WWIII : MACRON : FRANCIS BLACK d'Or Noir et veut à nouveau se goinfrer au Moyen Orient car la France y possède du Gaz et du Pétrole en quantité folle, de quoi faire reculer les moteurs électriques et les centrales Nucléaires, de toutes façons ce qu'on prend sous terre on le remet dans l'air et sous terre.

Publié le par José Pedro, collectif des rédacteurs dans LAOSOPHIE sur Overblog

WWIII : MACRON : FRANCIS BLACK d'Or Noir et veut à nouveau se goinfrer au Moyen Orient car la France y possède du Gaz et du Pétrole en quantité folle, de quoi faire reculer les moteurs électriques et les centrales Nucléaires, de toutes façons ce qu'on prend sous terre on le remet dans l'air et sous terre.

Pour la France les Relations bilatérales avec la Russie:

Relations politiques

La relation de confiance entre la France et la Russie a été affectée par l’annexion de la Crimée et le conflit dans le Donbass, qui a conduit à l’adoption par l’Union européenne de sanctions à l’encontre de la Russie et à la suspension de la Russie du G8. Les autorités maintiennent toutefois un dialogue très régulier au plus haut niveau avec la Russie, en particulier pour la résolution de la crise en Ukraine. Le Conseil économique, financier, industriel et commercial (CEFIC) se réunit à nouveau périodiquement depuis janvier 2016.

Visites

L’année 2017 a été marquée par la visite de V. Poutine le 29 mai à Versailles, à l’invitation du Président de la République puis par les entretiens entre ministres des affaires étrangères à Moscou les 20 juin et 8 septembre et à Paris le 30 juin. Par ailleurs, les relations parlementaires restent denses avec de nombreuses visites de députés et de sénateurs en Russie.

Relations économiques

Avec un total de 10,4 Mds EUR, les échanges franco-russes en 2016 ont diminué de 4% par rapport à 2015 en raison de la diminution des importations françaises de produits russes (-12,5% et 5,53 Mds EUR en 2016), en partie liée à la baisse du prix du pétrole. La contraction des exportations françaises vers la Russie observée en 2015 (-33,2% et 4,51 Mds EUR) s’est achevée pour laisser place à une reprise : +8,3% et 4,9 Mds EUR en 2016. Présentes dans des secteurs variés, les entreprises françaises sont particulièrement bien implantées dans le secteur agroalimentaire, financier et bancaire, la distribution, l’énergie et l’industrie automobile. Hors zones à fiscalité attractive, la France était à fin 2016 le 2ème investisseur étranger en stock en Russie après l’Allemagne et, comme en 2014, le 1er pourvoyeur de flux d’IDE.
Pour le détail des sanctions (mis à jour) : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Ressources/8983_ukraine

Coopération culturelle, universitaire, scientifique et technique

La politique française de coopération en Russie emprunte plusieurs axes : les échanges (avec près de 4000 étudiants en 2015, la France est le 3ème pays d’accueil pour les Russes), la promotion de l’attractivité de la France, l’appui apporté aux réformes en Russie. Dans le domaine culturel, l’année franco-russe du tourisme culturel, clôturée le 8 décembre 2017, a donné lieu à de nombreuses manifestations culturelles marquées par le succès des expositions Icônes de l’art moderne, la collection Chtchoukine à la Fondation Louis Vuitton à Paris et Saint-Louis et les reliques de la Sainte-Chapelle aux Musées du Kremlin à Moscou. En mars 2018, la Russie sera invitée d’honneur du salon Livre Paris.

Le 29 mai 2017 à Versailles, le président de la République et le président Poutine sont convenus de la création d’un forum franco-russe des sociétés civiles, le Dialogue de Trianon.
Site des Instituts français : http://www.institutfrancais.ru/fr

Pour les Russes en France :Les relations franco-russes ne sont pas au beau fixe.

Le Président Vladimir Poutine va-t-il pouvoir être autorisé à venir en France le 21 juillet à Saint Bauzille de Montmel, dans l'Eglise Antique de Sainte Marie Madeleine?

Pas un jour ne passe sans quelques propos désobligeants à l'encontre de la Russie dans les médias français. Pas plus tard qu'hier soir —le 13 mars, donc-, un documentaire d'Arte ciblait évidemment RT & Sputnik. Rien de très original jusque-là, alors contre mauvaise fortune, faisons bon cœur, car quelques bonnes nouvelles semblent poindre à l'horizon.
Et pour les aborder, nous recevons Alexandre Orlov. Ambassadeur de Russie... en France pendant 10 ans, il est désormais Secrétaire général exécutif du Dialogue de Trianon. Car en mai 2017, Emmanuel Macron, à peine élu, recevait Vladimir Poutine à Versailles: «Nous avons partagé le souhait de créer un échange plus intense, plus transparent, entre nos sociétés civiles,» déclarait le Président de la République, tandis que son homologue russe répondait «nous sommes d'accord sur le besoin d'intensifier les échanges entre nos jeunesses».
Était donc lancé le «Dialogue de Trianon», véritable renouveau des relations interculturelles franco-russes. Dix mois plus tard, les premières initiatives apparaissent. Qu'en espérer? Vont-elles révolutionner les douloureuses/chaotiques/complexes relations franco-russes? 

Malgré le climat médiatique & géopolitique, des avancées discrètes mais sûres dans les relations franco-russes ? Entretien avec l'ambassadeur A.Orlov, qui dirige le Dialogue de Trianon, visant le rapprochement entre les sociétés civiles des deux pays :

Bien a vous jojo xoxo

La politique étrangère du président Macron

Selon le président Macron, « France is back » (en anglais dans le texte). Elle entendrait jouer à nouveau un rôle international, après dix années de déshérence. Cependant Emmanuel Macron n’a jamais expliqué quelle politique il entend mener, celle du pire en soutenant DAESH et les Mosquées Françaises qui ont du mal à fournir la Ghouta Orientale, crie la DGSE, "envoyez-nous des combattants, et sortez-nous de là en nous exfiltrant, car nous n'avons pas signé pour y rester". Reprenant des éléments qu’il a déjà développés dans ces colonnes et les resituant à la fois dans le contexte européen et dans l’Histoire de ce pays, Thierry Meyssan analyse le virage qui vient d’être amorcé.

Réseau Voltaire | Damas (Syrie)  

Lorsqu’Emmanuel Macron s’est présenté à la présidence de la République française, il ignorait tout des Relations internationales. Son mentor, le chef de l’Inspection générale des Finances (un corps de 300 hauts-fonctionnaires), Jean-Pierre Jouyet, lui fit dispenser une formation accélérée.

Le prestige de la France avait été considérablement affaibli par les deux précédents présidents, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Du fait de son absence de priorité et de ses innombrables retournements, la position française était désormais perçue comme « inconsistante ». Aussi débuta-t-il son mandat en rencontrant le plus grand nombre de chefs d’État et de gouvernement, montrant que la France se repositionnait comme une puissance médiatrice, capable de parler avec tous.

Après avoir serré des mains et invité à dîner, il lui fallu donner un contenu à sa politique. Jean-Pierre Jouyet [1] proposa de rester dans le camp atlantique, tout en misant sur les Démocrates états-uniens qui, selon lui, devraient revenir à la Maison-Blanche peut-être même avant les élections de 2020. Alors que les Britanniques quittent l’Union européenne, la France resserrerait étroitement son alliance avec Londres tout en conservant des rapports avec Berlin. L’Union devrait être recentrée sur la gouvernance de l’euro. Elle mettrait un terme au libre-échange avec les partenaires qui ne le respectent pas et créerait de grandes entreprises sur Internet capables de rivaliser avec celles du GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). Elle devrait également se doter d’une défense commune contre le terrorisme. Avec ses alliés, elle s’engagerait dans la lutte contre l’influence russe. Enfin, la France poursuivrait son action militaire au Sahel et au Levant.

En septembre 2017, Jean-Pierre Jouyet fut nommé ambassadeur de France à Londres. En janvier 2018, la France et le Royaume-Uni relançaient leur coopération diplomatique et militaire [2]. Toujours en janvier, les deux États formaient une instance secrète, le « Petit Groupe », pour relancer la colonisation franco-britannique du Levant [3].

Cette politique, qui n’a jamais été discutée en public, ignore à la fois l’Histoire de France et la demande allemande de jouer un rôle politique international plus important. La quatrième économie du monde est en effet, soixante dix ans après sa défaite, toujours maintenue dans un rôle secondaire [4].

