WWIII : La RUSSIE S'IMPLIQUE A FOND EN SYRIE, POUTINE EST SUR PLACE.
Reportage; la Russie s'implique davantage en Syrie 11-9-2015
Vladimir Poutine s'installe en Syrie pour aider Assad
Deux avions russes ont atterri, samedi à l’aéroport international de Lattaquié.. La preuve que Vladimir Poutine entend peser pour défendre le fief de Bachar El-Assad sur le littoral syrien.
Officiellement, il s'agit de 80 tonnes d'aide humanitaire. Mais les deux gros-porteurs russes qui se sont posés samedi à Lattaquié succèdent à au moins cinq autres qui ont atterri cette semaine, sans compter l'arrivée de deux bateaux sur la base navale russe de Tartous, plus au sud, chargés jusqu'au pont supérieur de matériel et de fret. Pour Pierre Razoux, spécialiste des questions de défense et enseignant à Sciences-Po, ces arrivages en provenance de Russie via la mer Noire et le Bosphore, "vont permettre aux Russes de sanctuariser le littoral syrien". Confirmant les observations du ministre israélien de la Défense, il estime que les tonnes d'équipement visent à édifier une base aérienne à proximité de l'aéroport international de Lattaquié afin d'y accueillir, en cas de besoin, des avions de chasse et des bombardiers russes ainsi que des hélicoptères de transport et d'attaque.
Un surcroît d'activité militaire
Le tout devant être naturellement sécurisé par des batteries sol-air et des effectifs de protection fournis par des troupes russes d'infanterie de marine. Selon des blogueurs militaires américains et russes, des chars et des blindés légers feraient partie des cargaisons, destinés eux aussi à protéger les extensions de périmètre russe autour de Lattaquié et Tartous.
Depuis le début de la guerre, le poids de la présence russe en Syrie n'a jamais diminué. Tous les contrats d'armement signés ont été honorés et l'armée syrienne n'a jamais été à cours de munitions. Mais pour les États-Unis, il y a désormais un surcroît d'activité militaire russe qui inquiète. Washington a donc mis en garde le Kremlin contre toute velléité de mettre de l'huile sur le feu. La lecture serait très différente à Moscou. "Ils ont peur que Bachar s'effondre du jour au lendemain", assure Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes (OPA). "Un attentat à la voiture piégée a été perpétré cette semaine en plein centre de Lattaquié, souligne-t-il. Et les Alaouites de la région en ont assez de se faire bombarder depuis des semaines" par l'artillerie des milices islamistes sur les hauteurs du littoral.
(Maxim Mazhnikov, soldat russe déployé en Syrie, a posté sur des réseaux sociaux cette photo où il pose à côté d'une affiche représentant Bachar El-Assad et Vladimir Poutine)
Sous-entendu, sans que le régime ne parvienne à faire taire ces canons. "Il est encore un peu tôt pour parler de bombardements russes sur Daech", nuance Frédéric Pichon, spécialiste de la Syrie à l'université de Tours, mais il s'agit de la part de la Russie d'un prépositionnement en prévision des grandes manœuvres diplomatiques à venir visant à élargir la coalition internationale contre l'État islamique."
- En marge du Forum économique de Vladivostok, le 4 septembre 2015, le président Vladimir Poutine a confirmé son intention d’intervenir en Syrie contre les jihadistes.
La préparation du déploiement militaire russe se poursuit en Syrie provoquant la colère des Occidentaux. L’annonce que j’avais faite, dans ma chronique hebdomadaire d’Al-Watan, de la création d’une Commission militaire conjointe syro-russe, de la transmission d’informations satellitaires russes, de l’arrivée de nombreux experts russes et de la livraisons d’armes plus sophistiquées que précédemment a soulevé une tempête lorsqu’elle s’est trouvée confirmée par les sites israéliens Ynet et DebkaFile . Par la suite, j’ajoutais à ces éléments la modernisation et l’agrandissement de l’aéroport de Lattaquié .
