WWIII : La laïcité vient de LAOS le PEUPLE en Grec, Philosophie de SAPPHO et des premiers Philosophes, mais le Peuple uni que l'on n'oppose pas à lui-même en prenant des représentants qui le trompe.

Publié le par José Pedro

La LAOSOPHIE commence avec SAPPHO. Le Laos ou Peuple de Dieu en tant que réunion de personnes physiques. Dans la Démocratie il semble que l'Islam ne serait pas compatible avec la LAÏCITE. Avec la Laosophie il semblerait que cela fut possible!

File:Pompei - Sappho - MAN.jpg

La Laosophie est une philosophie de l'existence, très ancienne puisque nous l'avons fait remonter aux sources mêmes du début de la Philosophie Grecque, soit au VIIème siècle avant notre ère par l'intermédiaire de la première femme philosophe, ou défendue comme telle, je parle de SAPPHO la prêtresse d'Aphrodite de l'Île de LESBOS ou MYTILENE dont nous avons pris comme emblème la tête originale d'Aphrodite émanant du sculpteur Grec Praxitélès ou Praxitèle, dont elle était la prêtresse.

Elle serait née vers 630 av. J.‑C. à Mytilène ou Eresós et morte vers 580 av. J.‑C. Elle a été contemporaine du poète Alcée, lui aussi originaire de Lesbos. Il s'agit bien entendu de la poétesse et philosophe, et non celle du même nom qui était Lesbienne parfois dite « Sappho d'Érèse », joueuse de lyre, ou courtisane.

Un résumé de sa vie et une monnaie de son époque, trouvée dans son temple à Erésos, portant les inscriptions LAOS (Peuple) et MNAS (Monnaie), sont relatés ci-dessous dans la présentation de la Laosophie.

Grâce à la monnaie, et à la recherche de la toute première Laïcité, car le mot Laïcité, vient de la racine grecque LAOS, on s'aperçois que la Laïcité est beaucoup plus ancienne que la période Révolutionnaire, et qu'elle représente l'ensemble du Peuple (élu et non élu), qui s'organise avec ses croyances diverses, sans remettre en cause le pouvoir temporel, avec la latitude de rendre hommage aux Dieux, ce que fait SAPPHO en tant que prêtresse d'Aphrodite, et aux 12 Dieux de l'Olympe, en particulier ZEUS, qui accorde le Libre Arbitre aux hommes, et l'autodétermination dans l'organisation sociale.

La Laosophie est donc un Gouvernement du Peuple par le Peuple et pour le peuple, ce qui est déjà dans notre constitution article 2 de la Vème République, mais également la devise des USA par Abraham Lincoln. Selon la célèbre formule d'Abraham Lincoln (16e président des États-Unis de 1860 à 1865) prononcée lors du discours de Gettysburg, la démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». C'est l'une des définitions canoniques couramment reprises, ainsi qu'en témoigne l'introduction de la Constitution de 1958 de la Cinquième République française.

Cette définition est proche du sens étymologique du terme démocratie. La démocratie est décriée, car dans sa forme, et on le voit bien le Diable se glisse dans les détails, ce qui est à l'origine de la racine Demos. Il est souvent repris dans les dictionnaires modernes que le mot démocratie signifie « pouvoir du peuple » (demos kratos). Cependant plusieurs racines semblent désigner le mot peuple

–Ochlo du grec « okhlo » semble désigner un groupe d’individu dans son ensemble abstrait. Souvent traduit par « foule » ou « populace »

–Laos toujours en grec semble signifier la même chose mais avec une notion d’ensemble davantage défini comme celui d’une tribu, une nation, un ensemble qui partage une même culture, de même idéaux, une même façon de vivre ensemble.

-Le démos, vient de daiomai qui signifie « diviser « partager » (racine « dia ») . Chez Homère le « demos » peut signifier « une parcelle » ou « une part de territoire ».

Un peu plus étrange :

Le substantif daimon (de daiomai) a donné par la suite le terme démon. Il avait une connotation moins négative qu’aujourd’hui à l’antiquité en désignant la « conscience » qui fait la part entre le bien et le mal. L’étymologie de diable serai également intéressante à approfondir car elle partage la même racine dia-balos qui signifie « séparer de dieu ». De là à dire que le terme démocratie pourrait signifier « pouvoir du diable » car séparé de Dieu, serai présomptueux mais un spécialiste du grec ancien nous donnerait certainement un éclairage intéressant sur le sujet.

Sappho la poétesse, Sappho la prêtresse du culte d'Aphrodite, Sappho la Lesbienne au sens noble du terme (habitante de Lesbos )(l'île se dit aussi Lesvos, Mytilini or Mytilène) , Sappho est l'une des quelques poètesse féminines que nous connaissons de la Grèce antique. Elle était née dans l'île de Lesbos en 624 AVANT JÉSUS CHRIST et se suicide en 580 AvJC. Deux villes s'arrachent sa naissance Mytilène et Erésos, mais c'est bien à Erésos dans la partie montagneuse, au 7ème siècle avant notre ère. 
La poétesse Sappho, fille de Scamandronymos : même Platon, fils d'Ariston, la dit sage. Je sais qu'il y avait à Lesbos une autre Sapho : une courtisane, pas une poétesse. "
Son homosexualité inventée, est l'oeuvre de ceux qui pensaient que ces vierges du culte primitif d'Aphrodite devaient avoir des relations entre elles, ce qui est mal connaître le Culte entièrement consacré à l'amour Platonique de la Déesse. Les auteurs comiques crurent que seules les courtisanes jouissaient d'une culture raffinée, aussi ils dépeignirent les poétesses archaïques comme des hétaïres éhontées et ils attribuèrent à Sappho les amours les plus invraisemblables jusqu'à lui donner comme amant le poète Anacréon, plus jeune qu'elle d'un demi-siècle, Archiloque, mort avant qu'elle füt née, Hippona, né après qu'elle fut morte, sans oublier Phaon, etc.

SAPPHO portait un bandeau frontal, qui était chez les grecs un insigne mystique qui signifiait qu'un Dieu la possédait, en l'occurence une Déesse de l'amour mystique. Elle s'adonna au culte de la Déesse dès 12 ans. Déjà à l'époque on distinguait la vie laïque de la vie dédiée à un Dieu ou a une déesse. Elle veillait sur la statue en bois entièrement doré, le Xoanon, taillé dans du bois d'olivier, qui représentait la Déesse, et qu'il fallait habiller, laver et parfumer.

L'enfant beignait dans une brûlante ferveur religieuse, et promis à sa Déesse la pureté virginale toute sa vie. La déesse était à la fois vierge et mère, protectrice d'Adonis. Quand Critios I était archonte à Athènes, Sappho quitta Mytilène pour la Sicile, et Pittakos demandat en 596 aux pricipaux meneurs du parti aristocratique de quitter Lesbos. Sappho avait 28 ans. Elle revint à Erésos en 585, mais sappho ne put se résoudre aux changements qui avaient eu lieu et parti pour Mytilène.

Sappho est la plus illustre poétesse de l'Antiquité. Les comiques attaquères plus tard ses moeurs et une légende la montre se jetant dans la mer par désespoir d'amour. Mais cette réputation paraît s'être attachée à son nom longtemps après sa mort, à cause de ses odes, consacrées le plus souvent à l'expression des sentiments passionnés. Elle se servait de la strophe dite sapphique, d'une molesse élégante et harmonieuse. Pendant toute sa période de Jeunesse, elle faisait partie des vierges attachées aux rites des adorations au culte d'Aphrodite avec des cérémonies allant d'une grotte dans la Montagne jusqu'au bord de la Mer en exibant une statue en bois ou Baphomet (Xoanon) représentant la déesse, et en lui sacrifiant des colombes.

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type du Baphomet (Xoanon) andogyne en bois de Sappho.

S1

Il s'agit de la ville Antique entourée de rouge de Skala Eresou ou Eréssos, la ville natale et la ville ou la prêtresse a officié le culte d'Aphrodite dans le temple indiqué sur la photo, lieu ou a été retrouvé le jeton monnaie de 27 grammes environ en argent de forme oblongue, comme une grosse olive marquée des deux mots grecs MNAS et LAOS. Ce jeton monnaie donnait droit à chaque citoyen de la ville de sièger aux réunions du Peuple et de voter les lois et les décrêts. On pourrait imaginer qu'il a appartenu à SAPPHO elle-même, puisque retrouvé dans les fondations de son temple. 

