WWIII : L’empoisonnement des Skripal: d’où vient l’ultimatum de Londres à la Russie? et qui a tué la Princesse Diana, Lady Di, si ce n'est le Prince Charles et la Reine d'Angleterre sur le sol Français, réusnion du Conseil de Sécurité de l'ONU ce soir à 21h pour mettre la Grande Bretagne au Banc des Nations Désunies.

Publié le par José Pedro, collectif des rédacteurs dans LAOSOPHIE sur Overblog

WWIII : L’empoisonnement des Skripal, anciens espions Russes, devenus espions du MI5 : d’où vient l’ultimatum de Londres à la Russie? et qui a tué la Princesse Diana, Lady Di, si ce n'est le Prince Charles et la Reine d'Angleterre sur le sol Français, pour faire porter le chapeau à Lionel Jospin, Premier Ministre de l'époque, réunion du Conseil de Sécurité de l'ONU ce soir à 21h pour mettre la Grande Bretagne au Banc des Nations Désunies. (vidéo de l'espion du MI5 John Hopkins, en fin de page)

L’accident est survenu à 0 h 25. A 0 h 27 , Samu et Pompiers de Paris ont été prévenus. Ils ont constaté la mort de Dodi Al-Fayed, le compagnon de la princesse, puis du chauffeur. L’état de Lady Diana est si grave qu’ils décident de la soigner sur place. Elle sera transférée à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière une heure plus tard.

À 1 h 40 , le ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement se rend à l’hôpital. Il y est rejoint par l’ambassadeur de Grande-Bretagne, Michael Jay, qui a prévenu son gouvernement et Buckingham Palace. Le permanencier de Matignon en informe son homologue de l’Intérieur.

« J’ai dû passer et recevoir 300, 400 coups de téléphone dans la nuit », se souvient Pierre-Alain Muet. « Je vois encore Pierre-Alain avec son pantalon à moitié enfilé, sourit Simone Muet. Je crois qu’il n’a pas pu finir de s’habiller de la nuit. »

Le téléphone mobile est alors peu répandu, A son bureau de permanence, Pierre-Alain Muet a devant lui deux téléphones fixes : l’interministériel et celui relié aux standardistes de Matignon,« des professionnels extraordinaires ».

Les deux ne cessent de sonner, lui laissant à peine le temps de consigner les événements les plus importants dans le cahier de permanence. « Je n’avais pas le temps de prendre du recul, raconte le conseiller. J’étais informé de tout, je validais, je tranchais. J’ai dû décider du nombre de Gardes républicains, quand le protocole hésitait… Et j’ai vérifié cette nuit-là que la machine administrative française fonctionne admirablement. »

Le livre vérité sur la mort de Diana (extraits)
Par Pontaut Jean-Marie et Dupuis Jérôme, publié le
0 h 25 - 1 h 30

Non-assistance à princesse en danger?
A 0 h 25, la Mercedes heurte de plein fouet le treizième pilier du tunnel de l'Alma. A l'intérieur de la voiture pulvérisée, rien ne bouge. Seul le Klaxon résonne sans discontinuer dans le tunnel désert. Une odeur de pneu et de caoutchouc brûlés envahit l'air. Une épaisse fumée grise s'élève du capot écrasé sous la violence du choc: le bloc-moteur est enfoncé de plus d'un mètre. La voiture est quasi méconnaissable. Romuald Rat et Stéphane Darmon, les deux paparazzi qui suivent le couple depuis le début de l'après-midi, arrivent les premiers, quelques secondes plus tard, sur leur moto. Ils ne réalisent pas instantanément qu'il s'agit de la Mercedes de Diana et de Dodi. 

«J'ai vu la voiture dans le tunnel, encastrée contre le mur de droite, raconte Stéphane Darmon. J'ai pris assez rapidement la décision de la doubler. J'ai roulé sur les débris de verre. Je me suis arrêté 10 mètres plus loin. Romuald est descendu rapidement en direction de la voiture.» 

Rat est le premier à découvrir l'effroyable spectacle: «Quand je suis descendu de la moto, j'ai posé mon casque. J'ai dit à Stéphane d'aller plus loin avec la moto et j'ai couru vers la voiture. A ce moment, j'ai vu que c'était une Mercedes et je me suis dit que ça pouvait être le couple. J'en ai eu la certitude une fois que je suis arrivé au niveau de la voiture et que j'ai reconnu M. al-Fayed. A ce moment-là, j'ai été choqué, car ce n'était pas beau à voir. Je me suis reculé quelques secondes. En courant vers la voiture, j'ai pris deux photos. J'en ai pris une troisième au moment où je me suis reculé, après avoir vu al-Fayed dans la voiture. Tout cela a duré moins d'une dizaine de secondes.» 

Rat est immédiatement rejoint par deux de ses collègues photographes: Arnal et Martinez, dans leur Fiat noire, surpris dans la descente du tunnel par l'accident, parviennent à éviter la Mercedes de justesse. «Nous sommes passés très vite à la hauteur de la voiture, à 90-100 kilomètres à l'heure, se souvient Martinez. Nous nous sommes arrêtés à 20 mètres environ. Je ne me souviens pas du tout de la présence d'autres véhicules à ce moment-là. Il y avait déjà des voitures arrêtées de l'autre côté, mais pas de notre côté à nous. Je suis sorti avec mon appareil photo. Nous nous sommes dirigés vers les lieux de l'accident et c'est là que j'ai le souvenir de la présence de Rat. Il avait l'air choqué par ce qui se passait et allait dans tous les sens.»
Parmi les photographes, seul Serge Arnal tente d'appeler les secours sur son portable. Dans la panique, il compose le 12 et non le 112 (numéro du Samu). «Une fois sorti de ma voiture, raconte-t-il, je ne me suis pas trop approché, ayant peur du sang. Vu l'état de la voiture, j'ai compris que c'était très grave. J'ai alors utilisé mon téléphone portable pour appeler les secours. Cela a été mon premier réflexe. J'ai dû m'éloigner des lieux du sinistre, afin que la communication soit meilleure. Je me suis dirigé vers la sortie du souterrain en direction du Trocadéro. J'ai hurlé sur mon portable car le son ne passait pas bien. J'étais paniqué.» 

Au même instant, à 0 h 26 (soit dans la minute qui suit l'accident), une femme, qui roule sur la file d'en face, appelle les pompiers sur son portable. Trois minutes plus tard, police secours sera alertée depuis une cabine téléphonique, place de l'Alma.

