WWIII : Une Guerre asymétrique, par proxy, faux drapeaux, fake news, coalitions mouvantes, groupes de terroristes mouvants, factices ou réels mais jamais identifiés, tirs de missiles non identifiés, attentats non revendiqués, déstabilisation et chaos maximum.
WWIII : Une Guerre asymétrique, par proxy [1], faux drapeaux, fake news, coalitions mouvantes, groupes de terroristes mouvants, factices ou réels mais jamais identifiés, tirs de missiles non identifiés, attentats non revendiqués, déstabilisation et chaos maximum, tir de missiles nucléaires et renvoi de tirs dans le sens opposé, c'est tout sauf une guerre déclarée.
Hiroshima mon amour : un crime qui paie encore, mais gare au jugement de l’histoire
La WWIII pourrait durer selon les experts 30, 60, voir 90 ans, et pourquoi pas la guerre de 100 ans, on a déjà des références, et les vainqueurs ne seront certainement pas ceux qui pensent l'être, puisque déjà dans l'Asymétrie, le vainqueur a perdu la Guerre.
[1] guerre organisée par des pouvoirs supérieurs dans laquelle ils n'interviennent pas directement (ex: à cause de la bombe atomique qui nous interdit une guerre directe, sauf si l'on s'énerve et que l'on veut détruire l'autre , c'est le cas dans le Plan Albert Pike. La guerre proxy reste le moyen le plus sûr pour soutenir notre industrie de l'armement).
Lors de sa visite à Hiroshima en mai dernier, Obama n’a pas, comme certains l’avaient vainement espéré, présenté des excuses pour le bombardement atomique de la ville, le 6 août 1945. Au lieu de cela, il a prononcé un discours ronflant lénifiant contre la guerre. Il l’a fait au moment même où il poursuivait sa guerre de drones contre des ennemis sans défense dans des pays lointains et approuvait des plans pour dépenser mille milliards de dollars pour une mise à niveau de l’arsenal nucléaire américain.
Des excuses auraient été aussi inutiles que son discours. Des paroles creuses ne changent rien. Mais voici une chose que Obama aurait pu dire qui aurait eu un véritable impact : la vérité.
Il aurait pu dire :
« Les bombes atomiques n’ont pas été larguées sur Hiroshima et Nagasaki "pour sauver des vies en mettant fin à la guerre". Ce fut un mensonge officiel. Les bombes ont été larguées pour observer leurs effets et pour montrer au monde que les États-Unis possédaient une puissance destructrice illimitée. »
Mais il n’y avait aucune chance qu’Obama prononce de telles phrases. Officiellement, le bombardement « a sauvé des vies » et cela donc en « valait le coût » (comme dira Madeleine Albright quant au demi-million d’enfants irakiens morts à cause des sanctions U.S.). Comme les villages vietnamiens que nous avons détruits pour les sauver, comme les innombrables enfants irakiens qui sont morts à la suite des sanctions américaines, les centaines de milliers de femmes et d’enfants agonisants dans deux villes japonaises figurent encore au débit des comptes que les États-Unis ont à rendre à l’humanité, une dette toujours impayée et impunie.
« Cela en valait le coût »
La décision de détruire Hiroshima et Nagasaki fut une décision politique et non militaire. Les objectifs ne furent pas militaires, les effets ne furent pas militaires. Les attaques furent menées contre la volonté de tous les grands chefs militaires. L’Amiral William Leahy, chef d’État-major interarmées à l’époque, écrit dans ses mémoires que « l’utilisation de cette arme barbare à Hiroshima et Nagasaki n’était d’aucune aide matérielle dans notre guerre contre le Japon. Les Japonais étaient déjà vaincus et prêts à se rendre ... » Le général Eisenhower, le général MacArthur, et même le général Hap Arnold, commandant de la Force aérienne, se sont opposés à l’usage de cette arme. Le Japon était déjà dévasté par des bombes incendiaires, faisait face à une famine généralisée à cause du blocus naval des États-Unis, se retrouvait démoralisé par la reddition de son allié allemand, et craignait une attaque russe imminente. En réalité, la guerre était terminée. Tous les hauts dirigeants américains savaient que le Japon était vaincu et cherchait à se rendre.
La décision d’utiliser les bombes atomiques fut une décision purement politique prise presque uniquement par deux politiciens : Le Président novice, joueur de poker, et son mentor, le secrétaire d’État James F. Byrnes [1]
Le président Harry S. Truman était en réunion avec Churchill et Staline dans la banlieue berlinoise de Potsdam lorsqu’il apprit l’information secrète que l’essai atomique dans le Nouveau-Mexique avait été un succès. Les observateurs se souviennent que Truman devint « un autre homme », rendu euphorique par la possession d’un tel pouvoir. Alors que d’autres hommes moins superficiels furent ébranlés devant les implications d’une telle force destructrice, pour Truman et son et secrétaire d’Etat intriguant, James Byrnes, le message était : « Maintenant, on peut tout se permettre »
Sur les bases de cette présomption, ils se sont empressé d’agir - d’abord dans leurs relations avec Moscou.
En réponse aux appels répétés des Etats-Unis, Staline a promis d’entrer en guerre en Asie trois mois après la défaite de l’Allemagne nazie, qui eut lieu au début de mai 1945. Il était bien connu que les forces d’occupation japonaises en Chine et en Mandchourie ne pouvaient résister à l’Armée rouge. Il était entendu que deux choses pouvaient entraîner la reddition immédiate du Japon : l’entrée de la Russie dans la guerre et l’assurance des Etats-Unis que la famille royale ne serait pas traitée comme des criminels de guerre.