Concernant le monde arabe, le président Macron —énarque et ancien de Rothschild & Cie— a adopté le point de vue de ses deux consultants en la matière : le franco-tunisien Hakim El Karoui —un autre ancien de Rothschild & Cie— pour le Maghreb et l’ancien ambassadeur à Damas Michel Duclos —un énarque— pour le Levant. El Karoui n’est pas un produit de l’intégration républicaine, mais de la haute bourgeoisie transnationale. Il alterne un discours républicain au plan international et un autre communautaire au plan intérieur. Duclos est un authentique néoconservateur, formé aux États-Unis sous George W. Bush par Jean-David Levitte [5]

Or, El Karoui n’a toujours pas compris que les Frères musulmans sont un instrument du MI6 britannique, et Duclos que Londres n’a pas digéré les accords Sykes-Picot-Sazonov qui lui ont fait perdre la moitié de son empire au Moyen-Orient [6]. Les deux hommes ne voient donc pas de problème dans la nouvelle « entente cordiale » avec Theresa May.

On peut d’ores et déjà mesurer certaines incohérences de cette politique. En application des décisions du « Petit Groupe », la France a repris l’habitude de l’équipe du président Hollande de relayer à l’Onu les positions de ses employés de l’opposition syrienne (ceux qui se réclament du drapeau du mandat français sur la Syrie [7]). Mais les temps ont changé. La lettre de l’actuel président de la « Commission syrienne de négociation », Nasr al-Hariri, transmise au nom de la France au Conseil de sécurité injurie non seulement la Syrie, mais aussi la Russie [8]. Elle accuse l’une des deux principales puissances militaires au monde [9] de perpétrer des crimes contre l’Humanité ce qui contrevient à la position « médiatrice » d’un membre permanent du Conseil. Si Moscou a préféré ignorer cet écart de langage, Damas y a sèchement répondu [10].

En définitive, la politique d’Emmanuel Macron ne diffère guère de celles de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, même si, du fait de la présence de Donald Trump à la Maison-Blanche, elle s’appuie plus sur le Royaume-Uni que sur les États-Unis. L’Élysée poursuit l’idée d’un relèvement économique pour ses multinationales non pas en France, mais dans son ancien Empire colonial. Il s’agit des mêmes choix que ceux du socialiste Guy Mollet, un des fondateurs du Groupe de Bilderberg [11]. En 1956, le président du Conseil français fit alliance avec Londres et Tel-Aviv pour conserver ses parts dans le Canal de Suez nationalisé par le président Gamal Abdel Nasser. Il proposa à son homologue britannique, Anthony Eden, que la France intègre le Commonwealth, qu’elle fasse allégeance à la Couronne, et que les Français adoptent le même statut de citoyenneté que les Irlandais du Nord [12]. Ce projet d’abandon de la République et d’intégration de la France au sein du Royaume-Uni sous l’autorité de la reine Élisabeth II ne fut jamais discuté publiquement.

Peu importent l’idéal d’égalité en Droit exposé en 1789 et le rejet du colonialisme exprimé par le Peuple français face au coup d’État avorté de 1961 [13], aux yeux du Pouvoir, la politique étrangère ne ressort pas de la démocratie.

[1] « De la Fondation Saint-Simon à Emmanuel Macron », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 16 avril 2017.
[2] « L’"Entente cordiale" franco-britannique », par Thierry Meyssan, Al-Watan (Syrie) , Réseau Voltaire, 30 janvier 2018.
[3] « Syrieleaks : un câble diplomatique britannique dévoile la "stratégie occidentale" », par Richard Labévière, Observatoire géostratégique, Proche&Moyen-Orient.ch, 17 février 2018.
[4] C’est également le cas du Japon.
[5] Jean-David Levitte, alias « Diplomator », fut représentant permanent de la France aux Nations unies à New York (2000-02), puis ambassadeur à Washington (2002-07).
[6] D’un point de vue britannique, les accords Sykes-Picot-Sazonov de 1916 ne sont pas un partage équitable du monde entre les trois empires, mais une concession du Royaume-Uni pour s’assurer le soutien de la France et de la Russie (Triple Entente) contre le Reich allemand, l’Autriche-Hongrie et l’Italie (Triplice).
[7] « La France à la recherche de son ancien mandat en Syrie », par Sarkis Tsaturyan, Traduction Avic, Oriental Review (Russie), Réseau Voltaire, 6 octobre 2015. En 1932, la France octroie à la Syrie mandataire un nouveau drapeau. Il est composé de trois bandes horizontales représentant les dynasties Fatimides (vert), Omeyyades (blanc) et Abbasides (noir), symboles des musulmans chiites pour la première et sunnites pour les deux suivantes. Les trois étoiles rouges représentent les trois minorités chrétienne, druze et alaouite. Ce drapeau restera en vigueur au début de la République arabe syrienne et reviendra, en 2011, avec l’Armée syrienne libre.
[8] « Accusation de la Syrie et de la Russie par la France », par François Delattre, Réseau Voltaire, 9 février 2018.
[9] « Le nouvel arsenal nucléaire russe rétablit la bipolarité du monde », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 6 mars 2018.
[10] « Réponse de la Syrie à la France », par Bachar Ja’afari, Réseau Voltaire, 28 février 2018.
[11] « Ce que vous ignorez sur le Groupe de Bilderberg », par Thierry Meyssan, Komsomolskaïa Pravda (Russie) , Réseau Voltaire, 9 avril 2011.
[12] “When Britain and France nearly married”, Mike Thomson, BBC, January 15, 2007. « Frangland ? UK documents say France proposed a union with Britain in 1950s : LONDON : Would France have been better off under Queen Elizabeth II ? », Associated Press, January 15, 2007. Guy Mollet ne reprenait pas là la proposition d’Union franco-britannique, formulée par Winston Churchill et Anthony Eden en 1940, de fusion provisoire des deux nations après la défaite française pour lutter face au Reich nazi. Il s’inspirait en fait, dans le contexte de la crise de Suez et l’espoir de sauver l’Empire français, de la proposition d’Ernest Bevin onze ans plus tôt de créer un troisième bloc face aux USA et à l’URSS, en joignant les empires britannique, français et néerlandais au sein d’une Union occidentale. Ce projet fut abandonné par Londres au profit de la CECA (ancêtre de l’Union européenne) au plan économique et de l’Otan au plan militaire.
[13] En 1961, un coup d’État militaire, organisé en sous-main par l’Otan, tenta de renverser le général-président Charles De Gaulle et de maintenir la politique coloniale française. Massivement, les Français refusèrent de s’y rallier. « Quand le stay-behind voulait remplacer De Gaulle »
2011-2018 : l'évolution de la position française dans le dossier syrien
2011-2018 : l'évolution de la position française dans le dossier syrien© Philippe Wojazer Source: AFP
Emmanuel Macron et François Hollande le 13 novembre 2017, à Paris (illustration)

Alors que le 15 mars marque le sinistre septième anniversaire d'un conflit qui ravage la Syrie, la diplomatie française affiche une position plus contrastée qu'en 2011. Sept années d'hésitations et de revirements.

Le conflit syrien, qui a débuté en mars 2011, entre dans sa huitième année. En sept ans, la position française a été marquée par différentes étapes dans une évolution non-linéaire. Outre les revirements qu'a pu opérer le Quai d'Orsay, notamment concernant l'avenir de Bachar el-Assad, l'analyse française de la situation sur le terrain demeure toutefois inchangée dans ses grandes lignes.

  • Une analyse du conflit qui n'a pas changé

François Hollande et Emmanuel Macron ont un point commun : leur analyse des forces en présence sur le terrain. D'un côté, Bachar el-Assad, un «dictateur» qui veut «liquider son peuple», selon l'ex-président socialiste, interrogé lors d'une conférence de presse en 2013 en marge du G20. Pour Emmanuel Macron, le président syrien reste bel et bien «l'ennemi du peuple syrien».

