WWIII: La Reine lance le coup fatal avec l'Archange Saint-Georges et terrasse Vladimir POUTINE, en appelant son Peuple à être courageux, et Macron réagit en n'allant pas sur le stand Russe du Salon du Livre, une insulte mortelle à l'attention de Poutine.

Publié le par José Pedro, collectif des rédacteurs dans LAOSOPHIE sur Overblog

WWIII: La Reine lance le coup fatal avec l'Archange Saint-Georges et terrasse Vladimir POUTINE, en appelant son Peuple à être courageux, et Macron réagit en n'allant pas sur le stand Russe du Salon du Livre, une insulte mortelle à l'attention de Poutine. Armes chimiques : la France se prépare-t-elle à frapper en Syrie ?

Affaire skripal, complot Franco anglo Américain contre la Russie. Si Londres a de bonnes raisons de croire que la Russie viole la convention sur l' interdiction des armes chimiques, Nous suggérons le royaume Uni de suivre les procédures prévues par le paragraphe 2 de l' article 9 de la CIAC ( Organisation pour l' interdiction des armes chimiques). En effet selon la CIAC l' état sur le territoire duquel des armes chimiques auraient été employés peut demander au directeur général de L' OIAC de créer une équipe d' inspection afin de mener une enquête. Ce mécanisme prévoit que les experts internationaux reçoivent un accès à toutes les zones susceptibles d' avoir employés des armes chimiques. Vassili Nebenzia représentant permanent de la Russie auprès de l' ONU a déclaré mercredi que des spécialistes avaient des raisons d' estimer que le royaume Uni avait lui même la formule chimique de la substance en question Novitchok.

A noté que Londres a finalement consenti à envoyer des échantillons de l' agent neurotoxique. A lire dans les articles suivant: Selon les britanniques et les médias l' utilisation du gaz innervant Novichok ne serait Maîtrisé que par la Russie et le Kazakhstan.

Sauf que la Russie ne possède plus d' arsenal chimique, car détruit depuis longtemps mais la formule de ce neurotoxique serait disponible sur Internet.

Il y aurait également un livre qui aurait été publié aux états unis par le chimiste et fabriquant du Novichok, vil Minzayanov Livre dans lequel les formules étaient disponible.

Le 2 mars déjà, à la suite d’un entretien entre Emmanuel Macron et Donald Trump, l’Elysée parlait d’une « réponse ferme en cas d’utilisation avérée de moyens chimiques entraînant la mort de civils, en parfaite coordination avec nos alliés américains. La France et les Etats-Unis ne toléreront pas l’impunité ».

Comme l’explique dans l’Opinion, le diplomate Michel Duclos, «  la question d’une réaction à l’usage répété du chlore par les forces du régime syrien est sérieusement examinée à Washington. Sans s’en prendre aux Russes, il s’agirait de chercher à incapaciter les forces syriennes qui ont recours à cette arme prohibée  »

Jusqu’à présent, la ligne officielle de la France était (et semble toujours être) que «  la ligne rouge n’a pas été franchie  », selon l’entourage du ministre des affaires étrangères. «  L’utilisation avérée comme arme de guerre n’existe pas, même si du chlore a été utilisé  ». Au Quai on insiste sur l’utilisation de chimique «  létale  », c’est-à-dire mortel. La notion est juridiquement incertaine, le droit international prohibant la simple utilisation de chimique, létale ou non.

Dès sa première rencontre avec le président Poutine à Versailles, Emmanuel Macron avait fait de l’usage du chimique une «  ligne rouge  » qui entraînerait une réplique militaire de la France. Le président français se mettait ainsi dans la situation de Barack Obama, obligé d’agir ou de se dédire assez piteusement, comme il l’avait fait en août 2013 après l’attaque chimique de la Ghouta. L’affaire est restée en travers de la gorge des responsables français, qui y voient un tournant de la crise syrienne. «  La ligne rouge de Macron est devenue une ligne rose  » s’amuse déjà un diplomate étranger…

En avril 2017, juste avant l’élection de Macron, Donald Trump avait décidé d’une frappe de (59) missiles de croisière sur une base aérienne syrienne, à la suite d’une attaque chimique au neurotoxique à Khan Sheikhoune. La Russie avait laissé faire.

Qu’en sera-t-il cette fois-ci ? Si frappe il doit y avoir, elle sera franco-américaine comme le disent clairement Emmanuel Macron et Jean-Yves Le Drian. Pour la France, il ne pourra s’agir que de l’emploi de missiles de croisière, tirés à distance de sécurité, comme cela était d’ailleurs prévu en 2013, avant d’être annulé au dernier moment.

Deux scénarios sont possibles : une frappe de missiles Scalp par des Rafale, avec un raid en provenance de la France. La préparation complexe d’une telle mission rend improbable un départ depuis les bases françaises de la région (H5 en Jordanie ou Abu Dhabi) même si l’hypothèse ne peut pas être totalement exclue. Autre possibilité, qui serait une première : le tir du nouveau missile de croisière naval depuis une frégate Fremm.

Dans tous les cas, l’approbation tacite des Russes - qui contrôlent l’espace aérien syrien concerné et qui ont des troupes au sol - sera nécessaire, ne serait-ce que pour des raisons de déconfliction.

Reste deux questions : on frappe un jour (ou plutôt une nuit), mais que fait-on le lendemain ? A part de cocoricos, en quoi une frappe changera-t-elle la situation sur le terrain - c’est-à-dire la victoire programmée du régime ? Un succès tactique, des tonnes de communication, mais quid de l’effet en termes stratégiques ?