Ces deux événements se sont produits dans les jours qui ont suivi le bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki.
Mais les deux ont été éclipsés par la bombe atomique.
Et c’était bien l’objectif recherché.
Car ainsi, le crédit de la fin de la guerre fut attribué aux bombes atomiques américaines.
Mais ce n’est pas tout.
La possession confirmée d’une telle arme donna à Truman et Byrnes un tel sentiment de puissance qu’ils pouvaient abandonner les promesses antérieures faites aux Russes et tenter d’intimider Moscou en Europe. En ce sens, les bombes sur Hiroshima et Nagasaki ont non seulement tué sans raison des centaines de milliers de civils mais ont également déclenché la guerre froide.
Hiroshima et la guerre froide
Une observation très importante sur les effets de la bombe atomique est attribuée au général Dwight D. Eisenhower. Comme son fils l’a raconté, il était profondément abattu en apprenant à la dernière heure que le bombe serait utilisée. Peu après Hiroshima, Eisenhower aurait dit en privé :
« Avant l’utilisation de la bombe, j’aurais dit oui, je suis sûr que nous pouvons préserver la paix avec la Russie. Maintenant, je ne sais pas. Jusqu’à présent, je vous aurais dit que nous trois, la Grande-Bretagne avec sa puissante flotte, l’Amérique avec la plus puissante force aérienne, et la Russie avec la plus grande force terrestre sur le continent, à nous trois nous aurions pu garantir la paix du monde pendant une longue, très longue période à venir. Mais maintenant, je ne sais pas. Partout les gens ont peur et sont secoués. Tout le monde se sent en insécurité à nouveau ». [2]
En tant que commandant suprême des Forces alliées en Europe, Eisenhower avait appris qu’il était possible de travailler avec les Russes. Les systèmes économiques et politiques intérieurs des États-Unis et de l’URSS étaient totalement différents, mais sur la scène internationale, ils pouvaient coopérer. En tant qu’alliés, leurs différences étaient principalement dues à la méfiance et pouvaient être réglés.
L’Union soviétique victorieuse avait été dévastée par la guerre : les villes en ruines, une vingtaine de millions de morts. Les Russes voulaient de l’aide pour reconstruire. Auparavant, sous Roosevelt, il avait été convenu que l’Union soviétique obtiendrait des réparations de l’Allemagne, ainsi que des crédits des États-Unis. Tout à coup, il n’en était plus question. Lorsque la nouvelle de l’essai au Nouveau-Mexique est tombée, Truman s’écria : « Maintenant, les Russes vont marcher droit. » Parce qu’ils se sentaient tout à coup tout-puissants, Truman et Byrnes décidèrent de faire preuve de fermeté devant les Russes.
Staline apprit maintenant que la Russie ne pourrait obtenir des réparations que sur la partie orientale de l’Allemagne, en grande partie agricole, qui se trouvait sous occupation de l’Armée rouge. Ce fut la première étape de la division de l’Allemagne, à laquelle Moscou en fait s’est opposée.
Puisque plusieurs des pays d’Europe de l’Est s’étaient alliés à l’Allemagne nazie, et comptaient de puissants éléments anti-russes, la seule condition de Staline pour ces pays (alors occupés par l’Armée rouge) était que leurs gouvernements ne devaient pas être activement hostiles à l’URSS. Pour cette raison, Moscou favorisait la formule de « démocraties populaires », c’est-à-dire des coalitions excluant les partis d’extrême droite.
Se sentant tout-puissants, les Etats-Unis haussèrent le niveau de leurs exigences en demandant des « élections libres » dans l’espoir d’installer des gouvernements anti-communistes. Ce qui se retourna contre eux. Au lieu de céder à la menace atomique implicite, l’Union soviétique s’est durcie. Au lieu de desserrer le contrôle politique de l’Europe de l’Est, Moscou imposa des régimes communistes - et accéléra son propre programme de bombe atomique. La course aux armements nucléaires était lancée.
« Le beurre et l’argent du beurre »
John J. McCloy, qualifié par son biographe Kai Bird comme le « président informel de l’establishment américain », déclara à l’époque au Secrétaire de guerre Henry Stimson que : « nous devons avoir le beurre et l’argent du beurre ; nous devons être libres d’agir en vertu du présent accord régional en Amérique du Sud, et en même temps intervenir rapidement en Europe ; que nous ne devons céder aucun de ces atouts... » [3] Stimson répondit : « Je pense que oui, sans hésitation. »
En bref, les États-Unis devaient conserver leur sphère d’influence sur tout le continent américain, revendiquée par la doctrine Monroe, tout en privant la Russie de sa propre zone tampon.
Il est nécessaire de reconnaître la distinction nette entre politique intérieure et politique étrangère. La nature du régime intérieur soviétique a peut-être été aussi affreux qu’on le décrit, mais en matière de politique étrangère, Staline respectait scrupuleusement les accords passés avec les alliés occidentaux - l’abandon, par exemple, des communistes grecs lorsqu’ils étaient écrasés par les Anglo-Americans après la guerre. Ce furent les États-Unis qui ont renié les accords passés à Yalta, qui ont par la suite été stigmatisés comme autant de concessions faites à « l’agression communiste ». Staline n’avait absolument aucun désir de promouvoir la révolution communiste en Europe occidentale, encore moins d’envahir ces pays. En fait, son abandon du projet de promotion de la révolution mondiale est précisément la base de la campagne contre le « stalinisme » par les Trotskystes - y compris des Trotskystes dont la dévotion à la révolution mondiale s’est maintenant transformée en une promotion des guerres de « changement de régime » des États-Unis.
