je me suis décidé et j’ai là aussi trouvé une solution évidente. Je ne me sentais en effet pas le droit d’exterminer les hommes – dites, si vous voulez, de les tuer ou de les faire tuer – et de laisser grandir les enfants qui se vengeraient sur nos enfants et nos descendants. Il a fallu prendre la grave décision de faire disparaître ce peuple de la terre.» Quelques mois plus tard, le 16 décembre 1943, dans un discours adressé aux commandants de la Marine de guerre à Weimar, Himmler ajoutait : « Je serais un lâche et un criminel vis-à-vis de nos descendants si je laissais grandir les enfants pleins de haine de ces sous-hommes abattus dans le combat de l’homme contre le sous-homme. 8» Himmler recourt ici à la catégorie d’Untermensch telle qu’elle était définie d’une façon aussi vague que variable dans les publications internes de la SS, où « le Juif » était caractérisé soit comme une variété particulière et particulièrement répulsive de « sous-homme », dont l’attribut principal était d’être une puissance nuisible - incarnant une menace de mort -, soit comme le « maître » ou le « guide » satanique du « sous-homme ».
Ces crimes réellement commis par les nazis contre le peuple juif, les nouveaux ennemis des Juifs les attribuent désormais aux Juifs eux-mêmes. Il n’est pas de pire calomnie : avec ce retournement de l’accusation de crime génocidaire est atteint le stade suprême de la diffamation d’un groupe humain. C’est sur cette base idéologique et sur ce mode rhétorique que s’est opérée, au cours des années 1990 et 2000, une extrémisation de l’accusation de « racisme » visant les Juifs en tant que «sionistes». Dans l’antisionisme démonologique contemporain, on retrouve les deux grandes accusations déjà présentes dans la judéophobie antique : l’accusation de «haine du genre humain» ou de «misoxénie» (devenue l’accusation de «racisme») et celle de meurtre rituel ou de cruauté sanguinaire, supposée constituer chez les Juifs une seconde nature (accusation transformée en celle de «génocide» ou de «crime contre l’humanité», et illustrée par la figure répulsive du soldat israélien «tueur d’enfants palestiniens»). C’est sur cette base que s’est opérée la grande instrumentalisation de l’antiracisme qui nourrit le discours « antisioniste » depuis une quarantaine d’années.
À cette dimension mytho-politique de l’antisionisme radical ou absolu s’est ajoutée une dimension magico-religieuse, liée à l’importance croissante prise par les références à l’islam dans le traitement symbolique de la question palestinienne. La théologie musulmane a fortement contribué à l’entreprise de déshumanisation des Juifs, tout particulièrement après la guerre des Six-Jours, qui marqua l’effondrement des illusions du nationalisme arabe incarné par Nasser. Le fondamentalisme islamique a commencé alors à prendre la relève du nationalisme modernisateur dans l’offensive idéologique contre Israël et le « sionisme mondial ». Lors du quatrième congrès de recherches islamiques, organisé à l’Université al-Azhar du Caire en septembre 1968, la plupart des théologiens arabes réunis présentèrent les Juifs à la fois comme des « ennemis de Dieu » et des « ennemis de l’humanité ». À travers cette réinvention du Juif comme «fils du diable», la déshumanisation se radicalisait en une inhumanisation de l’ennemi : le registre polémique des métaphores bestialisantes (les Juifs comme «singes», «porcs» ou «chiens») était marginalisé au profit du registre des métaphores diabolisantes et criminalisantes, permettant de construire un ennemi absolu, absolument redoutable, plutôt qu’un ennemi méprisable, répugnant, répulsif. Un an après la guerre de Kippour, en 1974, Abdul Halim Mahmoud, directeur de l’Académie de recherche islamique, pouvait affirmer dans un livre intitulé Jihad et victoire : « Allah ordonne aux musulmans de combattre les amis de Satan où qu’ils se trouvent. Parmi les amis de Satan – en fait, parmi les principaux amis de Satan à notre époque – se trouvent les Juifs.»