Autre question : quel intérêt le régime a-t-il à utiliser des armes chimiques, alors que sa victoire se profile ? L’erreur est de réfléchir avec une logique occidentale. Un diplomate de la région nous livre une clé de compréhension : «  Assad n’utilise pas le chimique comme une arme dans les combats, mais comme un message politique adressé à la population civile avant les opérations, pour lui dire : attention, nous allons reprendre votre secteur. C’est le poing d’acier de sa terreur.  »

La France serait prête à frapper la Syrie conjointement avec les USA
CC BY-SA 2.0 / Jérémy Barande / Ecole polytechnique Université Paris-Saclay / François Lecointre (2017) France URL courte 60176

La France serait prête à participer à une intervention en Syrie en cas d’utilisation avérée par Damas d’armes chimiques, mais conjointement avec son allié américain, selon le chef d’État-major des armées.

La France pourrait, de concert avec les États-Unis, intervenir en Syrie s'il est prouvé que Damas utilise des armes chimiques, a déclaré le général François Lecointre, chef d'État-major des armées, dans une interview à la radio Europe 1.

«Évidemment, ça se ferait sans doute en lien avec les Américains», a-t-il souligné. «Il y a la marque d'une solidarité avec un allié stratégique essentiel pour la France, et une même vision des choses quant à la situation en Syrie et le dépassement de ces lignes rouges [par les dirigeants syriens]», a ajouté le militaire, sans pour autant donner de détails. «La France a la possibilité de faire les choses en autonomie», a cependant fait remarquer le responsable, selon lequel seul le Président, qui est le chef des armées, peut révéler les détails d'une telle opération.

«Le président Macron n'aurait pas fait ce type de déclaration s'il ne savait pas que nous en avons les moyens», a-t-il indiqué, en référence aux propos d'Emmanuel Macron selon lesquels il y aurait une riposte immédiate de la France en Syrie si la ligne rouge d'utilisation d'armes chimiques était franchie.

Pour l'instant, Paris n'a pas de confirmation absolue d'utilisation d'armes chimiques en Syrie, selon des sources officielles. Cependant, il a initié la création d'un «partenariat international contre l'impunité lors de l'utilisation d'armes chimiques», une initiative qui préoccupe beaucoup la Russie. Moscou estime que ce nouveau format sape les dispositions essentielles de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques.

L’allocution secrète de la reine Élisabeth II en cas de 3e Guerre Mondiale divulguée car elle vient de la prononcer. Elle n'a pas seulement tué Diana, mais ce qu'elle représentait avec Dodi Al-Fayed.
© AP Photo/ Scott Heppell Insolite URL courte
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Dans l’éventualité d’une Troisième guerre mondiale, avec quels mots les dirigeants mondiaux s’adresseraient-ils à leur nation? Au moins une allocution, celle de la reine Élisabeth II, n’est plus un secret pour le grand public. Quelques morceaux de ce discours solennel ont été publiés par le journal The Daily Star.

"Les Rothschild m'ont assurés qu'ils contrôlaient la situation, je demande au Peuple Anglais d'être courageux et fier de se battre pour leur Reine, le combat sera court car soudain la Russie s'embrasera, et le mal sera atteint en plein cœur, nous sommes autour et nous conjurerons ce Mal pour un Nouvel Ordre Mondial avec la vraie Chrétienté et le Pape François et tous ses fidèles prêt à mourir pour le Sauveur de notre humanité. et sus à l'ennemi!"

À l'apogée de la guerre froide, quand un conflit armé était probable, une allocution a été préparée en 1983 pour Élisabeth II, relate The Daily Star. Le média a diffusé certaines citations que la reine devait prononcer devant le peuple britannique si la Troisième Guerre mondiale avait finalement eu lieu.

«Maintenant, la folie d'une guerre se propage de nouveau à travers le monde et notre pays courageux doit encore une fois se préparer à surmonter de grands obstacles», lit-on dans ce discours.

Élisabeth II «revient» également sur la Seconde Guerre mondiale et notamment sur l'allocution de son père, George VI.

«Je n'ai jamais oublié le chagrin et la fierté que j'ai ressentis lorsque ma sœur et moi étions réunies autour de la nursery et avons écouté les mots inspirants que mon père [George VI, ndlr] a prononcé en ce jour fatidique de 1939 [au début de la Deuxième Guerre mondiale, ndlr].»

Ensuite, la reine «dit» qu'elle n'aurait jamais pu imaginer qu'«un jour ça serait à elle d'assumer cette responsabilité solennelle et terrible».

«Pourtant, quelles que soient les horreurs qui nous attendent, les qualités qui nous ont aidé à maintenir notre liberté intacte, déjà deux fois pendant ce triste siècle, seront de nouveau notre force», indique le document.

À la fin de son allocution, la reine «bénit» son pays pour lutter contre ce «nouvel mal».

Le livre d’Hélène Carrère d’Encausse sur le Général de Gaulle et la Russie

Les relations entre la France et la Russie ne sont pas bonnes. En témoigne, et ce n’est que l’un des indicateurs, la baisse de la part de la France dans le commerce extérieur de la Russie. Mais, ces relations pourraient être pires. De ce point de vue, l’interview donnée dans le journal Le Monde par l’ancien Président de la République[1], M. François Hollande, en témoigne. Il demande ainsi que l’on « menace la Russie » : « La Russie se réarme depuis plusieurs années, et si elle est menaçante, elle doit être menacée » a-t-il ainsi écrit. Quand on se rappelle le bilan calamiteux de son mandat, en particulier sur la politique étrangère, on ne peut être que surpris. Voici un homme qui sera passé en un article du pleutre au pitre.

Ce contexte invite donc à se repencher sur les relations entre la France et la Russe et à lire, avec attention, l’ouvrage publié en décembre 2017 par Hélène Carrère d’Encausse Le Général de Gaulle et la Russie[2].