Il y a une doctrine dominante en Occident selon laquelle les dictatures font la guerre et les démocraties font la paix. Rien ne démontre cette théorie. Des dictatures (prenez l’Espagne de Franco) peuvent être conservatrices et autocentrées. Les principales puissances impérialistes, la Grande-Bretagne et la France, étaient des démocraties. L’Amérique démocratique est loin d’être pacifique.
Tandis que l’Union soviétique développait son propre arsenal nucléaire, les États-Unis furent incapables d’interférer efficacement en Europe de l’Est et se retournèrent vers des ennemis plus faibles, en renversant les gouvernements en Iran et au Guatemala, en s’enlisant au Vietnam, selon la théorie qu’ils n’étaient que des agents de l’ennemi communiste soviétique. Mais depuis que l’Union soviétique s’est effondrée, abandonnant la zone tampon de la Russie en Europe de l’Est, on voit une résurgence de la confiance qui submergea Truman : l’euphorie du pouvoir sans limites. Sinon, pourquoi le Pentagone lancerait-il un programme de mille milliards de dollars pour renouveler l’arsenal nucléaire des Etats-Unis, tout en positionnant des troupes et des armes offensives aussi près que possible de la frontière russe ?
Dans son livre The President Is Calling (Le Président Appelle) de 1974 sur ses relations avec son frère Dwight, Milton Eisenhower a écrit : « Notre emploi de cette nouvelle force à Hiroshima et Nagasaki fut une provocation suprême à d’autres nations, en particulier l’Union Soviétique. » Et il a ajouté, « Certes, ce qui est arrivé à Hiroshima et Nagasaki restera à jamais sur la conscience du peuple américain. »
Hélas, à ce jour, tout prouve le contraire. La conscience critique a été marginalisée. Les mensonges officiels systématiques sur la « nécessité de sauver des vies américaines », persistent, tandis que la puissance de la bombe a créé un sentiment durable de’ « exceptionnalisme » vertueux chez les dirigeants du pays. Il n’y a que nous les Américains qui puissions faire ce que les autres ne peuvent pas faire, parce que nous sommes « libres » et « démocratiques » et les autres – si nous choisissons de les désigner ainsi - ne le sont pas. D’autres pays, parce que non « démocratiques », peuvent être détruits afin d’être libérés. Ou juste détruits. C’est cela au fond, « l’exceptionnalisme » qui, à Washington, se substitue à la « conscience du peuple américain » qui n’a pas été suscitée par Hiroshima, mais étouffée.
La Conscience en Sommeil
En tant qu’invité à Hiroshima, Obama a pontifié habilement :
« Les guerres de l’ère moderne nous enseignent cette vérité. Hiroshima enseigne cette vérité. Les progrès technologiques sans progrès équivalents dans les institutions humaines peuvent nous condamner. La révolution scientifique qui a conduit à la division d’un atome nécessite une révolution morale. »
Eh bien oui, mais une telle révolution morale n’a pas eu lieu.
« ... La mémoire du matin du 6 août 1945, ne doit jamais s’effacer. Cette mémoire permet de combattre la complaisance. Elle alimente notre imagination morale. Il nous permet de changer. »
« Changer » est une spécialité d’Obama. Mais il n’a rien fait pour changer notre politique sur les armes nucléaires, sauf pour la renforcer. Aucune trace d’ « imagination morale » imaginant la dévastation vers laquelle cette politique nous mène. Pas d’idées imaginatives pour réaliser le désarmement nucléaire. Juste des promesses de ne pas laisser les méchants s’emparer de telles armes, parce qu’elles sont à nous.
« Et depuis ce jour fatidique, » a poursuivi Obama, « nous avons fait des choix qui nous donnent espoir. Les États-Unis et le Japon ont forgé non seulement une alliance, mais une amitié qui a gagné beaucoup plus pour notre peuple que nous n’aurions jamais pu obtenir par la guerre. »
Comme c’est sinistre. En fait, ce fut précisément par la guerre que les États-Unis ont forgé cette alliance et cette amitié - que les États-Unis essaient maintenant de militariser dans son « pivot asiatique ». Cela signifie que nous pouvons rayer de la carte avec des armes nucléaires deux villes d’un pays et finir avec « non seulement une alliance, mais une amitié ». Alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas se faire encore plus de ce genre d’ « amis », par exemple en Iran, pays à propos duquel Hillary Clinton a exprimé sa volonté de l’« éradiquer » si les circonstances le nécessitent.
« Voilà un avenir que nous pouvons choisir », a déclaré Obama, « un avenir dans lequel Hiroshima et Nagasaki sont connues non pas comme l’aube de la guerre atomique, mais comme le début de notre propre éveil moral. »
Mais jusqu’à présent, Hiroshima et Nagasaki sont très loin de marquer le « début de notre propre éveil moral ». Au contraire. L’illusion de posséder un pouvoir sans limites ôte toute nécessité d’auto-examen critique, toute nécessité de faire un véritable effort pour comprendre ceux qui ne sont pas comme nous et qui ne veulent pas être comme nous, mais pourraient partager la planète en paix si nous les laissions tranquilles.