A l'intérieur de la Mercedes, le spectacle est impressionnant. Un piéton qui est immédiatement accouru sous le tunnel dès qu'il a entendu le choc, Belkacem B., est l'un des premiers à le découvrir: «Je me suis précipité vers le véhicule accidenté, et là j'ai vu tout de suite que le chauffeur était écrabouillé, la main passant à travers le pare-brise. J'ai vu le passager avant la mâchoire coupée et tombante, le corps retenu par la ceinture de sécurité et retombant sur l'Airbag. Il était incarcéré dans le véhicule et il était impossible d'ouvrir la portière. Il ne valait mieux pas le toucher. A l'arrière, il y avait un homme d'une quarantaine d'années, allongé, les pieds désarticulés, les yeux révulsés. J'ai vu tout de suite qu'il était décédé. A côté de lui, entre le siège avant droit et la banquette arrière, il y avait une dame blonde recroquevillée avec une cicatrice au front et le bracelet de sa montre défait. Elle gémissait et a dit quelques mots en anglais: ?My God, my God?, me semble-t-il. Elle portait encore ses chaussures aux pieds. J'ai essayé d'ouvrir la portière du côté de la dame, mais je n'y suis pas arrivé. J'étais le premier à essayer d'ouvrir l'une des portières de la voiture, en l'occurrence celle qui m'a semblé le plus facile à ouvrir mais qui a, néanmoins, résisté. 

» En arrivant sous le tunnel, j'ai également vu des flashs d'appareils photographiques venant de l'arrière de la voiture. J'ai été surpris par ces flashs, tout en étant satisfait, car je pensais que les secours étaient déjà là. Or, en m'approchant de la voiture, j'ai vu qu'il s'agissait de quatre photographes. Tout en essayant d'ouvrir la portière du véhicule, j'ai demandé à ces photographes et tout particulièrement au plus gros d'entre eux, qui se trouvait près de la voiture [Romuald Rat], ce qu'il fallait faire. Ce gros photographe qui prenait des photographies précises de la voiture m'a répondu:
?Ne touchez à rien, c'est la princesse Diana! Elle est avec Dodi! ?
Je lui ai alors demandé à nouveau:
?Qu'est-ce que je fais? Qu'est-ce que je fais? ? Il m'a dit de faire reculer toutes les voitures.» 

(...) Voilà maintenant deux minutes que l'accident s'est produit. Alors que de nouveaux appels téléphoniques parviennent aux pompiers et au Samu, Romuald Rat décide d'ouvrir la portière arrière droite de la Mercedes: «Je voulais leur porter secours, se justifie-t-il, car je possède des diplômes de secourisme et de réanimation. J'ai pensé que le chauffeur et le garde du corps étaient morts. J'ai vu à l'arrière Dodi al-Fayed disloqué sur la banquette, allongé face à moi, les yeux entrouverts. On ne pouvait plus rien faire pour lui. La princesse était par terre, entre les deux sièges, le dos face à moi, recouverte d'un tapis de sol. Je l'ai soulevée pour voir si elle était vivante et j'ai posé le tapis sur le bas-ventre d'al-Fayed. J'ai voulu prendre le pouls de Diana. Quand je l'ai touchée, elle a commencé à gémir. Elle avait la tête légèrement en arrière et semblait respirer. Je lui ai dit en anglais: ?Be cool, doctor is arriving? (Restez calme, un docteur va arriver). A ce moment-là, le garde du corps s'est mis à bouger très fort sur son siège. Il faisait bouger la princesse en même temps. Je me suis relevé et je suis allé le voir. Il avait le visage très abîmé sur le côté gauche. Je l'ai touché tout doucement au niveau de la joue et du crâne pour qu'il sente que j'étais là. Je lui ai dit la même chose qu'à la princesse. Je suis allé à l'avant de la voiture, j'ai vu que le chauffeur était complètement encastré. Je voulais voir si je pouvais débrancher la batterie, mais la voiture était dans un tel état que cela n'était pas la peine d'y penser. Je suis retourné à l'arrière, là où il y avait la princesse. Je me souviens que quelqu'un est arrivé, porteur d'un petit masque à oxygène blanc.» 

Parallèlement, comme en attestent ses photos développées plus tard, Rat prend quelques clichés de la scène. Christian Martinez reconnaîtra lui aussi qu'il a pris des photos «en rafale». «J'ai cherché à avoir Diana; je pense que j'ai zoomé pour la prendre. J'étais peut-être à 1,50 mètre-2 mètres, en étant passif.»
«Reculez! Ne faites plus de photos de l'intérieur de la voiture!» s'écrie alors Rat. Volonté de protéger les victimes ou de conserver l'exclusivité des photos de lady Di dans la Mercedes accidentée?
«Va te faire foutre, bouge de là, je fais le même métier que toi!» lui répond Martinez, qui estime n'avoir pas d'ordres à recevoir de Romuald Rat.
«Ta gueule!» réplique ce dernier. Des invectives très fréquentes entre paparazzi, même si, cette fois, les circonstances les rendent particulièrement indécentes.
«Nous avons tous été désemparés à un moment ou à un autre, justifie Martinez. On partait, on revenait; la seule réaction a été de rester ?scotché?. Le seul qui a bougé sur la voiture, c'est Rat. Je pense que c'est un brave gars; il a fait son boulot sans méchanceté, comme nous. Là, il y a eu un accident et c'est le drame. Rat fait ce métier depuis environ quatre ans. Il est jeune. Il a dû être ébranlé par les faits. Il ne faut pas oublier que l'on fait un métier bon enfant. On photographie des acteurs de cinéma, des chanteurs à deux francs cinquante ... C'est vrai, nous n'avons pas aidé les blessés. Peut-être par pudeur. C'est faire preuve d'une grande arrogance que d'aller secourir des gens que l'on suivait quelques minutes auparavant. J'ai été tétanisé par le rapport entre moi et les gens dans cette voiture.» 