Un livre important

Cet ouvrage est construit en trois parties, qui s’éclairent les unes les autres. L’auteur a choisi un plan chronologique pour les deux premières parties, ce qui est amplement justifié. La troisième est une réflexion sur le processus de « détente », processus auquel le général de Gaulle tenait temps, et qu’il fit tout pour enclencher. Madame Carrère d’Encausse utilise, et confronte, les sources françaises, qui sont nombreuses, car l’entourage du général De Gaulle a été assez prolixe en mémoires, avec des sources issues de publications ou des archives russes et soviétiques. Certaines de ses dernières datent de 1983, comme le recueil des textes échangés entre 1941 et 1945. D’autres sont plus récentes, comme l’article de Mikhail Lipkin, consacré au voyage que de Gaulle fit en Union soviétique en 1966 et à ses suites ou les ouvrages de Moltchanov et d’Obitchkina, l’un et l’autre parus en 2016. C’est ce qui confère à cet ouvrage son intérêt particulier car il nous donne à voir la politique du général De Gaulle non seulement du point de vue français mais aussi du point de vue soviétique. Cela permet de mesurer la méfiance dont les soviétiques font preuves tant vis-à-vis du personnage que de son entourage, décrit de 1941 à 1945 comme empli de « néo-Vichyste » et de gens d’extrême-droite. Ce thème réapparaitra en 1958-1962, quoi que sous une autre forme. On peut cependant se demander si les rapports des ambassadeurs soviétiques, en particulier ceux de la période stalinienne (Maïski, Bogomolov) ne contiennent pas aussi des « précautions » par rapport à Staline, et ne lui disent que ce qu’il était connu pour vouloir entendre. De ce point de vue, il manque les rapports envoyés par le GRU (le renseignement militaire) et le KGB. Ces rapports ne sont pas disponibles actuellement. Mais, pour avoir eu de longues conversations avec Vitaly Shlykov, qui fut un des principaux officiers du GRU et que j’ai connu dans les années 1990, je pense que c’est dans les archives de ce dernier service que peuvent se trouver des choses particulièrement intéressantes et fines sur l’analyse de ce que représentait le « gaullisme » que ce soit dans la France Libre et après dans la société française.

L’intérêt du livre n’en est nullement amoindri. On le répète, c’est la première fois qu’un auteur se livre à cette approche croisée de la politique du général de Gaulle. Mais, ce livre ne peut être considéré, du moins tant que les archives des « services » soviétiques n’auront pas été exploitées, comme définitif.

La France Libre, entre Roosevelt, Hitler et Staline

La première partie porte donc sur les relations du général De Gaulle avec l’Union soviétique de 1940 à 1946. Cette partie insiste sur la combinaison de préventions, existant d’un côté comme de l’autre, mais aussi sur les raisons profondes qui allaient conduire, fin 1944, sur le « Traité d’alliance et d’assistance mutuelle ». Les préventions sont donc nombreuses, pour partie idéologiques et pour partie politiques. Les dirigeants soviétiques classent alors de Gaulle à l’extrême-droite, et de Gaulle est profondément anti-communiste. Mais, les divergences idéologiques ne sont rien par rapport aux divergences politiques. Ces dernières portent sur deux points essentiels, le futur de l’Allemagne – que de Gaulle souhaite voir démembrée – et le futur de la Pologne. On le sait, l’URSS soutenait de « Comité de Lublin », ancêtre de la future Pologne soviétisée contre le gouvernement polonais réfugié à Londres. A ces divergences, fondamentales, s’ajoutent naturellement la relation tant de la France Libre que de l’URSS avec les autres alliés, qu’il s’agisse de la Grande Bretagne ou des Etats-Unis, ainsi que le statut des ressortissants et prisonniers française et soviétiques présents sur le territoire de chacune des parties. Cette addition de différences et de divergences aurait dû impliquer le non-lieu des relations. Pourtant, il n’en fut rien.

Car, de l’existence des divergences politiques, l’un et l’autre partie tirent la conclusion qu’elles ont besoin de cet allié encombrant, difficile, mais néanmoins nécessaire. Car, pour le général de Gaulle, à juste titre obsédé par la nécessité de rétablir la France à sa place et dans son rang, craignant à raison le projet américain d’administration directe de la France libérée (l’AMGOT), l’alliance avec l’URSS – ou plus précisément comme il la voyait avec la Russie – était une nécessité absolue. A cela s’ajoutait une vision pour l’après-guerre, où de Gaulle estimait que « l’alliance de revers » était pour la France la meilleure méthode pour contenir l’Allemagne. De la même manière, pour Staline et les dirigeants soviétiques, la reconnaissance de la France Libre peut permettre de diversifier les relations avec les autres alliés occidentaux. De plus, et c’est un point que l’ouvrage, entièrement consacré aux questions diplomatiques, ignore par définition, les dirigeants soviétiques ont été frappés par l’effondrement politique qui suivi la défaite militaire de mai-juin 1940. Cet événement fut le premier à les inquiéter quant à la stabilité du Pacte Germano-Soviétique, déclenchant le processus de révision stratégique qui allait aboutir à la priorité dans la préparation d’une guerre « continentale » dès l’automne 1940[3].

L’apothéose de cette relation, complexe, traversée de conflits et de coup de théâtres, mais marquée aussi par l’épopée du GC3, le régiment de chasse « Normandie » devenu « Normandie-Niemen », fut le voyage en URSS du général de Gaulle en décembre 1944. Ce voyage donna lieu à la signature du « Traité d’alliance et d’assistance mutuelle ». Ce dernier devait rapidement s’avérer mort-né, en raison du début de la guerre froide. Mais, les raisons qui, d’un côté comme de l’autre, avaient conduit à sa signature perduraient. Ce traité, loin d’être le signe d’une quelconque faiblesse du général de Gaulle face à Staline, allait en un sens paver le chemin qui serait suivi après 1958. Et l’on ne peut être que frappé par la prescience de long terme de la vision du général de Gaulle sur un certain nombre de points.