Ci-dessous la Monnaie en forme de grosse Olive de SAPPHO  LAOS et MNAS.

TALENT, monnaie

Mesure de poids et unité monétaire la plus répandue dans la Grèce antique, la valeur du talent a pu considérablement varier suivant le système pondéral adopté.

Les textes homériques mentionnent un talent d'or dont la valeur a fait l'objet de nombreuses controverses et recherches : valait-il 16,82 grammes d'or, comme le sicle fort babylonien, ou simplement 8,41 grammes, soit la valeur d'un bœuf ? On a cru pouvoir identifier avec ces talents homériques les disques d'or retrouvés dans les tombes mycéniennes : l'extrême légèreté de ces disques (de 1,25 à 3 g) a conduit à rejeter cette hypothèse ; ils représenteraient plutôt l'image de la fortune du défunt.

À l'époque historique, le système pondéral grec est invariablement le suivant : 1 talent vaut 60 mines ; 1 mine vaut 50 statères ou 100 drachmes ; 1 statère vaut 2 drachmes ou 12 oboles ; 1 drachme vaut 6 oboles ou 1/2 statère ; 1 obole vaut 1/6 de drachme. Cette combinaison du système décimal et duodécimal permet d'établir que l'origine du système pondéral grec doit être recherché en Orient, chez les Chaldéo-Assyriens. Un talent vaut donc 6000 drachmes d'argent ou 1500 tétra-drachmes de 17,4 grammes environ dans la grèce antique, et le tétradrachme ne pèse plus que 15,7 grammes sous Alexandre le Grand.  Le statère pèse 8,8 grammes environ, la monnaie de Lesbos serait donc un Triple Statère complètement inédit.

Autre trace de cette origine, on retrouve deux séries de poids, l'un valant exactement le double de l'autre, comme chez les Chaldéo-Assyriens. Le poids fort a pour base un talent de 60,552 kg ; il est devenu la règle du système phocaïque. Le poids faible, ou talent de 30,276 kg, est la base de la taille de la monnaie d'or appelée dorique. Mais il existe toutes sortes d'autres talents, variant suivant les époques et les villes, avant d'arriver au système attique ou euboïque, qui triompha presque universellement après avoir été adopté par Alexandre : le talent valant 26,160 kg, la mine 436 grammes, le statère 8,73 g, la drachme 4,36 g. À l'époque romaine, le talent grec fut mis en rapport avec la livre romaine. Il valait 80 livres romaines suivant Tite-Live et Polybe, 80 livres 2/3 ou 83 livres 1/3 suivant Priscien, 72 livres suivant Plaute. Le solidus aureus, sou d'or de Constantin, taillé à raison de 72 à la livre est l'équivalent de 6 000 pièces de cuivre, qui représentent un talent. Aussi, la pièce d'or est-elle parfois appelée de ce nom.

Depuis 594-593 av. J.-C. : Naissance de la démocratie en Grèce antique, grâce à Solon, qui écrit la première constitution d'Athènes (sous forme de poème), première constitution écrite au monde, on a la même chose qui s'est produite sur l'île de LESBOS ou Mytilène, avec une création monétaire qui est antérieure aux statères de l'île d'Egine ou aux créseides de Crésus et Alyates. Ce jeton à valeur monnétaire MNAS LAOS se trouve en fin et à gauche du plateau ci-dessus, est une trouvaille originale.

LA VIE POLITIQUE A ATHENES:

La démocratie athénienne désigne le régime politique mis en place progressivement dans lcité d'Athènes durant l'Antiquité et réputé pour être l'ancêtre des démocraties modernes. Le mot démocratie vient de deux mots grecs : dêmos (le peuple) et kratos(le pouvoir). la Grèce antique s’affirme comme une société patriarcale. Au viiie siècle, la cité en se développant se bâtit sur une double exclusion : « club de citoyens », elle exclut les étrangers (métèques) et les esclaves ; « club d’hommes », elle exclut les femmes1Aristote définissant la citoyenneté comme la possibilité de participer au pouvoir politique2, la femme en est donc la plus éloignée : contrairement aux métèques et aux esclaves, elle ne peut jamais devenir citoyenne. Il faut attendre l’époque hellénistique pour voir de grandes figures de femmes émerger dans le monde grec, des reines comme lesBéréniceArsinoé ou Cléopâtredes intellectuelles (Sappho, Théanô la pythagoricienne, Aspasie), des femmes liées au pouvoir politique (Mélissa, fille et épouse de tyran, Archippè de Kymè, bienfaitrice de sa cité, et Gorgô, la Spartiate, épouse de Léonidas), ou bien situées dans leurs rôles sociaux plus traditionnels (Lysimakhè, la prêtresse, Nééra, la courtisane). Obstacle d’ordre théorique aussi, car admettre au nombre de ces figures choisies pour leur fonction paradigmatique une guerrière, une stratège, une combattante, ce serait contrevenir à la division sexuée des rapports sociaux. Et pourtant, cette femme a existé, et son cas est fort bien documenté par une source historiographique (une de celles que les auteurs souhaitent privilégier, avec les orateurs du IVe siècle et les documents épigraphiques) : il s’agit d’Artémise d’Halicarnasse, tyran de sa cité à la mort de son mari et alliée de Xerxès au moment de la bataille de Salamine, qui combat avec efficacité à la tête de ses cinq navires et se montre experte en conseils politiques26. Dans ce projet de « rassembler des biographies de femmes grecques », celle d’Artémise était moins impossible à écrire que celle de Mélissa, dont il n’est question dans les sources qu’une fois morte. L’ellipse d’Artémise dans un tel livre, confrontée au choix qui s’est porté sur d’autres figures, paraît reposer sur une certaine image de la femme « éternelle », dans ses versions antique et moderne : marginale, intellectuelle et politique. Dans « la cohorte des belles Ioniennes portées sur l’amour et sur le pouvoir », entre Aspasie de Milet et Archippè de Kymè, la présence d’Artémise d’Halicarnasse aurait peut-être imposé un modèle trop masculin, dans ses fonctions officielles et militaires, à la tête de l’armée de sa cité, à la fois trop combattante et imitant si bien les usages des andres qu’on se demande si ces comportements sont l’apanage des hommes et s’ils ne seraient pas des façons d’agir très bien partagées, sans plus de clivage entre masculin et féminin. En bref, Artémise aurait peut-être été une femme capable d’assumer et d’endurer la violence guerrière – avec ses deux caractères de violence officielle et de violence de masse –, dans un rôle qu’il vaut mieux laisser à l’armée des citoyens mâles. En cela, sources anciennes et études modernes s’accordent pour ne montrer et ne tolérer les violences féminines qu’à la périphérie des armées, dans les marges de l’histoire. Gorgô, par conséquent, fait meilleure figure, en étant rangée, en tant que conseillère avisée, dans la sphère plus large de la guerre. Auprès de Léonidas, Gorgô apparaît non comme une illustre combattante, mais comme épouse d’un combattant illustre27.On dit qu’elle conspira avec Alcée contre Pittacos, tyran de sa patrie, dans le sens que les anciens donnent à ce mot ; qu’ayant échoué dans cette lutte politique, elle fut bannie et alla mourir en Sicile, et que les Siciliens, admirateurs de son génie, lui élevèrent une statue.

 

Les origines de la démocratie athénienne : la crise de la cité grecque.

La démocratie trouve son origine dans la grave crise de la cité grecque et les mutations propres à Athènes. Au vie siècle av. J.-C., les cités du monde grec sont confrontées à une grave crise politique, résultant de deux phénomènes concomitants : d'une part l'esclavage pour dettes, liant situation politique et situation financière, touche un nombre grandissant de paysans non propriétaires terriens : l'inégalité politique et le mécontentement sont forts dans le milieu rural ; d'autre part le développement de la monnaie et des échanges commerciaux fait émerger une nouvelle classe sociale urbaine aisée, composée des artisans et armateurs, qui revendique la fin du monopole des nobles sur la sphère politique. Pour répondre à cette double crise, de nombreuses cités modifient radicalement leur organisation politique. À Athènes un ensemble de réformes amorce un processus débouchant au ve siècle sur l'apparition d'un régime politique inédit : une sorte de démocratie pour les hommes libres mais avec la continuation de l'esclavage. À titre d'exemple le philosophe marxiste Jacques Rancière estime que « la démocratie est née historiquement comme une limite mise au pouvoir de la propriété. C’est le sens des grandes réformes qui ont institué la démocratie dans la Grèce antique : la réforme deDracon qui réforma la justice, la réforme de Clisthène au VIe siècle av. J.-C., instituant la communauté politique sur la base d’une nouvelle redistribution territoriale qui cassait le pouvoir local des riches propriétaires ; la réforme de Solon interdisant l’esclavage pour dettes1 ». On ne saurait méconnaître cependant le lien essentiel entre démocratisation économique et sociale (décrite ci-après) et démocratisation politique, non plus que l'essor naval athénien à partir de 483 av. J.-C. qui conditionna la démocratie2.

