WWIII : FAILLITE COMPLETE DES USA QUI DOIVENT DECLARER LA GUERRE A LA RUSSIE POUR TENTER DE SURVIVRE SUR LES CADAVRES DU MONDE ENTIER.

Publié le par José Pedro, collectif des rédacteurs dans LAOSOPHIE sur Overblog

Le Gouvernement en faillite des États-Unis émet de fausses obligations dans une tentative vouée à l’échec de se maintenir à Flot !

 
 
 

Cet argent est maintenant épuisé !

 

Benjamin Fulford le 18 février 2019

Le gouvernement en faillite des États-Unis à Washington D.C. a prétendu pouvoir éviter la faillite la semaine dernière en émettent de fausses obligations, qui vont être bloquées, selon des sources du Pentagone, des sociétés secrètes Asiatiques et des familles royales Européennes.
En 2008, le gouvernement fantoche de la Mafia Khazare à Washington D.C. a pu éviter la faillite en utilisant 700 tonnes d’or pour générer l’équivalent en fausses obligations de 750.000 tonnes d’or et ainsi créer 23.000 milliards de $ à partir de rien, ont confirmé des sources de la CIA, du Pentagone, du MI6 et autres.
Cet argent est maintenant épuisé !

A présent ils usurpent l’identité d’un homme assassiné, le “Docteur” Zvonko Berdik-Albert (il s’agit en fait du Comte Albert) pour essayer de rééditer l’opération, cette fois en utilisant la monnaie Chinoise.
Une copie de cette contrefaçon se trouve ci-dessous.

 

Dr.A_Owen Lennon authority Bedford.pdf

La Mafia Khazare a également assassiné l’ex-dirigeant Européen de la CIA, Neil Keenan, et essayé d’usurper son identité dans une vaine tentative de s’emparer de l’or Indonésien, selon des sources de la CIA en Indonésie.
Fulford a déjà annoncé l’assassinat de Neil. Espérons que cette fois-ci il renaîtra encore une fois de ses cendres, après tout ce qu’il a fait pour nous. Il a géré une qualité colossale d’or pour qu’il nous soit restitué. Voir anciens articles.

 

 

Neil Kenan, JFK et le président d’Indonésie Sukarno

Parallèlement, la Mafia Khazare a envoyé la semaine dernière son faux Prince Héritier Saoudien (remplacé par un clone), au Pakistan avec 20 milliards de $ en poche dans une tentative d’acheter sa sécurité en raison de l’effondrement de son emprise sur le pétrole au Moyen-Orient, ont affirmé des sources du Pentagone.
Cependant, les Pakistanais n’ont pas été dupes de cette marionnette Khazare adoratrice de Satan se faisant passer pour un Musulman, selon des sources Ismaéliennes (des Hachachin ou Secte des Assassins*).
*Les Assassins (en arabe : حشاشين, ḥašašyīn), est un nom utilisé pour se référer à la secte ismaélienne des Nizârites, entre le XIème siècle et le XIIème siècle.
Basé sur les écrits d’Alamut, leur Grand maître Hassan ibn al-Sabbah avait tendance à appeler ses disciples Asāsīyūn (qui signifie “ceux qui sont fidèles au (assas) fondement [de la foi] “), mais certains voyageurs et conteurs auraient mal interprété et compris le mot comme un dérivé de haschich. Le terme pourrait aussi provenir du nom d’Hassan ; Hassanjins signifiant “les djins de Hassan”. (Wikipédia

 

Prince Héritier Saoudien; au centre gauche

La raison pour laquelle le prince fantoche s’est rendu au Pakistan pour y chercher refuge était que les militaires Américains prévoient de se retirer d’Arabie Saoudite et de permettre aux Arabes de choisir à nouveau un authentique Musulman comme dirigeant, vouant ainsi à l’anéantissement de nombreux soi-disant membres de la famille royale Saoudienne, selon des sources du Pentagone.

Entre-temps, de multiples sources aux États-Unis et au Canada affirment que des Forces Spéciales sont entrées en action en Amérique du Nord à la suite de la déclaration de l’état d’urgence national la semaine dernière par le Président des États-Unis Donald Trump.
Des sources du Pentagone affirment qu’avec les pouvoirs d’urgence : “Trump pourra entreprendre directement des opérations militaires dans les cités pour empêcher des coups montés, arrêter des agents de la cabale et de l’étranger, fermer … des bases à l’étranger, permettre au Corps des Ingénieurs de l’Armée de construire un mur contre tous trafics, rapatrier des troupes, et faire des tribunaux militaires un sujet de conversation national”.
Le Directeur de la Sécurité Civile (FEMA – Federal Emergency Management Agency), Brock Long a été limogé et le Procureur Général William Barr a prêté serment avant que Trump ne déclare l’état d’urgence national, afin de permettre les arrestations de masse et de préparer la déclassification des mandats FISA et des “déversements massifs de renseignements”, affirment des sources du Pentagone.
Brock Long a été à l’origine de la fausse crise des ouragans qui a servi à dissimuler la faillite des activités à Porto Rico de la Société privée de Washington D.C.
La société des États-Unis SA (USA, Inc.) a été créée en 1871 et domiciliée à Porto Rico, a fait faillite en 2015 lorsque toute la nation de Porto Rico n’a pu faire face aux obligations de remboursement de ses emprunts obligataires souverains. Cela comprenait l’IRS (Service de l’Impôt sur le Revenu), la Homeland Security (Sécurité intérieure), la FEMA (Sécurité civile) et la NASA (Agence spatiale). Les principaux créanciers des États-Unis SA étaient la Chine et la Russie, qui ont été en pleine possession des actifs des États-Unis SA depuis que le dirigeant politique de la Noblesse Noire, le “Pape François”, a restitué toutes les sociétés du Vatican en septembre 2015 – entreprises, actifs et populations. Un de ces actifs était le gouvernement privé des États-Unis SA, qu’ils sont en train de démanteler.
Extrait de : Rapport de situation mondiale, renseignements sur la Réévaluation et le Réamorçage Monétaire Mondial (RV/GCR).
https://vol370.blogspot.com/2016/10/1910-rapport-de-situation-mondial.html