La France souveraine en action

La seconde partie traite des relations avec l’URSS après le retour au pouvoir du général de Gaulle. Ces relations sont tout d’abord mauvaises et cela pour deux raisons, d’une part la volonté du général de faire avancer la réconciliation franco-allemande (à un moment où l’URSS tente de faire reconnaître la RDA) et d’autre part l’extrême fermeté que le général de Gaulle montra à chaque fois qu’une crise éclata, comme à Berlin ou à Cuba. Mais, les soviétiques découvrirent aussi l’ampleur des différents qui opposaient de Gaulle aux dirigeants américains, tout comme ils étaient eux-mêmes confrontés à des divergences majeures avec les dirigeants chinois.

C’est ce qui explique qu’après des débuts difficiles, le voyage de Khrouchtchev en France fut un succès diplomatique. Certes, en apparence, un succès de très courte durée. La réunion des « 4 grands » fut torpillée suite au survol, et à la destruction, de l’U2 américain au-dessus de l’URSS. Mais, de cette époque, datent deux choses importantes : d’une part le constat par les soviétiques que la France cherche avant tout à affirmer son indépendance, et qu’elle a les moyens de cette dernière depuis l’explosion d’une arme atomique, d’autre part le constat, par le général de Gaulle, que l’URSS perd de plus en plus son aspect idéologique alors qu’elle gagne en technologie et en développement.

Le retrait de la France des organes intégrés de l’OTAN va alors accélérer un processus de rapprochement réciproque, processus qui – pour les soviétiques – est aussi lié au programme des sous-marins lanceurs d’engins (SNLE) dont la France entend disposer. Le premier de ces sous-marins ne ferra sa première patrouille qu’en 1971, soit deux ans après le départ du général de Gaulle du pouvoir. Mais, le programme lui-même a atteint un point de non-retour à la fin de 1965. Ici encore, parce qu’elle concentre son attention, et il n’est pas question de lui en faire grief, sur les questions diplomatiques et politiques, Hélène Carrère d’Encausse n’accorde probablement pas l’attention nécessaire sur la montée en puissance décisive de la force de dissuasion française. Mais, par contre, elle analyse très justement le statut global de la dissuasion dans la pensée du général de Gaulle, et pourquoi cette dernière en rendant de fait une guerre intereuropéenne peu probable, changeait radicalement la situation. De fait l’URSS reconnaitra au début des années 1970 – et on le sait par les « Voroshilov Lectures » qui furent publiées aux Etats-Unis au début des années 1980[4] – l’indépendance stratégique de la France, et en tirera la conclusion qu’une guerre même conventionnelle ne pouvait avoir lieu en Europe tant était grand le risque qu’elle ne débouche sur un conflit nucléaire.

On n’en est certes pas là en 1966, quand le général de Gaulle fit son second, et célèbre, voyage en URSS. Mais il est clair que l’émergence de la dissuasion nucléaire a changé radicalement et la manière des soviétiques de percevoir la France, et la manière dont de Gaulle perçoit l’ordre international. Le temps est venu de la « détente », et même si des oppositions majeures continuent d’exister, les contacts économiques, scientifiques et culturels peuvent se développer. De Gaulle appliquera cela aussi à des pays comme la Pologne et la Roumanie. Ici aussi, ces efforts furent en apparence prématurés. Après le départ, en 1969, du général de Gaulle du pouvoir sa « politique russe » sembla s’effilocher. L’intervention des soviétiques de 1968 à Prague pouvait laisser croire que l’URSS continuait de tenir fermement le manche en Europe de l’Est. Pourtant, les événements des années 1980 allaient confirmer les analyses du général de Gaulle. En ce sens, ce fut bien de Gaulle et non Raymond Aron qui sut penser avec réalisme et intelligence la seconde moitié du XXème siècle.

La nécessité du monde multipolaire

L’immense mérite du livre d’Hélène Carrère d’Encausse est donc tout d’abord de montrer que les intuitions, mais aussi les analyses solidement appuyées sur l’histoire, la géographie et la culture, du général de Gaulle ont été validées par l’histoire. Fondamentalement, son idée maitresse que le retour de la France au premier rang des puissances mondiales serait un facteur de paix, que l’acquisition par la France de la dissuasion nucléaire, en brisant le duopole de fait entre américains et soviétiques, serait un facteur de libération progressif en Europe, a été vérifiée par l’histoire. C’est un point important à rappeler aujourd’hui alors que l’on tend à ré-écrire l’histoire de la guerre froide et à magnifier le rôle de la construction des institutions européennes (de la CEE à l’UE), alors que ces institutions ne jouèrent en réalité AUCUN rôle dans les processus qui allaient avoir lieu à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Ce qui est central dans cet ouvrage, même si cela n’est pas dit directement – mais Hélène Carrère d’Encausse suppose à juste titre assez d’intelligence chez ses lecteurs pour ne pas chercher à enfoncer le clou – c’est que l’idée d’un monde multipolaire est essentielle à la paix et à la sécurité européenne. C’est en tout les cas la conclusion que l’on peut tirer de la troisième partie « En finir avec Yalta ». Car, l’idée d’un monde bipolaire, elle fut construite lors des accords de Yalta.

A plusieurs reprises l’auteur revient sur le couple « opposition-collusion » qui caractérise les relations américano-soviétiques, en montre les dangers pour les autres nations, et démontre en quoi la présence d’une France forte et souveraine, parce qu’elle dérange radicalement ce couple, est au contraire porteuse d’espoir pour les autres peuples. Non qu’il faille se bercer d’illusions quant aux conflits d’un monde « multipolaire » ou tout simplement au conflit pour l’émergence d’un tel monde. Mais, ces conflits sont infiniment moins graves et moins menaçants que ceux résultants d’un monde bi ou monopolaire. Alors que se précise la perspective d’un affrontement entre les Etats-Unis et la Chine, cette idée du monde multipolaire retrouve aujourd’hui toute son importance. Mais, pour que le monde soit véritablement multipolaire, il faut que la France s’émancipe de la double tutelle de l’OTAN et de l’UE et affirme avec force que l’Europe n’est pas la somme des « institutions européennes », que l’Europe n’est pas l’UE, mais doit redevenir cette Union des nations souveraines qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être.