Paupérisation rurale.
 
Tétradrachme d'Athènes, ve siècle av. J.-C.Musée de l'Agora antique d'Athènes.

À partir du viie siècle av. J.-C., la plupart des cités grecques sont confrontées à une crise politique. Le commerce se développe, notamment avec l'apparition de la monnaie au vie siècle av. J.-C., en provenance de la Lydie de Crésus, en contact avec les cités grecques avant la défaite de -546 face au Perse Cyrus. Ce développement extraordinaire du commerce méditerranéen a deux conséquences :

D'une part les agriculteurs grecs sont peu compétitifs face à la concurrence de plus en plus vive des terres fertiles de la Grande-Grèce récemment colonisée. De plus en plus de paysans, incapables d'écouler suffisamment leur production, sont condamnés à se vendre comme esclaves pour faire face à leurs dettes. Cette main-d'œuvre servile est utilisée par les urbains et vient donc elle-même concurrencer les petits artisans indépendants. Ces sujets peu fortunés, sur lesquels repose une part croissante de l'économie, viennent grossir le rang des chômeurs et manifestent leur mécontentement.

Révolution hoplitique : émergence d'une petite bourgeoisie
 
Gravure d'un hoplite.

D'autre part, corrélativement à l'appauvrissement des masses paysannes, émerge une nouvelle classe de sujets aisés, faite de commerçants et d'artisans (notamment potiers à Athènes). Ceux-ci sont dorénavant suffisamment riches pour acheter des équipements d'hoplites : la guerre n’est plus l’apanage de l'aristocratie. Le système aristocratique basé sur la propriété agraire est battu en brèche face aux revendications égalitaires de ces nouveaux citoyens-soldats. On parle de révolution hoplitique.

Instabilité politique.

Au sein de chaque cité les grandes familles s'appuient sur le mécontentement populaire (tant des paysans appauvris que des nouveaux riches urbains) pour mieux se disputer le pouvoir. Elles n'hésitent pas non plus à faire appel à des puissances extérieures pour renverser les tyrans. Ainsi, les cités se combattent fréquemment entre elles, ce qui nourrit souvent les révoltes, par ailleurs durement réprimées. Mais les guerres sont aussi parfois un facteur de cohésion interne des cités.

En outre, chaque cité grecque frappe désormais sa propre monnaie, forgeant ainsi une nouvelle composante majeure de son identité. Au ve siècle av. J.-C., les cités grecques ne frappent plus la monnaie irrégulièrement et chacune appose un signe particulier sur la monnaie qu'elle frappe, l'épicène, qui permet de la reconnaître. Pour la monnaie athénienne, c'est une chouette. Qu'elles retardent ou précipitent l'éclosion d'un nouveau régime, les différentes mesures politiques (guerres, chutes de régime, répressions, levées ou baisses d'impôts, introductions de monnaies) n'y pourront peu : la donne sociale a définitivement changé.

Partout la nouvelle configuration des rapports de forces sociales fait émerger une nouvelle donne politique. Deux nouveaux modèles, appelés à s'opposer dans le siècle à venir, se distinguent par leur originalité : l'oligarchie militaire spartiate et la démocratie athénienne.

Les réformes politiques.

La démocratie athénienne ne naît pas d’insurrections populaires mais de l'engagement de citoyens en politique pour assurer l'unité de la cité. Voici les quatre principales réformes que l'on distingue, ainsi que leurs instigateurs :

Réformes de Dracon.

Dracon est mandaté, en 621-620 av. J.-C., pour mettre par écrit des lois ; on ne connaît bien que sa législation sur les meurtres : désormais, tout meurtrier est soustrait à la vengeance des clans et un véritable procès se déroule devant l'Aréopage ou devant les tribunaux des Éphètes3. La sévérité des peines prévues devait rester légendaire, et l'adjectif draconien est devenu synonyme d'implacable. Mesure limitée qui, cependant, affirme pour la première fois l'autorité de l'État au-dessus desparentés dans le domaine de la justice, instaure un droit commun pour tous et, par là même, porte atteinte à l'arbitraire des aristocrates. Six thesmothètes (gardiens de la loi écrite) viennent alors renforcer le collège des archontes. Malgré l'amplification de la crise, le monopole économique et politique des grandes familles athéniennes, lesEupatrides, n'est cependant en rien attaqué, les archontes (dirigeant collégialement la cité) étant toujours tous issus de ces milieux. Deux modèles résolvant ce problème émergèrent en Grèce au vie siècle av. J.-C. :

  • soit l'arbitrage d'un législateur, chargé, dans une sorte de consensus, de mettre fin à des troubles qui risquent de dégénérer en guerre civile ;
  • soit la tyrannie, qui, dans l'évolution de la Grèce archaïque, apparaît bien souvent comme une solution transitoire aux problèmes de la cité.

Avec Solon, le législateur, puis avec les Pisistratides, Athènes fera successivement l'expérience de l'une et de l'autre.

Réformes de Solon.
 
Solon.

Athènes est en pleine crise politique et sociale lorsque les adversaires se mettent d'accord pour choisir Solon comme arbitre. Archonte de -594 à -593, législateur, auteur d’un code de lois, il aurait effacé les dettes, interdit l’esclavage pour dettes et défait les lois draconiennes.

Il a surtout effectué des réformes constitutionnelles qui lui valurent la réputation d'être le père de la démocratie. Le système qu'il a proposé est un peu différent de la ploutocratie. Il existerait alors quatre groupes socio-économiques à Athènes :

  • les aristocrates, ou Eupatrides, composés des propriétaires fonciers les plus riches ;
  • les gémoroicultivateurs, constitués des autres propriétaires fonciers ;
  • la classe populaire, qui compose le reste de la population et vit de son salaire ou du commerce ;
  • les esclaves, considérés comme des biens et non comme des hommes libres.

Des hommes libres, Solon tire quatre classes censitaires. D'après le nombre de mesures de blé, de vin et d'huile que le citoyen possède, il appartient à l'une des quatre « classes » suivantes :

Les plus hautes magistratures ne sont accessibles qu'aux plus hautes classes ; les thètes n'ont accès qu'à l'Ecclésia et aux tribunaux. L'accès aux charges passait toutefois par une élection à l'Ecclésia. Aristote affirme qu'il aurait créé un deuxième Conseil de quatre cents membres4 (à raison de 100 par tribu) au fonctionnementprobouleumatique5 mais aucune preuve de son existence n'a été découverte à ce jour.

La véritable originalité de Solon réside toutefois dans ses réformes judiciaires : il créa l'Héliée, un tribunal populaire ouvert à tous où, chose nouvelle, chacun avait le droit d'intervenir en justice contre quiconque aurait enfreint les lois, affirmant ainsi la responsabilité collective des citoyens.

Réformes de Clisthène et poussée politique des thètes.
Articles détaillés : Clisthène (Athènes) et Réformes clisthéniennes.
 
Organisation géographique de l'Attique.

À travers sa réforme de -508Clisthène, membre d’une des plus grandes familles d’Athènes, les Alcméonides, concéda au peuple la participation non seulement aux décisions politiques mais aussi aux fonctions politiques en échange de son soutien. Cette réforme repose sur la réorganisation de l’espace civique. Les anciennes structures politiques fondées sur la richesse et les groupes familiaux furent remplacées par un système de répartition territoriale. Un citoyen athénien ne se définit désormais plus que par son appartenance à un dème, circonscription administrative de base de la vie civique ; chaque citoyen athénien doit être admis dans son dème lors de ses dix-huit ans.

