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WWIII : COMPLETEMENT GRILLEE, LA MACRONIE VEUT LA TÊTE DU COLONEL LE GRILLER. LES DEBOIRES DE L'ARMEE ET DE LA DGSE EN SYRIE.

Publié le par José Pedro, collectif des rédacteurs dans LAOSOPHIE sur Overblog

WWIII : COMPLETEMENT GRILLEE, LA MACRONIE VEUT LA TÊTE DU COLONEL LE GRILLER. LES DEBOIRES DE L'ARMEE ET DE LA DGSE EN SYRIE.

Legrillier

Syrie : Un Colonel Français Secoue le Palmier…

« D'où qu'elle provienne, l'authenticité hérisse toujours ceux qui appartiennent à la médiocrité de la conscience commune."

Décoiffant !...
Un colonel français vient de secouer, avec vigueur, le palmier Syrien !
Les assises de notre bureaucratie galonnée en tremblent, de rage et de désespoir… Jusqu’au plus profond des trous de souris de notre Deep State - prolongement de celui de notre suzerain "étasuniens" - avec notre IMD (Industrie Médiatique de la Désinformation) tétanisée de stupeur.
 
François-Régis Legrier, Chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique, a publié une magistrale analyse sur l’engagement militaire de la France en Syrie et en Irak, dans le numéro 817/Février 2019 de la RDN (Revue de la Défense Nationale). D’autant plus pertinente qu’il commandait le corps expéditionnaire français "officiel" (nos "forces spéciales" et services spéciaux grenouillant de façon occulte) nommé Force Wagram au Levant, d’octobre 2018 à février 2019. Intitulée, en forme d’interrogation :
« La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? »
Nos oligarques politico-militaires l’ont avalée de travers. Réagissant, à l’exemple de toute "République Bananière Démocratique et Populaire", par la censure de l’article ; retiré du site de la RDN, et promettant les plus sévères sanctions à son auteur qui devra rendre compte à sa hiérarchie. (2)
Heureusement, il circule sur le Web en dépit de la traque organisée et peut être consulté à loisir. (3) Jusque dans l’enceinte de l’ONU, où le représentant de la Syrie en a cité de larges extraits. (4)
Encore plus grotesque que cette stupide et minable censure (5), notre ministre de la défense, Florence Parly, comme une malade s’acharnant à briser son thermomètre, n’hésite pas à employer les vieilles ficelles de la calomnie et de la diffamation, pour décrédibiliser le témoin ou le messager (6) :
« Je vois donc dans son attitude une certaine fausseté et un manque de courage ... »
Pitoyable "ministricule"... Comme en toute époque décadente, les dédales de notre nomenklatura en sont encombrées, Les Têtes à Claques se ramassent à la pelle.
Par une méthodique mise au point du 27 février 2019, le Général Henri Roure a implacablement cloué le bec de nos perruches oligarchiques en rappelant ce que tout responsable politique ou militaire devrait savoir et suivre, si nous appartenions à une authentique "Démocratie", dont "honnêteté" et "mérite" en seraient les piliers  (7) :
 
« Devoir de Réserve et Devoir d’Expression »
Hajin - Dans la zone des richesses pétrolières de la Syrie
 