Avec la création du Hamas à la fin des années 1980, ces deux modes de démonisation des Juifs - le nationaliste arabe et le fondamentaliste islamiste - ont fusionné. Par la suite, dans les années 1990 et 2000, le nationaliste «laïque» Yasser Arafat lui-même – à l’instar du «laïque» Saddam Hussein - a invoqué Allah et appelé au jihad, voire célébré la mort en «martyr». Dans un discours retransmis le 26 janvier 2002 par la chaîne de télévision officielle de l’Autorité palestinienne, Arafat déclarait lors d’une rencontre avec une délégation des Palestiniens de Hébron : «Oui, frères, avec nos âmes et avec notre sang nous te délivrerons, ô Palestine. (…) Allah est grand ! Gloire à Allah et à son prophète ! Jihad, jihad, jihad, jihad, jihad ! (…) Nous ne défendons pas la Palestine en tant que Palestiniens. Nous la défendons plutôt au nom de la nation arabe, au nom de la nation islamique (…)». De ses bureaux à Ramallah, fin mars/début avril 2002, dans un contexte où, au nom d’Allah, il appelle cyniquement son peuple à se transformer en « millions de martyrs », le vieux leader n’hésite pas, dans de multiples interventions télévisuelles, à instrumentaliser le thème de la «défense des lieux saints » : «Allah, donne-nous de mourir en martyrs en défendant les lieux chrétiens et musulmans qui sont sacrés pour Toi (…). Nous sommes en première ligne, et ce peuple défend ces lieux saints.» L’antisionisme radical a été ainsi doté d’une double légitimation, politique (nationaliste) et religieuse (islamique), les variations du discours antisioniste se réduisant à des différences d’accentuation au sein d’un même espace idéologique. Le nouveau stéréotype composite du « sioniste », comme « raciste » ou héritier du nazisme (donc impérialiste et génocidaire) et comme « enfant du diable » ou « ami de Satan » (donc menteur, conspirateur, assassin), était mis en orbite, prêt à fonctionner contre les Juifs en général.
Les avatars d’un amalgame : « sionisme = racisme », ou l’antiracisme perverti
La propagande tiers-mondiste et propalestinienne a fait de l’amalgame « sionisme = racisme », depuis la fin des années 1960, l’un de ses thèmes préférentiels. Massivement diffusé par les pays arabes et l’empire soviétique, cet amalgame polémique a été fortement et mondialement légitimé par la honteuse Résolution 3370 adoptée le 10 novembre 1975 par l’Assemblée générale de l’ONU, condamnant le sionisme comme «une forme de racisme et de discrimination raciale». Cette Résolution ne sera abrogée que le 16 décembre 1991. Mais l’accusation de «racisme» avait été mise en orbite. Elle s’était inscrite dans le discours «antisioniste» d’usage international. Au cours des années 1990 et 2000, elle apparaîtra dans la propagande anti-israélienne ou «antisioniste» (visant «l’entité sioniste») en étant associée à d’autres modes de diabolisation : le «sionisme » assimilé à un « impérialisme», à un «colonialisme», à un «fascisme», voire réduit à une résurgence ou à une nouvelle forme du «nazisme». On connaît le défilé des accusations associées, variant sur le thème du meurtre de masse : «massacres» et «carnages», crimes de guerre, crime contre l’humanité, «méthodes nazies», «génocide», «nouvelle Shoah». Dans les manifestations dénonçant l’offensive israélienne contre le Hamas dans la bande de Gaza, en janvier 2009, toutes ces accusations furent mises en slogans. Le 4 janvier 2009, lors d’une manifestation anti-israélienne de quelques centaines de personnes (surtout des jeunes), Anais Antreasyan, présidente de la section genevoise de Génération Palestine, appelait à la mobilisation «contre ce crime contre l’humanité qui se fait en toute impunité»16. Le même jour, l’ancien porte-parole de la mosquée de Genève, Hafid Ouardiri, fustigeait «l’État sioniste qui, prétextant la sécurité, use de méthodes nazies».