L'Attique est divisée en trois ensembles : la ville (asty), la côte (paralie), et l’intérieur (mésogée). Dans chaque ensemble se trouvent dix groupes de dèmes, nommés trittyes. La réunion de trois trittyes, une de chaque ensemble, forme une tribu, phylè : il y a donc dix tribus. Chaque tribu regroupe plusieurs membres ; ils sont mélangés et non pas classés par culture, région et classes sociales afin que les goûts (politiques et culturels) et les envies soient tous entendus6. Ce système, sur lequel se base la nouvelle organisation des institutions, casse la pratique du clientélisme traditionnel. On parle d'isonomie, ce qui ne signifie pas « égalité devant la loi », comme on l'affirme souvent, mais « égale répartition » (du verbe grec νέμωrépartir, distribuer)7.

 

Nouvelle organisation administrative et civique de l'Attique après la réforme de Clisthène.

À la structure sociale et administrative hiérarchisée :

Dème ⊂ Trittye ⊂ Tribu ⊂ Cité,

Clisthène fait correspondre une structure hiérarchisée du pouvoir :

Prytanes ⊂ Boulè ⊂ Ecclésia.
Juges ⊂ Héliée ⊂ Ecclésia.

La Boulè passe ainsi de 400 à 500 membres, 50 pour chaque nouvelle tribu, et sert non plus à éclairer l'Aréopage mais à définir l'ordre du jour de l'Ecclésia. Malgré la création des tribunaux de l'Héliée, la mainmise sur le pouvoir judiciaire de l'Aréopage reste prédominante.

La réforme ne retint pas le vote comme mode principal de désignation des responsables politiques, lui préférant des tirages au sort (pour la désignation des bouleutes et des héliastes) et un système d'alternance régulière pour les prytanes, ce qui fait, pour partie, de la démocratie athénienne une stochocratie.
D'autre part, lorsque 
Thémistocle convainquit les Athéniens de construire une flotte de combat pour leur défense contre lesPerses, en 483 av. J.-C., il fallut embarquer des milliers de citoyens de la quatrième classe, les thètes : à raison de 174 rameurs par bâtiment, pour une flotte de deux cents trières, ces citoyens pauvres acquéraient un poids politique bien plus important que celui des hoplites8. Cet essor naval d'Athènes conditionna aussi la démocratie proprement dite.

Réformes de Périclès.

Vers le milieu du ve siècle av. J.-C., en 451 av. J.-C. Périclès mit en place une indemnité journalière de présence au sein de l'Héliée et de la Boulê, ainsi qu'aux spectacles des Panathénées : c’est le misthos (« salaire ») destiné à faire participer les citoyens les plus pauvres et résidant le plus loin de la ville9. Elle leur permettait de chômer un jour pour assurer leurs fonctions civiques et politiques. Le montant de cette indemnité ou misthos passa de deux à trois oboles par jour sous Cléon, soit l'équivalent du faible salaire d'un ouvrier. Cette mesure renforça le caractère démocratique du régime athénien.

Cependant, Périclès se distingua plus par ses actions militaires et diplomatiques et par les grands chantiers qu'il entreprit que par sa rénovation des institutions politiques.

En -451, Périclès fit adopter un décret qui imposa, pour devenir citoyen, d'être né de l'union légitime d'un père citoyen et d'une mère, fille de citoyen10.

D’après Thucydide, le nom d'Athènes serait issu du pluriel Athḗnai (en grec ancien : Ἀθῆναι, API /a.ˈtʰɛː.nai/), car selon lui la ville aurait pour origine, un groupement de villages qui fusionnèrent en une grande cité.

Elle était située dans une petite vallée fertile, entourée de rivières à environ 20 km du golfe Saronique, au centre des plaines céphisiennes. À l'est, on trouve le montHymette et au nord le mont Pentélique. Le Céphise coulait autrefois dans la ville.

 

La cité antique, grecque et romaine

L’Athènes antique était très petite comparée à la métropole moderne. Elle occupait, intra-muros, un espace de 2 km d’est en ouest et un peu moins du nord au sud ; à son apogée, elle comptait pourtant aussi des « banlieues » extra-muros. L’Acropole, par rapport au centre de la ville, se situait au sud, et l'Agora à 400 m au nord de celui-ci, dans ce qui est aujourd'hui le quartierMonastiráki. La colline de la Pnyx, où se réunissait l’Ecclesia, assemblée des citoyens athéniens, était à l’ouest.

Antiquité.

Des traces d'occupation humaine sont attestées dès le néolithique sur le site de l’Acropole (voir Pélasges), sous la forme d’unfortin. Mais ce n'est qu’après les invasions ioniennes que l’Attique est organisée en cités, parmi lesquelles Cécropia, la future Athènes.

Vers 1400 avant notre ère elle devient un centre important de la civilisation mycénienne. Au contraire des autres villes mycéniennes (dont Mycènes et Pylos), elle n'est ni pillée, ni abandonnée lors de l'invasion dorienne de 1200 avant notre ère. Les Athéniens disaient être des Ioniens « purs » et maintenaient qu'ils ne s'étaient pas mélangés aux Doriens. Toutefois, Athènes perd l’importance qu’elle avait à l’époque mycénienne et sombre alors quelque peu dans l’oubli, redevenant une petite place fortifiée.

Au viiie siècle av. J.-C. elle redevient un important centre du monde grec à cause de son emplacement central, de son fort sur l'Acropole et l'accès à la mer, un avantage sur ses rivales, les cités de Thèbes et de Sparte. Tôt dans le Ier millénaire av. J.‑C. elle devient une ville-État souveraine, gouvernée d'abord par des rois d'Athènes. Ceux-ci étaient à la tête des Eupatridae (les « bien nés »), dont le gouvernement se composait d'un conseil qui se réunissait sur la colline d'Arès, l'Aréopage. Ce conseil élisait les représentants de la ville, les archontes et polémarques.

Avant l'adoption de l'état politique, quatre tribus (similaires aux gentes de la Rome antique) dominaient la région. Ceux qui en faisaient partie avaient certains droits, privilèges et obligations :

  • Rites religieux en commun.
  • Site d'enterrement commun.
  • Droit d'héritage.
  • Obligations réciproques d'entraide, défense et réparation de dommages.
  • Le droit de mariage consanguin en cas de filles et héritières orphelines.
  • La possession de propriété commune, un archonte et un trésorier.
  • La limitation de la descendance aux hommes.
  • L'obligation de ne pas se marier dans la tribu, hors cas spécifiés.
  • Le droit d'adopter des étrangers aux tribus.
  • Le droit d'élire et de destituer leurs chefs2.

C’est pendant cette période que Athènes fédère d’autres villages de l'Attique. Ce processus appelé synoikismos (« rassembler en une maison »), crée l’État le plus grand et le plus riche du continent grec. Cependant, un très grand nombre de personnes sont exclues de la vie politique par les nobles. Au viie siècle le mécontentement social se répand. L’Aréopage élit Dracon pour qu'il rédige un nouveau code juridiqueN 1. Vu l'échec, ils élisent Solon, chargé de rédiger une nouvelle constitution, ce qui se fait en l'an -564.

 

Tétradrachme de la cité d'Athènes à l'effigie d'Athéna et d'une chouette.Date : c. 500-490 AC.

La réforme de Solon vise des problèmes politiques et économiques. Le pouvoir économique des Eupatrides est diminué par l'abolition de l'esclavage pour dettes et en ouvrant le commerce (créant une classe marchande prospère). Politiquement, Solon divise les Athéniens en quatre classes, fondées sur leur richesse et leur capacité de s'engager dans le service militaire. La classe la plus pauvre, et la plus nombreuse, le thète, a pour la première fois des droits politiques : voter dans l’ecclésia, mais seulement les classes supérieures peuvent y siéger. L'Aréopage continue d'exister mais avec des pouvoirs plus limités.

Ce système pose les premières pierres de ce qui devient plus tard la démocratie athénienne, mais à court terme, il ne peut pas arrêter le conflit entre les classes. Ainsi, après vingt ans agités, le parti populaire, dirigé par Pisistrate (un cousin de Solon), est amené au pouvoir en -541. Pisistrate est souvent appelé tyran, mais le mot grec ancien tyrannos ne signifie pas « chef despoteet cruel » mais désigne simplement un chef ayant pris le pouvoir par la force. En fait, chef très populaire, il fait d'Athènes un centre riche, puissant et culturellement important ; il permet aussi le début de la suprématie navale athénienne dans la mer Égée et ailleurs. Il garde la constitution de Solon mais s'assure que lui et sa famille gardent toutes les positions officielles.