Tous reculent alors à l'arrivée du Dr Frédéric Mailliez, qui roulait par hasard sur la file d'en face, à bord de son véhicule de SOS-Médecins. Il se précipite vers la Mercedes et, après avoir rapidement jaugé la situation, situe exactement l'accident sur un plan de Paris avant d'appeler les secours par radio. Il réclame deux ambulances et un véhicule de désincarcération. Puis il prend un masque à oxygène dans son coffre et retourne à la Mercedes. Il prodigue les premiers soins à Diana, l'aide à mieux respirer et évite que sa langue ne l'étouffe. La princesse, qui est inconsciente, émet quelques geignements. Comme elle ne présente pas de blessures externes, à l'exception d'une petite griffure sur le front, le médecin pense, à l'issue de cet examen sommaire, qu'elle a une chance de survivre. Pendant ce temps, à l'avant, un pompier volontaire, qui s'est lui aussi arrêté par hasard, porte les premiers secours à Trevor Rees-Jones.
Une grande confusion règne alors sous le tunnel. Des voitures continuent d'arriver dans les deux sens et forment un petit embouteillage. Certains descendent de voiture et vont regarder ce qui se passe; d'autres tentent de continuer. «J'ai cru qu'il s'agissait d'un attentat ou du tournage d'un film, raconte une passagère. Mon ami m'a empêchée de descendre, de peur d'une explosion.» Un homme d'une cinquantaine d'années - de «type égyptien», diront les témoins - vêtu d'un costume à rayures, demande aux automobilistes de faire marche arrière. 

Un passant aperçoit, en remontant sur le cours Albert-Ier, une voiture de police en patrouille. Alertés, les deux îlotiers de nuit du commissariat du VIIIe arrondissement se garent à l'entrée du tunnel:
«Ici TV India Alpha, du 1er district - accident sous le tunnel de l'Alma - envoyez secours», lancent-ils immédiatement par la radio.
«C'est lady Di, c'est lady Di!» leur crient des témoins. Les deux policiers s'approchent.
«Il y avait un groupe de 10 à 15 photographes qui prenaient des photos, raconte l'un des deux policiers, Sébastien Dorzee. Ça mitraillait et chacun a dû prendre une pellicule entière. Immédiatement, je suis sorti du véhicule en courant et je me suis rendu sur place. A cet instant, voyant l'accident et la présence des photographes, j'ai pensé qu'il s'agissait de quelqu'un d'important. J'ai vu le chauffeur de la Mercedes qui était visiblement décédé. Le passager avant avait le visage très ensanglanté. Il me regardait. Il était incapable de parler, sa mâchoire étant cassée en deux. Je me suis rendu compte que les photographes ne prenaient en photo ni le chauffeur ni le passager avant, mais l'arrière de la voiture, alors que la portière arrière droite était entrouverte. J'ai dû ouvrir la porte un peu plus pour y accéder. Immédiatement, j'ai reconnu la princesse Diana. J'essayais de repousser les photographes, qui étaient virulents. Dans le feu de l'action, j'ai été bousculé à plusieurs reprises. A aucun moment un photographe n'est venu donner un coup de main. Ils continuaient tout le temps à prendre des clichés. Je les gênais visiblement. Lorsque j'ai ouvert en plus grand la porte arrière droite, j'ai constaté que le passager qui se trouvait à l'arrière gauche était décédé. 

» La princesse avait fait un demi-tour par rapport à son emplacement initial et sa tête se trouvait entre les deux sièges avant de côté et elle voyait son ami devant elle. Elle a bougé, elle avait les yeux ouverts, me parlant en langue étrangère. Je pense qu'elle a dit ?My God? en voyant son ami décédé; en même temps, elle se caressait le ventre. Elle devait avoir des douleurs. J'ai essayé de m'introduire dans la voiture, les pieds restant à l'extérieur pour éviter que les photographes ne continuent de prendre des photos. Elle a tourné la tête vers l'avant, a vu le chauffeur et a réalisé encore plus ce qui se passait, je pense. Elle s'énervait. Quelques secondes après, elle m'a regardé. Ensuite, elle a reposé sa tête et elle a fermé les yeux. J'ai remarqué qu'à terre il y avait des bijoux éparpillés. J'ai fait attention que personne ne les ramasse.»
Entourés de photographes qui continuent à mitrailler, les deux policiers, Sébastien Dorzee et Lino Gaggliardone, tentent de les écarter:
«Vous me faites chier! Je reviens de Sarajevo, là-bas, les flics ne nous emmerdent pas et nous laissent travailler, leur lance Christian Martinez. Vous n'avez qu'à aller en Bosnie et vous verrez!»
Lino Gaggliardone répond:
«Ici, on est à Paris.
- Je fais mon boulot, rétorque Martinez.
- Moi aussi», dit le policier.
L'ambiance est électrique. Certains badauds commencent à prendre à partie les paparazzi. A Gaëlle L., qui lui demande d'arrêter de prendre des photos, Martinez répond:
«Mêle-toi de tes affaires!»
Clifford G., de son côté, a même dû repousser Romuald Rat: «Son attitude me révoltait. A aucun moment il n'a porté secours aux quatre blessés.» On en vient même aux mains. Jacques M. assiste à une altercation: «Il y avait un jeune homme petit et de type maghrébin qui s'en prenait verbalement à un grand photographe costaud [Romuald Rat]. J'ai distinctement entendu le petit dire au grand:
?Mais pourquoi vous avez fait comme ça? ?
Et le grand lui a répondu:
?On était obligés, on n'a pas pu faire autrement.?
Le petit, affolé, a ensuite dit au grand:
?Mais merde, pourquoi ça? ?
Et l'autre lui a répondu:
?Puisque je te dis qu'on ne pouvait pas faire autrement.?
Ils se sont ensuite insultés, et ils ont commencé à se taper dessus. Ou plutôt c'est le petit qui a voulu taper sur le grand, qui se protégeait avec son appareil photo; puis ils ont été séparés par des gens.» Les deux îlotiers entendent eux aussi cette dispute. «Je suis formel sur le fait que l'un d'eux a dit:
?C'est de ta faute! ?» explique un des deux policiers.
Le motard de Rat, lui, a du mal à accepter le comportement de ses camarades: «Je me suis assis durant un court moment sur une bordure de trottoir à la sortie du tunnel, avoue Stéphane Darmon. J'ai été rejoint par deux dames habitant le quartier. Elles m'ont vu en état de choc et m'ont un peu réconforté. J'avais un goût d'amertume à l'égard des photographes, car je ne supportais pas qu'ils prennent des photos.» (...) 