En face, les groupes rebelles gravitant dans la nébuleuse djihadiste «méritent» tout le soutien de la France, selon les mots de François Hollande dans une interview au Monde d'août 2014. Dès 2012, Paris décidait d'ailleurs de leur livrer des armes, violant ainsi l'embargo européen décrété sur la Syrie dès la fin 2012, alors que les doutes s'accroissaient quant à leurs actions et quant à leurs liens avec des acteurs terroristes. La France a néanmoins toujours maintenu son cap et sa confiance en l'existence de «rebelles modérés» avec qui le dialogue serait possible et souhaitable. En décembre 2017, accusé par Bachar el-Assad de soutenir le terrorisme par le biais de son soutien aux rebelles, Emmanuel Macron dénonçait des propos «inacceptables»

  • Le départ de Bachar el-Assad comme préalable

François Hollande a longtemps fait du départ de Bachar el-Assad un préalable à la résolution du conflit syrien. Il déclarait ainsi en novembre 2015 à Moscou que le président syrien n'avait «pas sa place dans l'avenir de la Syrie», tout en appelant à la construction d'un «gouvernement d'union indépendant pour le temps de la transition».

Changement de ton de l'exécutif français avec Emmanuel Macron, qui, désormais président, détaille dans un entretien à plusieurs médias européens le 21 juin 2017 : «Je n'ai pas énoncé que la destitution de Bachar el-Assad était un préalable à tout. Car personne ne m'a présenté son successeur légitime !» Prenant exemple sur la guerre américaine en Irak et l'intervention française en Libye, qui ont débouché sur «des Etats faillis dans lesquels prospèrent les groupes terroristes», le chef de l'Etat ajoutait : «Je ne veux pas de cela en Syrie», confirmant sa volonté de hiérarchiser «les priorités et les combats»

Si cette ligne est certes nouvelle par rapport à celle de son prédécesseur, elle diffère également de sa propre position telle qu'il l'avait formulée en avril 2017 sur le plateau de L'Emission politique. Il déclarait alors souhaiter «une intervention militaire» contre Bachar el-Assad «dans le cadre d'un mandat de l'ONU», après l'attaque chimique présumée à Khan Cheikhoun.

  • La «ligne rouge» sur les armes chimiques

François Hollande, comme son homologue américain Barack Obama, avait tracé une «ligne rouge» : l'utilisation d'armes chimiques par l'armée syrienne. Dans le cadre d'une coopération avec les Etats-Unis, il envisageait alors des frappes ciblées. En avril 2013, le président américain affirmait d'ailleurs détenir des preuves de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. François Hollande se tenait alors prêt à intervenir et attendait l'aval des Etats-Unis... qui n'est jamais arrivé, Barack Obama se ravisant – ce que regrette encore aujourd'hui François Hollande.

Emmanuel Macron a retenu la leçon et précise désormais que la France frapperait «seule» si des preuves d'utilisation d'armes chimiques en Syrie venaient à être démontrées. «Quand vous fixez des lignes rouges, si vous ne savez pas les faire respecter, vous décidez d'être faible. Ce n'est pas mon choix», explicite-t-il ainsi en juin 2017, profitant de l'occasion pour tacler son prédécesseur.

  • La Russie, le problème ou la solution ?

A l'issue d'un sommet européen en décembre 2016, François Hollande déclarait que la Russie cherchait dans le conflit syrien «l'écrasement de l'opposition» avec «une confusion toujours entretenue entre l'opposition et les groupes terroristes». Emmanuel Macron a une vision plus nuancée du rôle de la Russie. Pour le président français, les Russes, partie prenante au conflit, sont un élément de la solution. Au lieu d'une confrontation directe et ostentatoire, Emmanuel Macron semble désormais opter pour la négociation et espère notamment convaincre les Russes de ne plus apporter leur soutien aux actions menées par l'armée syrienne contre les rebelles dans la Ghouta orientale.

Alors que Vladimir Poutine avait annulé sa venue en France en octobre 2015, à la suite des propos que François Hollande avait tenus à son encontre, il a été reçu en grande pompe par Emmanuel Macron à Versailles en mai 2017. En retour, le chef de l'Etat français se rendra, à l'invitation de Vladimir Poutine, à Saint-Pétersbourg en mai 2018 à l'occasion du Forum économique qui doit s'y tenir.

Lire aussi : Syrie, sept ans plus tard : histoire d'un fiasco occidental

Urgent:
Orlov: «Les gens sont fatigués de cette tension artificielle entre la France et la Russie»
© Sputnik.

Points de vue

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Dix mois après la rencontre à Versailles entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron, le «Dialogue de Trianon» œuvre lentement, mais sûrement au renouveau des relations franco-russes. Entretien avec l’un de ses dirigeants, l’ambassadeur Alexandre Orlov, à l'occasion des premiers rendez-vous du Dialogue.

Les relations franco-russes ne sont pas au beau fixe. Pas un jour ne passe sans quelques propos désobligeants à l'encontre de la Russie dans les médias français. Pas plus tard qu'hier soir —le 13 mars, donc-, un documentaire d'Arte ciblait évidemment RT & Sputnik. Rien de très original jusque-là, alors contre mauvaise fortune, faisons bon cœur, car quelques bonnes nouvelles semblent poindre à l'horizon.

Et pour les aborder, nous recevons Alexandre Orlov. Ambassadeur de Russie en France pendant 10 ans, il est désormais Secrétaire général exécutif du Dialogue de Trianon. Car en mai 2017, Emmanuel Macron, à peine élu, recevait Vladimir Poutine à Versailles: «Nous avons partagé le souhait de créer un échange plus intense, plus transparent, entre nos sociétés civiles,» déclarait le Président de la République, tandis que son homologue russe répondait «nous sommes d'accord sur le besoin d'intensifier les échanges entre nos jeunesses».
Était donc lancé le «Dialogue de Trianon», véritable renouveau des relations interculturelles franco-russes. Dix mois plus tard, les premières initiatives apparaissent. Qu'en espérer? Vont-elles révolutionner les douloureuses/chaotiques/complexes relations franco-russes?

«J'ai assisté à cette rencontre [entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron, ndlr] que j'ai préparée, j'étais encore Ambassadeur à cette époque. Je me souviens très bien de la proposition d'Emmanuel Macron, s'inspirant un peu de l'exemple du dialogue de Pétersbourg qui existe depuis plus de vingt ans avec l'Allemagne. Il a dit vouloir aussi créer un forum pour la société civile, pour inviter la population à participer de façon plus active à la construction d'une relation bilatérale.»

François Hollande Vs Emmanuel Macron?

«C'est un vrai pas en avant, de vraies relations de confiance. La confiance, ça se construit à travers les échanges, à tous les niveaux. Pendant longtemps, un certain défaut de nos relations bilatérales était qu'elles se développaient au niveau politique au plus haut niveau, mais la société civile ne suivait pas. C'est pour ça que nous devons donner à nos relations bilatérales une dimension plus large. C'est ça le sens profond de cette initiative qui été entreprise par nos deux Présidents.»  

 

Un renouveau des relations franco-russes ? Entretien avec l'ambassadeur A.Orlov, dirigeant du Dialogue de Trianon : https://youtu.be/R9sIAMJXU7o

«Le Dialogue de Trianon est complètement biculturel: il y a deux coprésidents […] deux comités de coordination de quinze personnes de chaque côté, et deux secrétaires généraux exécutifs qui animent le travail de ces secrétariats —moi du côté russe et mon ami, le préfet Christian Leyrit. Nous travaillons vraiment dans une symbiose parfaite, on se voit souvent et on se téléphone souvent. Il y a vraiment la règle du consensus: tout ce que nous faisons, nous le faisons ensemble en tenant compte des intérêts et des propositions. […]

Chaque pays finance lui-même le fonctionnement de son secrétariat, ce sont des sommes plus ou moins comparables, puisque nous faisons la même chose. C'est de l'ordre de 2 millions d'euros, ce sont des frais de fonctionnement. Nous avons un programme très riche d'événements, nous faisons largement appel à des dons privés pour financer ces événements.

[…] La force du Dialogue de Trianon par rapport [aux autres organisations] est que nous avons l'appui de deux Présidents, ce qui nous donne des moyens supplémentaires, financiers, mais surtout administratifs, pour réaliser les projets. Nous allons rencontrer les deux Présidents à Saint-Pétersbourg, au mois de mai.»

Echanger sur «la ville du futur»

«Nous avons choisi "la ville du futur" [comme thème pour cette première année, ndlr]. On pourrait dire que la société civile est née dans les villes, au Moyen-âge. Le thème est la ville du futur sous tous ses aspects —pas seulement urbanistique, même si l'architecture prend une place importante-, mais aussi l'économie, la mobilité, l'école, la démocratie locale, la culture, l'éducation. […] Nous travaillons beaucoup avec la France pour la construction des villes en Russie. La société Arep a gagné le concours pour Skolkovo, un "cluster" technologique a la sortie de Moscou. Ce bureau participe à la rénovation du quartier Koulmiki,construit dans les années 60. Jean-Michel Wilmotte travaille beaucoup à Moscou. L'ancien ministre de la Ville Maurice Leroy est conseiller du maire de Moscou pour la construction du grand Moscou. Nous sommes deux peuples très créatifs, il y a toujours des idées intéressantes à emprunter l'un chez l'autre.»