De nombreux “déversements de renseignements” concerneront des politiciens et des agents du pouvoir qui touchent d’énormes pots-de-vin de la part de l’industrie illégale de la drogue.
D’ores et déjà, le baron de la drogue El Chapo* a témoigné lors de son audience de détermination de la peine que Hillary Clinton, Nancy Pelosi (porte-parole de la Chambre des Représentants) et le président de la Commission du Renseignement à la Chambre des Représentants Adam Schiff, et d’autres qui avaient reçu de sa part de l’argent de la drogue.
*Joaquín Archivaldo Guzmán Loera dit “El Chapo”, né le 25 décembre 1954 ou le 4 avril 1957 selon les sources, dans État du Sinaloa (Mexique), est un mafieux mexicain qui dirige le cartel de Sinaloa, organisation spécialisée dans le trafic international de stupéfiants. Il est surnommé “El Chapo” (Le trapu) à cause de sa taille de 168 cm.
À la suite de l’arrestation de son rival Osiel Cárdenas Guillén en 2003, il s’impose comme le premier trafiquant de drogue à l’échelle mondiale et est considéré comme le “trafiquant le plus dangereux du monde” par les États-Unis. Chaque année entre 2009 et 2011, il était classé par le magazine américain Forbes comme l’une des personnes les plus influentes et les plus puissantes au Monde, classé respectivement 41ème, 60ème et 55ème.
Il était le deuxième homme le plus puissant du Mexique derrière Carlos Slim.
Il fut nommé 10ème personne la plus riche du Mexique et le 1.140ème au Monde, avec une fortune estimée à 1 milliard de dollars.
Le cartel de Sinaloa transporte plusieurs tonnes de cocaïne par containers de la Colombie vers les États-Unis, premier consommateur mondial, en passant par le Mexique.
Le cartel contrôle également la fabrication et la distribution d’autres drogues, exportées vers les États-Unis et l’Europe.  Il est extradé le 19 janvier 2017 vers les États-Unis.
Son procès a débuté le 5 novembre 2018 aux États-Unis.
Le procès dure 3 mois, et fait intervenir 56 témoins dont 14 anciens membres du cartel – même si Guzmán lui-même refuse de témoigner.
Il est accusé entre autre d’avoir co-dirigé le Cartel de Sinaloa durant 25 ans (aux côtés d’Ismael “El Mayo” Zambada toujours en fuite), d’avoir exporté plus de 155 millions de tonnes de cocaïne vers les États-Unis de 1989 à 2014, de trafic d’héroïne, de méthamphétamines et de fentanyl, de participation à une organisation criminelle, de conspiration pour importer et exporter de la drogue, d’utilisation d’arme à feu, de blanchiment d’argent, et d’avoir ordonné des violences et des tortures contre des membres des cartels rivaux.
Le 12 février 2019, il est reconnu coupable de tous les chefs d’accusation.

 

Sa peine exacte sera connue le 25 juin 2019. (Wikipédia)
http://www.rumormillnews.com/cgi-bin/forum.cgi?read=117525

De même, le Pape François “a été contraint de prendre l’initiative historique de défroquer le prédateur sexuel et ex-Cardinal de Washington D.C., Ted McCarrick, ouvrant la voie pour infliger la même sanction à davantage de cardinaux et d’évêques”, affirment les sources.
Cela a été apparemment la première fois dans l’histoire bimillénaire de l’Église qu’un cardinal a été défroqué, ou “rendu à l’état laïc”.
McCarrick a été un des plus importants agents du pouvoir à Washington D.C. qui a protégé de nombreux criminels politiques de haut-niveau, selon les sources. (Vous rappelez-vous que George Bush Jr et Tony Blair se sont précipités chez le Pape Benoît XVI pour obtenir sa protection après qu’ils aient quitté le pouvoir ?).
Le fait de défroquer McCarrick a été lié à l’éviction du dirigeant financier du Vatican, le Cardinal Pell, jugé coupable en décembre dernier d’abus sexuels sur enfants, selon des sources de la Loge Maçonnique P2.
Pell avait essayé d’empêcher le démarrage du nouveau système financier, affirment-elles.
Cette affaire est également en lien avec la requête officielle du gouvernement Britannique, transmise au Vatican par voie diplomatique, d’enquêter sur le rôle du Vatican dans le massacre de masse de Fukushima du 11 mars 2011, selon des sources du MI6 Britannique.
Les procédures pénales de Fukushima vont commencer par des inculpations à l’encontre de la société de sécurité Israélienne Magna BSP et du Premier Ministre Israélien Benyamin Netanyahou, affirment les sources.
Cependant, le Premier Ministre Japonais fasciste Shinzo Abe, fervent partisan de la guerre bactériologique et ses soutiens du clan Iwasaki (Groupe Mitsubishi) vont également devoir affronter un procès dans le cours ultérieur des procédures, affirment les sources.
En guise de rappel, le gouvernement d’Abe et arrivé au pouvoir après les élections frauduleuses qui ont suivi la catastrophe de Fukushima.
Son gouvernement a détourné d’énormes sommes d’argent destinées officiellement à “nettoyer Fukushima”, selon des sources de l’extrême-droite Japonaise.
De plus, la mère d’Abe sert d’agent de liaison avec les gangsters Japonais pour les faire bénéficier des dessous de table générés à l’occasion des Jeux Olympiques de Tokyo, selon un initié du syndicat du crime du Yamaguchi-gumi.
* Le sixième Yamaguchi-gumi (六代目山口組, Rokudaime Yamaguchi-gumi?) est la plus grande famille yakuza actuelle. Il porte le nom de son créateur, Harukichi Yamaguchi, qui le créa en 1915 avec une cinquantaine d’autres gangsters.
Yamabishi (山菱) : le « Mon » du Yamaguchi-gumi
C’est l’une des plus grandes organisations criminelles dans le monde. Le nombre de ses membres est évalué à 34 900 personnes en 2010, soit 44,4 % des yakuzas au Japon2. Le Yamaguchi-gumi est un des clans les plus riches du monde du crime organisé, il gagne des milliards de dollars par an grâce à des extorsions de fonds, au jeu, à l’industrie du sexe, au trafic d’armes, au trafic de drogues, ainsi que dans l’immobilier et la construction. Il est également impliqué dans la manipulation des marchés boursiers et la pornographie sur Internet. (Wikipédia)

Le fait que le gouvernement Russe ne veuille pas conclure d’accord de Paix avec le régime d’Abe est un indice évident qu’il est bien conscient qu’il s’agit d’un gouvernement illégitime et criminel, affirment des sources du FSB Russe.
Le limogeage de Michael Greenberg comme principal agent du Vatican/Mossad au Japon et l’arrestation imminente du meurtrier, trafiquant de drogue et cousin de Barbara Bush, Richard Armitage, va ouvrir la voie au nettoyage du Japon, selon des sources de la Société du Dragon Blanc (WDS) au Japon.