Puisque nous sommes tout-puissants, nous devons être une force du bien. En réalité, nous ne sommes ni l’un ni l’autre. Mais nous semblons incapables de reconnaître les limites de notre « exceptionnalisme ».
Les bombes sur Hiroshima et Nagasaki ont plongé les dirigeants des États-Unis dans un sommeil moral dont ils ne sont pas près de se réveiller.
Diana Johnstone
Traduction "des bombes atomiques ? Pas de problème, il y en a pour tout le monde" par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles
Notes.
[1] Tout cela est connu des experts. Les preuves documentaires ont tous été présentées par Gar Alperovitz dans les 800 pages de son livre de 1995, The Decision to Use the Atom Bomb (la décision d’utiliser la bombe atomique). Cependant, les mensonges officiels survivent à une réfutation documentée.
[2] Alperovitz pp 352-3.
[3] p.254 Ibid.
Les groupes militaires illégaux en Syrie sont armés, financés et gérés depuis l’étranger, selon le général Valeri Guerassimov, chef de l’état-major russe. On a retrouvé dans la Ghouta Orientale, banlieue de Damas, des formateurs des groupes terroristes qui appartiennent au MI6 et à la DGSE. La France est impliquée jusqu'au cou.
«Prenons la Syrie. Avant l'engagement de la Russie dans le conflit aux côtés du gouvernement, ce pays a mené pendant plus de quatre ans une guerre non déclarée pour son droit à exister. Il n'y a pas de réponse exhaustive à la question de savoir quand les troubles intérieurs ont dégénéré en conflit militaire. Aucun État n'a ouvertement déclaré la guerre à la Syrie, mais toutes les unités militaires illégales sont armées, financées et gérées depuis l'étranger», a déclaré Valeri Guerassimov, intervenant à l'Académie militaire de l'état-major.
Il a souligné que le nombre de participants au conflit s'était multiplié en Syrie.
«Outre les forces gouvernementales, on y voit la participation de la population, mais aussi d'unités terroristes et extrémistes», a ajouté le chef d'état-major.
Un habitant de la Ghouta orientale, qui a réussi à quitter le secteur, a qualifié de «miracle» la possibilité de ne plus vivre sous le joug des extrémistes et a évoqué pour Sputnik l'attitude bienveillante de l'armée syrienne envers les réfugiés.
Ahmed, un civil sorti de la Ghouta orientale, en Syrie, a parlé à Sputnik de la vie sous Daech*.
«Nous avons oublié au cours des dernières années notre vie tranquille que nous vivions avant. Il était impossible de sortir. Si quelqu'un fuyait vers les régions contrôlées par l'armée syrienne, il mettait en danger sa vie, la sienne et celle de sa famille. Si la tentative d'évasion échouait, c'était encore pire. Selon la doctrine des extrémistes, cette personne était considérée comme traitre et même si elle n'était pas tuée, elle était victime de leur arbitraire et se voyait confisquer tous ses biens», a raconté Ahmed.
Les radicaux n'ont toujours pas abandonné leur rêve de fonder un État islamique et contraignaient tout le monde à les aider, a-t-il poursuivi.
«Pour ce, il fallait insulter l'État syrien et son armée. Sinon, on devenait un infidèle, on n'était plus musulman, quoique les convictions et les actions des radicaux soient elles-mêmes loin de l'islam», a indiqué Ahmed.
Il s'est dit heureux d'avoir pu fuir la Ghouta orientale où les radicaux faisaient la loi.
«La première chose qu'ils ont faite après avoir pris le pouvoir dans notre secteur, c'est d'installer prisons et chambres de torture, a-t-il précisé. Ils accusaient tout le temps le gouvernement syrien et l'armée de tous les péchés via les médias.»
Aujourd'hui qu'il a pu quitter cet enfer, Ahmed déclare qu'il «n'en revient pas de joie».
«C'est un miracle si ma famille et moi ne devons plus vivre aujourd'hui toutes les affres de la vie sous le joug des extrémistes», a-t-il noté.
Il a fait remarquer que l'armée syrienne avait très bien accueilli les réfugiés. «Tout le monde comprend que nous n'y sommes pour rien, que les radicaux nous utilisaient comme bouclier humain», a-t-il souligné pour conclure.
Le ministère russe de la Défense a annoncé dans la matinée que 4.979 combattants et membres de leurs familles avaient été évacués de la ville syrienne d'Harasta, dans la Ghouta orientale.
Selon le Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie, plus de 700 réfugiés ont été évacués de la Ghouta orientale samedi par le point de passage de Muhayam-al-Wafedin, tandis qu'au total plus de 105.000 personnes ont pu quitter le secteur depuis le début des pauses humanitaires.
* Organisation interdite en Russie
Plus de 10.000 civils quittent enfin la Ghouta orientale par le couloir humanitaireClash Russie/USA : Bolton, le catalyseur?
Des hommes politiques russes ont réagi à la nomination par de John Bolton au poste de la sécurité nationale des États-Unis.
Selon le site d’information américain Al-Monitor, certains responsables russes se montrent plutôt prudents tandis qu’un nombre infime d’entre eux se disent disposés à coopérer avec ce nouveau responsable américain. Il y a également ceux parmi les responsables russes qui expriment leur inquiétude après les récentes nominations à la Maison Blanche.
John Bolton a été nommé à ce nouveau poste le 22 mars qui coïncide avec le 15e anniversaire de l’invasion américaine de l’Irak en 2003. Qualifié de faucon, Bolton est un des architectes de l'invasion de l'Irak.