0 h 32 - 4 heures
Entre la vie et la mort
Six minutes se sont écoulées depuis l'accident lorsque surgissent en trombe, sirènes hurlantes, les premiers véhicules de secours: deux voitures de pompiers - une ambulance et un véhicule de désincarcération - de la caserne Malar du VIIe arrondissement, et une ambulance du Samu de l'hôpital Necker. Il est 0 h 32. Le Dr Claude Fuilla, directeur des secours pompiers, et le Dr Arnaud Derossi, coordinateur du Samu, arrivent quasi en même temps sous le tunnel. Ils reçoivent très vite les renforts des casernes de pompiers Champerret et Courbevoie, et le soutien de deux nouvelles ambulances de l'hôpital Necker. 

Le premier souci des sauveteurs est de dresser un rapide diagnostic des occupants de la Mercedes et de porter les premiers soins d'urgence. La vie de la princesse va se jouer dans les trois heures qui suivront. Que va-t-il exactement se passer? Comment va-t-elle être soignée? On peut aujourd'hui, pour la première fois, décrire en détail l'intervention du Samu sur place, puis des chirurgiens de l'hôpital de la Salpêtrière, et donc connaître les causes exactes de la mort de Diana. 

«Je suis parti avec une ambulance de réanimation et son équipe habituelle: un chauffeur ambulancier et un interne, qui est un étudiant en médecine en formation, explique le Dr Jean-Marc Martino, médecin anesthésiste-réanimateur chirurgical du Samu. Nous nous sommes ainsi dirigés sous le tunnel de l'Alma, où nous sommes arrivés quelques minutes plus tard. A notre arrivée, on m'a précisé la personnalité des victimes, tout en me dirigeant vers une voiture accidentée auprès de laquelle s'affairaient des pompiers. J'ai immédiatement constaté le décès d'un homme allongé sur la chaussée - que j'ai su plus tard être M. al-Fayed - et du conducteur. J'ai vu à ses côtés un homme incarcéré qui donnait des signes de vie, et, également incarcérée à l'arrière et par terre, une femme que j'ai reconnue comme étant lady Di. Elle était agitée tout en poussant des cris et ne semblant pas comprendre tout ce que je disais pour la rassurer. 

» J'ai demandé à mon équipe de s'occuper du passager avant droit, qui semblait le plus gravement blessé des deux, tout en appelant du renfort au Samu afin de prendre en charge la deuxième victime, ayant selon la procédure habituelle apprécié la situation ambiante.
» Dans le même temps s'est présenté un médecin des pompiers, avec son équipe, qui s'est affairée autour du passager avant droit, me permettant de m'occuper de la princesse. Elle était toujours agitée, remuant le bras gauche et la jambe droite, et tenant des propos incohérents et confus. Son bras droit était replié par derrière, désarticulé. Avec mon équipe, je l'ai examinée, tout en la perfusant, afin de la désincarcérer pour la faire conduire dans une structure hospitalière. 

» Elle était coincée dans une attitude ?médicalement anormale? entre le dossier du passager avant droit et la banquette arrière, et nous l'avons extraite difficilement avec toutes les précautions utiles, avec l'aide des pompiers. Malgré cela, au cours de l'opération, elle a fait un arrêt cardiaque et j'ai dû l'intuber, la ventiler et la masser pour la réanimer. Je l'ai installée dans mon ambulance pour effectuer un examen plus approfondi et continuer la réanimation. Son état était grave.» 

L'ambulancier Michel Massebeuf décrit la scène: «Dès notre arrivée, le docteur du Samu a d'entrée prodigué des soins à la princesse, alors qu'elle était encore dans la voiture. Elle a ainsi été perfusée, d'après ce que j'ai pu voir. Les pompiers ont sorti la princesse du véhicule accidenté; moi j'ai approché notre brancard, où elle a été aussitôt déposée. Il me semble que c'est à ce moment qu'elle a été intubée, ceci pour l'aider à respirer. C'est peut-être dans notre véhicule que cela s'est fait, je ne m'en souviens pas très bien. Nous avons mis la princesse dans notre véhicule, comme à l'accoutumée, pour que le médecin du Samu puisse s'occuper d'elle dans les meilleures conditions.» 

Dans le même temps, le toit de la Mercedes est découpé par le véhicule de désincarcération des pompiers. Trevor Rees-Jones, grièvement blessé, est pris en charge par le Dr Le Hote et son équipe de la caserne Champerret. 

Il est peu avant 1 h 30. Il a fallu près d'une heure au Samu et aux médecins pour désincarcérer la princesse, mettre en place la respiration artificielle et traiter en extrême urgence un arrêt cardiaque. Parallèlement, les secours recherchent le service hospitalier le plus apte à l'accueillir. Leur choix va se porter sur le grand hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à deux pas de la gare d'Austerlitz - et plus précisément la salle de réveil du département anesthésie-réanimation, déjà en alerte. 

Le préfet de police Massoni, aussitôt arrivé sur les lieux, réalise rapidement la gravité du drame. De sa voiture il prend l'initiative de réveiller le ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, qui se trouve dans sa résidence secondaire aux alentours de Paris. Le ministre veut se rendre le plus vite possible sous le tunnel de l'Alma; mais le préfet lui suggère plutôt, compte tenu du transfert imminent vers la Salpêtrière, de le retrouver directement à l'hôpital. 

Dans le même temps, Philippe Massoni appelle l'Elysée. Il tombe sur Christine Albanel, la conseillère technique pour la culture de Jacques Chirac, de permanence cette nuit-là. Elle décide de ne pas réveiller le président, attendant la suite des événements. De son côté, Lionel Jospin est lui aussi alerté, alors qu'il se trouve à l'université d'été du Parti socialiste, à La Rochelle: c'est sa secrétaire, Nicole Baldet, qui réveille le Premier ministre, descendu à l'hôtel de la Corderie royale, à Rochefort. Il décide instantanément de faire un aller et retour à Paris avec l'avion officiel du Glam. 

Reste à prévenir les hautes instances britanniques. Christine Albanel apprend elle-même la nouvelle à l'ambassadeur de Grande-Bretagne, sir Michael Jay. Celui-ci décide de se rendre immédiatement à la Salpêtrière, non sans avoir appelé auparavant le secrétaire privé de la reine, qui se trouve dans sa résidence d'été, le château de Balmoral. Le prince Charles est prévenu: il décide d'alerter sa mère, Elisabeth II, mais choisit de laisser dormir ses deux fils, William et Harry, en attendant le diagnostic des médecins. 