L'Université au programme de l'année prochaine

«Je voudrais surtout développer les échanges scolaires: c'est à l'école que l'enfant se révèle au monde, c'est là qu'il doit avoir le premier intérêt pour tel ou tel pays, pour une langue étrangère. Il faut commencer à l'école primaire, CM1/CM2. Chaque année, il y a à peu près 800 élèves français qui vont à Moscou en échange scolaire. C'est déjà pas mal, mais on peut faire beaucoup plus. Je propose que sur cette plateforme numérique, la liste de toutes les écoles russes où on apprend le Français soit publiée [et réciproquement], pour qu'ils puissent choisir leur partenaire, et après à nous, dialogue de Trianon, d'aider à monter ces échanges.

Nous pensons que pour l'année 2019, le grand sujet sera l'université de demain, les échanges universitaires. Nous sommes en train de créer un réseau d'universités franco-russes, les liens entre universités avec des doubles diplômes, des échanges de professeurs. […] Nous allons présenter notre premier rapport d'activité et entendre les souhaits et propositions des présidents. Nous allons aussi effectuer enquêtes d'opinion pour voir un peu la perception des Français de la Russie, et de la France par les Russes, pour voir quelles lacunes combler. Hélas, les Français sont peu nombreux à aller en Russie pour connaître ce pays.»La Russie exclue de l'Europe?

«La Russie fait partie de l'Europe, mais c'est [le fait que 65% des Français pensent que la Russie n'est pas européenne, ndlr] le résultat de cette campagne constante dans les médias français, qui veut mettre la Russie en dehors de l'Europe, et le manque d'informations sur la Russie dans les programmes scolaires. Tout ce qu'on apprend [aux jeunes, ndlr], c'est la révolution bolchevique et la Guerre froide. L'un des objectifs du Dialogue de Trianon, c'est justement de permettre à des Français et Russes à se réconcilier avec leur histoire réciproque, et voyager, découvrir nos deux pays. Se faire sa propre opinion sur ce pays.»Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur et si Alexandre Orlov n'est que le Pseudo d'un Troll, alors cet article ne nous concerne pas.

US-Russie : la guerre est-elle inévitable ?

Alors que les tensions entre les États-Unis et la Russie ont augmenté, des changements fondamentaux dans l’environnement militaro-technologique menacent d’éroder la stabilité stratégique entre les deux pays.

Richard Fontaine,
Alexander Velez-Green – Le 25 février 2018  – Source Strategic Culture

Pendant près de vingt ans après la fin de la guerre froide, la confrontation militaire entre les États-Unis et la Fédération de Russie semblait improbable. Même pendant les périodes de tension, comme lors de la crise du Kosovo à la fin des années 1990, peu de gens pensaient qu’un désaccord entre Washington et Moscou pouvait entraîner une crise grave, encore moins une guerre.

Cependant, avant la fin de la première décennie du nouveau siècle, les autorités russes accusaient les États-Unis de s’employer à isoler la Russie. Ces appréhensions ont régulièrement augmenté en Russie dans les années qui ont suivi. Dans le même temps, le comportement russe, y compris les interventions en Ukraine et en Syrie, les positions militaires et le harcèlement en Europe et l’ingérence [selon les services de renseignements US, NdT] dans les élections occidentales ont amené de nombreux Américains à conclure que le conflit américano-russe est loin d’être inévitable, le risque d’une telle confrontation augmente.

Même si les tensions entre les États-Unis et la Russie ont augmenté, des changements fondamentaux dans l’environnement militaro-technologique menacent d’éroder la stabilité stratégique entre les deux pays. Dans les années à venir, la dépendance des deux parties vis-à-vis des technologies de l’information, couplée aux perceptions d’un moindre risque avec des attaques non explosives et non-létales, crée de nouvelles incitations à utiliser les armes cybernétiques et/ou anti satellites au début d’une crise.  En même temps, l’avènement de nouveaux systèmes militaires – cybernétiques, spatiaux, missiles de précision, défense antimissile et systèmes militaires autonomes – pourrait faire perdre confiance à l’un ou aux deux pays dans leurs capacités de seconde frappe nucléaire, érodant ainsi la stabilité stratégique assurée par une destruction mutuellement assurée.

Washington et Moscou ont des points de vue divergents – et, dans certains cas, directement opposés – de l’environnement de sécurité international. Alors que les dirigeants russes voient leur comportement comme fondamentalement défensif, les États-Unis et l’Otan perçoivent, dans la Russie, un acteur revanchard qui veut réimposer sa volonté en Europe de l’Est et en Asie centrale.

Le gouvernement russe considère les États-Unis et l’Otan comme les menaces les plus sérieuses à la sécurité nationale russe. De leur point de vue, les États-Unis ont l’intention de rester le seul pouvoir hégémonique du monde et, en tant que tel, ne veulent pas tolérer une Russie forte qui jouit de sa propre sphère d’influence. Moscou s’est prononcée contre les efforts américains et européens pour encercler la Fédération de Russie en intégrant les anciennes républiques soviétiques dans des institutions occidentales comme l’Otan et l’Union européenne. Les autorités russes condamnent en outre l’utilisation prétendue (sic) par les États-Unis des révolutions colorées ou, comme Moscou les caractériserait, le parrainage de coups d’État sous couvert de promotion de la démocratie, pour installer des affidés dans l’étranger proche de la Russie. Les analystes russes affirment que les États-Unis et l’Otan utilisent une variété d’outils politiques, économiques et informationnels pour pénétrer et perturber la société russe elle-même. En réponse à ces menaces, la Russie a entrepris un important effort de modernisation militaire et a utilisé une rhétorique et des opérations militaires plus agressives, une coercition et des incitations économiques et des opérations d’information pour contrer l’expansionnisme supposé (sic) des États-Unis et de l’Otan.

Les points de vue de Washington et de l’Europe diffèrent nettement. Dans l’évaluation des États-Unis et de l’Otan, le Kremlin semble vouloir rétablir une zone tampon d’États conformes, ou clients, dans son étranger proche autoproclamé (sic). Les responsables occidentaux condamnent les violations du droit et des normes internationales par la Russie en recourant à la force contre l’Ukraine, en changeant les frontières de l’Europe par la violence, en violant les accords de contrôle des armes et en cherchant à saper les élections démocratiques occidentales. Ils sont également préoccupés par la modernisation de l’armée russe qui, associée à l’intensification des exercices militaires, des activités et de la rhétorique belliqueuse, est considérée comme une menace directe pour la sécurité de l’Otan. Les États-Unis et leurs alliés ont réagi à l’agression russe perçue en renforçant la position de dissuasion de l’Otan, et ont tenu des discussions de plus en plus franches sur le rôle central de l’Otan pour vaincre une attaque russe.

Les relations entre les États-Unis et la Russie dans les années à venir prendront l’une des trois formes suivantes : rapprochement stratégique, intensification de la concurrence militaire ou concurrence contrôlée. Bien qu’un rapprochement à long terme ne puisse être exclu – il s’agit en fait d’un objectif valable à (très) long terme – viser à obtenir, à court-terme, un tel résultat, ou même une autre tentative de réinitialisation (ou de re-réinitialisation) conduirait probablement à une déception rapide. Cette réalité n’élimine pas la possibilité de poursuivre des intérêts communs sur des questions telles que la non-prolifération nucléaire, le contre-terrorisme et le narcotrafic. Pourtant, les États-Unis et la Russie doivent faire un effort pour comprendre l’idée qu’il existe un réel potentiel de disputes politiques pouvant aboutir à une crise, et pour une crise d’aboutir à un conflit.