L’une des plus significatives manifestations internationales de ce pseudo-antiracisme visant le sionisme et Israël aura été la première Conférence mondiale contre le racisme, organisée à Durban (Afrique du Sud) au début de septembre 2001, quelques jours avant les attentats antiaméricains du 11 septembre18. La Conférence de Durban a montré que la démonisation «antiraciste» d’Israël et du «sionisme» restait le principal geste rituel des nouveaux judéophobes. Mais l’accusation de «racisme» véhiculant une série d’autres accusations diabolisantes et criminalisantes, qui culminent dans celle d’extermination et de génocide, une nouvelle figure du Juif comme ennemi absolu a été construite. Condamner l’État d’Israël comme «État raciste», en l’assimilant au Troisième Reich ou au régime sud-africain d’apartheid, c’est le vouer à la destruction. On ne discute pas avec l’ennemi absolu, on l’élimine physiquement. Très actif à Durban, Massoud Shadjareh, qui préside l’Islamic Human Rights Commission, y a notamment déclaré : «Le sionisme est une idéologie diabolique, fondamentalement raciste, qui doit être éradiquée de notre société.» Le même agitateur islamiste dénonce l’«islamophobie» comme une «atteinte aux droits de Dieu». Deux journalistes françaises présentes à Durban témoignent de ce qu’elles y ont vu et entendu : «Dans les rues, des radicaux islamistes sud-africains, rejoints par des extrémistes venus pour la Conférence, manifestaient contre “l’holocauste des Palestiniens” aux cris de “sionisme = racisme”. Au forum des ONG, l’Union des avocats arabes avait loué un stand pour y vendre les Protocoles des Sages de Sion. Le même stand exposait des dessins montrant des Juifs aux nez crochus, où l’étoile de David était systématiquement associée à des croix gammées. Sans que cela choque.»
(...) l'article de Pierre-André Taguieff étant trop long pour être publié en totalité sur ce bloc-notes, je vous invite à le lire en intégralité en cliquant ici .
° Le retour de la question juive, ou la nouvelle propagande antisioniste, de Pierre-André Taguieff, texte intégral.
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Le complot judéo-maçonnique n'existe pas | GADLU.INFO - Franc-Maçonnerie Web Maçonnique
Pierre-André Taguieff (né le 4 août 1946 à Paris) est un philosophe, politologue et historien des idées français. Il est directeur de recherche au CNRS attaché au Centre de recherches politi...
http://www.gadlu.info/le-complot-judeo-maconnique-nexiste-pas.html
Par Bruno Guigue — 23 août 2017
Hormis les réactionnaires qui pensent que les hiérarchies sociales sont fondées en nature et qu’il y a des hommes faits pour commander et d’autres pour obéir, tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut défendre les droits de l’homme. Mais il faut admettre que les uns et les autres ne parlent pas de la même chose. Si l’on entend par cette expression la possibilité pour chacun de jouir du bien commun, alors l’accès à l’emploi, au logement, aux soins et à l’éducation fait partie des droits de l’homme – ou des droits humains, ne jouons pas sur les mots – au même titre que la liberté d’expression ou le choix de son orientation sexuelle. Prendre au sérieux les droits de l’homme, c’est y inclure les droits collectifs, c’est-à-dire la possibilité de vivre dans des conditions matérielles décentes.
Les militants des droits de l’homme, pourtant, ne s’intéressent qu’aux droits individuels et délaissent ostensiblement les droits collectifs. Que des individus soient emprisonnés ou empêchés de s’exprimer par des gouvernements autoritaires leur est insupportable, mais que des masses d’affamés subissent la loi d’airain du capital mondialisé leur est indifférent. Leur compassion pour l’humanité souffrante est étrangement sélective. Ils ne se mobilisent que pour des minorités ou des individus isolés, ils agissent au cas par cas en sélectionnant les individus ou les groupes qu’ils jugent dignes de leur attention, et on ne les voit jamais prendre fait et cause pour une classe socialement opprimée.
Le vocabulaire de la plupart des ONG – majoritairement anglo-saxonnes – en témoigne clairement. Elles entendent combattre la discrimination et non l’exploitation, l’exclusion et non la pauvreté, la privation de liberté infligée à quelques-uns et non la misère imposée au grand nombre. Leur philosophie est celle de l’individualisme libéral, qui ne connaît que des individus porteurs de droits et se soucie peu de savoir s’il y a parmi eux des riches et des pauvres. Ne parlons pas de la lutte des classes, ce gros mot qu’elles ne veulent même pas entendre prononcer. La seule lutte qui compte à leurs yeux, c’est celle qui vise à aligner des individus abstraits sur un standard restreint aux libertés formelles – et individuelles – en oubliant allègrement que ces libertés n’existent que sous certaines conditions.