Mohammed al-Fayed, le père de Dodi, lui, est prévenu par ses hommes au terme d'un circuit compliqué. Vers 0 h 40, ne voyant pas arriver la Mercedes de Diana et de Dodi à l'appartement de la rue Arsène-Houssaye, le garde du corps Kes Wingfield et le chauffeur Philippe Dourneau sont inquiets. Certes, Dodi a pu changer de programme brutalement. Wingfield tente de biper son collègue Trevor. En vain. Devant la porte, deux paparazzi, Stéphane Cardinale et Pierre Suu, attendent eux aussi. Soudain, raconte Dourneau, «l'un d'eux a reçu un appel sur son portable. Il est devenu blême. Nous avons compris qu'il apprenait une terrible nouvelle. Il nous a fallu énormément insister pour qu'il nous dise que Dodi venait d'avoir un accident sous le pont de l'Alma». 

Thierry Rocher, directeur de nuit du Ritz [propriété de la famille al-Fayed], est immédiatement informé. Il réveille le grand patron de l'hôtel, Franz Klein, en vacances à Antibes. C'est ce dernier qui a la lourde charge d'apprendre la nouvelle à Mohammed al-Fayed, qui dort dans sa résidence secondaire, près de Londres. Il affrète un hélicoptère pour se rendre à Paris. 

A 1 h 30, les médecins décident de transférer Diana vers l'hôpital. Une évacuation par hélicoptère est écartée: outre les difficultés pour se poser sur la voie express, les secousses pourraient être fatales à la princesse, dont la vie ne tient qu'à un fil. C'est donc l'ambulance du Samu Necker, précédée de deux voitures de police «en râteau» et d'une escorte de motards, qui s'ébranle lentement dans la nuit en direction de la Salpêtrière. Dans un souci de discrétion, aucune information médicale n'est plus transmise sur le réseau du Samu. 

Peu avant 2 heures, Jean-Pierre Chevènement rejoint le préfet Philippe Massoni à l'aile Gaston-Cordier de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, où se trouve le service des soins intensifs. A leur grande surprise, l'ambulance qui transporte Diana n'est toujours pas arrivée. Les quais de la Seine ont été spécialement fermés à la circulation, et, même en roulant précautionneusement, à 40-50 kilomètres à l'heure, pour ne pas risquer d'aggraver l'état de Diana, le Samu devrait déjà être là. Craignant un incident - notamment avec des journalistes - le préfet joint par téléphone Marcel Vinzerich, commissaire de permanence de sécurité publique, qui dirige le convoi depuis l'une des deux voitures. Le policier lui apprend que l'ambulance est à l'arrêt sur le pont d'Austerlitz: les médecins ont été contraints à une intervention d'urgence.
«Au niveau du Jardin des Plantes, le médecin m'a demandé de m'arrêter, confirme Michel Massebeuf, l'ambulancier du Samu. Nous avons stoppé environ cinq minutes pour qu'il puisse prodiguer des soins qui nécessitaient une immobilité absolue.» Le Dr Martino précise: «Nous nous sommes arrêtés à la sortie du pont d'Austerlitz: la patiente faisait une chute de tension. Puis nous sommes repartis jusqu'à l'hôpital, où nous avons confié la princesse à l'équipe de réanimation de garde ce jour-là, sous la conduite du Pr Riou, à qui j'ai expliqué la situation. La blessée avait une tension faible et était intubée et ventilée.» 

Il est 2 heures. C'est Daniel Eyraud, du service de chirurgie vasculaire, ainsi qu'un infirmier, Dominique Hagnère, et une infirmière, Marie-Odile Duret, qui réceptionnent Diana. «A son arrivée, la princesse était inconsciente et sous respiration artificielle, raconte Daniel Eyraud. Elle était choquée mais avait cependant un rythme cardiaque. Cela veut dire que sa tension artérielle était très basse, mais que son coeur battait encore.» Mais, Diana ne présentant aucune plaie extérieure grave, des radios sont réalisées et développées en urgence. 

Elles montrent que la princesse souffre d'un hémothorax gravissime, c'est-à-dire d'une hémorragie interne qui comprime non seulement son poumon droit, mais aussi son coeur. Il faut donc évacuer le sang qui s'échappe et le réinjecter massivement. Cela ne suffit pas. D'autant que Diana fait un arrêt cardiaque entre 2 h 10 et 2 h 15, toujours à l'unité de réveil. Le Pr Bruno Riou, chef du service de réanimation, prend en charge lady Di. Devant la gravité de la situation, il appelle d'urgence le Pr Alain Pavie, un spécialiste réputé de chirurgie thoracique. 

Pourtant, sans attendre, il décide une intervention immédiate avec le chirurgien de garde, Moncel Dahman, chef de clinique en chirurgie générale: le thorax est ouvert sur la droite. «Je me souviens, raconte Daniel Eyraud, que le coeur de la princesse s'est arrêté juste avant cette opération.» Dix minutes plus tard, le Dr Pavie arrive. Il approuve l'intervention et prend la direction des opérations: «Dès mon arrivée, explique-t-il, j'ai eu un contact avec le Pr Riou et le Dr Dahman. L'entretien a duré quelques secondes, compte tenu de la gravité de la situation. Ils m'ont dit que le Dr Dahman avait été amené à opérer une thoracotomie [ouverture du thorax] sous massage cardiaque externe. Cette conversation a eu lieu alors qu'ils effectuaient les gestes nécessaires sur la patiente et je me suis immédiatement joint au Dr Dahman. Les fonctions vitales de la princesse étaient maintenues du fait des gestes de réanimation. J'ai constaté que l'origine du saignement était dans la cavité péricardique, complètement à gauche et en arrière.» En clair, la veine pulmonaire a été arrachée du cœur. 

C'est en fait l'origine de l'hémorragie interne. Pendant cette intervention, l'infirmier injecte sans cesse des ampoules d'adrénaline pour soutenir le cœur de Diana, qui fait des arrêts. «Sans ce soutien de la fonction circulatoire, précise-t-il, elle serait décédée dès ce moment. Son coeur avait un besoin vital d'adrénaline. Par la suite, nous nous sommes rendus compte que nous lui avions injecté environ 150 ampoules de 5 millilitres pour 5 milligrammes, ce qui est énorme. Ensuite, l'état de la princesse a nécessité une intervention chirurgicale plus importante.» 