Dans le même temps, les forces nucléaires russes vont, dans un avenir prévisible, lui permettre de détruire les États-Unis en tant que société qui fonctionne. Par conséquent, aussi désagréable que puisse être le fait de travailler avec la Russie, l’alternative d’une confrontation à pleine échelle poserait des risques inacceptables et inutiles aux États-Unis. Cela dit, il ne faut pas faire preuve d’un optimisme débridé. Les dirigeants russes sont engagés dans des efforts continus pour saper les alliances, les processus démocratiques et le rôle mondial de l’Amérique. Un changement dans cette approche stratégique semble hautement improbable et, par conséquent, la compétition entre les États-Unis et la Russie est le moyen le plus probable d’éviter une confrontation pure et simple. Le défi est donc de tracer une voie équilibrée qui reconnaîtra la véritable compétition et le potentiel de conflit, tout en permettant une coopération prudente et une amélioration des relations lorsque cela est possible.

Les États-Unis et la Russie avancent chacun vers une gamme de technologies militaires avancées pour renforcer leurs positions militaires conventionnelles respectives en Europe (et dans le Pacifique occidental, dans le cas des États-Unis). Les investissements prioritaires pour les deux parties concernent de nouveaux systèmes d’armes cybernétiques, spatiales, de frappe non nucléaire à  longue portée, de défense anti-missile et de systèmes d’armes autonomes. Les stratèges russes qui écrivent dans Military Thought, le journal interne de l’état-major russe, notent à juste titre que ces technologies sont susceptibles d’augmenter considérablement le rythme des engagements militaires. L’incertitude sur les effets de ces systèmes augmentera également le risque d’erreur de calcul ou de malentendu. Ces facteurs, à la fois seuls et en interaction, pourraient conduire vers des pentes glissantes d’escalade rapide de la crise vers le conflit, en particulier dans le cyberespace et l’espace.

Lorsque n'importe quel utilisateur du système d'exploitation Windows - créé en 1985 - peut constater après 30 ans de tests auprès de centaines de millions d'utilisateurs, qu'il doit encore régulièrement apporter des mises à jour pour garantir la fiabilité et la sécurité du logiciel [les versions successives s'empilant toujours sur les précédentes, les performances globales restant malgré tout identiques grâce à l'augmentation de la puissance du matériel - unité centrale mémoire et périphériques - avec des améliorations mineures ne touchant pas au cœur du système, et c'est bien là le problème de la rente de situation], il est logique de supposer que tous les systèmes militaires modernes, entièrement dépendants de logiciels en temps réel au moins aussi sophistiqués que Windows, sont soumis aux mêmes aléas de fiabilité. Dans un même ordre d'idée, il n'est qu'à constater les déboires de l'avion F35, développé depuis 1996 - 22 ans - artefact technologique post-moderne, mythique et furtif au point de ne pas exister [opérationnellement]. C'est pourquoi nous ne croyons pas sérieusement à toutes ces gesticulations pseudo-scientifiques destinées à impressionner (effrayer) le commun des mortels et à vénérer les miracles de la science et ses prêtres. Après quelques escarmouches foireuses de matériels hyper sophistiqués et bugués. La prochaine der des der se fera à la baïonnette, ça limitera le nombre de volontaires... et de victimes. Prémices dans les tranchées de Douaumont, les ruines de Stalingrad ou d'Alep.

Les armées américaines et russes dépendent de plus en plus des technologies de l’information en réseau, et toutes deux se sont lancées dans d’ambitieux programmes cyber-offensifs. En raison de la fragilité des cyber-armes – une fois qu’une arme est révélée en détail, l’adversaire peut façonner des défenses efficaces – il existe une prime énorme au secret concernant les kits d’outils informatiques des deux États. En conséquence, beaucoup d’incertitude entoure les capacités de chaque partie. Malgré tout, un rapport 2013 du Conseil des sciences de la défense a donné un aperçu de l’impact potentiel des cyber-armes : « Les avantages pour un attaquant utilisant des cyber-armes sont potentiellement spectaculaires. » Des dynamiques similaires s’obtiennent dans le domaine spatial. Les États-Unis comptent beaucoup sur des satellites militaires vulnérables pour un grand nombre de fonctions militaires critiques. La Fédération de Russie le fait aussi, mais dans une moindre mesure. En même temps, les deux parties possèdent des capacités antisatellites inhérentes (ASAT) dans leurs intercepteurs de défense antimissile balistique et développent d’autres armes ASAT, telles que des satellites co-orbitaux, des missiles, des armes à énergie dirigée [laser] et des cyberattaques.

Cinq facteurs spécifiques pourraient conduire à une escalade rapide et involontaire dans le cyberespace et l’espace extra-atmosphérique.

Premièrement, les États-Unis et la Russie seront vraisemblablement fortement incités à utiliser les attaques cybernétiques et spatiales au début d’une crise ou d’un conflit futur. Ces capacités pourraient offrir – ou sembler offrir − une occasion de dégrader rapidement les systèmes d’information d’un adversaire au début d’un conflit, conférant ainsi un avantage significatif au premier. En effet, les stratèges russes ont clairement indiqué dans leur évaluation que saisir l’initiative dans le domaine de l’information serait la clé de la victoire dans les guerres futures. De plus, Washington et Moscou peuvent considérer que l’utilisation d’armes cybernétiques et non-explosives (cinétiques) est moins agressif dans l’escalade que celle des armes explosives, puisqu’elles peuvent être employées de manière non létale, non physiquement destructrice avec des effets  réversibles. Cette évaluation est également reflétée dans les écrits doctrinaux russes. Les stratèges russes qualifient les ASAT et les cyber-armes d’outils de dissuasion optimaux, car ils peuvent être utilisés pour détruire les infrastructures ennemies sans infliger de lourdes pertes civiles.

Deuxièmement, les attaques cybernétiques spatiales conçues pour être hautement précises contre les cibles militaires peuvent se répercuter sur une infrastructure critique essentielle pour un vaste pan de la société et de l’économie − réseaux électriques ou satellites commerciaux. Si cela se produisait, une attaque destinée à être précise et limitée aux objectifs militaires pourrait entraîner la perte généralisée de l’énergie électrique, de l’eau ou d’autres services essentiels, entraînant des perturbations économiques et des pertes potentielles de vies humaines. Le camp attaqué pourrait se sentir obligé de réagir au moins à proportion. Alternativement, un cycle de réponse du tac-au-tac peut se produire, car une partie pourrait croire qu’elle peut obtenir un avantage coercitif en démontrant intentionnellement sa capacité à poser des risques à l’infrastructure critique de l’autre par une combinaison d’attaques cybernétiques, anti-satellite et peut-être de sabotage. D’éminents stratèges russes approuvent ce point de vue, arguant que les attaques contre des cibles socio-économiques peuvent effrayer une population au point qu’elle abandonne son effort de guerre contre la Russie. Pourtant, de telles frappes de représailles pourraient conduire à des conflits majeurs et même, dans un scénario extrême, à une guerre nucléaire.

Troisièmement, les attaques visant à cibler des systèmes non nucléaires (y compris mais sans s’y limiter les cyberattaques et attaques spatiales) pourraient involontairement empiéter sur les systèmes nucléaires et être mal interprétées comme un geste d’escalade beaucoup plus fort. Par exemple, certains biens spatiaux appuient à la fois des missions classiques et nucléaires − en particulier dans le cas des États-Unis − et des missions de théâtre d’opération et stratégiques. De plus, de nombreux éléments terrestres des systèmes de commande, de contrôle et de communication des États-Unis, ainsi que des systèmes de frappe à longue portée sont à double usage et il peut y avoir co-implantation de systèmes conventionnels et nucléaires dans chaque camp. Les attaques cybernétiques ou spatiales sur ces systèmes pourraient donc impliquer des systèmes nucléaires, augmentant le potentiel d’escalade accidentelle.

Quatrièmement, dans la mesure où la précision des attaques initiales de l’agresseur sur le cyberespace et l’espace a réussi à neutraliser une partie de l’armée adverse, le côté attaqué craindrait de nouvelles attaques affaiblissantes, et pourrait s’inquiéter de devoir choisir entre utiliser ou perdre ses capacités d’attaque au niveau stratégique, y compris non seulement le cyberespace et l’espace, mais aussi les capacités de frappe à longue portée. À l’extrême, il peut avoir l’impression que ses capacités conventionnelles sont tellement affaiblies qu’il envisagerait l’utilisation d’armes nucléaires. De même, les forces nucléaires utilisent des ressources informatiques et spatiales pour les alertes et les communications. En conséquence, une attaque cybernétique ou spatiale pourrait soulever des considérations sur la nécessité d’utiliser ou de voir perdus ses moyens nucléaires au début d’une crise.