 

C’est pourquoi il se déroule une importante lutte de pouvoir en coulisse alors que le Japon se prépare à installer le Prince Héritier Naruhito sur le trône le 1er mai.
Une faction est en faveur de la désignation du Nord-Coréen Kim Jong Un comme empereur, étant donné qu’il représente une branche de la famille royale qui ne s’est jamais soumise au contrôle de l’étranger, affirment des sources de la famille impériale Japonaise.
Un autre groupe prétend que Naoshi Onodera de la lignée impériale du Sud devrait devenir empereur, parce que Naruhito n’est pas de sang impérial.
https://www.bibliotecapleyades.net/sociopolitica/sociopol_fulford153.htm
Que de mensonges au sujet de la Corée du Nord !
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/video/2018/06/12/rencontre-trump-kim-le-resume-en-images-d-une-journee-historique_5313703_3216.html

La succession impériale sera assurément le sujet d’une intense discussion lorsque Kim Jong Un et Trump se rencontreront au Vietnam les 27 et 28 février.
Des sources du Pentagone affirment qu’un tribunal public pourrait se tenir pour déterminer qui devrait être l’empereur légitime.

Il y a également une affaire qui va être soumise à la Cour Internationale de Justice (CIJ) de La Haye et qui pourrait ébranler les fondements politiques de l’Union Européenne, selon des dirigeants du Conseil National de Transition Français.
Le 19 février, le Conseil va soumettre à la CIJ, Cour Internationale de Justice, une affaire selon laquelle la “France n’a plus eu de constitution depuis le 13 décembre 2007″*, selon le porte-parole du Conseil Fabrice Dubourdieu.
De plus, le Conseil démontrera que trois départements Français ont été dirigés hors de tout droit ou titre juridique depuis 1948, affirme-t-il.
“Cet imbroglio juridique pourrait provoquer non seulement un changement de régime en France, mais également l’effondrement de l’UE (telle que nous la connaissons) pour toutes sortes de raisons juridiques que je pourrais détailler si vous le désirez”, prétend Dubourdieu.

Il ajoute que : “Nous ne sommes pas naïfs : nous savons que nous faisons l’objet d’une surveillance constante.

Le fait que nous ne soyons pas empêchés d’agir signifie que des gens plus haut placés ont décidé que le temps était venu de mettre fin légalement au 4ème Reich de l’UE”.

*Le traité de Lisbonne est un traité signé le 13 décembre 2007 à Lisbonne entre les vingt-sept États membres de l’Union européenne, qui transforme l’architecture institutionnelle de l’Union.
https://www.chevenement.fr/Traite-de-Lisbonne-rien-n-est-regle-tout-commence-_a497.html

Entre-temps, le gouvernement de la Mafia Khazare d’Israël, constatant que ses soutiens du 4ème Reich Nazi perdaient le pouvoir, a essayé d’organiser une conférence d’urgence en Pologne la semaine dernière pour rameuter du soutien en faveur d’une guerre avec l’Iran.
Ils en ont également profité pour tenter d’extorquer de l’argent à la Pologne, selon des sources du Renseignement Polonais.
Le gouvernement Polonais a refusé de leur verser le moindre sou et au lieu de cela a entamé des poursuites contre le Président du Conseil Européen Donald Tusk, affirment les sources.
Tusk est un agent Allemand qui a seulement fait semblant d’être Polonais et a été impliqué dans le meurtre de dirigeants du gouvernement Polonais, y compris de son Président en 2010, ajoutent-elles.
https://www.independent.co.uk/news/world/europe/vladimir-putin-polish-president-lech-kaczynski-plane-crash-russia-poland-defence-minister-antoni-a8111831.html

Un autre signe que les Khazars sont en train de perdre le contrôle est que “la citoyenne Israélienne à la double nationalité remplaçant Rupert Murdoch, l’ancienne présentatrice de Fox News, Heather Nauert, a rayé son nom de la liste des prétendants au poste d’Ambassadeur aux Nations Unis”, selon des sources du Pentagone.
Les États-Unis auront bientôt un ambassadeur aux Nations Unies qui représentera les États-Unis et non Israël, affirment des sources Juives de la CIA.
Il y a encore beaucoup d’autres sujets dont nous ne pouvons pas parler parce que cela pourrait nuire à des opérations en cours.
Cependant, nos lecteurs peuvent être assurés que cela produira des effets bénéfiques pour la population et les organismes vivants de cette planète.
Les humbles seront finalement récompensés.

Traduction de Patrick T.

Message d’origine en anglais :
https://www.youtube.com/watch?v=S7tHEgcWJoY
<<<<diffusé par Marie :
https://vol370.blogspot.com/

La guerre contre le Venezuela est construite sur le mensonge 

Par John Pilger

 

Si le larbin de la CIA Guaido et ses suprémacistes blancs s’emparent du pouvoir, ce sera le 68e renversement d’un gouvernement souverain par les États-Unis, pour la plupart des démocraties.

 

En voyageant avec Hugo Chavez, j’ai vite compris la menace du Venezuela. Dans une coopérative agricole de l’état de Lara, les gens attendaient patiemment et avec bonne humeur dans la chaleur. Des cruches d’eau et de jus de melon étaient distribuées. On jouait de la guitare ; une femme, Katarina, se tenait debout et chantait avec une voix de contralto.

« Qu’est-ce qu’elle dit ? » ai-je demandé.
« Que nous sommes fiers », m’a-t-on répondu.

Les applaudissements qui lui étaient adressés se sont fusionnés avec l’arrivée de Chavez. Sous un bras, il portait une sacoche remplie de livres. Il portait sa grande chemise rouge et saluait les gens par leur nom, s’arrêtant pour écouter. Ce qui m’a frappé, c’est sa capacité d’écoute.

Mais maintenant, il lisait. Pendant près de deux heures, il a lu au microphone des extraits de la pile de livres à côté de lui : Orwell, Dickens, Tolstoï, Zola, Hemingway, Chomsky, Neruda : une page par ci, une ligne ou deux par là. Les gens applaudissaient et sifflaient lorsqu’il passait d’un auteur à l’autre.