Il meurt en -527 et ses fils Hippias et Hipparque lui succèdent. Ils s'avèrent être des chefs peu doués : en -514 Hipparque est assassiné après une dispute privée avec un jeune homme (voir Tyrannoctones). Ceci mène Hippias à instaurer une vraie dictature très impopulaire, écrasée en -510 avec l'aide militaire de Sparte. Un homme politique radical d'origine noble, Clisthène, prend alors le pouvoir et instaure la démocratie à Athènes.

Les réformes de Clisthène remplacent les quatre tribus par dix phylai, nommées en honneur des héros légendaires et non fondées sur les différences entre les classes : c'étaient, en fait, des électorats. Chaque phylè était divisée en trois trittyes, et chaque trittye en un ou plusieurs dèmes (selon le nombre d'habitants), qui deviennent la base du gouvernement local. Les phylai élisent cinquante membres à la Boulè, un conseil qui gouverne la ville au jour le jour. L'Assemblée était ouverte à tous les citoyens et faisait office de législature et le tribunal du peuple, composé d'héliastres, tirés au sorts tous les jours, servait de cour suprême sur demande individuelle devant l'assemblée (sauf dans le cas d'homicides et affaires religieuses, les seuls cas traités par l'Aréopage affaibli). La plupart des positions étaient remplies par le sort, mais les dix stratèges (généraux) étaient élus, ainsi que les principaux fonctionnaires financiers.

Ce système resta stable, avec peu d'interruptions, pour plus de 200 ans, jusqu'à la domination spartiate, puis fut définitivement achevé par Philippe II de Macédoine, le père d'Alexandre le Grand.

 

POUR MIEUX CONNAITRE SAPPHO
PAR
M. Théodore REINAGH
MEMBRE DE L'ACADEMIE


...spirat adhnc amor
vivuntque commissi calores
Aeoliae fidibus puellae.
Hor. Carm. IV. 9.


Une des dernières fois que j'eus le bonheur de lire longuement notre illustre confrère Gaston Paris,  ma lecture tomba sur les enrichissements de la poésie grecque dus aux trouvailles de ces récentes années. Ce noble esprit, avide par-dessus tout des beautés hardies et originales dans toutes les littératures, exprimait le regret que le hasard des découvertes, au lieu de l'élégant et un peu superficiel Bacchylide, ne nous eût pas rendu plutôt la brûlante Sappho. Comme jadis Solon, si l'on en croit une anecdote célèbre , voulut apprendre par coeur avant de mourir un poème de sa grande contemporaine, que son neveu venait de lui réciter, Gaston Paris s'attristait à l'idée de partir vers le rivage d'où l'on ne revient pas sans avoir eu la joie de voir ressusciter la divine poétesse de l'Ode ou Hymne à Aphrodite que voici:

APHRODITE DE CNIDE DE PARAXIELE du 4ème siècle Av.JC

Muse, dis-moi les travaux d'Aphrodite d'or, de Kypris, qui donna aux Dieux le doux désir, et qui dompta les races des hommes mortels, et les oiseaux aériens, et la multitude des bêtes sauvages que nourrit la terre ferme, et celles que nourrit la mer. Tous ont le souci de Kythéréiè à la belle couronne.

Mais il y a trois Déesses dont elle n'a pu fléchir l'âme et qu'elle n'a pu tromper. D'abord, la Vierge Athènè aux yeux clairs, fille de Zeus tempétueux. En effet, les travaux d'Aphroditè d'or ne lui plaisent point ; mais ce sont les guerres qui lui plaisent, et le travail d'Arès, et les combats et les mêlées, et aussi les illustres ouvrages. La première, elle enseigna aux hommes terrestres ouvriers à faire des chars de combat et des chariots ornés d'airain ; et elle enseigna aux jeunes vierges, dans leurs demeures, à faire d'illustres ouvrages, et elle inspira leur esprit.

Jamais, non plus, Aphrodite qui aime les sourires ne dompta la bruyante Artémis au fuseau d'or. En effet, les arcs lui plaisent, et le meurtre des bêtes sauvages sur les montagnes, et les Lyres, et les danses, et les hurlements sonores, et les bois sombres, et une ville d'hommes justes.

Jamais, non plus, les travaux d'Aphrodite ne plurent à la vénérable Vierge Histiè, qu'engendra la première le subtil Kronos, et qui fut ensuite vénérée par la volonté de Zeus tempétueux, et que recherchèrent Poseidaôn et Apollon. Mais elle ne voulut pas, et elle refusa fermement, et elle jura un grand serment qui s'est accompli, ayant touché la tête du Père Zeus tempétueux, de rester toujours vierge et la plus noble des Déesses. Et le Père Zeus lui fit un beau don, au lieu des noces : elle possède la graisse des victimes offertes, assise au milieu de la d

 

Si Sappho est surtout connue pour sa poésie amoureuse, les fragments découverts au cours du XXème siècle ont révélé quelques vers de nature plus politique. Sa famille appartenait à l'ancienne aristocratie de l'île de Lesbos, celle qui tirait sa richesse de ses possessions terriennes. Plusieurs poèmes de Sappho contiennent des invectives contre des familles appartenant à cette aristocratie, ce qui montre des conflits en son sein : invectives contre les Penthilides, l'ancienne famille royale de Mytilène, encore toute-puissante au VIIème siècle, les Cléanax, les Archéanax, les Polyanax. Mais dans le monde grec à cette époque, à la faveur des mouvements démocratiques, arrivent en outre au pouvoir des tyrans, opposés aux anciennes aristocraties. C'est aussi le cas à Mytilène. Une nouvelle classe, composée des marchands et des armateurs, y constitue le noyau de l'opposition à l'ancienne aristocratie. Il n'y a d'ailleurs pas de frontière nette entre les uns et les autres, comme le montre l'exemple de Charaxos, le frère de Sappho, lui-même marchand. À les faveurs des troubles de cette période, Pittakos, allié à la famille des Penthilides, dont il a épousé une fille, est porté au pouvoir par le clan conservateur. Mais, loin de n'être qu'une marionnette de l'aristocratie, il met en œuvre une politique de conciliation qui mécontente la partie la plus conservatrice de l'aristocratie. Pittakos condamne alors les fauteurs de trouble à l'exil. La tradition a pu supposer que c'est dans ce cadre qu'intervient l'exil de Sappho enSicile mentionné par la Chronique de Paros, et l'a mis en parallèle de l'exil d'Alcée ; mais il n'est pas impossible, comme le pense Édith Mora, que cet exil ait lieu plus tôt, sous la tyrannie de Myrsilos entre 594 et 592. Quoi qu'il en soit, le ton et le contenu des vers de Sappho la rapprochent d'Alcée et peuvent laisser penser qu'elle appartenait au clan le plus conservateur de l'aristocratie.

On ignore où Sappho a passé précisément son exil en Sicile, mais la présence d'une statue de la poétesse, œuvre du sculpteur Silanion, à Syracuse, est peut-être un souvenir de son séjour dans cette ville. On connaît l'existence de cette statue grâce à Cicéron, qui en fait état parmi les œuvres d'art volées par Verres.

À noter que, graciée par Pittacos, elle revient avec ses frères vers 595 à Mytilène.

 

L A  L A Ï C I T É

E T  S E S  C O N T R A I R E S

TOUTE NOTION SE DÉFINISSANT autant par ce à quoi elle s’oppose que par l’énonciation positive de son contenu propre, ce n’est pas une mauvaise méthode que tenter d’élucider le concept de laïcité par un inventaire de ses contraires. Une telle démarche est d’autant plus appropriée que la notion considérée est complexe et a évolué. Or s’il est une idée qui, en dépit des apparences, est aujourd’hui assez complexe pour donner lieu à différentes interprétations, c’est bien celle de laïcité.