Hajin - Dans la zone des richesses pétrolières de la Syrie
Pourquoi tant de fureur chez nos satrapes ?...
A la première lecture, le colonel Legrier se livre à une critique ciblée, pointant du doigt l’incohérence d’une intervention militaire, par les forces de l’OTAN sous les ordres des Etats-Unis, en Irak et en Syrie : gabegies, inefficiences, divergences de commandement et de communication, engendrées par une Tour de Babel d’incompétents dont les méthodes ne provoquent que colossales destructions et dévastations pour les populations civiles.
Rien de neuf sous le soleil, en termes de lointaines expéditions militaires (8) …
Partant de son vécu à Hajin, dans la province Syrienne de Deir ez-Zorr, riche en hydrocarbures ; où les troupes françaises intervenaient sous sa responsabilité directe (9). S’y trouve une « poche » qui :
« … regroupe en septembre 2018 environ 2 000 combattants islamistes dont une majorité d’étrangers. S’étirant sur une trentaine de kilomètres le long de l’Euphrate en territoire arabo-kurde syrien et large d’une dizaine de kilomètres, elle est le dernier bastion du soi-disant Califat « État islamique », autant dire pas grand-chose. »
Bizarrement, cela a pris des mois au gigantesque marteau-pilon de l’OTAN pour maîtriser ce « pas grand-chose »…
Justifiant, à partir de son analyse, une conclusion qui ne devrait surprendre personne :
« … Nous avons prolongé inutilement le conflit et donc contribué à augmenter le nombre de victimes au sein de la population.
Nous avons détruit massivement les infrastructures et donné à la population une détestable image de ce que peut être une libération à l’occidentale laissant derrière nous les germes d’une résurgence prochaine d’un nouvel adversaire. »
Et, le courage de poser le problème de fond :
« Telle est la réalité de la guerre aujourd’hui qui doit nous conduire, décideurs politiques et chefs militaires à un examen critique salutaire sur notre façon de concevoir et faire la guerre. »
Syrie : Un Colonel Français Secoue le Palmier…
Encore faudrait-il préciser : "quelle guerre" ou "quel type de guerre" ?...
Le film Apocalypse Now de Francis Ford Coppola sur la "guerre du Vietnam", posait les mêmes questions et dénonçait les mêmes errements (10) :
« Nous étions dans la jungle, nous étions trop nombreux, nous avions trop d'argent, trop de matériel et petit à petit, nous sommes devenus fous. »
Qu’on se souvienne de l'hallucinante scène d’attaque du village Vietnamien, au lever du jour, par un régiment d’hélicoptères de l’armée US ; avec à sa tête son colonel au foulard jaune (époustouflante interprétation de Robert Duvall), accompagné d'un hélicoptère, équipé de puissantes enceintes, diffusant à plein volume la Chevauchée des Walkyries de Wagner.
C’est ainsi que des contrées dites "sous-développées" voient débarquer des fourgons d’un Occident mégalomaniaque, aveuglé de sa "supériorité technologique", dans le carnage et la désolation : Liberté, Démocratie et Civilisation …
Le plus intéressant dans l’article du colonel Legrier n’est pas ce qui est discuté. Tant au niveau de la "tactique" s’appliquant à une bataille, que de la "stratégie" relevant de la conception et de la gestion d’une campagne militaire. Mais, davantage, ce qui n’est pas écrit ou explicité ; le "non-dit", dont le silence assourdissant est plus que révélateur, émergeant de quelques "faits" simplement énoncés...
C’est en cela que l’article est brillant.
En filigrane, il démontre, éclaire puissamment, ce que nos oligarques tiennent à dissimuler : à l’opinion publique, à la communauté des citoyens. Avec une ouverture de l’analyse sur les perspectives "géopolitiques" et, au-delà, "éthiques". Courageuse approche, d’autant plus précieuse qu’elle est effectuée par un "observateur-acteur" sur le terrain.
A partir de l’ubuesque et pharaonique pagaille "OTANesque" dont il a été témoin et acteur malgré lui à Hajin, en Syrie, avec son corps expéditionnaire, le colonel Legrier propose une saine réaction.
Ne serait-ce que pour ne pas trahir la confiance des citoyens, à qui notre oligarchie ne cesse de rabâcher que « les caisses sont vides » , tout en augmentant chaque année le budget de la "Défense Nationale" (le premier d'Europe) :
« … conduire décideurs politiques et chefs militaires à un examen critique salutaire sur notre façon de concevoir et faire la guerre. »
 