Puis les paysans ont pris le micro et lui ont dit ce qu’ils savaient et ce dont ils avaient besoin ; un visage d’ancien, comme taillé dans le bois d’un banyan voisin, a fait un long discours critique au sujet de l’irrigation ; Chavez a pris des notes.

C’est ici que l’on cultive le vin, un cépage de type Syrah foncé. « John, John, viens là, » dit El Presidente, après m’avoir vu m’endormir dans la chaleur et les profondeurs d’Oliver Twist.

« Il aime le vin rouge », a dit Chavez au public qui sifflait et applaudissait, et il m’a offert une bouteille de ’vino de la gente’ [vin du peuple – NdT]. Mes quelques mots en mauvais espagnol ont provoqué des rires et des sifflements.

En observant Chavez avec la gente, on comprenait la nature de cet homme qui avait promis, à son arrivée au pouvoir, que chacun de ses mouvements serait soumis à la volonté du peuple. En huit ans, Chavez a remporté huit élections et référendums : un record mondial. Il était électoralement le chef d’État le plus populaire du continent, probablement au monde.

Toutes les grandes réformes de Chavista ont été votées, notamment une nouvelle constitution dont 71 % du peuple a approuvé chacun des 396 articles qui accordent des libertés inouïes, comme l’article 123, qui reconnaît pour la première fois les droits fondamentaux des métis et des Noirs, dont Chavez faisait partie.

Lors d’un de ses tutoriels sur les routes, il a cité un écrivain féministe : ’L’amour et la solidarité, c’est la même chose.’ Ses auditeurs l’ont bien compris et se s’exprimaient avec dignité, rarement avec déférence. Les gens ordinaires considéraient Chavez et son gouvernement comme leurs champions : comme les leurs.

C’était particulièrement vrai pour les indigènes, métis et afro-vénézuéliens, qui avaient été méprisés historiquement par les prédécesseurs immédiats de Chavez et par ceux qui vivent aujourd’hui loin des barrios, dans les demeures et penthouses de Caracas Est, qui se rendent à Miami où se trouvent leurs banques et qui se considèrent comme ’blancs’. Ils sont le noyau dur de ce que les médias appellent ’l’opposition’.

Quand j’ai rencontré cette classe, dans les banlieues appelées Country Club, dans des maisons dotées de lustres accrochés au plafond et de mauvais portraits accrochés aux murs, je les ai reconnus. Il auraient pu être des Sud-Africains blancs, de la petite bourgeoisie de Constantia et de Sandton, piliers des cruautés de l’apartheid.

Les caricaturistes de la presse vénézuélienne, dont la plupart appartiennent à une oligarchie et s’opposent au gouvernement, présentaient Chavez comme un singe. Un animateur de radio l’a qualifié de ’singe’. Dans les universités privées, la monnaie d’échange verbale des enfants des riches est souvent l’insulte raciste envers ceux dont les cabanes sont à peine visibles à travers la pollution.

 
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Caracas, 7 février, 2009. Howard Yanes | AP

Bien que la politique identitaire fasse fureur dans les journaux libéraux occidentaux, « Race » et « Classe » sont deux mots presque jamais prononcés dans leur ’couverture’ mensongère de cette dernière tentative ouverte de Washington de s’emparer de la plus grande source de pétrole du monde et de récupérer son ’arrière-cour’.

Malgré tous les défauts des Chavistas – comme le fait d’avoir laissé l’économie vénézuélienne devenir l’otage des fortunes pétrolières et de n’avoir jamais sérieusement contesté le grand capital et la corruption – ils ont apporté la justice sociale et la fierté à des millions de personnes et ils l’ont fait avec une démocratie sans précédent.

Des 92 élections que nous avons surveillées’, a déclaré l’ancien président Jimmy Carter, dont le Carter Centre est un observateur respecté des élections dans le monde, ’je dirais que le processus électoral au Venezuela est le meilleur au monde’. En revanche, le système électoral américain, qui met l’accent sur l’argent de la campagne électorale, ’est l’un des pires’, a déclaré M. Carter.

En étendant le droit de vote à un État populaire parallèle d’autorité communale, basé dans les barrios les plus pauvres, Chavez a décrit la démocratie vénézuélienne comme ’notre version de l’idée de Rousseau de la souveraineté populaire’.

Au Barrio La Linea, dans sa petite cuisine, Béatrice Balazo m’a dit que ses enfants étaient la première génération de pauvres à fréquenter l’école toute la journée et à recevoir un repas chaud et à apprendre la musique, l’art et la danse. « J’ai vu leur confiance s’épanouir comme des fleurs, » dit-elle.

Dans le Barrio La Vega, j’ai écouté une infirmière, Mariella Machado, une femme noire de 45 ans avec un rire impressionnant, s’adresser à un conseil foncier urbain sur des sujets allant des sans-abri à la guerre illégale. Ce jour-là, ils lançaient Mision Madres de Barrio, un programme visant à lutter contre la pauvreté chez les mères célibataires. En vertu de la Constitution, les femmes ont le droit d’être rémunérées en tant que soignantes et peuvent emprunter auprès d’une banque spéciale pour les femmes. Aujourd’hui, les femmes au foyer les plus pauvres reçoivent l’équivalent de 200 $ par mois.

Dans une pièce éclairée par un seul tube fluorescent, j’ai rencontré Ana Lucia Ferandez, 86 ans, et Mavis Mendez, 95 ans. Sonia Alvarez, 33 ans à peine, était venue avec ses deux enfants. Autrefois, aucune d’entre elles ne savait lire et écrire ; aujourd’hui elles étudiaient les mathématiques. Pour la première fois de son histoire, le Venezuela compte près de 100 % d’alphabétisés.

C’est le résultat de Mision Robinson, un plan conçu pour les adultes et les adolescents auparavant privés d’éducation à cause de la pauvreté. Mision Ribas offre à tous la possibilité de suivre un enseignement secondaire, appelé bachillerato (les noms de Robinson et Ribas font référence aux dirigeants indépendantistes vénézuéliens du XIXe siècle).

En 95 ans, Mavis Mendez en a vu défiler des gouvernements, pour la plupart des vassaux de Washington, présider au vol de milliards de dollars de butin de pétrole, dont une grande partie a été envoyée à Miami. ’Nous n’avions pas d’importance sur le plan humain’, m’a-t-elle dit. ’Nous vivions et mourions sans véritable éducation, sans eau courante et sans nourriture que nous ne pouvions acheter. Quand nous tombions malades, les plus faibles mourraient. Maintenant, je peux lire et écrire mon nom et bien plus encore ; et quoi que disent les riches et les médias, nous avons semé les graines d’une véritable démocratie et j’ai la joie de la voir se réaliser.