«Tout comme le vice-président et le secrétaire à la Défense de George W. Bush, respectivement Dick Cheney et Donald Rumsfeld, John Bolton faisait partie de fervents partisans de la guerre en Irak. Il a soutenu les terroristes pour renverser le président légitime syrien, Bachar Assad et il est impliqué dans l’agression et l’ingérence dans des pays du Moyen-Orient », a écrit hier vendredi 23 mars, sur sa page Twitter, Alexey Pushkov, président du Comité sur la politique d'information du Conseil de la fédération russe .
Les relations américano-russes, l’avenir de l’accord nucléaire iranien, la perspective des négociations avec la Corée du Nord, le changement de cap américain en Syrie et la prise de position de cet ancien ambassadeur américain à l'ONU envers la Chine et ses chuchotements à l’oreille de Donald Trump, font partie des principales sources d’inquiétudes de Moscou.
« Nous accordons une attention toute particulière aux limogeages et aux nominations au sein de l’administration américaine. Moscou est disposé à mener une coopération constructive avec Washington sur la sécurité internationale, la stabilité stratégique et le règlement des crises et des conflits régionaux », c’est ce qu’a réaffirmé le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.
Rares sont des responsables russes qui adoptent une position positive à l’égard de la nomination de John Bolton. Les experts russes croient que le remaniement au sein de l’administration de Trump renforcera de plus en plus le retrait éventuel des États-Unis de l’accord nucléaire iranien.
Géopolitique des guerres asymétriques
La guerre classique (1), représentant avant 1945 la majorité des conflits, se retrouve aujourd’hui dans une situation d’obsolescence. Le conflit symétrique se caractérise par la recherche de la supériorité, la finalité étant la conquête d’un territoire et l’anéantissement des forces ennemies. Les guerres classiques sont symétriques par opposition aux guerres non conventionnelles, dites asymétriques. Les conflits asymétriques (2) correspondent à ce que Jacques Baud décrit dans son ouvrage Les guerres asymétriques ou la défaite du vainqueur : “Dans la guerre asymétrique, l’une des parties au conflit ne peut ou ne veut pas mener la guerre de manière symétrique. Cette partie évite l’affrontement symétrique et cherche la confrontation là où l’adversaire ne peut faire jouer ses forces, là où il est faible et mal préparé ». Par ailleurs, on peut aussi définir ces conflits par l’asymétrie des acteurs : acteurs étatiques disposant de forces conventionnelles opposés à des acteurs non étatiques, ou insurgés. Ces conflits se sont multipliés après la seconde moitié du XXème siècle dans un contexte de décolonisation et de guerres idéologiques. Depuis la guérilla des FARC en Colombie à la révolte islamiste au sud de la Thaïlande, ce phénomène n’épargne aucune région du monde.
Ces conflits nous obligent à repenser le paradigme traditionnel de la puissance : la dualité territoire population est récupérée par l’insurrection, au détriment de l’Etat. Est-il possible pour une force conventionnelle de remporter une guerre asymétrique en adoptant une stratégie de contre-insurrection ? Dans quelle mesure les conflits asymétriques modifient-ils les éléments de la puissance ?
La “transformation de la guerre”
L’accroissement du nombre de conflits asymétriques dans le monde représente un défi pour les forces armées conventionnelles ; l’asymétrie remet en question le paradigme de la guerre classique. Une guerre nouvelle où le “faible” l’emporte face au “fort”. Avons-nous pour autant assisté à une modification profonde et irréversible de la guerre ?
La norme de l’asymétrie ou l’asymétrie de la norme ?
Les conflits asymétriques entrent dans une nouvelle phase à partir de la fin du système bipolaire. La mondialisation, encouragée par l’unipolarité du monde, n’a certes pas créé de nouvelles revendications identitaires, territoriales et idéologiques. Toutefois, cela a entrainé la rapide propagation des conflits asymétriques sur l’ensemble de la planète. Il est aujourd’hui beaucoup plus simple d’accéder à l’information, à des armes ainsi qu’à des capitaux. De plus, l’émergence de zones grises a permis à ces guerres de se développer dans des régions reculées où la lutte armée a presque un caractère endémique.
La guerre symétrique est alors un état de droit avec ses lois, ses codes permettant d’encadrer les conflits. Ces conflits armés conventionnels entre pays n’ont pas totalement disparus mais ne sont plus des guerres ouvertes. En effet, le conflit entre la Corée du Nord et la Corée du Sud ou encore entre Israël et la Syrie pourraient s’apparenter à des guerres symétriques gelées. C’est cet équilibre relatif dans l’armement et les objectifs entre les Etats qui assure le statu quo. La guerre conventionnelle reste la norme perçue et reconnue par un grand nombre d’acteurs (Etats, armées, institutions internationales, juridictions internationales, populations).
Les guerres asymétriques, quant à elles, brisent les règles jusque-là reconnues : chaînes de commandement existantes, respect du droit international et des règles d’engagement, la distinction entre le civil et le combattant, le respect de zones neutralisées. Ces conflits sont donc des défis pour les armées régulières, de par leur configuration, leur déroulement, leur durée et les moyens qu’ils nécessitent. En effet, l’apparition de la guerre asymétrique force la guerre classique à devenir “symétrique” car elle n’oppose pas des troupes régulières entre elles, mais des troupes conventionnelles à des rebelles, des terroristes et même des civils. La reconnaissance de ces conflits en tant que tels serait donc une perte de puissance pour les États qui ne peuvent plus définir le cadre de la guerre, mais laissent les populations dicter où et comment s’affronter.