[1] Voir http://www.lemonde.fr/international/article/2018/03/12/hollande-quel-est-cet-allie-turc-qui-frappe-nos-propres-allies-avec-le-soutien-de-groupes-djihadistes_5269351_3210.html et http://www.lejdd.fr/politique/francois-hollande-3597218

[2] Carrère d’Encausse H., Le général de Gaulle et la Russie, Paris, Fayard, 2017, 258p + annexes.

[3] Sapir J., “La défaite française de 1940 vue par les soviétiques” in Cahiers du CEHD, n°23, “Nouvelle histoire bataille (II)”, pp. 273-281.

[4] Sapir J., Le système militaire soviétique, La Découverte, Paris, 1988 et Sapir J., (En collaboration avec T. Malleret),”Soviet Military Policy: from Restructuring to Reform”, in R. Allison, (ed.), Radical Reform in Soviet Defence Policy, Macmillan, Londres, 1992.

Chute de la Ghouta, menace pour les USA. La France et la GB ont perdu leurs soldats dans la Ghouta, et leurs membres de la DGSE et du MI6.

La Ghouta orientale, le 12 mars 2018. ©AFP
La Ghouta orientale, le 12 mars 2018. ©AFP

"L'échec des groupes armés dans la Ghouta orientale constitue une menace pour Israël et les États-Unis et ces derniers devront passer rapidement à l'acte pour empêcher cet événement", indique Jerusalem Post.

Le quotidien israélien Jerusalem Post a fait paraître un article avec pour sujet l'opération militaire que mène l'armée syrienne dans la Ghouta orientale pour en chasser les groupes armés.

"La présence militaire de l'Iran en Syrie représente une menace sérieuse pour Israël et met en évidence l'influence en croissance de la Russie en Syrie. La chute de la Ghouta signifie que Damas se laissera influencer par Téhéran et cela constitue une menace permanente contre Israël. La Ghouta orientale est le dernier bastion des rebelles où se trouvent environ 11 000 forces de Jaych al-Islam ou encore ceux du Faylaq al-Rahmane et d'Ahrar al-Cham, avec respectivement 10 000 et 6 000 effectifs. Aucun de ces groupes n'a été placé sur la liste internationale des groupes terroristes alors que la Russie les considère comme étant des organisations terroristes".

Le Jerusalem Post a ensuite accusé l'Iran et la Russie d'avoir violé la résolution 2401 du Conseil de sécurité sur le cessez-le-feu en Syrie.

"La chute de la Ghouta est souhaitée par l'Iran aussi bien que par la Russie qui ont chacun leur propre raison. Pour la Russie, la chute de la Ghouta signifie le maintien au pouvoir du gouvernement syrien et une garantie pour sa présence militaire permanente d'autant plus que les bases militaires russes bénéficieront ainsi d'une sécurité inébranlable. Pour l'Iran, la chute de la Ghouta orientale signifie une dominance réelle sur Damas ainsi que la création d'un trajet Téhéran-Beyrouth. Ces deux options offriront à Téhéran une puissance considérable pour menacer Israël et l'Occident ainsi qu'un levier de pression pour les négociations sur son nucléaire.

La chute de la Ghouta devra constituer une vraie source de préoccupation pour les États-Unis car elle pourra faire pression sur les opposants qui sont déployés dans le sud de la Syrie et menacer même la base militaire américaine d'al-Tanf.

Les États-Unis et le Royaume-Uni soutiennent l'Armée syrienne libre, opérant dans le sud de la Syrie. S'ils ne réussissent pas à passer à l'acte pour défendre la Ghouta ou au moins à sécuriser le sud de la Syrie, cette histoire de la Ghouta leur coûtera cher car la chute de cette région aboutira au discrédit des États-Unis parmi les groupes d'opposition. L'ingérence rapide des États-Unis et d'Israël destinée à miner l'influence crescendo de l'Iran et de la Russie en Syrie, s'annonce un devoir si ces deux parties s'intéressent à assurer leurs intérêts".

Le cas particulier du MI6 dans la guerre en Syrie :

Après le renversement de Kadhafi, le MI6 et la CIA ont établi un réseau d’exfiltration de la Libye vers la Syrie. Des armes et des combattants ont été déplacés en Syrie pour renverser Assad.

Les Britanniques et les Français ont formé les rebelles de l’Armée syrienne libre et étaient stationnés sur une base turque. Les rebelles auraient été situés entre autres au nord du Liban et dans certaines de la Libye, rapporte le site militaire du Royaume-Uni Elite & Special Forces.

Asia Times informe que le MI6 et la DGSE française auraient entraîné les rebelles dans la région turque de Hatay et à Tripoli en Libye.

À cela s’ajoute que le MI6, avec la CIA et des instructeurs français, forme et arme des rebelles contre la Syrie en Jordanie, selon le Guardian.

L’industrie pétrolière est peut-être la première industrie mondiale. Le pétrole reste le produit stratégique numéro un, où l’intervention étatique est une quasi-nécessité. Elle l’est pour les Etats, en l’absence de grandes compagnies mondiales établies sur leur sol. Cela signifie que très tôt dans l’économie pétrolière le modèle de l’entreprise familiale est condamné. Or, l’histoire française offre l’exemple de Desmarais Frères, une entreprise pétrolière atypique née avec le début du pétrole et restée familiale jusqu’en 1965.

C’est à partir de ce paradoxe qu'on tente de retracer le développement de l’industrie pétrolière française. La problématique centrale concerne les rapports entre la compagnie privée et l’Etat notamment depuis la création de la Compagnie Française des Pétroles (CFP) en 1924. L’étude couvre la période allant de 1861 à 1974. L’approche environnementale adoptée dans cette recherche vise à analyser les différents facteurs internes (personnel, patronat, structure organisationnelle, etc.) et externes, liés au développement d’une industrie (intervention étatique, développement de la technique, concurrence, etc.).