En 2002, lors d’un coup d’État soutenu par Washington, les fils et filles, petits-enfants et arrière-petits-enfants de Mavis se sont joints à des centaines de milliers d’autres qui sont descendus des barrios sur les collines et ont exigé que l’armée reste loyale envers Chavez.

Le peuple m’a sauvé’, m’a dit Chavez. ’Ils l’ont fait avec les médias contre moi, des médias qui refusaient d’informer même sur les faits les plus élémentaires de ce qui était en train de se passer. Pour trouver une démocratie populaire, en action héroïque, il est inutile de chercher ailleurs.’

Depuis la mort de Chavez en 2013, son successeur Nicolas Maduro, alors ministre des Affaires étrangères et vice-président, a cédé son étiquette dérisoire d’’ancien conducteur de bus’ pour devenir dans la presse occidentale la réincarnation de Saddam Hussein. Il n’est certainement pas Chavez ; la chute du prix du pétrole dans une société qui importe presque toute sa nourriture a souvent été confrontée à une incompétence officielle qui a allongé les files d’attente dans les supermarchés et provoqué l’agacement chez trop de Chavistas.

Néanmoins, Maduro a remporté la présidence en 2018 lors d’une élection que les principaux membres de l’opposition avaient exigée, puis boycottée, une tactique qu’ils avaient déjà tentée contre Chavez.

Le boycott a échoué : 9 389 056 personnes ont voté ; seize partis y ont participé et six candidats se sont présentés à la présidence. Maduro a obtenu 6 248 864 voix, soit 67,84 %.

Le jour du scrutin, j’ai parlé à l’un des 150 observateurs électoraux étrangers. ’C’était tout à fait régulier’, a-t-il dit. ’Il n’y a pas eu de fraude, aucune des terribles affirmations des médias ne tient la route. Zéro. Incroyable, vraiment.’

 
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Participation à une répétition générale de l’élection présidentielle du 7 Octobre, effectuée le 5 Août 2012 – Fernando Llano | AP

Comme tirée de la scène d’un thé chez les fous dans Alice au Pays des Merveilles, l’administration Trump a présenté Juan Guaido, une création en carton pâte du National Endowment for Democracy de la CIA, comme le « Président légitime du Venezuela ». Selon El Nacional, 81 pour cent du peuple vénézuélien n’avait jamais entendu parler du Guaido, qui n’a été élu par personne.

Maduro est « illégitime », dit Trump (qui a gagné la présidence US avec trois millions de voix de moins que son adversaire), un « dictateur », dit Mike Pence, vice-président dont on peut démontrer qu’il n’a pas de scrupules, et John Bolton, conseiller à la « sécurité nationale » (qui m’a demandé lors d’une interview en 2003 : « Dites, vous êtes communiste, peut-être même travailliste ? »).

En tant qu’’envoyé spécial au Venezuela » (en clair, préposé aux coups d’état), Trump a nommé un criminel condamné, Elliot Abrams, dont les intrigues au service des présidents Reagan et George W. Bush ont produit le scandale Iran-Contra dans les années 1980 et plongé l’Amérique centrale dans des années de misère meurtrière. Si l’on met Lewis Carroll de côté, on peut dire que ces trois chapeliers fous menaient la parade dans les années 80. Le contexte historique de Trump n’est pas connu.

Pourtant, leurs mensonges sur le Venezuela ont été repris par ceux qui les ont payés pour garder les pendules à l’heure, notamment ceux de réputation libérale.

Sur Channel 4 News, Jon Snow a beuglé devant le député travailliste Chris Williamson, ’Ecoutez, vous et M. Corbyn êtes dans un sale pétrin [au Venezuela]’ ! Quand Williamson a essayé d’expliquer pourquoi menacer un pays souverain était une erreur, Snow l’a interrompu. ’Vous avez eu votre chance !

En 2006, Channel 4 News a effectivement accusé Chavez de comploter pour fabriquer des armes nucléaires avec l’Iran : un fantasme. Le correspondant de Washington de l’époque, Jonathan Rugman, a permis à un criminel de guerre, Donald Rumsfeld, de comparer Chavez à Hitler, sans être contesté.

Des chercheurs de University of the West of England ont étudié les reportages de la BBC sur le Venezuela sur une période de dix ans. Ils ont examiné 304 articles et ont constaté que seulement trois d’entre eux faisaient référence à l’une ou l’autre des politiques positives du gouvernement. Pour la BBC, le bilan démocratique du Venezuela, la législation sur les droits de l’homme, les programmes alimentaires, les initiatives en matière de santé et la réduction de la pauvreté n’ont pas eu lieu. Le plus grand programme d’alphabétisation de l’histoire de l’humanité n’a pas eu lieu, tout comme les millions de personnes qui défilent en faveur de Maduro et à la mémoire de Chavez n’existent pas.

Lorsqu’on lui a demandé pourquoi elle n’avait filmé qu’une marche de l’opposition, la journaliste de la BBC Orla Guerin a répondu qu’il était ’trop difficile’ de participer à deux marches dans le même journée.

Une guerre a été déclarée au Venezuela, et la vérité est ’trop difficile’ à raconter.

Il est trop difficile de raconter l’effondrement des prix du pétrole depuis 2014 comme étant en grande partie le résultat des machinations criminelles de Wall Street. Il est trop difficile de qualifier de sabotage le blocage de l’accès du Venezuela au système financier international dominé par les États-Unis. Il est trop difficile de qualifier comme illégales les ’sanctions’ de Washington contre le Venezuela, qui ont causé la perte d’au moins 6 milliards de dollars de revenus au Venezuela depuis 2017, dont 2 milliards de dollars de médicaments importés, ou de qualifier comme acte de piratage le refus de la Banque d’Angleterre de rendre les réserves d’or du Venezuela.

L’ancien rapporteur des Nations Unies, Alfred de Zayas, l’a assimilé à un ’siège médiéval’ destiné à ’mettre le pays à genoux’. C’est une agression criminelle, dit-il. Elle est semblable à celle à laquelle Salvador Allende fut confronté en 1970 lorsque le président Richard Nixon et son équivalent de John Bolton, Henry Kissinger, entreprirent de ’faire hurler l’économie [du Chili]’. La longue nuit noire de Pinochet allait suivre.