Pourtant, une fois encore, les journalistes israéliens tordaient la réalité. Ils laissaient entendre que la Russie allait déployer son aviation et son infanterie pour défendre un Gouvernement syrien proche de la défaite. Certains commentateurs, notant un possible transfert depuis Sébastopol de la 810ème Brigade de la Marine russe, évoquaient l’exemple de la Crimée et parlaient d’une possible annexion militaire russe de la Syrie .
De nombreuses télévisions atlantistes ont diffusé une vidéo de combats à Lattaquié dans laquelle on entend des officiers de l’armée arabe syrienne parler en russe. Selon Yuri Artamonov, une analyse du bruit des armes permet de conclure que les voix ne sont pas celles des troupes syriennes, mais des jihadistes qu’elles combattent . Nous avons noté depuis longtemps que la plupart des officiers de Daesh communiquent par talkie-walkie en turc et en russe et non pas en arabe.
Il n’en est évidemment rien. La Fédération de Russie continue à rechercher une solution politique au conflit inter-Syriens, en organisant un dialogue entre le gouvernement et son opposition, en application du Communiqué de Genève du 31 juin 2012.
Simultanément, répondant à l’appel de la République arabe syrienne dans le cadre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, la Fédération de Russie envisage de suivre l’exemple de la Coalition conduite par les États-Unis contre Daesh, et de lancer sa propre opération contre les jihadistes.
La Russie en a informé l’émissaire états-unien, Michael Ratney, lors de son voyage, le 28 août, à Moscou. En outre, Sergey Lavrov a publiquement appelé à une coordination avec l’armée états-unienne face aux jihadistes .
Et c’est bien ce qui fait peur au clan Petraeus/Allen/Clinton/Feltman/Juppé/Fabius. En Syrie, un gouffre sépare la réalité de la fiction médiatique. Et comme toujours dans ce type de situation, avec le temps, ce sont les producteurs de propagande qui sont emprisonnés dans leur rhétorique et, en définitive, qui sont intoxiqués par leurs propres mensonges.
La Fédération de Russie envisage non pas de « réduire » Daesh, mais de vaincre tous les jihadistes, qu’ils se réclament de l’Émirat islamique, d’al-Qaïda, du Front islamique ou de toute autre organisation. Du coup, chacun réalise qu’il n’y a actuellement plus aucun groupe armé anti-gouvernemental qui ne soit pas lié aux jihadistes. C’est tellement vrai que le Pentagone reconnaît ne plus avoir de nouvelles des « rebelles modérés » qu’il avait formés pour lutter contre Daesh, car tous, sans exception, ont déjà rejoint al-Qaïda. Les Syriens qui s’étaient joints aux combattants étrangers au début de la guerre ont réintégré la République, à travers les nombreux accords de réconciliation mis en œuvre depuis trois ans par le gouvernement, ou ont adopté les objectifs des jihadistes.
Par conséquent, s’ils décident de passer à l’acte, les Russes vont attaquer la totalité des groupes armés qui sèment la terreur en Syrie. Les Occidentaux ne pourront plus cacher que la « Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution », qu’ils ont reconnue comme la représentante du peuple syrien, soutient les jihadistes. Ils devront donc prendre en considération les partis politiques de Syrie, y compris ceux qui se sont alliés au Baas pour faire face aux jihadistes.
Les Occidentaux, qui ont fermé leurs ambassades et se sont privés de tout moyen d’analyser ce qui se passait dans le pays, ont commis plusieurs erreurs de jugement. Ils ignorent la transformation de la société syrienne par quatre années de guerre.
D’abord, il y a certes des conflits politiques en Syrie, mais pas de guerre civile. La presque totalité des citoyens s’est rassemblée derrière le président el-Assad contre l’agression étrangère qui menace la survie de la civilisation du Levant.