Il en est peu aussi qui aient autant évolué, les deux choses étant liées. La pratique de la laïcité n’est pas seule à s’être modifiée : la chose ne serait que banale, toute idée étant contrainte à des adaptations à partir du moment où elle entre dans le champ des applications. L’idée elle-même a évolué ; son contenu s’est enrichi et diversifié jusqu’à revêtir des significations passablement divergentes ; pour un peu certaines interprétations de la laïcité pourraient figurer parmi les contraires. Du fait de ces modifications, la laïcité a aujourd’hui plus d’un contraire et on ne peut plus en parler qu’au pluriel.

Si elle n’a longtemps eu en France qu’un seul adversaire, le cléricalisme de l’Église catholique et sa volonté de régenter la société, elle connaît aujourd’hui, au terme, momentanément provisoire, d’une histoire déjà longue, une pluralité de contraires.

La description de leurs contours dessine en creux l’espace qui appartient en propre à la laïcité. Comme ils sont apparus, décalés dans le temps, leur recensement doit emprunter une démarche qui distingue des âges successifs qui sont comme les étapes du processus par lequel la laïcité s’est peu à peu constituée telle que nous la connaissons et la pratiquons aujourd’hui dans sa version française. 

La finalité première de la laïcité, et qui justifiait sa revendication, était la liberté de conscience. Qui disait alors liberté de conscience l’entendait essentiellement de la croyance religieuse : il s’agissait de garantir à chacun le droit et la possibilité effective de suivre le mouvement de sa conscience, de choisir librement sa religion, et même à la limite de ne pas croire, encore que l’athéisme fût alors mal apprécié.

Ainsi conçue, la laïcité implique que la religion individuelle échappe à la contrainte politique et au contrôle de la société civile et relève exclusivement du for interne : la foi doit être une affaire personnelle et non pas une affaire d’État, ce qui suppose la reconnaissance d’un minimum de vie privée soustrait à l’autorité.

La laïcité a donc pour contraire tout système qui aspire à fondre l’individu dans la collectivité et toutes les théories qui fondent l’unité du corps social et de la nation sur l’unité de pensée et de foi. Elle se trouve ipso facto en contradiction avec plusieurs types de société qui n’admettent pas le partage entre vie privée et vie publique, ni l’exercice d’un jugement critique.

Circonstanciellement, la laïcité a rencontré comme ses premiers contraires les sociétés européennes d’Ancien Régime qui tenaient presque toutes l’unité de foi pour une condition indispensable de l’unité politique ; presque toutes auraient pu faire leur la devise de la monarchie française : un roi, une foi, une loi. Il était admis comme une évidence que les sujets devaient adhérer à la religion du prince autant par loyalisme que par conviction ; le prince changeait-il de religion, ses sujets devaient le suivre : ce qui se fit au temps de la Réforme.

Ceux de ses sujets qui avaient la mauvaise idée d’embrasser une autre confession n’étaient pas seulement non conformistes, c’étaient aussi des dissidents politiques, de mauvais sujets pour tout dire, qui manquaient à leurs devoirs envers le monarque. Ce système de pensée où les principes politiques ont au moins autant de part que la préoccupation de rendre justice à la vérité de la religion a inspiré par exemple la révocation de l’édit de Nantes sous le régime duquel la France avait fait pendant trois quarts de siècle l’expérience d’une certaine pluralité confessionnelle : il explique aussi le concert d’éloges qui salua l’édit de révocation ; les contemporains y ont vu la restauration de l’unité de foi et donc un succès pour la Couronne.

Certes, sous l’influence du mouvement des idées philosophiques et aussi par nécessité de prendre en compte certaines réalités – l’édit de Nantes en étant une illustration – en plusieurs États s’était peu à peu instaurée une certaine liberté de conscience qui entraînait l’acceptation de la pluralité des confessions.

Ainsi Voltaire dispense de grands éloges dans ses Lettres philosophiques à l’Angleterre où vivent en paix dix ou vingt confessions différentes. Depuis longtemps les esprits libres qui se refusaient à faire dépendre leurs convictions religieuses de la décision de l’État avaient trouvé refuge aux Provinces-Unies et plus d’un souverain avait vu son intérêt à accueillir dans ses États des minorités religieuses chassées de leur pays.

La tolérance, pour désigner cet état d’esprit par son nom, avait introduit dans l’Europe d’Ancien Régime une dose de pluralité et dégagé un espace pour une certaine liberté de conscience.

Mais, si elle y dispose les esprits et aménage un régime intermédiaire, la tolérance n’est pas la laïcité : elle s’accommode du maintien de l’inégalité entre fidèles des diverses confessions. Ceux-là seulement qui adhèrent à l’Église officielle, qui partagent la religion de l’État, sont des sujets à part entière ; les autres restent frappés de certaines incapacités.

Ils ne jouissent pas de la plénitude des droits civils et moins encore politiques ; ils restent des minorités, tout au plus tolérées. Et ce même dans les pays réputés les plus libéraux. Ainsi dans l’Angleterre, dont les publicistes n’avaient pas tort de louer la tolérance, ceux qui n’appartenaient pas à l’Église d’Angleterre étaient privés de la plupart des droits : pas question pour eux d’être électeurs, moins encore éligibles. C’était le cas des dissidents et plus encore des catholiques qui devront attendre quarante ans après la Déclaration française des droits de l’homme et du citoyen – proclamant que nul ne pouvait être inquiété même pour ses opinions religieuses – leur émancipation : le terme dit bien ce qu’il en était : jusqu’en 1829 les catholiques étaient des mineurs. Il est vrai que pour eux s’ajoutait à la disgrâce de la différence de religion l’infortune d’être irlandais et donc suspects d’être des ennemis de l’Angleterre et des rebelles en puissance. On reviendra sur cet aspect. La laïcité, c’est aussi l’égalité de tous devant la loi, quelle que soit leur religion ; c’est la neutralisation du fait religieux pour la définition

des droits ; il ne doit intervenir ni à l’avantage des uns ni au détriment des autres ; la laïcité implique le découplage de l’appartenance religieuse et de l’appartenance politique, la dissociation entre citoyenneté et confessionnalité.

Ni l’État ni la société ne doivent prendre en compte les convictions religieuses des individus pour déterminer la mesure de leurs droits et de leurs libertés.

Ni en France ni dans aucun des pays de l’Union européenne la confusion ancienne entre appartenance religieuse et citoyenneté et l’unité de foi ne sont plus aujourd’hui le principal contraire de la laïcité, même si, ici ou là, par exemple dans les pays scandinaves, on est incorporé automatiquement à sa naissance à l’Église luthérienne qui reste l’Église d’État.

L’idée de laïcité comme égalité de tous devant la loi, sans acception des croyances religieuses, a désagrégé le système des sociétés chrétiennes d’Ancien Régime ; l’Espagne a été l’un des derniers États d’Europe occidentale à en tirer les conséquences : le régime franquiste refusait encore aux protestants la liberté du culte et la pleine égalité des droits. Mais le refus d’admettre l’existence d’un secteur privé qui échappe à l’autorité politique et la confusion entre adhésion à un système de pensée unique et loyalisme à l’égard de la nation ont pris d’autres formes et subsistent en beaucoup de pays.

C’est d’évidence le fait des régimes que l’on dit totalitaires ; c’est même un des caractères qui les définissent : le totalitarisme est précisément le contraire de la laïcité puisqu’il entend imposer aux esprits et aux consciences l’adhésion pleine et entière à une idéologie d’État.

L’analogie est manifeste entre les sociétés d’Ancien Régime qui imposaient une profession de foi et les sociétés communistes qui font du marxisme-léninisme la seule philosophie enseignée : la récitation des textes officiels est la réplique de l’enseignement scolastique et, de même qu’on ne pouvait naguère accéder à des fonctions officielles que sur présentation d’un billet de confession ou en faisant sa communion pascale, dans les régimes communistes est vérifiée la stricte conformité à une idéologie présentée comme la vérité scientifique.

Les sociétés musulmanes aussi pérennisent en notre temps le modèle des sociétés occidentales d’Ancien Régime, et pas seulement celles qui sont gagnées par la révolution islamique à l’iranienne. En dehors de quelques pays où s’ébauche une tentative de synthèse entre religion traditionnelle et influence occidentale, il n’est guère d’État, où l’islam est la religion dominante, qui accorde l’égalité des droits à ceux de ses ressortissants qui ne sont pas de la religion du Prophète. L’idée d’une dissociation entre religion et citoyenneté, à plus forte raison celle d’un découplage entre la loi civile et la loi religieuse, sont étrangères à la conception islamique des rapports entre communauté religieuse et société civile et politique.