Le correspondant du Guardian, Tom Phillips, a tweeté une photo de lui avec une casquette sur laquelle figuraient des mots en espagnol qui signifiaient en argot local : ’Rendez le putain de Venezuela cool à nouveau.’ Un journaliste habillé en clown est peut-être l’étape finale de la dégénérescence du journalisme.

Si le larbin de la CIA, Guaido et ses suprémacistes blancs s’emparent du pouvoir, ce sera le 68e renversement d’un gouvernement souverain par les États-Unis, dont la plupart des démocraties. Une vente au rabais des services publics et des richesses minières du Venezuela suivra certainement, de même que le vol du pétrole du pays, comme l’a souligné John Bolton.

Sous le dernier gouvernement contrôlé par Washington à Caracas, la pauvreté avait atteint des proportions historiques. Il n’y avait pas de soins de santé pour ceux qui ne pouvaient pas payer. Il n’y avait pas d’éducation universelle ; Mavis Mendez, et des millions d’autres comme elle, ne savaient ni lire ni écrire. C’est pas cool, ça, Tom ?

John Pilger

 

Article original en anglais :

The War on Venezuela Is Built on Lies

Traduction par VD pour le Grand Soir 

John Pilger est un journaliste primé. Ses articles paraissent dans le monde entier dans des journaux tels que le Guardian, l’Independent, le New York Times, le Los Angeles Times, le Mail & Guardian (Afrique du Sud), Aftonbladet (Suède), Il Manifesto (Italie). Son site Web personnel est www.johnpilger.com.

USA. La guerre perpétuelle "contre le terrorisme"
 
Trump peut bien parler de se retirer de Syrie et d’Afghanistan, il n’en est pas moins vrai que l’armée des États-Unis est présente au prétexte d’antiterrorisme dans 80 pays au bas mot, et que personne ne sait ce qu’elle y fait exactement.
Explications.

En septembre 2001, l’administration Bush a lancé la « guerre mondiale contre le terrorisme ». Bien que l’adjectif « mondiale » ait depuis longtemps été retiré du nom, il s’avère qu’elle ne plaisantait pas.

Quand j’ai commencé à cartographier tous les endroits du monde où les États-Unis luttent encore contre le terrorisme, des années plus tard, je ne pensais pas que ce serait si difficile à faire. C’était avant l’incident de 2017 au Niger où quatre soldats américains ont été tués lors d’une mission antiterroriste, à travers lequel les Américains ont pu se faire une idée de l’ampleur réelle de la guerre contre le terrorisme. J’imaginais une carte qui cernerait l’Afghanistan, l’Irak, le Pakistan et la Syrie — les endroits que de nombreux Américains relient automatiquement à la guerre contre le terrorisme — ainsi qu’une douzaine de zones secondaires, comme les Philippines et la Somalie. Je n’imaginais pas que j’entreprenais une odyssée de recherches qui, dans sa deuxième mise à jour annuelle, allait cartographier des missions antiterroristes américaines dans 80 pays en 2017 et 2018, soit 40% des nations sur cette planète (la carte a été publiée pour la première fois dans le magazine Smithsonian).
 
En tant que codirectrice du projet Costs of War [projet Coûts de la guerre] du Watson Institute for International and Public Affairs de l’Université Brown, je ne suis que trop consciente des coûts engendrés par une présence aussi tentaculaire à l’étranger. Les recherches menées dans le cadre de notre projet montrent que, depuis 2001, la guerre contre le terrorisme menée par les États-Unis a entraîné la perte, selon des estimations basses, de près d’un demi-million de vies uniquement en Irak, en Afghanistan et au Pakistan. D’ici la fin de 2019, nous estimons également que la guerre globale de Washington aura coûté pas moins de 5900 milliards de dollars aux contribuables américains, dont des sommes déjà dépensées et d’autres qui seront forcément engagées pour les anciens combattants de la guerre tout au long de leurs vies.
 
En général, le public américain a ignoré ces guerres de l’après-11 septembre et leurs coûts astronomiques. Mais l’ampleur des activités antiterroristes de Washington suggère qu’il est temps d’y prêter une réelle attention. Récemment, l’administration Trump a parlé de se retirer de Syrie et de négocier la paix avec les talibans en Afghanistan. Pourtant, à l’insu de nombreux Américains, la guerre contre le terrorisme s’étend bien au-delà de ces terres et, sous l’égide de Trump, elle s’intensifie dans un certain nombre d’endroits. Le fait que nos missions de lutte contre le terrorisme soient si étendues et coûteuses devrait inciter les Américains à exiger des réponses à quelques questions urgentes : Cette guerre planétaire est-elle vraiment nécessaire à la sécurité des Américains ? Réduit-elle la violence contre les civils aux États-Unis et ailleurs ? Si, comme je le crois, la réponse à ces deux questions est non, n’y a-t-il pas de moyens plus efficaces d’atteindre ces objectifs ?
 
Du combat ou de « l’Entraînement » et de « l’Assistance » ?
 
Le principal obstacle à la création de notre base de données que mon équipe de recherche allait découvrir, était le secret dont le gouvernement américain entoure souvent sa guerre contre le terrorisme. La Constitution donne au Congrès le droit et la responsabilité de déclarer les guerres, offrant aux citoyens de ce pays, du moins en théorie, des moyens de s’exprimer. Pourtant, au nom de la sécurité opérationnelle, l’armée classe secret défense la plupart des informations sur ses activités antiterroristes à l’étranger.
 
Les USA livrent leur Guerre contre le terrorisme dans 40% des nations de la Terre. (Stephanie Savell, Costs of War Project, publié à l’origine dans le numéro de février du Smithsonian magazine).
 
 
C’est particulièrement vrai pour les missions où des Américains mènent des actions directes contre des militants sur le terrain, une réalité que mon équipe et moi-même avons rencontrée dans 14 pays différents au cours des deux dernières années. La liste comprend l’Afghanistan et la Syrie, bien sûr, mais aussi des endroits moins connus et attendus, par exemple la Libye, la Tunisie, la Somalie, le Mali et le Kenya. Officiellement, nombre d’entre elles sont qualifiées de missions de « formation, de conseil et d’assistance », dans le cadre desquelles l’armée américaine travaille à soutenir des groupes militaires ou paramilitaires locaux qui combattent les entités désignées organisations terroristes par Washington. Officieusement, la frontière entre « assistance » et « combat » s’avère, au mieux, indéterminée.
 