Les stratèges russes sont particulièrement conscients de ces dynamiques et reconnaissent qu’un conflit prolongé forcera probablement les deux parties à monter dans l’échelle de l’escalade. Pour éviter ce résultat, un certain nombre de théoriciens militaires russes plaident pour l’utilisation de frappes préemptives défensives – en particulier en utilisant des capacités non nucléaires − sur les cibles militaires et/ou socio-économiques de l’ennemi. Certains suggèrent que ces frappes pourraient dégrader les capacités de projection de force de l’adversaire, de sorte que la Russie pourrait éviter d’être forcée dans une situation où elle devrait utiliser ou perdre ses actifs de niveau stratégique en premier lieu. D’autres disent – comme mentionné précédemment – que des frappes préventives taillées sur mesure pourraient décourager l’agression en montrant aux décideurs politiques et au public que les coûts d’une attaque ou d’une escalade de la confrontation militaire avec la Russie l’emporteraient sur les avantages.

Cinquièmement, une escalade non voulue pourrait résulter d’une opération de faux-drapeau organisée par un tiers, ou une erreur accidentelle dans un système clé, en pleine crise, telle qu’une défaillance interne dans le système de commande et de contrôle d’une des parties ou celle engendrée par des causes naturelles (par exemple, une éruption solaire ou une surtension électrique) qui pourrait être interprétée de l’autre côté comme un acte intentionnel. En outre, la diffusion de cyber-capacités offensives pourrait permettre à des puissances plus petites ou à des acteurs non étatiques de provoquer un conflit, par exemple, en menant une opération numérique sous faux drapeaux conçue pour déclencher une crise. Même quand un conflit a commencé, ils pourraient utiliser leurs propres capacités pour étendre la portée ou l’ampleur du conflit.

La possibilité d’une escalade vers une guerre à grande échelle découlant, même par inadvertance, de conflits ou de tensions d’ordre inférieur a longtemps été examinée dans le contexte des États-Unis et de la Russie. Mais l’objection ici est que les progrès technologiques, leur intégration dans les procédures militaires et les doctrines des deux côtés, et les manières souvent inattendues dans lesquelles ces intégrations peuvent interagir accroissent ensemble la possibilité d’une escalade accidentelle, rapide et dramatique en cas de crise ou de conflit entre les États-Unis et la Russie.

La stabilité stratégique entre les États-Unis et la Russie a longtemps reposé sur la confiance, de chaque côté, dans le fait qu’il pourrait encaisser une première frappe nucléaire et ensuite déclencher une deuxième frappe nucléaire dévastatrice. Cette confiance est cependant mise à l’épreuve par le déploiement de nouveaux systèmes militaires. Au fur et à mesure que ces capacités évoluent, chaque partie craint de plus en plus que l’autre partie utilise ces capacités (avec ou sans armes nucléaires) pour tenter de neutraliser ses capacités nucléaires de seconde frappe, évitant ainsi une destruction mutuellement assurée.

Les armes cybernétiques pourraient être utilisées contre des armes nucléaires vulnérables, des missiles, des systèmes de commandement, de contrôle et de communication (NC3). La vulnérabilité potentielle de ces systèmes, en particulier lorsque les capacités cyber-offensives des deux pays arrivent à maturité, peut exacerber les craintes de chaque partie quant à la vulnérabilité de sa dissuasion nucléaire à l’attaque préventive potentielle de l’autre partie. Par exemple, si une cyberattaque du type précédent pouvait retarder la décision de l’autre partie de donner l’ordre d’exécuter une frappe nucléaire même pendant trente minutes, cela pourrait potentiellement nuire à sa capacité de lancer ses missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) attaqués, augmentant le risque de destruction pour ces ICBM et restreignant les options de réponse potentielles pour la victime. Dans une crise future, où l’une des parties penserait que l’autre est capable et disposée à lancer une telle attaque, elle pourrait considérer avoir très peu de temps pour prendre une décision et pourrait utiliser des capacités cybernétiques ou autres (par exemple armes nucléaires ou non nucléaires) préemptivement ou de façon plus extensive que nécessaire.

Les attaques dans l’espace posent également de sérieux risques d’escalade compte tenu de l’importance des systèmes spatiaux pour les opérations nucléaires, en particulier pour les États-Unis. Il semble actuellement peu probable que l’une ou l’autre partie puisse avoir un impact important sur les capacités de deuxième frappe de l’autre par des attaques spatiales, et les rapports non classifiés suggèrent que ni les États-Unis ni la Russie n’ont une capacité de frappe spatiale robuste. De plus, même s’ils pouvaient perturber ou détruire des éléments clés de l’architecture spatiale de l’autre partie, chaque partie dispose de radars au sol pour soutenir les alertes précoces et les communications terrestres et/ou aériennes importantes pour assurer des communications sécurisées. Cependant, à mesure que les technologies ASAT s’améliorent – par exemple avec le déploiement d’intercepteurs spatiaux ou de systèmes laser – le risque qu’un adversaire utilise des opérations anti-satellites pour désactiver les systèmes de commandement et de communication (NC3) critiques, intentionnellement ou non, augmentera proportionnellement.

Les armes à longue portée non nucléaires pourraient également constituer une menace pour la stabilité stratégique. Aucune des deux parties n’a encore déployé des capacités de frappes rapides conventionnelles – Conventional-Prompt Global-Strike (CPGS) – soit avec des armes conventionnelles portées par des missiles balistiques à longue portée, soit des missiles de croisière hypersoniques – qui pourraient réellement menacer de désarmer la force de dissuasion stratégique de l’adversaire ou décapiter son réseau NC3. Cependant, la frappe de précision non nucléaire semble devoir devenir un problème de plus en plus grave avec le temps, pour deux raisons. Tout d’abord, on craint que le lancement d’un missile CPGS puisse être confondu avec le lancement d’un missile à ogive nucléaire, ce qui amène le camp qui craint une attaque à lancer des missiles à ogive nucléaire en réponse. Ensuite, les États-Unis et la Russie pourraient mettre au point et déployer un nombre suffisant d’armes CPGS hautement performantes pour mettre en péril la dissuasion nucléaire stratégique de l’autre partie. De nombreuses plateformes de lancement de missiles nucléaires, telles que les lanceurs ICBM routiers et ferroviaires, pourraient facilement être détruites par les forces conventionnelles si elles pouvaient être efficacement ciblées. En outre, les futurs systèmes CPGS, selon certains analystes russes et autres, pourraient finalement être capables de détruire des cibles encore plus défendues, telles que des silos ICBM durcis. Les défenses antimissiles pourraient balayer les forces de deuxième frappe résiduelles, à leur tour. La menace de contre-attaque posée par une combinaison de frappes non nucléaires de longue portée et de défenses antimissiles améliorées est une préoccupation prioritaire pour les officiels russes (et chinois).

De même que pour les missiles conventionnels à longue portée, ni les États-Unis ni la Russie ne disposent de systèmes anti-missiles suffisamment puissants ou extensifs pour empêcher l’autre partie d’être en mesure de mener une attaque nucléaire dévastatrice, y compris lors d’une deuxième frappe. Trois développements futurs possibles dans le domaine des défenses antimissiles pourraient toutefois compromettre la stabilité stratégique. Le premier est le déploiement d’un grand nombre d’intercepteurs à capacité cinétique [le projectile n’est pas explosif, il détruit avec son énergie cinétique par l’impact à grande vitesse] ou à ogive nucléaire, avec une capacité de détection, une vitesse hypersonique et d’autres caractéristiques requises pour engager des CPGS et des SLBM [missiles balistiques propulsés par sous-marins]. Le second est le déploiement d’intercepteurs cinétiques lancés depuis l’espace. Le troisième est le déploiement de systèmes laser pour la défense antimissile, qui semblent de plus en plus plausibles à mesure que des progrès sont réalisés dans les lasers à semi-conducteurs. Tous ces développements pourraient sérieusement menacer la viabilité de la capacité de seconde frappe d’une nation.

Enfin, l’avènement des systèmes autonomes et de l’intelligence artificielle pourrait permettre aux États de cibler de manière plus fiable les SLBM adverses et les ICBM mobiles. Dans la mesure où ces systèmes forment l’épine dorsale des forces nucléaires des États-Unis et de la Russie, respectivement, une telle percée constituerait une menace sérieuse pour les moyens de dissuasion nucléaires de l’un ou des deux camps. En fin de compte, cependant, il est très difficile dans un article non classifié d’évaluer la plausibilité des développements dans la guerre anti sous-marine stratégique ou la capacité de cibler les ICBM mobiles. Il est possible que les avancées dans l’analyse des données volumineuses (Big Data), par exemple, donnent lieu à une percée dans la guerre anti sous-marine et/ou dans le temps critique de ciblage des missiles mobiles. Même dans ce cas, cependant, c’est une chose de localiser un système, par exemple au milieu de l’océan Atlantique ou de la forêt sibérienne, c’est une autre chose de pouvoir délivrer une arme suffisamment destructrice et précise contre le système ciblé avant qu’il ne puisse tirer lui-même ou se cacher.