Il est maintenant 3 heures. «Le traitement nécessitait un agrandissement de l'incision chirurgicale, explique le Pr Pavie. Le transfert au bloc opératoire des urgences a été immédiatement effectué tout en poursuivant la réanimation sous massage cardiaque interne. L'hémorragie était due à une rupture partielle de la veine supérieure gauche au contact de l'oreillette gauche. Cette plaie a été suturée. L'hémorragie a été contrôlée et nous avons poursuivi la réanimation.» Mais l'espoir est de plus en plus infime. 

Malgré les doses d'adrénaline, «la patiente restait dépendante des massages cardiaques et ne reprenait pas de rythme cardiaque spontané, explique Daniel Eyraud. Même après la demi-heure de cette réanimation adaptée, la pression expirée de gaz carbonique restait effondrée. Nous avons en outre procédé à plusieurs chocs électriques en cours de réanimation pour faire repartir le cœur.»
«Devant l'inefficacité de la réanimation, conclut le Pr Pavie, nous avons décidé, après consultation commune des intervenants, d'arrêter toute manœuvre. Le décès a été constaté à 4 heures du matin.» Après avoir tout tenté, les médecins, épuisés, sont obligés de se rendre à l'évidence: le cœur de Diana ne veut pas repartir. (...) 

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La Première ministre britannique donne un ultimatum à la Russie qui augmente le risque de guerre par CENT.

 

 

La Première ministre britannique Theresa May a déclaré à la Chambre des Communes que la Russie était « très probablement » responsable du déploiement d’un « agent neurotoxique militaire » contre l’agent double Sergei Skripal, ce qu’elle a qualifié « d’acte sans discrimination et imprudent contre le Royaume-Uni ».

Le discours de May faisait suite à une réunion du Conseil de sécurité national pour discuter de la réaction de la Grande-Bretagne à l’empoisonnement de Skripal et de sa fille, Yulia, il y a un peu plus d’une semaine.

« Il est maintenant clair que M. Skripal et sa fille ont été empoisonnés avec un agent neurotoxique de qualité militaire et d’un type développé par la Russie. Il fait partie d’un groupe d’agents neurotoxiques connus sous le nom de Novichok », a déclaré May.

Son discours suit une vague d’hystérie anti-Russie déclenchée par les médias et l’establishment politique et militaire, y compris la mobilisation de 180 militaires dans la ville de Salisbury.

May n’a pas fourni la moindre preuve à l’appui de ses affirmations selon lesquelles la Russie aurait mis au point l’agent chimique utilisé à Salisbury. Elle a simplement affirmé que parce que la Russie peut produire un tel produit chimique, et à cause de « l’expérience de la Russie dans la conduite d’assassinats parrainés par l’État ; et de notre évaluation selon laquelle la Russie considère certains déserteurs comme des cibles légitimes pour les assassinats […] le gouvernement a conclu qu’il est très probable que la Russie était responsable de l’acte contre Sergei et Yulia Skripal. »

May a dit, « il n’y a donc que deux explications plausibles pour ce qui s’est passé à Salisbury le 4 mars. Soit c’était un acte direct de l’État russe contre notre pays. Soit le gouvernement russe a perdu le contrôle de cet agent neurotoxique potentiellement catastrophique et l’a laissé tomber entre les mains d’autrui. »

Le ministre des affaires étrangères, Boris Johnson, a « convoqué l’ambassadeur de Russie auprès du ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth et lui avait demandé d’expliquer de laquelle de ces deux possibilités il s’agit… »

Le gouvernement a imposé un ultimatum de 24 heures, qui se terminait mardi à minuit, pour que la Fédération de Russie « fournisse une divulgation complète du programme de Novichok à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques ».

Les actions imprudentes du gouvernement de May entraînent le Royaume-Uni au bord de la guerre avec la Russie.

Elle a défini sa position comme une réponse à « un modèle bien établi d’agression de l’État russe » dans toute l’Europe et au Moyen-Orient. « L’annexion illégale de la Crimée par la Russie fut la première fois depuis la seconde guerre mondiale qu’une nation souveraine a pris de force un territoire d’un autre en Europe », a-t-elle déclaré. Elle a accusé la Russie de « fomenter [le conflit] dans le Donbass », de « violer à plusieurs reprises l’espace aérien national de plusieurs pays européens » et « d’une campagne soutenue de cyber-espionnage et de désorganisation » incluant le fait de « s’ingérer dans les élections et hacker le ministère de défense danois et le Bundestag, entre autres. »

« Lors de son récent discours sur l’état de l’Union, le président Poutine a montré des images vidéo de lancements de missiles, de trajectoires de vol et d’explosions, notamment la modélisation d’attaques contre les États-Unis avec les impactes d’une série d’ogives en Floride. »

Elle a déclaré à la Chambre que son gouvernement « examinerait en détail la réponse de l’État russe mercredi. En l’absence de réponse crédible, nous conclurons que cette action équivaut à un usage illégal de la force par l’État russe contre le Royaume-Uni. Et je reviendrai à la Chambre pour exposer toute la gamme de mesures que nous prendrons en réaction. »

Quelques heures avant le discours de May, le contre-amiral Alex Burton, ancien commandant des Forces maritimes britanniques, qui a également commandé les forces navales de haut niveau de l’OTAN, a déclaré que la Grande-Bretagne risquait de perdre son statut de « puissance militaire crédible ». Se référant à la Russie, il a appelé à une augmentation importante des dépenses militaires à au moins 2,5 % du PIB, soit 7,7 milliards de livres supplémentaires par an.

Les dangers posés sont soulignés par les déclarations de l’ambassade de Russie à Londres, qui a accusé le gouvernement britannique de jouer « un jeu très dangereux », qui « porte le risque de conséquences plus graves à long terme pour nos relations ».

Les remarques de May auront été rédigées en étroite collaboration avec des sections puissantes de l’establishment militaire et politique aux États-Unis, centrées sur le Parti démocrate, qui ont poussé pour un affrontement avec la Russie contre une certaine résistance de l’administration Trump.

En réponse, la semaine dernière, le directeur du Renseignement national américain Dan Coats a déclaré à la commission des services armés du Sénat qu’il n’avait pas vu la preuve que la Russie essayait de se mêler des élections de 2018 à mi-mandat, mais affirma que ceci était très probable. Il s’attendait à ce que le Trésor américain annonce des sanctions contre la Russie dès cette semaine. Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a fait une annonce similaire, insistant sur le fait que Trump « soutient pleinement » ces actions.