Certains journalistes d’investigation de renom ont documenté la façon dont cette guerre de l’ombre s’est déroulée, principalement en Afrique. Au Niger, en octobre 2017, comme les journalistes l’ont révélé par la suite, ce qui était officiellement une mission de formation s’est avéré une opération de type « tuer ou capturer » dirigée contre un terroriste présumé.
 
De telles missions ont lieu régulièrement. Au Kenya, par exemple, des militaires américains chassent activement les militants d’al-Shabaab, un groupe désigné terroriste par les États-Unis. En Tunisie, il y a eu au moins une bataille ouverte entre les forces américaines et tunisiennes et les militants d’Al-Qaïda. En effet, deux militaires américains se sont par la suite vu décerner des médailles pour leurs actions sur place, un indice qui a permis aux journalistes de remonter la piste et de découvrir qu’il y avait bien eu affrontement direct.
 
Dans d’autres pays africains encore, les forces d’opérations spéciales des États-Unis ont planifié et contrôlé des missions en « coopération avec » – en fait en dirigeant – leurs homologues africains. En créant notre base de données, nous avons péché par excès de prudence en ne documentant les combats que dans les pays où nous avions au moins deux sources crédibles, et en vérifiant nos données avec des experts et des journalistes qui pouvaient nous fournir des informations complémentaires. En d’autres termes, les troupes américaines ont sans aucun doute participé à des combats dans plus d’endroits que ceux que nous avons pu documenter.
 
Une de nos autres découvertes frappantes est le nombre de pays — 65 au total — dans lesquels les États-Unis « forment » et/ou « aident » les forces de sécurité locales à lutter contre le terrorisme. Si l’armée américaine assure réellement cette formation en grand partie, le département d’État des USA participe aussi, de façon surprenante, au financement et à la formation de la police, de l’armée et des agents des patrouilles frontalières dans de nombreux pays. Elle fait également don d’équipements, y compris des appareils de détection par rayons X et des kits d’inspection de cargaisons de contrebande. En outre, elle élabore des programmes étiquetés « Contrecarrer l’extrémisme violent », une approche de « soft power » axée sur l’éducation du public et d’autres outils destinés à « lutter contre le recrutement et les refuges pour les terroristes ».
 
Cette formation et cette assistance ont lieu au Moyen-Orient et en Afrique, ainsi que dans certaines régions d’Asie et d’Amérique latine. Des « entités chargées du maintien de l’ordre » américaines ont formé les forces de sécurité brésiliennes à la surveillance des menaces terroristes avant les Jeux olympiques d’été de 2016 [donc juste avant la destitution de Dilma Roussef, NdT], par exemple (et ont poursuivi ce partenariat en 2017). De même, des patrouilleurs frontaliers américains ont collaboré avec leurs homologues argentins à la lutte contre le blanchiment d’argent présumé par des groupes terroristes sur les marchés illicites de la région frontalière entre l’Argentine, le Brésil et le Paraguay.
 
Aux yeux de beaucoup d’Américains et d’autres, tout cela peut sembler relativement inoffensif – guère plus que de l’aide généreuse et de bon voisinage pour le maintien de l’ordre, ou un ensemble de politiques raisonnables visant à « les combattre sur place avant qu’ils ne viennent nous combattre chez nous ». Mais ne devrions-nous pas en savoir plus, après toutes ces années passées à entendre ces affirmations à propos d’endroits comme l’Irak et l’Afghanistan, où les résultats sont loin d’être inoffensifs ou efficaces ?
 
Dans les nombreux pays concernés, ces formations d’acteurs locaux ont souvent alimenté, ou ont été utilisés au services des objectifs les plus sombres. Au Nigéria, par exemple, l’armée américaine continue de travailler en étroite collaboration avec des forces de sécurité locales qui ont eu recours à de la torture et perpétré des exécutions sommaires, ainsi que des actes d’exploitation et d’abus sexuels. Aux Philippines, elle a mené des exercices militaires conjoints à grande échelle en coopération avec l’armée du Président Rodrigo Duterte, alors même que la police sous son commandement continue d’infliger d’horribles violences aux citoyens de ce pays.
 
Le gouvernement de Djibouti, qui accueille depuis des années la plus grande base militaire américaine en Afrique, le Camp Lemonnier, utilise également ses lois antiterroristes pour poursuivre ses dissidents. Le Département d’État n’a pas tenté de cacher la façon dont ses propres programmes de formation ont alimenté une forme étendue de répression dans ce pays (et dans d’autres). Selon ses ‘Country Reports on Terrorism’ de 2017, un document qui fournit chaque année au Congrès une vue d’ensemble du terrorisme et de la coopération antiterroriste d’un certain nombre de pays avec les États-Unis, à Djibouti, « le gouvernement a continué à utiliser la législation antiterroriste pour réprimer les critiques en détenant et en poursuivant des personnalités et des militants de l’opposition ».
 
Dans ce pays et dans de nombreux autres pays alliés, les programmes d’entraînement contre-terroriste de Washington alimentent ou renforcent les violations des droits de l’homme commises par les forces locales, pendant que les gouvernements adoptent « l’antiterrorisme » comme excuse à des pratiques répressives de toutes sortes.
 
Une empreinte militaire étendue
 
Pour notre documentation sur ces 65 sites de formation et d’assistance de l’armée américaine, les rapports du Département d’État se sont révélés une source importante d’information, même s’ils étaient souvent ambigus sur ce qui se passait réellement. Ils s’appuyaient régulièrement sur des termes vagues comme « forces de sécurité », en omettant de parler directement du rôle joué par les militaires des USA dans chacun de ces pays.
 
Parfois, en les lisant et en essayant de comprendre ce qui se passait dans des pays lointains, j’avais l’impression tenace que ce que l’armée américaine faisait, au lieu d’être aisément repérable, était de tenter d’échapper aux regards. En fin de compte, nous étions certains d’avoir identifié les 14 pays où des militaires américains ont combattu dans la Guerre contre le terrorisme en 2017-2018. Nous avons également trouvé relativement facile de documenter les sept pays dans lesquels, au cours des deux dernières années, les États-Unis ont lancé des drones tueurs ou d’autres frappes aériennes contre ce que le gouvernement appelle des cibles terroristes (mais qui tuent régulièrement des civils) : l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, le Pakistan, la Somalie, la Syrie et le Yémen. Ce sont là les zones les plus chaudes de la guerre globale menée par les États-Unis. Cependant, cela ne représentait qu’une part relativement faible des 80 pays que nous avons fini par inclure sur notre carte.
 