La stabilisation des relations entre les États-Unis et la Russie exige des actions sur chacune de ces voies en parallèle. Façonner et gérer la relation globale est fondamentalement important. Mais quel que soit le cours des relations entre les États-Unis et la Russie à l’avenir, il restera une possibilité (qui, selon nous, augmente au fil du temps) de glisser vers une crise et même un conflit armé. De plus, si une crise ou un conflit surviennent, il y a une possibilité (qui augmente également avec le temps) qu’une escalade vers une attaque stratégique puisse se produire. Les recommandations suivantes visent à gérer ces risques en contribuant au débat en cours sur les relations entre les États-Unis et la Russie et en guidant les actions affectant la posture nucléaire américaine, les défenses antimissiles balistiques, la cyberdéfense et la résilience spatiale. Les recommandations abordent également le rôle des États-Unis dans les relations Otan-Russie, qui revêtent une importance cruciale.

Pour protéger les intérêts américains face aux actions russes, l’administration Trump devrait commencer par formuler une politique claire à l’égard de la Russie, en étroite coordination avec les alliés du Congrès et de l’Otan. En l’absence d’une approche américaine cohérente, les dirigeants russes seront moins enclins à coopérer sur des intérêts communs, puisque les défenseurs russes de la coopération se demanderont si les États-Unis vont changer d’avis et les faire paraître naïfs. Les dirigeants russes sont également moins susceptibles d’être découragés, car les partisans d’une approche plus agressive peuvent arguer de manière crédible que la Russie devrait profiter de l’opportunité d’une période d’incohérence à Washington. Un autre aspect, d’une importance fondamentale, est qu’en l’absence d’une politique américaine claire, les dirigeants russes sont plus susceptibles de mal calculer la réaction des États-Unis en cas de crise et, si une crise survient, d’être plus susceptibles de mal communiquer.

Une politique US claire, par rapport à la Russie, devrait inclure des sanctions en réponse à l’annexion de la Crimée par la Russie, à son intervention militaire continue en Ukraine et à son ingérence dans les élections américaines et européennes. L’absence de coûts douloureux et durables inciterait Poutine et sa direction à conclure qu’ils n’ont guère à craindre de Washington et de ses alliés, tant qu’il y a la plus mince possibilité de déni. Dans le même temps, cependant, les États-Unis devraient préciser à Moscou quelles mesures ils peuvent prendre (ou éviter de prendre) au cours d’une période donnée pour obtenir un allégement des sanctions. Des sanctions inconditionnelles – ou mal conditionnées – laisseraient peu de motivation à la Russie pour modifier les comportements menaçants.

En outre, les États-Unis devraient réagir par des déploiements militaires à la violation par la Russie du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF). Cela devrait inclure le renforcement des capacités de frappe à longue portée non nucléaires de l’Amérique en Europe et le soutien des efforts de ses partenaires pour le faire également. Washington devrait également travailler avec les alliés de l’Otan pour continuer à améliorer les défenses antimissiles en Europe. Il devrait préciser que le déploiement de l’EPAA, ainsi que d’autres capacités de défense antimissile, contribuera à décourager l’utilisation de missiles par la Russie en Europe, tout en réaffirmant que les déploiements de l’EPAA en Roumanie et en Pologne seront toujours incapables d’engager des ICBM russes destinés aux États-Unis. La réponse américaine à la violation des INF par la Russie devrait inclure le déploiement du missile nucléaire d’attaque terrestre Tomahawk (TLAM-N), construit avec des caractéristiques furtives basées sur le missile de croisière nucléaire LRSO (Long Range Range). Ce suivi de TLAM-N comblera un vide dissuasif en ajoutant un dispositif de dissuasion nucléaire de théâtre crédible et capable de survivre qui complète les chasseurs-bombardiers à double capacité (potentiellement vulnérables aux attaques préventives sur les bases aériennes et aux défenses aériennes avancées) et les bombardiers à double capacité à longue portée (dont l’utilisation, en réponse à l’utilisation des armes nucléaires sur le théâtre d’opérations par la Russie, obligerait les États-Unis à être les premiers à s’engager dans des frappes nucléaires de pays à pays).

Enfin, les États-Unis devraient continuer à développer des zones de coopération avec la Russie. Washington aura besoin du soutien (ou de l’abstention) de la Russie pour d’autres sanctions imposées par le Conseil de sécurité des Nations Unies à la Corée du Nord et probablement d’autres menaces à la paix et à la sécurité internationales qui seront soumises au Conseil à l’avenir. Les deux pourraient coopérer de manière productive dans certaines régions de l’Arctique, dans des activités spatiales civiles, dans des négociations diplomatiques sur l’avenir de la Syrie et dans l’Initiative mondiale de lutte contre le terrorisme nucléaire, coprésidée par la Russie et les États-Unis. Même si les dirigeants américains continuent d’appuyer un programme modeste et positif, ils devraient accorder une plus grande priorité à la dissuasion des comportements répréhensibles et éviter une dérive vers la crise et les conflits.

Les États-Unis devraient prendre des mesures supplémentaires pour réduire les risques d’attaque cybernétique et dans l’espace qui pourraient déclencher une escalade rapide et incontrôlée. L’une des premières étapes devrait consister à définir les règles d’usage pour le cyberespace et l’espace extra-atmosphérique, non seulement en temps de paix, mais aussi en cas de crise et de conflit. Il devrait ensuite rechercher un consensus avec les principaux alliés et partenaires, avec lesquels une compréhension commune des lignes directrices privilégiées pour les activités offensives cybernétiques et dans l’espace reste absente. Armé d’un consensus allié, Washington devrait tester dans quelle mesure il est possible d’arriver à un point de vue commun avec Moscou (et, vraisemblablement séparément, avec Pékin). Même si les États-Unis et la Russie ne parviennent pas à un point de vue commun, des discussions bilatérales bien préparées concernant les règles du jeu dans le cyberespace et l’espace extra-atmosphérique aideraient à clarifier les différentes actions sur l’échelle de l’escalade, réduisant ainsi le risque que l’une ou l’autre partie prenne des actions considérées par l’autre comme extrêmement menaçantes.

Ensuite, après la fourniture d’un cadre dans un rapport du Groupe de travail du Defense Science Board sur la cyber-dissuasion, le Département de la défense (DOD) devrait renforcer la résilience du cyberespace et de l’espace pour les capacités militaires essentielles de trois façons. Premièrement, il devrait assurer la résilience de la triade nucléaire [terre, air, mer] dans le cyberespace et dans l’espace, ainsi que la fine ligne des systèmes NC3 qui le soutiennent, même dans un échange nucléaire. Deuxièmement, le DOD devrait assurer la résilience essentielle des équipements cybernétiques et de l’espace pour soutenir un sous-ensemble sélectionné mais important de capacités de frappe à longue portée non nucléaires, comme le nouveau bombardier B-21 et JASSM-ER et les sous-marins d’attaque équipés de missiles de croisière Tomahawk conventionnels. Le fait de posséder des possibilités de riposte non nucléaire, même après avoir résisté aux attaques cybernétiques et spatiales de l’autre partie, réduirait considérablement l’incitation à commettre une telle attaque, sans exiger que le président passe à une riposte nucléaire. Troisièmement, le DOD devrait veiller à ce que certaines capacité offensives cybernétiques (et, le cas échéant, offensives spatiales) soient très résistantes aux attaques équivalentes, de sorte que les États-Unis puissent répondre à une attaque limitée au cyberespace et à l’espace.

 

Les États-Unis devraient également améliorer la résilience numérique de leurs infrastructures critiques. Un effort national ciblé soutenu pendant de nombreuses années pourrait fondamentalement réduire la cyber-vulnérabilité des infrastructures critiques américaines, au moins essentielles, y compris le réseau électrique, les éléments clés du secteur financier, les réseaux d’eau et d’eaux usées et le système électoral. Il n’y aura pas de solution miracle, mais avec un fort leadership des secteurs public et privé, les États-Unis pourraient considérablement réduire les vulnérabilités numériques de certaines parties de leurs infrastructure critiques au cours des dix à vingt prochaines années. En s’attaquant à ces vulnérabilités, Washington peut réduire les incitations à l’attaque par la Russie et l’éventuel effet d’escalade.