Hier, le porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Huckabee Sanders, a été interrogée à plusieurs reprises sur l’incident de Salisbury lors d’une conférence de presse à Washington DC. Elle a refusé de dire si les États-Unis étaient d’accord avec l’attribution de la responsabilité de May par la Russie et n’a pas mentionné nommément la Russie. Clairement insatisfait, le journaliste a demandé si les États-Unis montraient du doigt le gouvernement Poutine, et Sanders a répondu : « Je pense qu’ils travaillent encore sur certains détails, et nous allons continuer à travailler avec le Royaume-Uni. »

Le même jour, l’Union européenne a déclaré qu’elle avait prolongé de six mois les sanctions contre la Russie, imposées après l’annexion de la Crimée par la Russie.

Répondant à May, le dirigeant travailliste Jeremy Corbyn a déclaré que toute la Chambre condamnait « l’attaque profondément alarmante » à Salisbury et qu’il fallait de la part des autorités russes un compte rendu complet.

Il a exhorté May à introduire des sanctions plus sévères contre les oligarques russes qui cachent leur argent au Royaume-Uni, notant qu’il y a eu plus de 800 000 livres de dons au parti conservateur « des oligarques russes et de leurs associés ».

S’il n’a pas contesté les accusations belliqueuses de May, Corbyn a averti le gouvernement : « Nous devons continuer à rechercher un dialogue solide avec la Russie sur toutes les questions qui divisent nos pays, nationales et internationales, plutôt que de simplement couper les contacts et laisser s’aggraver les divisions qui pourraient potentiellement devenir plus dangereuses. »

Sa mise en garde diplomatique fut accueillie aux cris de « honte ! » et de « déshonneur ! » des conservateurs et était inacceptable pour les fauteurs de guerre dans son propre parti.

Une procession de députés travaillistes, dont Yvette Cooper, Chris Leslie et John Woodcock, s’est joint aux conservateurs pour réclamer une « réponse unie », faisant écho à Tory Iain Duncan Smith qui avait condamné les « partisans de l’apaisement » tout en dénonçant Corbyn pour sa « politique de parti ».

L’ancien chancelier de l’échiquier travailliste Chris Leslie a insisté pour dire qu’il n’était « pas approprié » d’afficher « les différences politiques partisanes » quand « notre pays est potentiellement attaqué ».

Son collègue Mike Gapes a insisté pour dire que « tous les députés doivent être solidaires », et il a qualifié l’empoisonnement de Salisbury d ‘« acte de terrorisme ».

Liam Byrne, ancien secrétaire travailliste au trésor, a déclaré : « Le premier ministre devrait savoir que si, mercredi, elle conclut que nous sommes effectivement assiégés, elle trouvera l’unité et la résolution à la Chambre pour faire face à une menace commune. »

L’ancien ministre des Transports du cabinet fantôme, John Woodcock, qui avait précédemment déclaré qu’il ne pourrait pas soutenir Corbyn pour le poste de Premier ministre, a suggéré que le leader travailliste en tant que Premier ministre menacerait la sécurité nationale du Royaume-Uni.

« Il a fallu attendre de nombreuses années le niveau de résilience exprimé par le Premier ministre à la Chambre aujourd’hui, mais il est extrêmement bienvenu », a-t-il déclaré. « En effet, cela mettrait notre sécurité nationale en danger si nous étions dirigés par quelqu’un qui ne comprendrait pas la gravité de la menace que la Russie fait peser sur cette nation ».

Stephen Doughty, député travailliste pour Cardiff South et Penarth, a déclaré : « Puis-je demander à la première ministre de parler avec le secrétaire d’État à la culture, aux médias et au sport pour qu’il examine le permis de radiodiffusion de RT Today. Et parler aux autorités de la Chambre du blocage de leurs émissions dans ce bâtiment même. »

L’ancien ministre du Travail Chris Bryant, député de la Rhondda, a demandé : « Pouvons-nous arrêter la diffusion de la propagande de RT Today dans ce pays ? »

Laura Tiernan

 

Article paru en anglais, WSWS, le 13 mars 2018

L’empoisonnement des Skripal: d’où vient l’ultimatum de Londres à la Russie?

A peine une semaine après l’empoisonnent mystérieux de l’ancien membre du renseignement russe et espion britannique Sergueï Skripal et de sa fille Julia à Salisbury le 4 mars, au Royaume-Uni, les milieux dirigeants de l’Otan ont lancé une campagne pour attaquer la Russie. Avec le soutien de hauts responsables à Washington et en Europe, Londres utilise ce crime pour concocter des accusations contre la Russie ayant les répercussions les plus vastes.

Lundi, la première ministre Theresa May a lancé un ultimatum, qui a expiré à 0h aujourd’hui, en déclarant que sans «réponse crédible» de Moscou, son gouvernement conclura qu’il y a eu «usage illégal de la force par l’Etat russe contre le Royaume Uni.» On a fait pression sur elle au Parlement pour utiliser l’Article 4 du traité de l’Otan, qui force l’alliance à lancer des discussions si «l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de tout (Etat membre de l’Otan) est menacée.»

Ce sont des motifs pour lesquels les Etats se livrent la guerre, et l’Otan prépare manifestement une justification pour une guerre contre la Russie, une puissance nucléaire. Hier, alors que May se préparait à revenir au Parlement aujourd’hui avec ses propositions, les médias ont rapporté que Londres envisage aussi l’invocation de l’Article 5 du traité de l’Otan. Cet article force tous les pays de l’Otan à «aider» tout Etat membre de l’Otan qui se dit attaqué à mener «les actions qu’il jugera nécessaire, y compris le recours à la force armée.»

Face à ces menaces qui posent le danger de guerre nucléaire, la question s’impose: quel est le fondement des accusations que c’est Moscou qui a empoisonné les Skripal, gravement malades?

Le World Socialist Web Site n’est pas partisan de l’oligarchie kleptocratique qui dirige la Russie depuis la restoration du capitalisme par la bureaucratie stalinienne en Union soviétique en 1991. On ne peut écarter la possibilité qu’une fraction du renseignement russe, agissant soit avec, soit sans l’autorisation du président russe Vladimir Poutine, aura empoisonné les Skripal.

Mais Londres et l’Otan n’ont ni fourni des preuves physiques de l’implication du Kremlin, ni établi les mobiles d’une éventuelle attaque russe. Londres n’a pas non plus expliqué pourquoi, si Moscou voulait tuer Skripal parce que c’était un espion britannique aux années 1990 et début 2000, le Kremlin ne l’a pas exécuté après sa condamnation pour espionnage en 2006 mais l’a envoyé en 2010 en Grande Bretagne, en échange d’espions russes retenus par Londres.

