WWIII Mistrals : l'émissaire de la France aux négociations incapable de négocier
Louis Gauthier, représentant de la France aux discussions franco-russes sur les Mistral, ne connaissait pas bien le sujet car il n’avait pas d’occasion de collaborer avec des personnes ayant pris part à la conclusion du contrat franco-russe en 2011, a indiqué jeudi le magazine Paris Match.
«Lors de sa première rencontre avec les industriels russes le 30 mars dernier, ces derniers constatent rapidement sa méconnaissance des détails du contrat. Ce n’est pas de sa faute. L’Elysée aurait exclu de ces discussions toutes personnes ayant participé aux premières tractations en 2011", estime le magazine sur son site internet.
En outre, M.Gauthier, patron du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), a été privé d’une possibilité de collaborer avec le responsable des navires de surface du groupe français de construction navale DCNS, Pierre Legros, ainsi qu’avec Yves Destefanis, ancien directeur de projet démis de ses fonctions en octobre dernier.
La Russie et la France ont signé en juin 2011 un contrat de 1,2 milliard d'euros prévoyant la construction de deux bâtiments de projection et de commandement de classe Mistral pour la Marine russe. La livraison des navires a été suspendue en 2014 par le président français François Hollande sine die au motif que les conditions "n'étaient pas réunies" en raison de la crise ukrainienne. En mai, Paris a proposé de résilier le contrat de livraison des Mistral contre la somme de 785 millions d'euros. Or ce chiffre ne correspond même pas à la totalité des acomptes versés déjà par les Russes qui auraient en réalité versé 892,9 millions d’euros, rappelle le magazine.
/http%3A%2F%2Fcdn1.img.fr.sputniknews.com%2Fimages%2F101608%2F37%2F1016083744.jpg)
- Lire aussi:
Lire la suite: http://fr.sputniknews.com/france/20150521/1016199963.html#ixzz3ar34zFEo
La France ayant suspendu la livraison des navires à la Russie, les deux parties se sont lancées dans une bataille de chiffres.
L'Elysée et le Kremlin jouent l'apaisement. Mais, en coulisses, juristes et commerciaux s'affrontent sur le dédommagement dû par la France à la Russie pour la non-livraison des deux navires Mistral. Les négociateurs français ont proposé un remboursement de 785 millions d'euros, selon le réputé quotidien russe Kommersant. Le Kremlin estimerait le préjudice à plus de 1,16 milliards d'euros.
Ce grand écart de chiffres rappelle l'ampleur du différend depuis que, à cause du rôle de Moscou dans la crise ukrainienne, Paris a suspendu la livraison de ces deux navires polyvalents de transport militaire. Lors de la signature en 2011, le contrat avait été estimé à 1,2 milliard d'euros. « On négocie pour une sortie de crise. On parle de tout. Et à haut niveau », se contente de commenter une source diplomatique française. Pour mener ces discussions, l'Elysée a envoyé à Moscou le secrétaire général pour la défense et la sécurité nationale, Louis Gautier, selon le Monde.
Position ambivalente
Au-delà des montants, les négociations portent sur les conditions de paiement. Paris consentirait à un remboursement de l'argent déjà versé une fois que Moscou accepte, par écrit, que les deux Mistral puissent être revendus ailleurs. Le Kremlin refuse toute autre exportation de navires conçus pour la défense russe. Il exigerait d'ailleurs que, dans les calculs, soient inclues les dépenses russes annexes : formation des équipages et construction des Ka-52, hélicoptères spécialement prévus pour les Mistral. Un vrai faux argument car Russian Helicopters, le constructeur russe, a déjà confirmé avoir reçu des assurances du ministère de la Défense pour la suite du développement de ce nouveau modèle. Autre question en suspens : qui couvrira les frais de démontage des équipements russes déjà installés sur le premier des navires ? Paris proposerait de faire 50-50. Moscou exigerait que la France couvre toutes les dépenses.
Le président Vladimir Poutine a quant à lui envoyé des signaux contradictoires. Assurant vouloir le simple remboursement des sommes versées sans pénalités. Mais tout en prévenant que les pertes subies doivent être remboursées. Cette ambivalente position entretient le flou. Si le différend perdure, Paris et Moscou pourraient se résoudre à aller devant un tribunal d'arbitrage.