Pour tout dire, le droit-de-l’hommisme ordinaire occulte le fait que ces libertés individuelles ne sont effectives que si les droits collectifs sont garantis par des structures sociales qui les favorisent. En d’autres termes, les droits individuels ne sont réels que si les individus sont correctement nourris, logés, éduqués et soignés, et ces conditions ne sont réunies à leur tour que si un rapport de forces entre classes sociales les inscrit dans la durée. Bref, les droits-de-l’hommistes oublient tout bonnement que les individus ne sont rien sans la société et que les droits individuels dont on réclame l’application ne sont que du vent si la société est divisée en dominants et dominés.
Cette indifférence aux conditions d’exercice des droits dont ils font pourtant leur fonds de commerce n’est pas étonnante. Petits-bourgeois des pays riches, les défenseurs des droits de l’homme défendent les droits dont ils jouissent, dont ils pourraient jouir ou dont ils voudraient que jouissent ceux qui leur ressemblent. Pourquoi dépenseraient-ils leur énergie à lutter contre la faim dans le monde quand leur assiette est pleine ? Pourquoi se battraient-ils pour l’appropriation collective des richesses puisqu’ils n’ont aucun problème de fin de mois ? En luttant pour les droits de l’homme, ils aspergent d’eau bénite leurs états d’âme de nantis que leurs conditions d’existence n’amènent jamais à interroger les ressorts de l’oppression et de l’injustice qu’ils ont constamment à la bouche, mais sans savoir de quoi ils parlent.
Que les pauvres soient pauvres importe peu à leurs yeux, car les pauvres revendiquent en général autre chose que la reconnaissance de droits individuels rendus impossibles par l’absence de droits collectifs. Lorsque l’extrême richesse côtoie l’extrême pauvreté, revendiquer la liberté d’expression avec un minimum de sérieux impliquerait d’exiger l’expropriation des capitalistes qui contrôlent la presse afin de créer les conditions d’une information plus objective. Mais on n’a jamais entendu un droit-de-l’hommiste formuler ce genre de revendication. Le contrôle des médias ne s’expose à sa foudre vengeresse que s’il est exercé par de méchants dictateurs qui défient le nouvel ordre mondial. Pour les autres, il n’y a pas de problème.
Sélective, cette indignation pseudo-humaniste choisit ses victimes. Les autres peuvent crever. Lors de la chute du communisme, en 1991, les organisations droits-de-l’hommistes ont crié victoire. L’idéologie des droits de l’homme ayant été inventée pour lutter contre l’URSS, cette victoire finale sembla consacrer leur vision du monde. Mais aucune de ces organisations n’a souligné que les prisons soviétiques étaient vides depuis longtemps et que le totalitarisme dont la philosophie politique des années 70 faisait un mal absolu était une coquille vide. On ne s’émut pas davantage, chez les humanistes, en constatant que sous la présidence Eltsine (1991-2000) l’espérance de vie régressa de dix ans sous l’effet des réformes structurelles dictées à la Russie par le FMI. C’est normal. Les petits vieux qui meurent en masse dans le paradis capitaliste n’intéressent pas les défenseurs des droits de l’homme.
L’humanité souffrante dont se soucient des ONG pétries d’humanisme se résume à un agrégat indistinct d’individus abstraits, atomisés, dont le sort n’est intéressant que s’il témoigne d’une violation de leurs droits individuels, de préférence dans un pays exotique dont le procès est instruit par la doxa occidentale. Mais on n’a jamais vu “Amnesty International” – dont le seul intitulé relève de la publicité mensongère – s’insurger contre le fait que 800 millions de personnes souffrent de malnutrition, ou que des centaines de milliers d’ouvrières sont surexploitées par les multinationales occidentales dans les “maquiladoras” de la frontière mexicaine. On répondra sans doute que ce n’est pas l’objet social de cette organisation, et je répondrai à mon tour que c’est précisément le problème sur lequel il convient d’insister.
Cette triple sélectivité dans le choix des droits en question, des individus concernés, et enfin des pays sur lesquels on braque le projecteur, explique donc beaucoup de choses. Elle explique que l’on fasse le tri parmi les victimes en évitant soigneusement d’incriminer les structures – celles de l’exploitation capitaliste mondialisée – qui sont responsables de 90% des malheurs qui frappent l’humanité. Elle explique aussi la fascination des ONG droits-de-l’hommistes pour la défense des LGBT. La lutte contre les discriminations qu’ils subissent est légitime, mais il faut être lucide sur l’effet de cantonnement qu’elle génère. Car cette cause, aux yeux du droit-de-l’hommisme petit-bourgeois, présente l’avantage de transcender la division sociale, d’évacuer la question des rapports de classe, bref de conférer à la lutte pour les droits humains une universalité abstraite qui sert les intérêts dominants.