"Examen critique" soulevant 3 questions cruciales :
i)    Quelle guerre ?
"Concevoir et faire la guerre"... Oui. Mais, quelle guerre ?...
Cet officier supérieur confirme que la France occupe militairement un pays souverain et y procède à des bombardements provoquant, directement ou indirectement, des catastrophes innommables à l’encontre des populations civiles. Sans aucune "guerre déclarée" entre cet Etat souverain et le nôtre ; d’autant qu’il ne nous a pas agressés.
Rappelons-le : sans mandat de l’ONU, ni demande de sa part sous forme d’un accord de coopération militaire ou d’alliance. C’est donc en toute illégalité que la France intervient avec ses forces armées en Syrie.
Nous le savons, le chaos syrien a été préparé, organisé, par les pays de l’OTAN sous la conduite des USA. Sur fondement des mensonges de la propagande évoluant, dans le cynisme le plus total, en fonction de la situation sur le terrain : initialement renverser un "sanguinaire dictateur" et apporter La Démocratie, puis lutter contre un terrorisme menaçant nos chaumières dans un formatage islamophobe démentiel, puis éliminer la présence de l’Iran. Et tutti quanti… (11)
Quelle guerre ?...
La France doit-elle participer à l’instauration de "chaos" sous forme de guerres civiles (Afghanistan, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie, Yémen, etc.) dans des pays qui ne nous menacent en aucune façon : militairement et économiquement. S’associant à de nouvelles formes de guerres coloniales, de prédations en bandes organisées sous le drapeau de l’OTAN ?... Consistant à annexer des gouvernements, pour y loger des gangsters aux ordres, et se répartir le pillage des pays ainsi asservis ?...
Ou, faut-il se recentrer sur la défense de "notre souveraineté nationale", complètement abandonnée sous nos gouvernements successifs depuis le départ du président de Gaulle ?...
Nous sommes incapables de nous faire respecter, à commencer de nos propres alliés de l’OTAN. Inaptes à concevoir et mener les nouvelles formes de guerre qui sont des "guerres économiques", commerciales, technologiques, psychologiques, cybernétiques ; dynamisées par des circuits de corruption parfaitement "huilés"...
Pour preuve : notre totale, honteuse, obséquieuse, servilité face aux diktats des USA ; nous imposant "amendes" ou "sanctions" mirobolantes, zones commerciales à exploiter ou pas, productions à commercialiser ou pas, suivant l’humeur du moment…
ii)  Quelle Géopolitique ?
Mener des guerres illégales contre qui, et pour quels objectifs ? Quels sont notre vision, notre destin, nos enjeux, "géopolitiques" ?  Quelle est notre vocation en tant que Nation, à l’égard de nos partenaires amis ou concurrents, et en tant que membre de cette Planète au devenir plus qu’incertain ?...
Quel est notre ennemi ?
Les « supposés islamistes » que nous bombardons sont, nous le savons, notre création, avec les autres membres de l’OTAN. En majorité des étrangers, ajoute le colonel Legrier ; c’est-à-dire : des non-Syriens. En clair, des mercenaires envoyés et armés dans ce pays par les soins « occidentaux » ; même si pour l’essentiel les financements sont assurés par nos auxiliaires que sont les Etats fantoches : Arabie Saoudite et Emirats Arabes Unis.
Dans une annotation à son texte (note 2), ce colonel d'artillerie précise :
« Il faut également souligner l’emploi massif par Daech de roquettes et de mortiers allant parfois à des consommations de 100 munitions par jour. »
Témoignage irréfutable : ces mercenaires, encerclés depuis des mois, bénéficient d’un flot continu de munitions. Et donc, d’approvisionnements de toutes catégories indispensables au moral et à l’hygiène des combattants : médicaments, produits alimentaires, courrier et colis, etc. Expliquant l’excellent niveau de combativité, décrit dans son article : en mesure de lancer de violentes contre-attaques, souvent réussies, sans aucun appui aérien, ni artillerie à longue portée.
Un tel degré de motivation, de la part d’individus qui ne se battent pas « pour sauver leur patrie », prouve le paiement régulier des confortables soldes et primes des mercenaires (en particulier sur les comptes bancaires dans des banques émiraties) ; l’exfiltration des blessés et de l’encadrement, si nécessaire. Sinon, il n’y aurait pas un tel zèle, dans la capacité de résistance…
Nous livrons une guerre à un ennemi « préfabriqué » par nos soins, des "commandos de la mort", avec, pour les affronter au sol, dans les zones sous notre contrôle, des milices armées et encadrées, aussi, par nos soins.
Dans quel but ?...
Installer le chaos, pour mieux piller. Guerre par "proxies" interposés, suivant l’expression à la mode, que nous avons pratiquée aux côtés de nos alliés en Chine pendant un siècle (1840-1940) : armant des chefs de guerre contre d’autres chefs de guerre, changeant de cheval au gré de l’évolution de nos intérêts.
Stricte application du Plan Oded Yinon, officiellement publié en 1982 : démembrer et dévaster tous les Etats du Moyen-Orient. La Syrie en premier lieu : lui arracher le 1/3 de son territoire situé à l’Est de l’Euphrate (qui n’a jamais été peuplé de kurdes, précisons-le), riche en pétrole ; pour y constituer un Etat Kurde. A ce déplacement de population (pour satisfaire collatéralement les volontés Turques), serait ajoutée la partie kurde de l’Irak.
Soit. Mais, là encore, qu’en-est-il de nos intérêts, et de notre souveraineté, pour se joindre à de telles "aventures" ?...
 