Stratégies du “faible” et échecs du “fort”
L’insurgé est, a priori, le “faible” dans son rapport avec l’Etat conventionnel qu’il combat. Ainsi, différentes stratégies sont formulées et décrites par des leaders révolutionnaires. Mao Zedong théorise, dans la Guerre populaire prolongée, une insurrection de guérilla qui parvient à s’assurer le soutien du peuple pour attaquer les forces armées. Une fois l’insurrection assez forte, elle mène une guerre conventionnelle pour faire chuter le gouvernement. Par ailleurs, pour Che Guevara, le foquisme, ou stratégie du foco, repose sur la mise en place de plusieurs foyers de guérilleros. Inspiré de la révolution cubaine, la guérilla prend forme dans les campagnes, se nourrit du soutien populaire et, une fois arrivée à maturité, attaque le gouvernement frontalement et prend le pouvoir. A l’inverse, Carlos Marighella, révolutionnaire brésilien, théorise dans les années 1960 la guérilla urbaine (Manuel de la Guérilla Urbaine). Cette forme de guerre asymétrique prend forme en milieu urbain, afin de mobiliser la majorité des troupes dans les villes et de permettre ainsi l’émergence de guérillas rurales. Afin de déstabiliser le système politique, économique et social en vigueur, il optera pour des attaques rapides basées sur sa mobilité : embuscades, sabotages, enlèvements et terrorisme (sans doute un des moyens les plus utilisés par l’insurgé pour lutter contre l’État qu’il combat). Pour l’auteur israélien Boaz Ganor, le terrorisme est “l’utilisation de la violence contre une population civile à des fins politiques”, et vise à faire pression sur un gouvernement en utilisant la population de ce dernier. Le terrorisme n’est efficace que lorsque ses actes suscitent l’attention des médias. Si tel n’est pas le cas, l’action terroriste est un échec. Ainsi, Jacques Baud considère que “les stratégies asymétriques n’ont pas pour objectif de maximiser la violence, mais d’infliger une douleur juste suffisante pour provoquer une sur-réaction, en jouant sur l’image et l’impact émotionnel”.
Des conflits qui mettent à bas les éléments traditionnels de la puissance
Le territoire
Enjeu traditionnel des conflits, le territoire est disputé par deux belligérants. Dans le cadre d’une guerre asymétrique, il devient rapidement un atout pour l’insurgé et un handicap pour l’armée conventionnelle. On distingue l’hypothèse d’un Etat dont le territoire est le théâtre du conflit (on parlera ici de puissance contestée), et celle d’un Etat impliqué dans un conflit à l’extérieur de ses frontières (on parlera de puissance projetée). Pour la puissance contestée, le conflit est domestique et prend la forme d’une insurrection menaçant sa souveraineté. Les parties du territoire aux mains de l’insurgé échappent au contrôle de l’Etat souverain. Ces parties constituent des zones grises à l’intérieur même de l’Etat. Cette configuration est celle du sud-Liban (territoire à dominante chiite d’où émerge le Hezbollah) ou encore de l’Etat Islamique (à cheval sur la Syrie et l’Irak). L’objectif de l’Etat est alors de reprendre ces zones, afin de ne pas s’écrouler. S’il n’y parvenait pas, on parlerait alors d’Etat en déliquescence (failing state) ou d’Etat failli (collapsed state). A l’inverse, la puissance projetée fait intervenir ses forces armées à l’extérieur de son territoire. C’est le cas pour les Etats-Unis en Afghanistan à partir de 2001. Une fois sa puissance projetée à l’étranger, l’Etat fait face à une contestation de son intervention ou de son occupation. Dans ce cas de figure, le territoire constitue un handicap lourd pour la puissance projetée. En effet, l’insurgé connait et maitrise son territoire mieux que l’envahisseur et sait l’utiliser à son avantage. De plus, les conflits asymétriques se déroulent souvent en terrain hostile (désert, jungle, montagne), qui devient une ressource stratégique permettant l’émergence et la durabilité de l’insurrection. Enfin, les troupes armées conventionnelles s’adaptent difficilement à ce type de terrain, et la puissance militaire peut devenir un désavantage.
La seconde distinction concerne la nature et la situation géographique du territoire. Plus le territoire est grand, plus il est difficile pour l’État de le contrôler. L’isolation géographique d’un pays joue également un rôle considérable dans le rapport de force entre État et insurgé. Des États voisins favorables à l’insurrection constitueraient une menace accrue pour la puissance contestée. De manière générale, la présence de frontières, particulièrement si elles sont poreuses, constitue un avantage clair pour l’insurgé. Enfin, la nature des zones de combat est aussi déterminante. Alors que le milieu rural, théâtre classique des grands affrontements militaires, peut poser problème par sa taille ou sa nature (désert, jungle, relief), le milieu urbain, densément peuplé, est un handicap pour la puissance contestée de par sa concentration de population civile.
Les hommes
La taille d’une population pèse sur un conflit asymétrique: plus la population est nombreuse plus il est difficile pour un Etat de la contrôler. Ainsi, le maintien d’une insurrection maoïste depuis 1967 en Inde tient à l’importance de la population indienne fournissant des combattants en continu. La population est bien l’enjeu du combat pour l’insurgé, la force de l’adversaire étant mesurée par le degré de soutien de la population à l’un des belligérants. La population devient alors un danger pour la force conventionnelle.