Je me suis rendue compte que, dans nombre de cas, l’armée américaine a tendance à mettre en avant — ou du moins à ne pas cacher – bon nombre des exercices militaires qu’elle dirige ou auxquels elle participe à l’étranger. Après tout, ils visent à montrer la puissance militaire mondiale du pays, à dissuader ses ennemis (en l’occurrence, les terroristes) et à renforcer les alliances avec des alliés stratégiquement choisis. De tels exercices, dont nous avons documenté qu’ils étaient explicitement axés sur la lutte antiterroriste dans 26 pays, ainsi que sur des territoires qui abritent des bases américaines ou de plus petits avant-postes militaires également engagés dans des activités antiterroristes, donnent une idée de l’énorme empreinte des forces armées américaines dans la Guerre contre le terrorisme.
Bien qu’il y ait plus de 800 bases militaires américaines dans le monde, nous n’avons inclus sur notre carte que les 40 pays dans lesquels ces bases sont directement impliquées dans la guerre antiterroriste, y compris l’Allemagne et d’autres pays européens qui représentent d’importantes zones de transit des opérations américaines au Moyen-Orient et en Afrique.
 
En résumé, notre carte complète indique qu’en 2017 et 2018, sept pays ont été les cibles de frappes aériennes américaines ; le double de ce nombre étaient des sites où du personnel militaire américain a participé directement à des combats terrestres ; 26 pays ont organisé des exercices militaires conjoints avec les USA ; 40 pays ont accueilli des bases engagées dans la guerre contre le terrorisme ; et dans 65 pays, les forces militaires et de sécurité locales ont reçu « une formation et une assistance » axées sur la lutte antiterroriste.
 
Un « grand plan » amélioré
 
Combien de fois, au cours des 17 dernières années, le Congrès ou l’opinion publique américaine ont-ils débattu de l’extension stupéfiante de la guerre contre le terrorisme dans un éventail aussi étendu d’endroits ? La réponse est : trop rarement.
 
Après des années de silence et d’inactivité ici aux États-Unis, l’attention récente des médias et du Congrès envers les guerres américaines en Afghanistan, en Syrie et au Yémen représentent une nouvelle tendance. Les membres du Congrès ont enfin commencé à réclamer des discussions sur certains aspects de la guerre contre le terrorisme. Le 13 février dernier, par exemple, la Chambre des représentants a voté pour mettre fin au soutien des États-Unis à la guerre menée par les Saoudiens au Yémen, et le Sénat a adopté une loi pour obliger le Congrès à voter sur la même question au cours des prochains mois. [En d’autres termes, le Congrès étant le seul organisme habilité à déclarer des guerres aux USA, l’extension des opérations de « guerre contre le terrorisme » menée en solo par le Pentagone est illégale au regard du droit américain. L’étrange étant que le Sénat soit obligé de voter une loi pour obliger le Congrès à respecter la loi, NdT].
 
Le 6 février dernier, la Commission des forces armées de la Chambre des représentants a enfin tenu une audition sur « l’approche antiterroriste » du Pentagone — un sujet dont le Congrès n’avait pas débattu depuis que, quelques jours après les attentats du 11 septembre, il avait voté la Résolution sur l’autorisation de la force militaire (Authorization for the Use of Military Force), que les présidents George W. Bush, Barack Obama et maintenant Donald Trump ont utilisée pour mener leur guerre globale actuelle. Mais le Congrès n’a pas débattu ou voté l’expansion tentaculaire de cet effort au cours des deux dernières décennies ou presque. Et à en juger par la surprise de plusieurs membres du Congrès à la mort de ces quatre soldats au Niger en 2017, la plupart d’entre eux ignoraient (et beaucoup ignorent probablement encore) à quel point la guerre globale s’est étendue.
 
Avec les changements potentiels à venir dans la politique de Trump sur la Syrie et l’Afghanistan, n’est-il pas temps d’évaluer le plus précisément possible la nécessité d’étendre la Guerre contre le terrorisme à tant d’endroits différents ? Les recherches ont démontré que la guerre contre les tactiques terroristes est une approche infructueuse. De plus, à l’encontre des objectifs de ce pays, de la Libye à la Syrie, du Niger à l’Afghanistan, la présence militaire américaine à l’étranger n’a souvent fait qu’alimenter un profond ressentiment à l’égard des États-Unis. Elle a contribué à la fois à répandre les mouvements terroristes et à fournir encore plus de recrues aux groupes islamistes extrémistes, qui se sont considérablement multipliés depuis le 11 septembre 2001.
 
Au nom de la Guerre contre le terrorisme dans des pays comme la Somalie, les activités diplomatiques, l’aide et le soutien aux droits de l’homme ont diminué en faveur d’une position américaine de plus en plus militarisée. Pourtant, les recherches montrent qu’à long terme, il est beaucoup plus efficace et durable de s’attaquer aux griefs sous-jacents qui alimentent la violence terroriste que d’y répondre sur un champ de bataille.
 
Tout compte fait, il devrait être clair qu’un autre type de « grand plan » est nécessaire pour faire face à la menace du terrorisme, que ce soit à l’échelle mondiale ou pour les Américains — un plan qui repose sur une empreinte militaire américaine bien moindre et moins coûteuse en sang versé et en argent du contribuable. Il est également grand temps de replacer cette menace dans son contexte et de reconnaître que d’autres questions sont beaucoup plus urgentes et pourraient représenter un danger beaucoup plus grand pour notre pays. [L’auteur parle évidemment de son pays, les USA. En France où l’on rapatrie des djihadistes, le problème est beaucoup plus immédiat, NdT].
 
Stephanie Savell ,
 codirectrice du projet Costs of War du Watson Institute for International and Public Affairs de l’Université Brown. Anthropologue, elle mène des recherches sur la sécurité et l’activisme aux États-Unis et au Brésil. Elle est co-auteur de The Civic Imagination : Making a Difference in American Political Life.
Traduction Entelekheia
Photo Pixabay
Paru sur TomDispatch sous le titre Mapping the American War on Terror – Now in 80 Countries, It Couldn’t Be More Global