La presse atlantiste estime que le régime ne contrôle plus que 20 % du territoire et qu’il va donc bientôt tomber. C’est qu’en effet le territoire syrien habitable est restreint, tandis que le désert est vaste. La République a choisi de défendre les populations plutôt que le territoire avec ses champs de gaz et de pétrole tant convoités. Du point de vue gouvernemental, 20 % de la population a été contrainte par les combats de se réfugier à l’étranger, 75 % se trouve sous la protection de la République, et au maximum 5% dans les vastes territoires dans lesquels les jihadistes évoluent.
Ensuite, si en 2011 beaucoup croyaient au mythe du « Printemps arabe », il n’en est plus de même aujourd’hui. Le projet du département d’État de placer les Frères musulmans au pouvoir dans tout le monde arabe a fait long feu. L’expérience égyptienne est devenue un repoussoir. Depuis l’opération « Volcan de Damas » de juillet 2012, le conflit est une guerre de jihadistes. Le choix n’est plus d’être pour ou contre le parti nationaliste Baas, mais d’être pour ou contre la modernité. Les jihadistes défendent un modèle de société gouverné par des hommes polygames, où les femmes ne peuvent sortir de chez elles que voilées et escortées par un homme de la famille, où les homosexuels sont mis à mort, où seul l’islam est autorisé et où la pratique wahhabite est obligatoire. Il est déjà surprenant que 5 % de la population accepte de vivre dans les zones où évoluent les jihadistes. Et il est absurde d’espérer qu’ils puissent devenir plus nombreux.
En s’accrochant au mythe du « Printemps arabe », qu’ils ont eux-mêmes créé et eux-même détruit, les Occidentaux ont perdu contact avec la réalité. Ils prétendent soutenir un mouvement démocratique hostile au président el-Assad. Mais, outre qu’en temps de guerre la démocratie paraît être un luxe, non seulement les démocrates soutiennent le président el-Assad contre les jihadistes, mais il apparaît comme leur meilleur champion.
En prenant ses informations exclusivement auprès de l’Observatoire syrien des Droits de l’homme, la presse atlantiste a choisi de s’intoxiquer et d’intoxiquer l’opinion publique. L’OSDH n’est pas une association neutre, mais un organe de propagande des Frères musulmans. Et la confrérie est la matrice de tous les groupes jihadistes. Tous leurs leaders sont des membres ou d’anciens membres des Frères musulmans, d’Ayman al-Zaouahiri à Zahran Allouche. Les Occidentaux payent aujourd’hui les conséquences de quatre années de propagande.
Le président Hollande a annoncé qu’il autorisait ses armées à survoler le territoire syrien pour accumuler des informations sur Daesh et qu’il pourrait ultérieurement les autoriser à bombarder l’organisation jihadiste.
Il y a une part de gesticulation désespérée dans cette annonce. En effet, François Hollande la justifie par l’impossibilité de lutter efficacement contre Daesh en ne le bombardant qu’en Irak ; mais c’est précisément l’argument que le président Obama avait employé pour le convaincre en 2014 et qu’il avait alors rejeté. De même, il y a une forme de fanfaronnade à clamer que les opérations aériennes ont débuté le 8 septembre alors qu’une tempête de sable d’une intensité historique s’abattait sur le Proche-Orient, brouillait les systèmes de navigation électronique et rendait impossible le décollage des avions. Surtout, il y a une rare mauvaise foi à déclarer que l’Armée arabe syrienne ne détruira pas les aéronefs français parce qu’elle ne contrôle plus le Nord du pays, alors qu’il a secrètement envoyé une ambassade militaire à Damas pour obtenir l’autorisation de survol nécessaire.
Il semble cependant que la France a tiré les conséquences de l’accord signé par Washington et Téhéran, le 14 juillet à Lausanne, et qu’elle ne souhaite pas se trouver isolée dans un Proche-Orient en pleine réorganisation.