Dans le cadre d’un conflit asymétrique, l’insurgé cherche à se fondre dans la masse. La distinction entre combattant et non-combattant est alors floue, les irréguliers ne portant pas d’uniformes ou de signes distinctifs. Par conséquent, se pose pour la force conventionnelle un premier problème de détermination du combattant. Pour elle, tout civil est un insurgé potentiel, ce qui limite sa capacité d’action. En effet, s’ajoute le problème de la limite d’usage de la force par les armées régulières car en réprimant l’insurgé, la force conventionnelle prend le risque de perdre le soutien de la population. Les opérations de “décapitations” menées par l’armée israélienne dans le conflit qui l’oppose au Hamas illustrent cette question. Le 14 juillet 2002, un raid aérien visant à éliminer le chef des Brigades Izz al-Din al Qassam (branche armée du Hamas) Salah Shehadeh, a entrainé la mort de quatorze personnes et en a blessé cent cinquante à Gaza, les civils étant considérés comme des “dégâts collatéraux”. La population est avant tout le sanctuaire de l’insurgé et donc une source de protection ainsi que la clé de la victoire. Jacques Baud note dans son ouvrage : “La stratégie du terrorisme politique et de la guérilla est de pousser l’Etat dans une logique de répression, et de prendre des mesures antidémocratiques, afin de découpler la population de l’Etat et ainsi de légitimer la lutte armée”.
Peut-on encore gagner une guerre ?
Si les conflits asymétriques ont bien modifié la perception de la puissance des Etats, la nature de la victoire a elle aussi été modifiée. Remporter une guerre asymétrique signifie gagner le coeur de la population civile et ce par la maîtrise des opinions et la refondation de nouvelles stratégies contre-insurrectionnelles.
La guerre des opinions : “hearts & minds”
Selon Jacques Baud, “la réelle différence avec les conflits modernes est que ces guerres se déroulaient loin des préoccupations de l’opinion publique, et les moyens d’accès à l’information étaient réduits : les insurgés ne pouvaient promouvoir leur lutte à travers les médias”. Ainsi, les médias prennent une dimension fondamentale dans les conflits. L’accès des populations à l’information et à ses technologies permettent aux parties d’un conflit “de se projeter hors du champ de bataille physique, vers un champ de bataille virtuel ou informationnel”.
Cette dimension nouvelle des conflits a donné lieu à la théorie dite des “Hearts & Minds”, pendant la Guerre du Vietnam (1955-1975), selon laquelle l’opinion publique devient un des objectifs principaux du conflit asymétrique. Il s’agit aussi bien de l’opinion publique de la population présente sur le territoire du conflit que celle de la population domestique d’une puissance qui interviendrait à l’étranger. Ces opinions publiques deviennent objet de disputes entre insurgés et forces conventionnelles, et représentent un enjeu majeur de puissance.
Pour l’insurgé, les médias représentent un moyen d’affaiblir le soutien à l’Etat qu’il combat par une propagande véhiculée par ses actions dirigées à l’encontre de la population. Une fois médiatisé, l’insurgé cherche à asseoir sa légitimité et celle de sa cause afin de rendre acceptable son action et sa violence. Le vocable choisi par les médias est critique, on parlera de “terroriste”, de “rebelle”, de “combattant de la liberté” selon les conflits. La cause, donc, doit être suffisamment séduisante et s’appuiera la plupart du temps sur une inégalité (économique, sociale ou ethnique).
Alors que l’insurgé voit positivement la médiatisation du conflit asymétrique, l’acteur conventionnel doit lui faire face à un contrôle médiatique et populaire de ses actions. Dès lors que le conflit est médiatisé, l’Etat est tenu de respecter les règles consacrées par le droit humanitaire international, alors que l’insurgé, non étatique, en fait volontiers fi. Toutefois, l’Etat, en particulier s’il contrôle étroitement les médias et leur accès aux zones de conflit, s’applique à en user afin d’endiguer la propagation de l’idéologie insurgée et de s’assurer le soutien populaire.
Des stratégies à repenser : exemples de David Galula et David Kilcullen
Au début des années 2000, les Etats-Unis sont engagés laborieusement dans deux conflits asymétriques, en Afghanistan et en Irak. C’est ainsi que la recherche universitaire (particulièrement militaire) américaine “redécouvre” les travaux d’un auteur français des années 1960 : David Galula.
Galula, officier français enseignant à Harvard, écrivit en 1964 son manuel “Contre-Insurrection, Théorie et Pratique”. Il pose, au sortir de la Guerre d’Algérie, les bases de la lutte étatique contre un insurgé. Il distingue tout d’abord deux étapes dans la lutte contre des groupes insurgés. Une “guerre froide” : l’insurrection ne s’est pas encore constituée en armée et va avoir recours à des actions subversives (terrorisme, assassinats ciblés, sabotage). Dans cette configuration, la contre-insurrection s’organise par l’arrestation des chefs insurgés (plus difficile en démocratie) et l’infiltration des mouvements pour les démanteler à travers le renseignement. Il s’agit donc ici d’actions qui permettent d’anticiper voire d’éviter la lutte armée entre forces régulières et irrégulières. Galula développe ensuite le concept de “guerre chaude” : l’insurrection rentre dans une phase de lutte armée, les forces conventionnelles doivent ainsi limiter l’affrontement conventionnel avec ces groupes. Le résultat est en effet peu efficace car il est possible de détruire une partie des forces rebelles et de capturer un territoire mais cela déclenchera le repli des insurgés dans une autre région et la reconstitution de leurs forces. Il est aussi recommandé de ne pas utiliser les moyens des insurgés, les opérations de type “commando” ne pouvant pas être la seule réponse, de même que le terrorisme serait contreproductif car il entrainerait un désordre favorable aux irréguliers.