Trois périodes chronologiques serviront de cadre aux trois grandes parties de cette étude, de façon à bien mettre en valeur les stratégies des différentes compagnies françaises étudiées, Desmarais Frères d’une part et la CFP de l’autre. La période de 1861 à 1918 concerne la stratégie de Desmarais Frères avant l’intervention massive de l’Etat et devant l’incapacité de faire face à l’offensive d’une compagnie géante, la Standard Oil américaine. La période de 1919 à 1945 correspond à un cycle complet dans le développement de l’industrie pétrolière française : d’une reconstruction pétrolière accélérée et réussie à une guerre totale, que reste-t-il des efforts publics et privés ? Une dernière période, enfin, va de la restructuration à l’intégration totale de l’industrie pétrolière, avec la fusion CFP/Desmarais Frères et ses résultats. Elle englobe la période allant de 1945 à 1974, date de la première crise pétrolière.

Première Partie (1861-1918) DESMARAIS FRÈRES : L’ENTREPRISE PÉTROLIÈRE PRIVÉE FACE À UN ENVIRIONNEMENT HOSTILE

Cette première période est marquée par la défaillance française en matière pétrolière ; pourtant, l’on ne peut nier la présence des efforts des entreprises nationales privées dans ce secteur. La situation semble paradoxale et nécessite une lecture environnementale qui va au-delà de la simple analyse structurelle. La stratégie d’une compagnie privée telle que Desmarais Frères ne peut être étudiée en dehors d’une lecture de la stratégie pétrolière internationale. L’intérêt de cette approche est qu’elle permet d’étudier, dans une perspective historique et théorique, les axes stratégiques de la politique concurrentielle de la compagnie française. Son rôle peut ainsi se définir au sein de l’industrie pétrolière. La rupture de la guerre de 1914-1918 représente une « métamorphose stratégique » pour l’entreprise dans la mesure où son action dépend plus de la politique de l’Etat que de l’action de la concurrence.

Deuxième Partie (1919-1945) L’ÉMERGENCE D’UNE INDUSTRIE PÉTROLIÈRE FRANÇAISE

Au sortir de la Première Guerre mondiale, sont présents tous les ingrédients d’une politique pétrolière réussie. Récupérant la part allemande dans la TPC (23,75%), le gouvernement met en place les différents mécanismes pour la mise en place d’une industrie pétrolière. A partir de 1920, s’engage un programme visant à diminuer la dépendance de la France vis-à-vis de l’étranger. Puis, dès 1924, la Compagnie Française des Pétroles est créée autour d’un noyau dur formé par quelques groupes privés, dont Desmarais Frères. Cet événement sera suivi par le vote d’une loi favorisant le raffinage français (1928) et la création de la Compagnie Française du Raffinage (1929).

La période 1923 à 1931 est celle pendant laquelle se décident les différentes stratégies des compagnies françaises. Les années 1930 constituent, en revanche, celles de l’expansion et des investissements intensifs notamment avec l’arrivée en grandes quantités des pétroles du Mossoul (en Irak), pour ce qui concerne la CFP. C’est l’époque de la mise en place d’une stratégie de marché pour Desmarais Frères avec le développement de la marque Azur. L’interruption provoquée par la Seconde Guerre mondiale (1939-1944) sera, dans une large mesure, à l’origine de ce qu’on appelle aujourd’hui « la stratégie mondiale du pétrole ».

Troisième Partie (1945-1974) APRÈS LA SECONDE GUERRE MONDIALE : LES DÉFIS DE LA MODERNISATION

A l’issue de la guerre, commence alors une période d’expansion pour l’industrie pétrolière française. Grâce à un développement en amont (ouverture des gisements au Moyen-Orient) et l’arrangement institutionnel entre la CFP et Desmarais Frères se crée une complémentarité sur le marché français pour faire face à la concurrence. Toutes les conditions d’expansion se trouvent alors réunies. Tous les moyens de transport quotidiens utilisent plus ou moins le pétrole (automobiles, avions, navires, locomotives, etc.). Puis, bientôt arrive l’âge de la pétrochimie. Avec les dérivés du pétrole, on fabrique des milliers d’objets usuels (plastiques, produits pharmaceutiques, cosmétiques, disques, explosifs, etc.). La CFP diversifie son activité en amont et en aval. D’où la nécessité pour elle de contrôler un réseau de distribution mondial. C’est le moment puissant, inéluctable, irrésistible qui se trouve à l’origine de la grande fusion entre les deux plus grandes compagnies pétrolières françaises la CFP et Desmarais Frères.

Si pour la CFP la sauvegarde d’une capacité d’autofinancement était possible, il n’en allait pas de même pour les compagnies ayant la grande partie de leurs capitaux investis en France, telle que Desmarais Frères. D’où une divergence stratégique majeure, mais qui cache une certaine complémentarité. Très touchée par les destructions (la reconstruction prendra sans doute plus de temps), Desmarais Frères accorde désormais plus d’importance à la reconstruction et au développement de son réseau de distribution. La CFP, en revanche, attache encore plus d’importance à la progression des ressources en brut. Une stratégie d’investissement et de diversification des sources de production, durant toute la période des Trente glorieuses se trouve à l’origine de son épanouissement. La géostratégie et la diplomatie sont l’un des éléments clés dans cette analyse. S’ouvre en effet une course au pétrole, qui met face à face les grandes compagnies américaines et les traditionnelles compagnies européennes opérantes dans la région.