A présent, les médias lancent un récit simpliste qui accuse Moscou: si un crime semble cibler des pays ou des individus hostiles au gouvernement russe, les gouvernements et médias de l’Otan tirent la conclusion en quelques heures qu’il est évident que le Kremlin est coupable.

En fait, en politique internationale, la réponse simple et évidente ne révèle presque jamais l’engrenage complexe d’intérêts politiques et économiques qui produisent un événement donné. Si l’affaire Skripal était un roman d’espionnage de Le Carré, ces accusations occuperaient 10 pages au début du livre, après quoi la vraie histoire se déroulerait sur les 400 pages suivantes. Dans des cas pareils, il faut se demander: quelle est la crédibilité de l’accusateur et, surtout, cui bono («A qui le crime profite-t-il»)?

A ceux qui disent qu’il est évident que Moscou a empoisonné Skripal, on peut rappeler les attentats à la bacille du charbon en 2001 aux Etats-Unis, qui ont tué 5 personnes peu après les attentats du 11 septembre. Là encore, les médias ont immédiatement fait porter la responsabilité aux cibles des menaces de guerre anglo-américaines de l’époque: les armes de destruction massive (ADM) du régime irakien et ses prétendus liens avec Al Qaïda. Mais en fait c’étaient des mensonges qui répondaient aux intérêts de l’administration américaine, qui voulait faire la guerre à l’Irak.

Et après l’invasion de l’Irak en 2003, quand il était très clair que l’Irak n’avait pas d’ADM et n’était pas du tout responsable des attentats, on a su que la variété de bacille du charbon utilisé dans les attentats était le produit du programme d’ADM de Washington à Fort Detrick, au Maryland. Qui l’avait utilisée? On a soupçonné un scientifique américain, Steven Hatfill, qui a ensuite été blanchi.

On ne sait toujours pas quels responsables américains étaient impliqués dans ces attentats. Le FBI a clos son investigation en 2010 après avoir accusé un autre scientifique, Bruce Edwards Ivins, qui s’était suicidé en 2008. Mais l’Académie Nationale des Sciences américaine a conclu en 2011 que le gouvernement américain n’avait pas les preuves scientifiques nécéssaires pour dire définitivement que la bacille du charbon utilisée dans les attentats provenait d’Ivins.

Il est difficile de voir comment tuer Skripal profiterait à Moscou. L’attentat s’est déroulé peu avant les élections russes ce week-end, alors que les puissances de l’Otan intensifient une confrontation avec Moscou en Syrie suite à l’échec de leur tentative de renverser le régime syrien. L’armée américaine a déjà attaqué et tué des dizaines de Russes en Syrie en février. En fait, l’affaire Skripal fournit une arme politique idéale, dont les ennemis de Poutine se servent déjà contre lui.

L’affaire profite plutôt aux sections de la bourgeoisie européenne qui font monter les tensions avec Moscou et aux sections de la classe dirigeante américaine, surtout autour de la CIA et du Parti démocrate, qui travaillent avec eux pour traiter Trump d’espion russe. L’empoisonnement des Skripal leur permet d’exercer une vaste pression sur les sections rivales de la classe dirigeante européenne, notamment dans les gouvernements français et allemands, qui prônent une politique militaire européenne indépendante et des liens plus étroits avec Moscou.

Ainsi, lundi, l’ex-président François Hollande a lancé une attaque à peine voilée dans Le Monde contre son successeur, Emmanuel Macron, qui collabore étroitement avec Berlin. Accusant la politique actuelle de l’Otan de permettre à Moscou d’aider le régime syrien à «liquider son opposition et massacrer son peuple», Hollande appelle à une confrontation avec Moscou: «Si la Russie est menaçante, elle doit être menacée.»

Hier, le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a dit que Washington avait «pleinement confiance» dans l’analyse britannique des attentats, une déclaration qu’il a ensuite contredite en déclarant que la Russie n’était que «vraisemblablement responsable». S’il a limogé Tillerson peu après, Trump s’est fait l’écho des accusations de Tillerson contre la Russie, en déclarant: «On dirait que ce serait la Russie, étant données toutes les preuves qu’ils ont.»

Sous ces conditions, et après l’expérience de 2001, il faut dire que le soupçon pèse lourdement, aussi, sur des fractions des Etats britannique et américain.

Londres fonde ses accusations contre Moscou sur les analyses contradictoires de son installation à Porton Down, qui se trouve par coïncidence à 15 km de Salisbury et qui fabrique des armes biologiques et chimiques. Au départ Londres a dit que le poison était du fentanyl, sorte d’héroïne très puissante. Mais le 7 mars, Londres a déclaré que c’était un gaz neurotoxique comme le sarin ou le VX, sans expliquer comment Porton Down, qui se spécialise dans la production de ces gaz, a pu ne pas l’identifier correctement.

Lundi, May a déclaré que le gaz en question était du «novitchok», une arme chimique fabriquée au départ par l’Etat soviétique. Mais quand Moscou a demandé qu’on lui fournisse des échantillons du poison utilisé à Salisbury, selon les dispositions de la Convention sur les armes chimiques (CWC), Londres a refusé. Pour l’heure, les accusations contre Moscou dépendent entièrement du bien-fondé des déclarations de l’installation à Porton Down.

Mais ce n’est pas une source fiable. Porton Down a mené de nombreuses expériences illégales et secrètes sur des citoyens britanniques. Il y a en 1942 sa contamination à la bacille du charbon de l’île Gruinard, que Londres a dû décontaminer en 1986; la mort jugée illégale de Ronald Maddison en 1953 pendant des expériences au sarin sur des appelés; et la contamination de Lyme Bay entre 1963 et 1975 par des armes biologiques. Londres a dû payer 3 millions de livres aux victimes de ces expériences en 2008, mais sans avouer de faute.

Les accusations lancées par de pareilles sources contre Moscou dans l’obscure affaire Skripal n’ont aucune crédibilité. Seule une investigation internationale objective qui publierait ses conclusions en temps réel, pourrait établir la vérité de ce qui s’est passé. Entretemps, pour leur propre survie il est essentiel que les travailleurs américains, européens et du monde entier s’opposent à l’hystérie antirusse et au danger d’une confrontation militaire entre les grandes puissances nucléaires.

Alexandre Lantier

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