plan-odyi-before-after

Le Plan Oded Yinon de 1982
 
iii)   Quelle Ethique ?
Le colonel Legrier est sans ambigüité :
« Hajin a subi le même sort que Mossoul et Raqqa : une destruction quasi complète. »
Ajoutant :
« In fine, la question qui se pose est de savoir si la libération d’une région ne peut se faire qu’au prix de la destruction de ses infrastructures (hôpitaux, lieux de culte, routes, ponts, habitations, etc.).
C’est là, l’approche assumée sans complexe, hier et aujourd’hui, par les Américains ; ce n’est pas la nôtre et nous souhaitons ici indiquer ce qui aurait pu être fait pour mettre l’ennemi hors de combat sans transformer la poche d’Hajin en champs de ruines. »
Témoignage imparable de lucidité : la France se livre ainsi à des crimes, non pas "de guerre" puisqu’il n’y en a pas officiellement, mais "contre l’humanité". Les mots sont galvaudés, peut-être, mais il s’agit bien de non combattants, de civils innocents, qui sont massacrés ; la plupart du temps, dans leurs habitations et autres lieux de vie.
Oui. Crimes.
Au mépris des multiples conventions internationales, garantissant plus particulièrement la protection des populations et infrastructures civiles ; dites Conventions de Genève, où fut créée la Croix Rouge.
La France "pays des droits de l’Homme" ne cessent de trompeter nos oligarques… Pays qui détient le record du monde au mètre carré d’associations de protection de tout ce qui bouge : quadrupèdes (mention spéciale pour les gorilles et chimpanzés…), bipèdes, vertébrés, invertébrés ; qui nage, avec ou sans nageoire ; jusqu’aux abeilles et aux arbres…
Pays qui se livre, s’associe, participe, aux crimes les plus atroces, aux plus gigantesques dévastations et destructions, dès lors qu’il s’agit d’êtres humains…
Nous voilà devenus une nation vassale d’intérêts étrangers à ceux de notre pays, de valeurs étrangères à notre Nation, du moins dans son inconscient collectif ; à court, comme à long terme.
Pour engager notre pays, nos forces armées, dans de pareilles  opérations criminelles, de "banditisme étatique", nos oligarques, ne peuvent être que des "vendus" à des puissances étrangères. Ni plus, ni moins.
Le constat établi par le colonel Legrier, dans son approche clinique, en est l’atterrante vérité.
Nos marionnettes despotiques ne s’y sont pas trompées ; d’où leurs féroces aboiements…
Source :  http://stanechy.over-blog.com/2019/03/syrie-un-colonel-francais-secoue-le-palmier.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail
 
 
La France entre dans le «bouzkachi»Par François-Régis LEGRIER 17 novembre 2008 à 06:52

Là-bas, au milieu des montagnes, c’est le sport national si bien décrit par Joseph Kessel dans son roman les Cavaliers. Le bouzkachi est un jeu brutal qui n’a rien à voir avec nos élégantes courses hippiques. Cet affrontement entre cavaliers n’a pas d’autres règles que la force et la ruse et un seul but : déposer une carcasse de bouc dans un rond tracé au centre d’un terrain. Ce rond a un nom : le «cercle de justice». Depuis sept ans, les Occidentaux se sont lancés dans une partie de bouzkachi contre les talibans mais tout se passe comme si nous combattions avec une main liée dans le dos pour conquérir un cercle de justice imaginaire. Nos coups parfois vigoureux ne suffisent pas à compenser notre manque d’adresse. Nous nous épuisons donc chaque jour davantage sans que se dessine clairement une perspective de succès.