La stratégie de Desmarais Frères repose à la fois sur la dimension sociale et l’efficacité commerciale. La dimension sociale peut révéler des traditions françaises dans la gestion des ressources humaines. La permanence d’un management familial peut aussi se trouver à l’origine d’un management « paternaliste » permettant la stabilité d’une main-d’œuvre hautement productive. Dans un secteur de pointe comme celui du pétrole, les aspects commerciaux reflètent la capacité d’adaptation de la compagnie. Ils reflètent également ses capacités organisationnelles.

La fusion entre Desmarais Frères et la CFP en 1965 peut se donc se justifier. Un processus de rapprochement est entamé dès 1955. D’où la nécessité d’une forme ultime d’intégration permettant d’économiser des coûts de transaction (par rapport à la traditionnelle coordination par le marché entamée dès le milieu des années 1930). Elle offre une meilleure utilisation de l’effet « d’économies d’échelle » et de la mise en œuvre de relations contractuelles plus efficaces et moins coûteuses en information. Cette fusion repose tout à la fois sur une stratégie commerciale innovante et sur un haut degré de motivation du personnel lui-même entretenu par une culture forte d’institution.

Le succès de l’entreprise semi-publique demeure le produit de la rencontre de la stratégie d’une grande entreprise moderne, mais aussi d’une politique vigoureuse et cohérente de l’Etat français ainsi que son alliance avec les intérêts privés nationaux comme l’attente de la collaboration étroite de trois parties prenantes (l’Etat, la CFP et Desmarais Frères) depuis la prise de conscience du retard pétrolier de la France après la première guerre mondiale.

1956 : la crise de Suez

L’Egypte, ancien protectorat britannique, a acquis officiellement son indépendance en 1922. C’est une monarchie théoriquement autonome, mais où la présence occidentale reste forte. Dans la réalité, le pays, qui n’a pas encore développé son industrie touristique est économiquement aux mains des occidentaux. La principale source de revenu du pays, le Canal de Suez est contrôlée par un consortium franco-britannique qui l’a fait construire au XIXème siècle et récolte de juteux droits de passage pour tous les bateaux qui transitent par ce point. 50 % du pétrole vers l'Europe passe par ce canal. Les franco-britanniques ne reversent qu’une part infime de ces bénéfices à l’état égyptien.

En 1954, un groupe de jeunes officiers ambitieux renverse la monarchie corrompue du roi Farouk Ier. Parmi ces militaires émerge la figure de Gamal Abdel Nasser, jeune lieutenant-colonel qui s’illustra lors de la guerre israélo-arabe de 1948 et qui revendique la nécessité d’une union des peuples arabes ainsi qu'une certaine méfiance envers un Occident accusé de soutenir Israël, sans toutefois succomber aux sirènes du communisme.

Nasser proclamant la nationalisation du canal aux Egyptiens


Devenu président en 1954, Nasser, est une figure charismatique qui devient le porte étendard du nationalisme arabe, laïque car partisan d’un islam contrôlé par un pouvoir politique fort, moderniste et favorable à une solidarité avec le Tiers Monde. En 1955, à la conférence de Bandung, il est un de ceux qui soutient l’idée de trouver une voie originale entre Etats-Unis et URSS pour les pays nouvellement décolonisés.

 

Pour trouver cette liberté politique, il faut l’indépendance économique. C’est la raison pour laquelle Nasser envisage un grand projet qui doit permettre la croissance agricole et la modernisation de l’Egypte à pas de géant. Un projet pharaonique (c’est le cas de la dire) : la construction d’un gigantesque barrage à Assouan dans le Sud du pays qui doit canaliser les eaux du Nil pour permettre de contrôler ses crues et de développer l’agriculture intensive (notamment du coton)  ainsi que de fournir le pays en électricité. Il existait bien un vieux barrage construit par les britanniques au début du siècle mais celui-ci ne répondait plus aux besoins de l'Egypte moderne.

 

Construire le plus grand barrage de son temps coûte cher et Nasser démarche les banques anglo-américaines sans succès. Pourtant les américains avaient soutenus par le passé ce jeune militaire prometteur mais celui-ci manifeste un peu trop d'indépendance par rapport aux Etats-Unis, notamment en nouant des accords commerciaux avec certains pays du bloc de l'Est. Les banques, poussées par le gouvernement américain qui veut donner une leçon à un Nasser dont les positions trop libres par rapport aux deux blocs irritent, veulent imposer une surveillance budgétaire étroite de l'état égyptien. Les soviétiques acceptent secrètement d’apporter leur aide au projet, mais le problème du coût financier demeure. C’est la raison pour laquelle en juillet 56, Nasser décide de nationaliser la principale ressource de l’Egypte : le canal de Suez. L’armée égyptienne prend possession du canal et contrôle la circulation .De plus les bateaux israéliens sont désormais interdits de passage.


"La pauvreté n'est pas une honte, mais c'est l'exploitation des peuples qui l'est.
Nous reprendrons tous nos droits, car ces fonds sont les nôtres, et ce canal est la propriété de l'Egypte. (...) Nous construirons le Haut-Barrage [d'Assouan] et nous obtiendrons tous les droits que nous avons perdus. Nous maintenons nos aspirations et nos désirs. Les 35 millions de livres [monnaie égyptienne] que la Compagnie encaisse, nous les prendrons, nous, pour l'intérêt de l'Egypte. (...)
En quatre ans, nous avons senti que nous sommes devenus plus forts et plus courageux, et comme nous avons pu détrôner le roi le 26 juillet [1952], le même jour nous nationalisons la Compagnie du canal de Suez. Nous réalisons ainsi une partie de nos aspirations et nous commençons la construction d'un pays sain et fort.
Aucune souveraineté n'existera en Egypte à part celle du peuple d'Egypte, un seul peuple qui avance dans la voie de la construction et de l'industrialisation, et un bloc contre tout agresseur et contre les complots des impérialistes. (...) Nous sommes aujourd'hui libres et indépendants.
Aujourd'hui, ce seront les Egyptiens comme vous qui dirigeront la Compagnie du canal, qui prendront consignation de ses différentes installations, et dirigeront la navigation dans le canal, c'est-à-dire dans la terre d'Egypte." 