La sélectivité du droit-de-l’hommisme permet aussi de comprendre pourquoi la condamnation des violations incriminées épouse toujours un axe nord-sud. Aucune ONG vénézuélienne ne mène campagne contre la mainmise d’une poignée de milliardaires sur la quasi-totalité des médias en France ou aux USA. En revanche, les ONG occidentales dénoncent sans relâche les violations de la liberté de la presse au Vénézuéla, alors que la presse, loin d’y être opprimée par le pouvoir, appartient à une poignée de capitalistes qui combattent le gouvernement. Machine de guerre contre les Etats récalcitrants, le droit-de-l’hommisme bénéficie donc de financements colossaux, à l’image de ces “Casques blancs” qui jouent au djihadiste côté cour et au brancardier côté jardin grâce aux 15 millions de dollars versés par des fondations britanniques. Moyennant une trousse à maquillage, ils arrivent même à fabriquer des victimes pour émouvoir le populo scotché devant les petites lucarnes.
Ces exemples montrent également que la fonction expresse de l’idéologie droit-de-l’hommiste – servie par ces appareils idéologiques de masse que sont les ONG – est de saper la souveraineté des Etats qu’elle a pris pour cibles. De la fondation de George Soros aux officines qui participent aux conflits armés sous couvert d’action humanitaire en passant par les révolutions de couleur organisées de l’étranger, la galaxie droit-de-l’hommiste intervient partout, distribuant subventions, éléments de langage et certificats de moralité à qui-mieux-mieux dans le seul but de semer le désordre dans des pays dont la liste est fournie par la CIA et dont le seul tort est de faire obstacle à l’hégémonisme occidental. La Russie en sait quelque chose, et on comprend qu’elle ait neutralisé cette poignée d’exhibitionnistes à moitié débiles (Femen) dont l’activisme desservait les intérêts du peuple russe.
Savamment orchestrée au nom des droits de l’homme, toute cette agitation a pour but de vider de sa substance le droit des peuples à s’organiser comme ils l’entendent. Dirigée contre le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, cette ingérence fait peser une menace d’implosion sur les sociétés dont l’essor ou la résistance déplaît à Washington, Londres ou Paris. Pratiquée à grande échelle, l’intervention militaire chez les autres n’a pas toujours donné les résultats escomptés. Elle est désormais remplacée par cette épée de Damoclès planant sur la tête de tous ceux qui osent défier l’Empire et contester le monopole du dollar. Faute de pouvoir vitrifier ses opposants étrangers à l’arme lourde, un Occident arrogant brandit alors l’étendard de l’internationalisme humanitaire. Relayé par un gauchisme qui dissout ses illusions perdues dans le pathos et oublie Trotsky avec BHL, il agite frénétiquement le miroir aux alouettes des droits de l’homme, éblouissant beaucoup de bonnes âmes qui ne voient pas que cette idéologie est le faux-nez de l’impérialisme.
L’Occident a beau croire qu’il a découvert la pierre philosophale, la conception des droits de l’homme, pourtant, n’est pas univoque. Pour les Chinois, le premier des droits est celui de ne pas mourir de faim. Cette priorité n’est pas celle de la gauche occidentale, sinon elle mobiliserait davantage d’énergie à lutter contre la faim dans le monde qu’à promouvoir les droits des minorités. Mais cette divergence n’est pas une raison suffisante pour dire que les idées chinoises ne valent rien. “A plusieurs, nous sommes moins sujets à l’erreur que lorsque nous sommes seuls à décider”, disait Aristote. On veut bien admettre qu’un milliard 379 millions de Chinois puissent se tromper, mais on peine à croire que ce soit le cas tout le temps, d’autant que leur pays qui était un champ de ruines en 1949 est aujourd’hui la première puissance économique du monde. A défaut de quelques coups bien mérités sur le museau, un peu d’humilité éloignerait homo occidentalis de son penchant indécrottable à donner des leçons à la terre entière.
Par Bruno Guigue | 23 août 2017
Source: Bruno Guigue