Alors que la Coalition internationale anti-Daesh n’a aucunement combattu l’Émirat islamique, ni en Irak, ni en Syrie, depuis un an, mais l’a au contraire soutenu par des largages d’armes massifs et répétés, le président Obama lui a ordonné d’aider la République arabe syrienne à défendre Hassaké. Les 27 et 28 juillet, les deux forces ont conjointement repoussé Daesh. Les bombardements de la Coalition ont tué environ 3 000 jihadistes.
Logiquement, la prochaine étape devrait être d’inclure les Forces russes dans la Coalition anti-Daesh, mais c’est peu probable. En effet, les États-uniens et les Français qui s’opposent à la paix avec l’Iran entendent étendre le chaos non seulement au Levant, mais aussi à l’Afrique du Nord et à la mer Noire. Ce sont eux qui accusent la Russie de vouloir « sauver Assad » du « Printemps arabe ». On devrait donc plutôt assister au bombardement de Daesh par deux Coalitions distinctes ; voire, à terme, à une différenciation des rôles, les États-Unis s’occupant de l’Irak et la Russie de la Syrie.
Syrie: cinq messages géopolitiques de Vladimir Poutine |
Moscou déclare haut et fort qu'il est prêt à remplir ses promesses et se propose de prendre une part active à l'évolution de la situation au Proche-Orient, écrit dans son article pour le National Interest un expert en politique étrangère et sécurité nationale des Etats-Unis.
La coopération technico-militaire entre Moscou et Damas est le moyen par lequel le président russe Vladimir Poutine "envoie au monde cinq messages géopolitiques", estime le rédacteur en chef du National Interest, Nikolas K.Gvosdev, expert en politique étrangère et sécurité nationale des Etats-Unis.
"Le premier de ces messages est que les déclarations sur l'effondrement de la Russie sont extrêmement exagérées (…) Les affirmations, selon lesquelles les sanctions occidentales, la chute des prix du pétrole et le ralentissement de la croissance économique en Chine auraient mis le Kremlin au bord de la faillite, sont plus que prématurées", écrit M.Gvosdev.
Et d'ajouter que la Russie restait l'un des pays très peu nombreux dans le monde qui sont capables d'envoyer et de soutenir leurs troupes au-delà de leurs frontières, et que le Kremlin "se proposait de prendre une part active à l'évolution de la situation au Proche-Orient".
Deuxièmement, "Vladimir Poutine laisse clairement entendre qu'il n'accepte pas le point de vue de Washington, selon lequel la destitution d'un leader dur amène à la stabilité à long terme au Proche-Orient", note l'expert.
"Poutine a plus d'une fois indiqué que si l'Occident voulait réduire l'afflux de réfugiés et atténuer la menace du terrorisme islamiste, l'expérience acquise en Irak et en Libye prouve que le renversement d'Assad (…) ne donnerait pas de résultat attendu", souligne le rédacteur en chef du National Interest.
M.Gvosdev constate par ailleurs que les "positions de la Russie en Ukraine se sont confortées".
"En dépit d'une certaine accalmie, Kiev est toujours confronté à de très graves problèmes économiques et politiques intérieurs qui remettent en doute la capacité des actuelles autorités ukrainiennes à garantir la ligne d'intégration euro-atlantique du pays", est persuadé l'expert.
Quatrièmement, "le Kremlin trace ses +lignes rouges+".
"La Russie n'observera pas les bras croisés (le président syrien) Bachar el-Assad perdre son poste à l'issue d'une intervention militaire extérieure", a prévenu l'analyste.
Cinquièmement, "Moscou est prêt à tenir ses promesses même si cela demande certains sacrifices sous forme de dépenses matérielles (…) Et des pays, tels que l’Azerbaïdjan et l'Egypte qui doutent de la volonté américaine d'assurer leur prospérité, s'en sont sans doute aperçus", conclut l'auteur.
http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?fromval=1&cid=18&frid=18&eid=258872