David Galula développe donc une stratégie poussée à travers des lois spécifiques à la lutte contre une insurrection : La “loi du soutien à la population” : la population, élément déterminant dans les guerres asymétriques, ne doit pas être récupérée par les insurgés. De même, la “loi de l’action d’une minorité active”, Galula avance qu’il existe dans le cadre des conflits asymétriques une minorité active soutenant la cause des insurgés, une majorité neutre et une minorité hostile aux insurgés. La minorité hostile est alors soutenue pour influencer la majorité neutre afin qu’elle s’oppose aux insurgés, d’où l’invention par la force conventionnelle d’une contre-cause. Ainsi la victoire d’une armée régulière dans le cadre d’un conflit asymétrique consiste en la rupture définitive des liens entre insurgés et population.
Universitaire australien, David Kilcullen a théorisé dans un article de 2006 les “Trois Piliers de la Contre-Insurrection”. Rappelant que “les protagonistes sont engagés dans une lutte mortelle pour le contrôle de la population”, il propose un système exhaustif. Basés sur l’information, les trois piliers (sécurité, politique et économique) sont sensés permettre à l’Etat de renforcer, ou de récupérer, le contrôle de son territoire et de sa population. L’approche de Kilcullen a la particularité d’être construite à partir de la théorie classique de la contre-insurrection (Galula), tout en incorporant des pratiques issues de l’expérience dans divers domaines (maintien de la paix, développement, Etats en déliquescence). L’information, support du système, comprend collecte de renseignements aussi bien qu’opérations médiatiques. Il s’agit ainsi de contrer les motivations, le sanctuaire et l’idéologie de l’insurgé. De plus, Kilcullen insiste que les trois piliers doivent être développés en parallèle. Premièrement, la sécurité, portée par les forces militaires et de police, assure le respect des droits de l’homme, la sûreté publique et la pérennité des institutions civiles. Deuxièmement, le pilier politique vise à rétablir la gouvernance et à favoriser la réintégration sociale de la population soutenant l’insurrection. L’Etat, en mobilisant des soutiens grâce aux médias, restaure sa légitimité et son efficacité. Troisièmement, le pilier économique du système n’est pas sans importance. Il combine une composante à court-terme, aide humanitaire, et des programmes de long-terme (développement des activités économiques et gestion des ressources). Enfin, l’objectif définitif est moins le contrôle lui-même que le transfert de celui-ci vers des institutions permanentes, efficaces et légitimes.
Ainsi, la puissance classique de l’Etat est bien malmenée dans le cadre d’un conflit asymétrique car il se voit contester ses éléments de puissance par une autre entité. Toutefois, les conflits asymétriques révèlent une nouvelle composante de la puissance, les organisations non étatiques aspirant à contrôler non seulement un territoire et une population mais aussi les perceptions et les mentalités. Cette modification des éléments de la puissance affecte le désir de combattre des Etats. Aujourd’hui, ce type de conflit peut transformer une puissance contestée ou projetée en “puissance engluée”, comme le sont les Etats-Unis au Moyen-Orient. La puissance engluée est alors plus réticente à intervenir de peur d’essuyer une défaite dans une nouvelle guerre. On cherche alors à développer des moyens alternatifs qui permettraient aux forces conventionnelles de ne pas s’engager au sol (frappes ciblées). Etant donnés la nature et les besoins de la guerre contemporaine, on peut s’interroger sur la pertinence de ce désengagement.
Nicolas Picciotto
Simon Wasserman
en collaboration avec l’équipe de Classe Internationale
(1) la guerre classique oppose, en général, des adversaires disposant de moyens, infrastructures et formations comparables. Il s’agit de conflits conventionnels où les combattants recourent à des logiques similaires et poursuivent des objectifs de même nature.
(2) Ces guerres ne doivent pas être confondues avec les guerres dites dissymétriques, qui correspondent à des conflits dans lesquels les moyens et les capacités des belligérants sont de même nature, avec des objectifs similaires mais inégaux dans le rapport de force (Guerre du Golfe 1990-1991).
Bibliographie :
Articles
Clément-Noguier Sophia, Sécurité du fort contre asymétrie du faible. Revue internationale et stratégique, 2003/3 (n° 51), p. 89-96.
Donnard Giselle, Des guerres asymétriques ? Multitudes 2001/4 (n° 7), p. 90-96.
Kilcullen David J., Three Pillars of Counterinsurgency. Discours à l’US Government Counterinsurgency Conference, 2006.
Mack Andrew, Why Big Nations Lose Small Wars: The Politics of Asymmetric Conflict. Princeton University Press, 1975.
Metz, Mariën-Casey Chloé, La guerre asymétrique et l’avenir de l’Occident. In: Politique étrangère, n°1 – 2003.
Ouvrages
Baud Jacques, La guerre asymétrique ou la défaite du vainqueur. L’Art de la Guerre, Editions du Rocher, 2003.
Galula David, Contre-Insurrection, Théorie et Pratique. Economica, 1964.
Van Creveld Martin, La Transformation de la Guerre. L’Art de la Guerre, Editions du Rocher, 1991.
US Army, Counterinsurgency Manual. Marine Corps Warfighting Publication, 2006