En outre – et d’un point de vue critique – les États-Unis devraient rouvrir les voies diplomatiques et militaires de communication avec la Russie. Ces canaux sont essentiels pour réduire les risques de mauvaise communication et de conflit évitable. Nonobstant la difficulté actuelle des relations entre les États-Unis et la Russie, les États-Unis devraient œuvrer à la réouverture de ces voies, y compris entre les commandements militaires. Certaines mesures initiales – par exemple, la désescalade en Syrie – ont déjà eu lieu, mais il en faut beaucoup plus.

Justement parce que l’intégration d’une série de nouvelles technologies sape la stabilité stratégique, un programme intégré est nécessaire pour renforcer cette stabilité stratégique entre les États-Unis et la Russie dans les années et les décennies à venir. Ce programme doit tenir compte des changements dans les systèmes nucléaires et non nucléaires, ainsi que dans les stratégies nucléaires et non nucléaires.

Comme première étape d’un tel programme, les États-Unis devraient adopter une structure de forces stratégiques triade-plus. Cela signifie faire avancer le programme de modernisation des sous-marins stratégiques de classe Columbia, le programme de bombardiers à double capacité B-21 et le programme de missiles LRSO. Cela signifie également que, plutôt que de remplacer les ICBM Minuteman III dans les silos souterrains, les États-Unis devraient mettre au point un ICBM de remplacement nettement plus léger que le Minuteman III et déployer peut-être deux ou trois cents missiles dans les silos souterrains. Les États-Unis devraient également lancer un programme de recherche et de développement d’ICBM mobiles, y compris des prototypes, afin que les États-Unis puissent transférer des capacités à une force mobile ICBM en cas de percée russe dans la guerre anti sous-marine (ASW). Le remaniement d’une version furtive du TLAM-N permettrait également aux États-Unis de se prémunir contre les progrès de la Russie dans la guerre anti sous-marine.

Parallèlement, le DOD devrait remédier aux vulnérabilités des systèmes NC3 et revoir les postures de lancement sous attaque. Le DOD devrait d’abord investir pour s’assurer que ses forces nucléaires et NC3 sont très résistantes à un cyber-adversaire de premier plan. Ensuite, les dirigeants américains et russes doivent comprendre la réalité que leurs systèmes NC3 pourraient subir des dégradations en cas de crise ou de conflit – dont certains ne sont peut-être pas dus à des attaques de l’autre côté ; une tierce partie pourrait tenter une opération sous faux-drapeaux. Les accidents et les actes de la nature peuvent également causer des interruptions de service de certains systèmes. Les deux parties devraient s’assurer que leur planification et leurs exercices tiennent compte de tels événements. Enfin, les procédures américaine et russe de préparation au lancement des ICBM attaqués méritent un examen attentif, afin de minimiser le risque de lancement sous fausse alerte. Comment les deux parties peuvent ajuster leurs procédures à cet effet reste difficile à dire. Il est important de noter, cependant, que plus les États-Unis se couvrent par d’autres moyens (par exemple, TLAM-N et ICBMs mobiles) à l’avenir, moins il y aura de pression pour lancer des ICBM à la suite d’un avertissement d’attaque.

Puisque les États-Unis poursuivent un programme de modernisation nucléaire, ils devraient également développer et déployer des armes hypersoniques non nucléaires, conçues pour contrecarrer les améliorations majeures des systèmes de défense aérienne d’éventuels adversaires américains. Les États-Unis devraient viser un juste équilibre pour les armes hypersoniques non nucléaires en termes d’efficacité militaire (élevée), de coût (relativement faible), de potentiel de frappes de masse (significatif) et d’impact sur la stabilité stratégique (faible). Les missiles balistiques de moyenne portée (avec et sans les véhicules hypersoniques) et les missiles de croisière hypersoniques, lancés par des bombardiers lourds et/ou des sous-marins d’attaque, pourraient satisfaire ce juste équilibre. Les systèmes auraient un faible impact sur la stabilité stratégique car leurs signatures infrarouges et autres seraient sensiblement différentes et distinguables de celles des systèmes nucléaires américains (y compris les SLBM et les missiles de croisière à ogive nucléaire), les attaques contre une nation ne nécessiteraient pas le survol d’autres, et ces systèmes manqueraient de portée pour attaquer profondément en Russie (c’est le cas des systèmes à moyenne portée basés sur des sous-marins) ou seraient incapables de le faire en masse sans créer une signature détectable importante (c’est le cas des systèmes basés sur des bombardiers).

Les États-Unis devraient également investir dans leur architecture de défense antimissile. Pour commencer, alors que la Corée du Nord améliore ses capacités ICBM à ogive nucléaire, les États-Unis devraient continuer à développer leurs systèmes de défense antimissile. Deuxièmement, les États-Unis devraient continuer à mettre en place des systèmes laser à des fins défensives. La priorité devrait être d’aider à relever le défi immédiat consistant à neutraliser les missiles nord-coréens à longue portée et à moyenne portée, vraisemblablement en installant des systèmes laser sur des aéronefs pilotés ou non. Troisièmement, les États-Unis devraient renoncer aux intercepteurs antimissiles et aux systèmes à laser basés dans l’espace, exhorter fortement la Russie à faire de même et à conclure un accord bilatéral avec la Russie (et, séparément, un accord bilatéral avec la Chine). En raison de la menace massive et immédiate que ces systèmes poseraient aux satellites américains et de leur soutien essentiel à la guerre – et potentiellement à l’alerte précoce et à la sécurisation des satellites de télécommunications essentiels à la dissuasion nucléaire américaine – tout déploiement russe d’intercepteurs antimissiles spatiaux où les lasers constitueraient une menace immédiate et inacceptable.

Enfin, les États-Unis devraient régulariser les pourparlers sur la stabilité stratégique avec la Russie et chercher à prolonger de cinq ans le nouveau traité START. La réunion entre les États-Unis et la Russie en Finlande en septembre 2017 a constitué un premier pas important vers un dialogue régulier à haut niveau diplomatique sur les questions de stabilité stratégique dans les années à venir. Les gouvernements américain et russe devraient soutenir cette sorte d’efforts. En même temps, compte tenu de la volatilité des relations entre les États-Unis et la Russie, et reconnaissant que les circonstances peuvent retarder ou dérailler les efforts de la première phase, les deux parties devraient poursuivre les dialogues sur la stabilité stratégique. L’extension du nouveau START servirait la stabilité stratégique grâce à ses dispositions de vérification, qui assurent la transparence et la prévisibilité, réduisant ainsi la propension de chaque partie à se fier aux évaluations les plus défavorables. Il ne serait pas utile à l’heure actuelle de préconiser de nouvelles réductions du niveau de la force, car disposer d’une marge supplémentaire au-dessus des niveaux de forces minimaux dont chaque partie estime avoir besoin aidera à atténuer l’impact des nouvelles capacités militaires déployées.

Les États-Unis et la Russie sont rentrés dans une période de tension sérieuse qui ne montre aucun signe de ralentissement. Les relations entre les deux parties semblent devoir rester tendues, sinon hostiles – au moins à moyen terme – et peuvent entraîner des turbulences considérables. Sans ambages, un désaccord sérieux et même un conflit ouvert sont possibles. En exacerbant cette réalité géopolitique, de nouvelles capacités militaires émergentes – cyber, espace, défense antimissile, frappe à longue portée et, traversant tout, les systèmes autonomes – augmentent les incertitudes associées à la stabilité stratégique. À moins que des mesures ne soient prises pour atténuer les conséquences de ces tendances militaires, les conflits pourraient devenir plus probables et l’escalade plus dramatique et sévère que nécessaire, à une époque où les crises et les conflits sont plus plausibles qu’ils ne l’étaient il y a dix ans. Si elle est adoptée par l’administration Trump et ses successeurs, une nouvelle approche américaine des relations entre les États-Unis et la Russie protégera les intérêts américains et alliés. Si l’approche américaine est également articulée clairement et cohérente dans le temps, elle pourrait bien réduire le risque de crise ou de conflit découlant d’une erreur de calcul russe.

James N. Miller,
Richard Fontaine,
Alexander Velez-Green

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