En effet, malgré des efforts considérables, l’Otan n’échappe pas aux difficultés politiques inhérentes à toute coalition et la réticence des pays membres à fournir un effort militaire supplémentaire en est l’illustration. Ainsi, le général commandant la force multinationale dispose de 50 000 hommes d’une quarantaine de nations là où les Soviétiques avaient déployé plus de 100 000 soldats. Quarante nations, cela signifie quarante opinions publiques à ménager par des restrictions d’emploi édictées parfois au détriment de l’intérêt collectif. Ainsi, privée de réelle liberté d’action et disposant de moyens restreints, la Force internationale d’assistance à la sécurité se trouve souvent réduite à faire un usage intensif de l’appui aérien dont nous savons par expérience qu’il est contre-productif face à une guérilla.

Par ailleurs, la transformation radicale d’un pays soumis à des structures ethniques ou religieuses très fortes et délimité par des frontières artificielles (1) est un objectif au coût exorbitant. Dans les années 80, les Soviétiques en ont fait l’amère expérience sur le sol afghan. Les Américains en Irak connaissent des difficultés similaires. Dans ces conditions, persister à vouloir instaurer au forceps notre conception occidentale de l’Etat de droit en Afghanistan, c’est se tromper de cercle de justice ! Il eût été sage d’écouter la France lorsqu’elle exprima en 2006 ses réticences à voir l’Alliance prendre en charge la stabilisation de l’ensemble du territoire afghan. Ayant accepté de descendre dans l’arène, nous devons comprendre que l’heure n’est plus à la parade.

Alors, faut-il partir et abandonner la partie de bouzkachi avant la fin ? A ce stade de l’engagement, un retrait brutal serait interprété comme un échec cinglant. La conséquence immédiate serait que les plus fanatiques ne manqueraient pas d’exploiter leur victoire non pas au fond des vallées afghanes mais au cœur de nos villes. Un retrait progressif dont le seul mobile serait de rassurer les opinions publiques occidentales conduirait également à une impasse. Ce serait réduire à néant les efforts consentis jusque-là, livrer l’Afghanistan à une nouvelle guerre civile et précipiter la déstabilisation de l’ensemble régional.

Continuer à renforcer nos troupes au compte-gouttes sans redessiner des objectifs politiques réalistes à court terme serait la pire des solutions. Nous pouvons parier que dans cette fuite en avant, nos concitoyens, français ou européens, se lasseraient plus vite que les maquisards de l’Hindu Kush.

Nous sommes donc contraints de finir la partie que nous avons commencée. Il faut la jouer à fond en comprenant d’abord où se trouve le cercle de justice. A n’en pas douter, le véritable enjeu est bien la maîtrise du pouvoir à Kaboul : les talibans s’en sont emparés en 1996 après deux années de guerre civile avant d’en être chassés par les Américains en novembre 2001.

Dans cette perspective, l’Otan n’a pas d’autre solution que de créer un rapport de force favorable au gouvernement afghan qui puisse lui permettre de négocier un accord politique avec les mouvements rebelles. Certes le régime n’est pas exempt de corruption et les talibans ont une fâcheuse tendance à l’extrémisme mais une solution politique, même imparfaite, est préférable à l’enlisement. Il ne faut pas oublier que les insurgés sont chez eux et qu’ils bénéficient d’un réservoir de recrutement inépuisable. Il faut donc chercher à les réconcilier avec le régime au lieu de les anéantir.

Ayant redéfini un cercle de justice approprié, il nous reste à conduire la partie avec pugnacité, c’est-à-dire à fournir un effort massif mais limité dans le temps - deux à trois années maximum - pour établir ce rapport de force. Cet effort doit viser à redonner une plus grande liberté d’action au commandant de la force multinationale, en résumé, plus d’hélicoptères et moins de restrictions d’emploi, et s’appuyer sur les progrès réalisés dans la constitution d’une armée afghane opérationnelle.

C’est ce qu’a compris la France en se décidant à jouer le jeu avec détermination. C’est tout à son honneur à condition d’assumer ses pertes pour que les sacrifices consentis ne soient pas vains !

Au bouzkachi, la légende rapporte que le vrai vainqueur n’est pas le cavalier mais sa monture qui le porte en avant. Notre monture à nous, c’est la confiance de la nation.