C’est dire que la laïcité rencontre aujourd’hui encore nombre de

contraires dans le monde, même réduite à l’exigence de la liberté de conscience et de l’égalité de tous, indépendamment des croyances personnelles.

Mais la laïcité a d’autres contraires qui correspondent aux développements plus récents de l’idée laïque. Car celle-ci comporte une logique qui a entraîné d’autres conséquences : est à l’oeuvre dans l’histoire une dynamique qui a fait entrevoir comme nécessaires d’autres prolongements, quand ce ne serait que pour affermir les premières conquêtes et prémunir les acquis initiaux contre un éventuel retour en arrière. L’inspiration première de la laïcité était ordonnée à la liberté des individus ; la deuxième génération de ses applications concerne l’État et la société.

La reconnaissance d’un espace privé soustrait à l’intervention de la puissance publique en était une première conséquence, mais rapidement tenue pour insuffisante. Il devait en résulter un bouleversement dans la relation entre religion et nation. Si les dissidents religieux n’étaient pas tolérés ou s’ils n’avaient qu’un statut de droit inférieur, ce n’était pas seulement parce qu’ils mettaient en question le loyalisme institutionnel : ils portaient aussi atteinte au sentiment national, la religion étant dans la plupart des pays le fondement de l’unité.

Mais dès lors que tout citoyen avait les mêmes droits, quelle que fût sa confession, le lien entre elles était rompu : un non-catholique pouvait désormais être un aussi bon Français qu’un fidèle de l’Église. Le catholicisme cessait en conséquence d’être le principe de l’unité nationale, le critère d’appartenance. La communauté nationale devenait une fédération de familles spirituelles dont le dénominateur commun devait être cherché ailleurs que dans la religion, ou cela impliquerait le communautarisme.

Ceci, qui nous semble aujourd’hui aller de soi, est loin cependant d’être reconnu partout. En de nombreux points du globe la religion reste le fondement de l’appartenance nationale, et les minorités religieuses sont suspectes d’un moindre patriotisme. C’est le cas des sociétés musulmanes. Mais il n’y a pas si longtemps que l’Espagne définissait l’hispanité par la référence à son passé catholique, et certains identifient la polonité à la fidélité à l’Église. C’est au nom de l’identification entre la patrie et l’orthodoxie que dans la Russie, à peine émancipée du joug communiste, une partie de la hiérarchie dénonce comme une ingérence intolérable les activités de l’Église catholique intervenant dans un espace sur lequel l’orthodoxie estime disposer d’un monopole absolu. Encore un contraire de la laïcité qui persiste. La laïcité a inspiré en France une politique dont l’idée maîtresse était de soustraire l’État, la société, les institutions à la tutelle de l’Église catholique, au motif de garantir à tous la liberté de conscience et une effective égalité de traitement. Celles-ci n’exigeaient-elles pas la laïcisation d’un certain nombre d’institutions ? Un exemple, emprunté à la Révolution, illustre le lien entre l’objectif et les moyens : l’état civil. S’il est tenu par l’Église dominante, les minorités religieuses et les incroyants n’ont pas d’existence légale, puisque ce sont les actes religieux qui donnent lieu à l’établissement des documents administratifs.

L’Assemblée législative tira la conséquence des principes posés par la Révolution en retirant au clergé, en août 1792, la tenue des registres et en instituant un état civil laïque. Le transfert eut pour conséquence de priver l’administration des sacrements de tout effet juridique : ce n’est plus désormais le baptême, mais la déclaration de naissance qui marque l’entrée dans l’existence, et le mariage est dédoublé en cérémonie civile et sacrement ecclésial. La logique voudrait que la célébration du mariage religieux ne soit plus qu’un fait strictement privé dont le législateur n’a pas à se préoccuper. Or notre Code continue de faire défense aux ministres des Cultes, sous peine de sanction, de célébrer un mariage religieux qui n’ait été précédé par un mariage civil. Bel exemple de survivance de conceptions anciennes et des contradictions qui résultent dans la pratique de la multiplicité des interprétations successives de l’idée de laïcité. La même argumentation sur le caractère nécessaire de la laïcisation vaut pareillement pour les fonctions sociales dont les Églises avaient longtemps eu le monopole : assistance ou instruction.

Toujours dans le même esprit, et pour les mêmes raisons, la laïcité peut conduire à une certaine dissociation entre la loi morale, telle qu’elle est signifiée par les instances religieuses, et la législation car, dès lors qu’est admise sur pied d’égalité la pluralité des croyances, comment imposer par la loi les conséquences de l’enseignement d’une confession à ceux qui n’en partagent pas la foi ? C’est à l’intersection du droit privé et du droit public que les principales divergences ont surgi. D’abord à propos du mariage qui, de par son double caractère de sacrement et de contrat civil, concerne les deux sociétés, ecclésiale et civile : la gauche en France a opté pour la liberté individuelle contre le principe de l’indissolubilité du mariage, mais le divorce a suscité d’âpres débats. Le noeud des conflits s’est de notre temps déplacé vers les débuts de l’existence : c’est à propos du statut de l’embryon, de la contraception et surtout de la légalisation de l’avortement que la contradiction éclate aujourd’hui entre la morale enseignée par l’Église catholique et la loi civile, entre le moral et le légal. Les actions dirigées contre les établissements qui pratiquent l’IVG et les invitations faites aux catholiques de ne pas se soumettre à une loi réputée absoudre le crime confèrent une actualité renouvelée aux débats sur la laïcité comme règle des relations entre religion et société : pour les uns, la loi ne saurait être la pure et simple transcription juridique des commandements des autorités religieuses ; pour d’autres, le législateur ne saurait aller à l’encontre de principes jugés supérieurs à la loi.

Si l’on prolonge le mouvement jusqu’à ses dernières conséquences, cela a-t-il encore un sens que l’État ait une religion ? La séparation totale n’est-elle pas l’aboutissement logique du processus qui avait commencé par dissocier la citoyenneté, l’exercice des droits, l’appartenance nationale de toute référence religieuse ? Tous les pays, même ceux qui ont adopté l’idée de laïcité, n’en sont pas venus à cette extrémité et même en France il fallut du temps et de nombreuses expériences pour admettre que, si l’Église ne pouvait plus intervenir dans la décision politique, la symétrie voulait que par réciprocité l’État aussi s’abstînt dans le domaine religieux. Cette conséquence de la laïcité, qui paraît aujourd’hui assez évidente, était tout à fait étrangère à l’esprit de la Révolution ; rien n’est aussi éloigné de notre idée moderne de la laïcité que sa politique religieuse : les constituants n’imaginaient pas qu’un État puisse se passer du secours d’une religion, qu’une nation puisse fonder son unité sans se référer à une religion commune ; c’est pourquoi, après avoir régénéré l’État, ils n’eurent rien de plus pressé que d’entreprendre la rénovation de l’Église catholique pour mettre son organisation en harmonie avec les nouveaux principes, d’où la Constitution civile du clergé, qui est la manifestation la plus éclatante d’immixtion du pouvoir politique dans le fonctionnement de la communauté religieuse et dont l’adoption a été grandement responsable du divorce entre la Révolution et le catholicisme. Mais l’idée que l’État puisse ne pas avoir de religion n’était pas davantage acceptable par les catholiques, habitués depuis des siècles à unir dans leur ferveur la religion de leurs pères et le patriotisme. La séparation des deux ne pouvait donc dans un premier temps être interprétée par eux autrement que comme une déclaration de guerre à l’Église et une profession solennelle d’athéisme. Pareille initiative allait à l’encontre de la revendication du monde catholique en vue d’une reconnaissance publique du règne de Dieu. Cette revendication a pris des formes successives : consécration à la Vierge de la France qui en fait le royaume de Marie, c’est la signification des processions du 15 août pour la fête de l’Assomption que de renouveler annuellement le voeu de Louis XIII. L’armée catholique et royale adopte comme insigne dans la guerre de Vendée le Sacré Coeur surmonté de la croix, et au XIXe siècle un mouvement préconise la consécration de la France au Sacré Coeur de Jésus : c’est l’objet du Voeu national dont la basilique de Montmartre est l’affirmation monumentale dans le ciel de Paris. Jusque pendant la guerre de 1914 des ecclésiastiques préconisaient de faire figurer le Sacré Coeur sur le blanc du drapeau tricolore pour attirer sur nos armes la protection du Christ et leur assurer la victoire. Le culte du Christ-roi peut aussi prendre une signification de ce type. De nos jours encore, les deux coeurs de Jésus et Marie surmontés de la croix restent le symbole du refus catégorique de la laïcité en même temps que des principes de la Révolution et de l’affirmation des droits de Dieu sur la société. Avec le temps et l’accoutumance, les catholiques ont perçu la différence entre la neutralité de l’État et son athéisme déclaré, l’Église a même légitimé son abstention en matière religieuse par le caractère intime de l’acte de foi et affirmé son incompétence sur le sujet. Mais l’idée d’une reconnaissance solennelle de la religion et d’une subordination du politique aux enseignements de l’Église demeure vivace et suscite en dehors de France des controverses qui n’ont rien perdu de leur actualité ni de leur virulence.