Nasser, lors de la nationalisation du canal (source : Cliotexte)

Pour les britanniques et les français, c’est une atteinte intolérable à leurs droits. Encouragé par les milieux d'affaire, le Premier Ministre anglais, Anthony Eden fait le rapprochement entre le nationalisme arabe et le fascisme d'avant guerre et n’hésite pas à surnommer Nasser, le "Mussolini du Nil". Rapidement l’idée de récupérer le canal par la force se fait jour. Pour les français, cela permettrait aussi de frapper un pays qui soutient ouvertement les indépendantistes algériens et qui n’hésite pas à les ravitailler en armes.


La politique nationaliste de Nasser met l'accent sur la lutte contre l'état hébreu pour soutenir les palestiniens et comme  l'Egypte achète massivement des armes, notamment auprès de la Tchécoslovaquie communiste, l'idée d'une frappe préventive fait son chemin à Tel Aviv. Le Premier Ministre David Ben Gourion, (le vieux lion israélien comme on le surnomme à l'époque) en a fait une doctrine: désormais le peuple juif "ne se laissera pas conduire au massacre comme du bétail". A Sèvres, dans la banlieue parisienne, une réunion secrète permet aux anglais, aux français et aux israéliens d’établir un plan visant à récupérer le Canal et à chasser Nasser du pouvoir.

La presse française plus modérée que ses confréres anglais mais qui n'hésite pas à lier Nasser aux neonazis allemands. 
Israël doit donc attaquer l'Egypte sur le canal. La France et la Grande Bretagne ordonneraient alors aux belligérants d'évacuer la zone et pour appuyer cette injonction expédieraient une  "force d'interposition" pour récupérer Suez et en profiter pour renverser le gouvernement.

 

L'affaire est rondement menée. Le 29 octobre 1956, l’armée israélienne traverse le désert du Sinaï et fond sur le Canal détruisant par surprise les infrastructures militaires égyptiennes. Aussitôt une escadre franco-britannique forte de 155 navires arrive sur place et somme les deux belligérants d’évacuer Suez. Comme Nasser refuse logiquement de partir, les troupes occidentales bombardent Port Saïd, débarquent et mettent en déroute ce qui reste de l’armée égyptienne avant de commencer à se diriger vers le Caire.

Si sur le terrain, l’offensive est une victoire, sur le plan diplomatique, l’affaire tourne vite à la catastrophe pour les franco-britanniques.

L’ONU où les pays issus de la décolonisation ont un poids croissant appelle à la fin des combats et tape du poing sur la table. Elle crée même une armée multinationale spéciale la Force d’Urgence des Nations Unies pour séparer les combattants. Pour être reconnue plus facilement les casques de ce bataillon seront peints en bleus. C’est la création réelle de l’armée de l’ONU qui prendra logiquement le nom de " Casques bleus ".

L'armada française vers Suez (photo issue du site d'un militaire ayant participé à cette opération)
L’URSS logiquement soutient l’Egypte et menace même de recourir à l’arme nucléaire (un bluff car ils savent que l’OTAN riposterait). Pour elle, cette crise arrive à point nommé car elle permet d’occuper les caméras du monde entier pendant qu’elle écrase dans le même temps la révolte hongroise. Plus surprenant les Etats-Unis, décidé à ne pas apparaître comme soutenant trop ouvertement les puissances colonisatrices, ordonnent à la France et à la Grande Bretagne de se retirer et pour appuyer leur décision font chuter le cours de la Livre Sterling à la bourse de New York.

 

Caricature soviétique montrant le lion britannique et le coq français ridiculisés par le sphynx égyptien. 

Isolés, déconsidérés, les occidentaux doivent partir et Nasser sort diplomatiquement grandi de ce conflit. Il apparaît comme le leader arabe capable de tenir tête à l’occident, favorisant la cause du Tiers Monde. Malgré la défaite militaire, il devient un modèle pour tout le monde arabe et peut construire son barrage avec l’aide des soviétiques.

Israël a durablement affaibli le potentiel militaire de l’Egypte et en a profité pour s’emparer de la bande de Gaza et du désert du Sinaï tout en développant un partenariat économique et militaire avec la France qui lui permettra de moderniser son armée et à terme de créer avec l’aide de notre pays sa propre bombe atomique. Mais cela amplifie les tensions entre juifs et arabes, l’importante communauté juive égyptienne, pourtant présente depuis l’antiquité est désormais vue comme un groupe de traître à la solde d’Israël par le pouvoir égyptien et doit fuir précipitamment le pays.

L’équilibre des forces au sein du camp occidental est profondément bouleversé. Les Etats-Unis ont bien fait comprendre aux européens qu’ils sont désormais les seuls vrais patrons du bloc occidental. Les anglais, qui du temps de Churchill pouvaient paraître les co-leaders de l’Ouest vont désormais se ranger aux ordres de Washington. De son côté, la France commence à vouloir développer sa propre défense autonome, politique amplifiée lors de l’arrivée de de Gaulle au pouvoir en 1958.

Au passage la fragilité du commerce mondial apparaît aussi à ce moment là car 40 bateaux ayant été coulés dans le Canal il faudra un an pour que les égyptiens puissent rouvrir celui-ci. Le commerce pétrolier s’en trouve désorganisé et les prix du carburant flambent.

 

               Les navires coulés par les égyptiens pour bloquer le passage du canal

Cette crise marque donc à la fois l’émergence des pays issus de la décolonisation dans la politique internationale, l’essor de l’ONU qui apparaît enfin légitime pour régler les conflits mondiaux mais aussi l’affaiblissement de l’Europe face aux deux grands qui contrôlent désormais la diplomatie mondiale.

            L'ONU s'installe durablement dans la région pour essayer de garantir la paix.

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