Si une seule personne devait lire ce livre, c’est Emmanuel Macron, à qui le pouvoir de faire la guerre a été confié pour cinq ans. L’ayant lu, il pourrait alors le donner en devoir de vacances à son armée de marcheurs pour qu’ils comprennent que les « questions de défense », pour reprendre l’expression un peu technocratique, ne sont pas le énième paragraphe du sous-chapitre intitulé « Sécurité » d’un programme présidentiel que personne, à l’exception de quelques spécialistes, ne lira jamais ! Mais si la guerre est une chose trop grave pour la confier à des militaires, comme disait Clemenceau, alors tout citoyen qui s’intéresse un peu à l’avenir de la Cité devrait lire Si tu veux la paix, prépare la guerre, du colonel François-Régis Legrier.

La boutade de Clemenceau ne devrait, du reste, pas choquer l’auteur puisque d’emblée, dans son avant-propos, il met le politique devant ses responsabilités : « Quoi qu’on en dise, la guerre est d’abord et avant tout une responsabilité politique, la plus grave et en même temps la plus noble. »

Un militaire qui écrit ? Pas pour raconter ses guerres à la façon d’un général Marbot. Ni pour nous infliger des croquis parcourus de flèches rouges et bleues. Pas pour sculpter la fumée, comme on dit dans les écoles d’état-major, mais pour réfléchir un peu. Car ça leur arrive, aux militaires ! Une double réflexion, donc, que cet essai : « celle de l’officier, “homme de guerre”, et celle du chrétien ». Au cœur de cette réflexion, une question centrale : « La doctrine de la guerre juste formulée par les théoriciens, au premier rang desquels saint Augustin et saint Thomas d’Aquin, est-elle concevable aujourd’hui ? »

Et le colonel Legrier, en artilleur méthodique, didactique, déroule sa démonstration, ou plutôt sa manœuvre, en trois temps – comme toute bonne manœuvre ! -, positionne ses appuis à bon escient. Car on ne fait pas la guerre sans appuis. Et ils sont solides : le philosophe russe Soloviev (1853-1900), Albert Camus, Henri Hude, professeur aux écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan. Mais aussi Clausewitz, René Girard, Raoul Girardet, Lyautey, Vincent Desportes, etc.

François-Régis Legrier s’attache à mettre en lumière l’incapacité des démocraties occidentales à concevoir correctement le phénomène de la guerre, ce qui, selon lui, les conduit à l’impasse. Ces tirs visent notamment « l’utopie démocratique » : le rêve de la paix universelle avec sa division du monde entre le camp du Bien et le camp du Mal, la réduction de l’ennemi au rang de malfaiteur. Des exemples ? Le Kosovo, la Libye… François-Régis Legrier s’interroge aussi sur les raisons pour lesquelles nos « élites » se tournent vers les écoles de commerce et pas vers les écoles militaires. Effectivement, la conquête du CAC 40 semble plus émouvoir nos jeunes des lycées prestigieux que la reprise d’une crête de l’Adrar des Ifoghas aux djihadistes par 50 degrés au soleil. Il est vrai qu’en désignant la guerre comme un mal moral, la fonction sociale du militaire a été déclassée. D’où cette fracture très nette en Occident, notamment depuis Mai 68, entre une société en recherche du bien-être individuel et les armées ayant conservé le principe du sacrifice suprême.

Le colonel Legrier s’attache aussi à expliquer ce qu’est la guerre. Avec des mots qui font mouche comme un tir bien ajusté. Si Emmanuel Macron ne devait lire qu’une partie de ce livre, ce serait celle intitulée « Comprendre la guerre » ! « La guerre étant un acte politique, la rhétorique consistant à assimiler un chef d’État à un brigand et la guerre à une opération de police est une aberration lourde de conséquences. » Le chaos moyen-oriental en est un triste exemple, effectivement.

Enfin, François-Régis Legrier, dans le troisième temps de sa manœuvre, tente, avec succès, de réhabiliter le christianisme dans son rôle de modérateur de la guerre. Manœuvre ô combien délicate, tant les bombardements intensifs menés depuis plus de deux siècles par les héritiers des Lumières ont réussi à saturer le terrain de la pensée occidentale. Pourtant, « sans vouloir vendre du rêve et annoncer la fin de toute guerre », comme le reconnaît lui-même l’auteur, si la voix de l’Église était un peu écoutée…