Même s’il se trouve encore des esprits pour refuser leur adhésion à la laïcité, l’ensemble des aspects qui viennent d’être détaillés forme un dénominateur commun qui est aujourd’hui généralement accepté en France et en dehors de nos frontières, avec des nuances qui résultent des conditions propres à chaque pays et qu’explique leur histoire. La laïcité à la française comporte d’autres aspects qui vont au-delà et qui sont une composante importante d’une éventuelle exception française. Ils sont aussi le reflet d’une histoire singulière et du tour conflictuel par lequel la laïcité s’est instaurée en France. Le contraire de la laïcité, en France, ce fut longtemps, de façon presque exclusive, le cléricalisme, effectif ou présumé, du catholicisme romain. Et comme la laïcité n’a pu en triompher qu’au prix d’une lutte fort âpre, ses partisans en ont induit que son instauration durable passait par la réduction et, pourquoi pas ?, l’éradication de toute influence religieuse. Une inspiration philosophique foncièrement hostile à toute expression du fait religieux, conjuguant ses effets avec les applications du libéralisme, s’est attachée systématiquement à refouler le religieux dans la sphère du privé individuel et à lui interdire toute manifestation dans l’espace social. Le critère de la laïcité devenait alors le silence total sur le religieux et son ignorance délibérée : ni dans l’enseignement public ni dans le discours officiel rien ne devait rompre le tabou jeté sur le religieux ; aucun signe de nature religieuse ne devait offusquer les esprits libérés de la dépendance de la religion.

Fallait-il pousser si loin les conséquences de l’intuition originelle ? On sait que toute idée qui s’affirme exclusivement et dont on tire les conséquences extrêmes risque de conduire à sa propre négation : l’histoire de la laïcité ne fait pas exception à cette règle. N’était-ce pas s’éloigner, jusqu’à lui tourner le dos, de ce qui avait été les prémisses de l’idée de laïcité : la volonté de préserver la liberté de conscience et de permettre à chacun de pratiquer sa religion en paix ? Une certaine interprétation de la laïcité devenait son contraire. L’histoire de la laïcité au XXe siècle est de ce fait celle de l’émergence, puis du développement de deux interprétations différentes de la notion dont l’une et l’autre procèdent.

La plus ancienne, celle qui a inspiré le processus de laïcisation dans les années 1880-1905, reste fidèle à ses convictions initiales ; le catholicisme demeurant la menace la plus sérieuse, son influence doit être contenue, à défaut de pouvoir être extirpée ; la laïcité exclut donc toute référence aux croyances religieuses. Cet ensemble de convictions est solidaire d’une conception de l’unité nationale qui admet mal la pluralité des familles de pensée et qui entretient une préférence, même si les circonstances ne s’y prêtent pas, pour le monopole de l’enseignement public.

Pour toutes sortes de raisons, qui relèvent moins de l’esprit de système que de causes empiriques, une autre interprétation de la laïcité s’est progressivement dégagée, qui n’est pas moins attachée à l’essentiel – la liberté de conscience, l’indépendance de l’État, le refus catégorique du cléricalisme ou, en sens inverse, de l’instrumentalisation du religieux par le politique –, mais qui reconnaît l’importance et la légitimité du fait religieux et ne tient pas pour incompatibles la laïcité et la manifestation d’opinions diverses, la pluralité des familles de pensée. Dans tous les domaines, le pluralisme a aujourd’hui cause gagnée : personne ne considère plus que l’aide de l’État aux journaux d’opinion ou l’obligation faite par la tutelle aux chaînes publiques de radio et de télévision d’avoir des émissions religieuses constitue une atteinte au principe de laïcité de la République. Ainsi, à partir de prémisses communes, une lecture de l’idée laïque continue de l’interpréter en termes restrictifs, tandis qu’une autre s’accommode d’une plus grande liberté : de cette dernière, l’ancien ministre de l’Éducation Lionel Jospin proposait une définition ouverte quand, sollicitant l’avis du Conseil d’État dans l’affaire du foulard, il disait que la laïcité c’était, aujourd’hui, le pluralisme : il ne faisait du reste que reprendre le thème de son prédécesseur, Alain Savary, célébrant

au Bourget, en 1982, le centenaire de la création de l’école laïque

en des termes très proches.

L’affaire du foulard a précisément révélé la divergence entre ces deux interprétations. Le trouble à ce sujet de beaucoup d’esprits sincèrement attachés à la laïcité s’explique par la brusque prise de conscience de cette diffraction. En présence d’une revendication qui se réclame du droit de chacun d’affirmer ses croyances, mais qui est soupçonnée de mettre en péril la liberté des personnes et l’unité de la nation par l’attestation ’appartenance à des communautés particulières, ils hésitent sur la ligne à adopter. Les discordances entre la jurisprudence des juridictions administratives, plus sensibles au pluralisme, et les orientations des circulaires administratives trouvent leur explication dans cette dualité : l’enjeu est de la plus grande importance. Fasse le ciel que la laïcité ne se trompe pas de contraire !

 

R É S U M É

L’idée de laïcité, s’étant enrichie avec le temps et diversifiée à l’épreuve des réalités, a aujourd’hui une pluralité de contraires. A partir de la revendication première, la liberté de conscience, elle s’oppose à toutes les formes de confusion entre le pouvoir et l’autonomie de la personne. Elle est parfois amenée à choisir entre des interprétations divergentes de son intention originelle. L'islam Politique radicalisé, et son soutien par des personnes comme Alain Juppé pose un problème, entre la tolérance (du latin tolerare (supporter), désigne la capacité à permettre ce que l'on désapprouve) et l'intégration de la vie religieuse, dont le comportement réagit sur la vie Politique, et sur la mise en cause de la Laïcité. La Laïcité est une religion dont les Maîtres officient dans les Temples de la République que sont les Loges Maçonniques. C'est un peu la confusion des genres, car au sein de ces loges on peut croire ou ne pas croire, mais pour tous c'est le Grand Architecte qui est le Maître de l'Univers. Pour les uns c'est Dieu et pour les autres c'est un extra-terrestre, dont la création est issue du chaos,  ou le visage caché de Dieu soit Satan. Sociologiquement, l'islam n'est plus « l'islam des banlieues ». Nombreux sont les musulmans qui désormais appartiennent aux administrations publiques. Sur le porte-avion Charles de Gaulle, par exemple, on compte trois cents musulmans sur un équipage de trois mille. C'est une proportion que l'on retrouve dans le reste de l'armée. Il suffit de compter le nombre d'aumôniers musulmans pour s'en rendre compte.

Cependant, on assiste à l'essoufflement de l'islam traditionnel, « l’islam des grands-parents », perçu par les autorités françaises comme « l'islam des modérés ». L'intériorisation de la laïcité par le musulman modéré le conduit à éviter d'afficher son appartenance religieuse. Le problème, c'est que dès lors qu'on demande au musulman modéré de prendre position publiquement et de condamner le djihadisme, on le contraint à quitter sa position de modéré. C'est la double contrainte : cessez d'afficher votre identité religieuse et montrez que vous êtes modérés.

La Laosophie qui incorpore toute l'humanité sans extirper les contraires, et plus tolérante que la Démocratie, qui a l'ambiguité de déterminer les religions qui sont aptent à coexister au sein de la République, sans que les prérogatives des uns ne chevauchent celles des autres, ce qui crée du communautarismes, des conflits, des guerres de religion, et une vision meurtrière du Monde qui ne peut cohabiter.

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